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Comme les hommes, les peuples qui oublient leur histoire cessent d'exister!

Les maquis dans le Morbihan en 1944

Si l'on se réfère à "l'Histoire de la Libération de la France" de Robert Aron(tome II juin 1944-mai 1945, chapitre III consacré à la "Libération de la Bretagne"), en juin 1944, notamment au moment dudébarquement, les effectifs des maquis combattant dans le Morbihan était estimé à 7.000 hommes en principe dotés d'armes, sur un total de 19.500 hommes pour l'ensemble de la Bretagne dont à peine la moitié au maximum était dotée d'armes.

L'organisation F.F.I. de Londres inclut le département en tête de la région M3, ce qui le fait bénéficier de parachutages d'armes prioritaires. Mais dans la réalité, la région M3 dépend elle-même de la région M, la Loire-Atlantique, dépendant théoriquement de la région M2 avec la Vendée et le Maine et Loire se trouvant le plus souvent impliquées par les actions de combat en Bretagne.

Carte du Morbihan

Mobilisation et encadrement

On dénombrait 10 bataillons F.T.P.(francs-tireurs et partisans d'obédience communiste) pour 9 bataillons F.F.I.(Force française de l'Intérieur, engendrées par la réunion des moyens humains de notamment l'Armée secrète (A.S.), de l'O.R.A. (Organistaion de résistance de l'Armée), du mouvement Libération, de l'O.C.M. (Organisation civile et militraire). Les F.F.I. étaient souvent plus âgés et encadrés par des militaires expérimentés. En revanche, les F.T.P. sont souvent âgés de 18 à 25 ans et manquaient d'encadrement militaire entraînés.

En juillet 1944, l'effectif des maquis du Morbihan passeront à 9.000 hommes dont 2.000 hommes sans armes.

En Morbihan, comme dans le reste de la Bretagne qui formait la région M3 pour le B.C.R.A., les F.F.I., plutôt gaullistes et les F.T.P. sous obédience communiste, collaborent sans arrière-pensée. Mais ces chiffres doivent être interprétés prudemment car l'effectif d'un bataillon pouvait varier de 400 à 1.200 hommes.

Le commandant départemental de la gendarmerie, Guillaudot est passé dans l'action clandestine dès 1941, suivi par la totalité de ses brigades, de telle sorte que le maquis était dans la capacité d'assurer l'intégralité des parachutages d'armes, la formation à leur usage et la récupération des aviateurs alliés abattus. Chargé entre autres du réseau "Action du Morbihan", il était placé sous les ordres du général Audibert, chef de l'armée secrète pour la Bretagne. Arrêté le 10 décembre 1940, il sera remplacé par un officier de marine en retraite, Chenailler, plus connu sous le nom de colonel Morice.

Autre collaborateur d'Audibert, le commandant Yacco, entré en résistance dès le mois d'octobre 1940, qui deviendra le chef du maquis de Loire-Atlantique, recevra le double des Instructions pour le jour J données au général Audibert, lui-même devenu adjoint pour l'Ouest du commandant de l'armée secrète à Paris, le colonel Alma, à Paris.

Un test du Plan Vert

Les actions des maquis du Morbihan ont été précédées, le 10 décembre 1943, par l'arrestation du Commandant Guillaudot, et le 1er janvier 1944, par celle du chef du 2ème bureau du général Audibert, Audren, qui a parlé sous la torture. C'est dans ce contexte que l'état-major du S.H.A.E.F. a exigé un test en grandeur nature du plan vert, en demandant, peu après le rétablissement des communications avec Londres et via le Comité d'Action immédiate de Paris, un ordre de destruction immédiate des moyens de communications ferrées à entretenir durant une semaine.

Cet ordre sera exécuté à la lettre à partir de la nuit du 6 au 7 mai 1944. Plusieurs groupes FTP et corps francs vont couper, la ligne Paris-Quimper, celle de Ploërmel-Cuer, interrompue au niveau du camp de Coëtquidan, la ligne passant en gare d'Augan, et celle passant à Dol, sont coupées. Ces sabotages seront entretenus pendant huit jours au prix d'engagements meurtriers contre les troupes allemandes chargées de la sécurité des voies qui perdont une trentaine d'hommes, contre 22 maquisards tués. Mais ainsi, la preuve est gravée dans le sang de l'efficacité du maquis breton qui va se voir confier la destruction des voies ferrées de sa région et bénéficiera, en retour et autant que faire se peut, du soutien de l'aviation alliée.
Le réduit du maquis de Saint-Marcel
Le document ci-dessus, qui a une très haute valeur historique, figure
sur la page "forum du 2ème R.C.P." (page bloquée)

Opérations Grog

Mais l'entrée dans la guerre des maquis du Morbihan intervient véritablement juste après l'intervention dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 de l'opération GROG, par les parachutistes S.A.S français, c'est à dire après la réalisation de la mission Cooney qui a consisté à saboter les lignes de chemin de fer suivantes en Morbihan:
  1. Pierre 410 : Maire Louis (Lt) , Bourrec Pierre , Tauzin Félix: voies ferrées entre Redon et Questembert.
  2. Pierre 411 : De Kerillis Alain (Slt) , Morizur Ambroise , Terisse René: voies ferrées entre Questembert et Vannes.
  3. Pierre 412 : Bres Michel ( Slt) , Briand Georges , Plat Jean-Jacques: voies ferrées entre Ploermel et Messac.
  4. Pierre 414 : Larralde Gualberto (Cne) , Hartmanshenn Jean , Navailles Gaston: voies ferrées entre Auray et Pontivy.
  5. Pierre 415 : Corta Henry (Asp) , Caporal André Bernard , Folin Françis: voies ferrées près de Loyat, (Région de Ploermel).
A l'écoute le 4 juin 1944 au soir, et après l'audition du message "La Flèche ne percera pas", les maquis de Bretagne et les F.F.I. passent simultanément à l'exécution des plans Vert (destruction des voies ferrées) et Violet (lignes téléphoniques aériennes et souterraines mises hors d'usage pour la Wehrmacht). Il faut compter 18 jours pour qu'un train militaire fasse le parcours Brest-Redon avec des risques d'interception par l'aviation alliée.

Le maquis Saint-Marcel

Un centre mobilisateur est créé tout près du village de Saint-Marcel, dans une ferme couvrant 70 hectares où est créée une drop zone et où affluent (au su de l'armée allemande qui n'attaquera que le 18 juin 1944) dans une atmosphère de kermesse, quelques 8.000 réservistes, répartis en 12 bataillons dont huit vont bientôt rejoindre leur zone.

En effet, le maquis qui déborde littéralement d'hommes est renforcé chaque jour par les hommes encadrés du 4ème régiment de parachutistes (environ 4000 hommes encadrés) qui rejoignent le maquis Saint-Marcel après avoir réalisé leur mission de sabotage et de harcèlement des troupes allemandes. Le 10 juin 1944, le colonel Bourgoin, qui est manchot, est largué sur la drop zone du maquis de Saint-Marcel. Très vite, la tête du commandant des parachutistes français est mise à prix pour un million de Francs et tous les manchots du département sont arrêtés...

La situation du camp de Saint-Marcel devient de plus en plus dangereuse: les Allemands ont en effet mis en place de fausses "drop-zones" afin de recueillir les containers d'armes et de munitions destinées au maquis. Du 8 au 17 juin, veille de la bataille, l'activité du camp peut se résumer ainsi: Le 18 juin, se trouvent sur le camp : 200 parachutistes de l'Etat Major et de la 2ème Compagnie (2è Squadron) du 4è B.I.A et un peu plus de 2500 F.F.I. formant principalement les 2ème, 8ème et 9ème Bataillons F.F.I. A 4h30 du matin, une patrouille motorisée de 8 feld gendarmes allemands est prise à partie. Le seul Allemand qui parvint à s'échapper et à donne l'alerte.

Le lieutenent-colonel Bourgoin
Deux heures plus tard, un bataillon de 200 Allemands tentent de s'infilter pour occuper le château "Les Hardys" à l'Est du camp et sont pratiquement anéantis. A neuf heures, c'est un régiment qui débarque des camions le long de la RN 774 et ne parvient pas à s'emparer du même objectif. Or des renforts estimés à une division, comprenant de l'artillerie, des unités de Géorgiens, des troupes anti-parachutistes et même des blindés venant de Coëtquidan et de La Baule commencent à affluer sur le secteur malgré le harcèlement de la RAF.

La décision sage est prise par "le Manchot" d'abandonner le camp à partir de 22 h 30 et de disperser les troupes dans le Finistère et la Loire-Atlantique. A 23h 30, une demi-heure après le dernier décrochage des compagnies engagées, les munitions et les stocks sautent. Au bilan, l'opération a coûté 560 tués aux Allemands et de nombreux blessés, et la mort de 50 parachutistes et de 200 maquisards tués ou disparus. De faibles pertes par rapport aux 10.000 maquisards équipés et encadrés du département qui restent sur pied de guerre et la rage de la vengeance vissée aux tripes. Et ce, d'autant plus qu'une répression féroce s'abat sur la région: Le village de Saint-Marcel a été incendié et est pratiquement anéanti, les villages environnant sont soumis à un couvre-feu total et à l'interdiction absolue de circuler, mesures associées à des représailles féroces contre la population civile, dont le bilan ne semble jamais avoir été dressé.

Mais, dans l'opération du maquis Saint-Marcel, il y avait finalement beaucoup plus que le sacrifice de 250 hommes soutenus par les alliés. Alors qu'une cinquantaine milliers de soldats d'élite allemands attendaient un débarquement hypothétique sur le littoral de la Côte d'Opale, elle crédibilisait la stratégie alliée d'un deuxième possible débarquement en Bretagne, dans la zone de la presu'ïle de Crozon, au lieu du du littoral de la Côte d'Opale... On se trouve alors en présence d'une opération prolongeant l'opération "Fortitude South". De quoi donner de fortes migraines à Adolph Hitler, en entretenant les hésitations du Führer, qui, depuis son nid d'aigle, ne tolérait plus la moindre contradiction de ses généraux opérant sur le terrain!

Le plan Patton approuvé par le S.H.A.E.F.

Un des maillons essentiels de la libération de la Bretagne s'est donc mis en place à la faveur de cette bataille, avec l'idée que les batailles rangées contre les formations allemandes devaient être évitées au profit d'un vraie Guerre de Chouans. Cette expérience, et son efficacité qui ont fortement influencé les alliés, va servir quelques semaines plus tard, et avec près d'un mois d'avance à la préparation de l'exploitation de la percée d'Avranches par la troisième Armée U.S. commandée officiellement par Patton à compter du 1er aoüt 1944.

Parmi les ordres reçus par le capitaine Mercier dès le 10 juillet 1944, celui d'armer le maquis de Rosporden, dans les Côtes du Nord. Il s'y ajoutrera un programme d'équipement de 30.000 maquisards bretons, le parachutage de neuf équipes de Jetburghs chargées des liaisons avec les forces aériennes (PC d'Uxbridge), et celui d'un staff d'une vingtaine d'officiers à parachuter formant l'état-major du colonel Eon. Tel était la teneur de l'ordre de mission frappé du sceau "Bigot" (le sigle "Bigot" signifiait que la mission était approuvée par le S.H.A.E.F. et relevait du secret absolu), qui fut remis au colonel Eon, le 4 juillet 1944 à 10 heures par le chef d'Etat-major du général Koenig,chargé de réaliser cette mission, ainsi que le révèle Robert Aron dans son Histoire de la Libération de la France (juin 1944-mai 1945) qui constitue le meilleur document historique sur la collaboration entre les maquis bretons et le Commandement allié un mois avant la percée d'Avranches.

Le général Patton avait-il à ce point confiance dans les qualités guerrières des maquisards bretons qu'il préparait dès le 21 juillet 1944 la savante manoeuvre n'engageant en Bretagne que le 8ème Corps de la 3ème Armée qu'il commandait au lieu des trois Corps d'Armées comme l'avait prévu OVERLORD? C'est la solution qui lui permettait de lancer respectivement les 15ème et 20ème Corps (encore incomplètement constitués) de son Armée sur Laval et Angers! C'est bien ce que laisse entendre Robert Aron dans son "Histoire de la Libération de la France" (juin 1944-mai 1945) et qui paraît parfaitement vraisemblable. D'autant plus que, quelques semaines plus tard, un autre général américain va étroitement collaborer avec les maquis alpins en appliquant le plan "Faisceau".

Dès le 3 août 1944, en se conformant aux ordres reçus de la 3ème armée américaine, 6.000 maquisards occupent les hauteurs au Nord de Vannes et contiennent les attaques allemandes jusqu'à leur relève par l'Armée américaine.Mais les maquisards en ont fait plus puisqu'ils ont également occupé la zone de JOSSELIN. Dès le lendemain au soir, la quatrième division blindée qui avait traversé et libéré REDON, commence sa progression vers VANNES (flux en bleu marine sur la carte).

L'intervention de la 4ème D.B. US

Alors que Le 4 août 1944 des éléments de reconnaissance de la 6ème division blindée, théoriquement en route pour Brest atteignaient GOURIN, dans la partie Nord-Ouest du Morbihan, le major général Hugh J. Gaffey, Chef de l'État Major de la 3èmearmée, envoyait dans l'après-midi, au général Middleton un mémorandum indiquant que le Général Patton «supposait qu'en plus de bloquer les routes…, vous poussez la partie [de la 4ème division blindée] à l'ouest et au sud-ouest à la région de Quiberon, y compris les villes de Vannes et de Lorient, selon le plan d'armée.» A ce moment, les groupes de combat de blindés disposés autour de Rennes manquaient dramatiquement d'essence! mais les camions du train seront disponibles pour réapprovisioner l'ensenble des groupes de combat au cours de la nuit du 4 au 5 août 1944

Les instructions du Commandement de la 3ème armée vont donc mettre fin, au moins provisoirement aux états d'âme du général Wood qui a donné l'ordre au matin du 5 août au Groupe de combat "A" (C.C.A.) de la 4ème DBUS de se dirigier vers Vannes, à 70 miles vers l'Ouest. Les unités de tête sont parties vers 14h00 pour entrer dans Vannes vers 21 heures. Elles ont trouvé sur leur chemin un bataillon de FFI, qui avait déjà capturé le terrain d'aviation de Vannes et ont guidé leur colonne par les approches les plus sûres. Il est vrai que quelque 6.000 maquisards avaient bloqué les allemands dans la ville en partie infiltrée. L'avance du CCA fut si rapide que les Allemands occupant la ville n’avaient pas eu le temps de mettre en oeuvre des démolitions. Le groupe de combat a capturé intacts tous les ponts et autres installations importantes.

Après la capture de Vannes qui coupait la péninsule bretonne à la hauteur de la frontière Est du Morbihan, de sa base, les allemands ont contre- attaqué au matin du 6 août depuis Auray en s'infiltrant en arrière des avant-postes du C.C.A.. Le colonel Clarke a dû constituer une Task Force pour rétablir les positions et poursuivre l'ennemi jusque dans sa base de départ en prenant Auray le lendemain matin. Là-dessus, le colonel Clarke, a envoyé un groupe de la Task Force à quinze miles à l'ouest d'Auray pour capturer saisir un pont à Hennebont, près de Lorient. Menée Conduite par des chars légers, fonçant à travers des tirs d'artillerie, la colonne n'a pu que constater que les Allemands venaient juste de détruire le pont de Hennebont. Après un détour à deux miles au nord, le CCA a traversé le Blavet à Lochrist, et a établi sa jonction avec le Groupe de combat "B" (CCB) du Général Dager qui avait progressé directement sur Lorient.

La poche de Lorient.
Illustration de la page chemin de mémoire
intitulée Libération de la poche de Lorient.
En fait, les bataillons FFI du Morbihan avaient précédé les Américains d'abord à Vannes, puis à Lorient. il s'agit notamment des 1er ORA « Hervé », 2° ORA Le Garrec, 3° ORA Robo, 4° FTP Rucard, 5° FTP « Jacques », 6° FTP « Charles », 7° ORA Muller, 8° ORA Caro, 9° AS Le Gouvello, 10° Libé-Nord Le Coutaller, 11° FTP Icard, 12° OCM La Morlais, qui investissent les poches de Lorient et Saint-Nazaire aux côtés des Américains. Ils seront renforcés au fur et à mesure de la libération des villes bretonnes par les 1er, 2°, 3°, 4° et 17° bataillons du Finistère, et les 2°, 13°, 14°, 15°, 16° bataillons des Côtes du Nord et le corps franc de l'air Valin de la Vaissière (Loir et Cher).(11)

Atteignant la périphérie de Lorient fortement défendue au matin du 7 août, le CCB a contourné la ville par le nord pour attaquer par le village de Pont-Scorff au Nord-Ouest semblant moins bien défendu. Mais quand l'avant-garde est entrée dans le village, elle a été accueillie par des tirs d'artillerie allemands très denses tuant 20 hommes, en blessant 85 autres, en détruisant également 5 half-tracks, 6 jeeps, 2 camions, et 2 véhicules blindés, et en endommageant une vingtaine d'autres véhicules. C'est également à partir de ce jour que les Forces françaises de l'Intérieur seront appelées officiellement par la troisième Armée US à entreprendre la fermeture et le siège des poches allemandes en Bretagne, en particulier celles de Saint-Nazaire, Lorient, Brest et Saint-Malo.

De peur que la 4ème Division blindée ne soit entraînée dans une guerre statique à Lorient, le général Wood a reçu l’ordre de son supérieur Middleton de tenir les blindés hors de portée des armes de la forteresse. Un message écrit maunellement probablement par Middleton, daté du 8 août 1944 à 11h45 de tenir les blindés hors de portée des armes de la forteresse: « Ne pas être impliqué dans un combat pour Lorient sans attaques ennemies, et prendre une position de sécurité et observer simplement les développements.» 

A ce propos, Martin Blumenson écrit dans "Breakout and Pursuit" (Chapitre XIX, p.364, dernier alinéa):"En réalité, la forteresse de Lorient n'était pas aussi imprenable qu'il apparaissait aux Américains. Le commandant chevronné allemand de Lorient, Fahrmbacher, se sentait sérieusement menacé par une attaque puissante des blindés américains contre ses positions. Si Wood avait attaqué entre les 6 et 9 août, a indiqué plus tard Fahrmbacher, la forteresse serait probablement tombée. Les défenses de Lorient n'avaient pas été encore organisées; des secteurs entiers étaient encore inoccupés; plusieurs des troupes n’étaient pas encore formées. Même la chaîne de commandements n'avait pas encore été fermement établie. Des préparations avaient été faites pour une garnison de 12.000 hommes dans Lorient, mais à la place, il y avait environ 25.000 Allemands, plus 10.000 civils français qui constituaient un cheval de Troie potentiel et un certain doute sur les approvisionnements. Au lieu des 500 canons estimés par les Américains, Fahrmbacher n’avait que 197 canons dans la forteresse et 80 canons anti-chars. A partir du 10 août, quand Fahrmbacher a estimé qu'il avait mis en place une défense appropriée, au moins provisoire, la pression américaine a diminué au point qu'il ne s’attendait plus à une attaque." (*)

Lors d'une conférence à une heure avancée du 8 août, Patton avait informé Middleton que le VIIIème corps avait toujours la mission de dégager la Bretagne. Le contrôle des ports de Saint-Malo et de Brest avait la priorité sur la capture de Lorient. Ainsi, Wood devrait continuer de contenir Lorient jusqu'à ce que Saint-Malo et Brest aient été prises. C’est seulement quand des forces suffisantes du VIII ème Corps en Bretagne pourraient être assemblées pour aider Wood «à prendre Lorient actuellement hors de l'épure.» Il était clair que le général Middleton ne disposait pas assez de troupes pour tout faire en même temps et qu'il devait exécuter un objectif après l'autre. Wood devrait donc attendre.

Mais Patton avait été sensible aux états d'âme du général Wood, qui, à la tête de la 4ème Division blindée, avait parfaitement su tirer parti de l'opération Cobra. Patton avait donc souhaité que Middleton envoye quelques troupes vers Nantes pour soulager une Task Force américaine contenant les Allemands tenant cette ville portuaire. Bien sûr, Middleton a préféré garder la 8ème D.I. sous son coude à Rennes pour pouvoir l'employer afin de renforcer l'attaque contre Saint- Malo. Non seulement il a invité le général Wood à contenir Lorient, mais il lui a également suggéré d'envoyer un groupe de combat à l'est de Lorient vers à Nantes. Une unité américaine gardait Nantes, mais Middleton ne savait pas exactement laquelle et où elle étaitexactement.Il fallait donc envoyer de la cavalerie le long de la Loire pour soutenir l'unité de combat américaine à l'est de Saint-Nazaire et Nantes et établir le contact avec les troupes US à Angers. Des instructions qui ne pouvaient qu'apporter du baume aux états d'âme du Général Wood

Le 11 août 1944, les Allemands ont évacué, (partiellement semble-t-il), BELLE-ISLE-EN-MER par la presqu'île de Quiberon. Alors que le groupe de Combat "B" de la 4ème Division blindée US entamait le siège de la poche de LORIENT avec l'aide des maquisards bretons, le groupe de Combat "A" est déployé au Nord de NANTES (flux en bleu ciel sur la carte). Le 12 août 1944, la groupe de Combat "B" de la 6ème Division blindée quittait le front de la poche de Brest pour la zone de LORIENT et VANNES (zone de réserve sur le front de la poche de Saint-Nazaire) afin de remplacer la quatrième division blindée U.S.(flux en rouge sur la carte), qui va être rattachée à la 9ème Armée U.S.

La poche de Lorient

Là, comme dans le reste des ports de la Bretagne, les Allemands se sont retranchés à Lorient, au détail près qu'en raison de l'importance de la base allemande de sous-marins, ils y étaient retranchés en force (26.000 militaires et 20.000 ouvriers civils) sous les ordres du général Fahrmbacher, promu commandant supérieur en Bretagne par Hitler et replié dans l’un des bunkers de la base de Keroman. Il semble que Fahrmbacher ait réussi à quitter (sur ordre du grand quartier général?) la garnison de Brest juste avant l'encerclement complet de la place fortifié par la 6ème Division US et les maquisards du colonel Eon, ce qui expliquerait le peu de temps dont il aurait disposé pour organiser la résistance de la poche de Lorient.

Les Allemands, retranchés sur un front de près de 90 km menaient une guerre de tranchée et pouvaient dominer le terrain grâce à une artillerie de marine de gros calibre, en particulier des canons de 340 sur rails sous abris en béton armé dans la presqu'île de Crozon. De plus, ils pouvaient être assez facilement approvisionnés par sous-marins, voir par avions, malgré la poursuite du minage par la R.A.F. faute d'un blocus mobilisant suffisamment de bateaux. Le général Fahmrmbacher avait pour mission de tenir la base pendant au moins huit semaines. Contre les Américains et les F.F.I., il tiendra en fait jusqu'à l'Armistice et ne se rendra que, sur ordre, le 8 mai 1945.

Sur la poche de Lorient, on peut consulter sur le web, les excellentes archives de la ville de Lorient (11), les archives "des chemins de mémoire"(12), la page web du service ministère de la Défense intitulée "Lorient et la Seconde Guerre Mondiale" (13),


NDR: Le texte en Anglais de Martin Blumenson est exactement celui-ci:
"Actually, the fortress of Lorient was not as impregnable as it appeared to the Americans. The senior German commander in Lorient, Fahrmbacher, was seriously concerned lest a strong attack by the U.S. armor carry his position. Had Wood attacked between 6 and 9 August, Fahrmbacher later stated, the fortress would probably have fallen. The defenses of Lorient had not yet been organized; entire sectors were still unoccupied; many of the troops were untrained. Even the chain of command had not yet been firmly established. Preparations had been made for a garrison of 12,000 men in Lorient, but instead, there were about 25,000 Germans, plus 10,000 French civilians who constituted a potential Trojan horse and a certain drain on supplies. Rather than the 500 guns estimated by the Americans, Fahrmbacher had 197 guns in the fortress and 80 antitank pieces. By 10 August, when Fahrmbacher felt that he had erected an adequate, if provisional, defense, the American pressure decreased to the point that he no longer expected an attack."


Sources:
  1. Site de la gendarmerie départementale du Morbihan
  2. Ordre de la Libération
  3. "Histoire de la Libération de la France" (juin 1944-mai 1945) de Robert Aron, édition librairie Arthème Fayard (chapitre IV-Libération de la Bretagne.
  4. La poche de Lorient.
  5. Libération de la poche de Lorient./
  6. Extrait d'un forum récent consacré au maquis de Saint-Marcel
  7. Lorient et la seconde guerre mondiale
  8. "World war II: official army history" (archives du service Histoire du Pentagone), "Third Army, after action reports". Voir par exemple le site "www.paperlessarchives.com"
  9. BREAKOUT AND PURSUIT (chapitre XXI) par Martin Blumenson pour le compte du "CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY WASHINGTON, D. C., 1993
  10. Page de forum du 2ème RCP page bloquée ne pouvant être chargée normalement
  11. Lorient dans la guerre.
  12. Libération de la poche de Lorient
  13. Lorient et la Seconde Guerre Mondiale



dernière mise à jour le 13 mars 2009.