La libération de Paris
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Comme les hommes, les peuples et les nations, qui oublient leur histoire, cessent d'exister!


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Les positions des alliés
encerclant Paris

Les hésitations de
Dwight D. Eisenhower,

Les jours critiques,
Branle-bas de combat,
Le 22 août 1944,
Le 23 août 1944,
Le 24 août 1944,
Le 25 août 1944: Paris libéré!
La reddition
L'apothéose du 26 août 2011,
Du 27 au 30 août 1944,
Eisenhower et
la libération de PARIS

La libération de Paris

Pour comprendre l'histoire de la libération de Paris, il est indispensable de replacer les évènements dans leur contexte chronologique.

Les positions des alliés encerclant Paris

On trouve une excellente carte de la situation militaire au 21 août 1944 (pp. 37 et 38 de la compilation déclassifiée "AFTER ACTION REPORT, THIRD US ARMY vol.1 "1 AUGUST 1944 - 9 MAY 1945 opérations) décrivant la situation des armées encerclant Paris après la fermeture de la poche de Falaise et des unités allemandes qui s'efforcent de reculer en bon ordre sous les coups de butoir de la troisième armée de Patton, dont le champ de bataille s’étend maintenant depuis la Bretagne jusqu’à la Seine alors que PATTON n'a pas encore reçu toutes les unités composant son armée...

Le front à la date du 21 août 1944
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Le front de la troisiиme Armйe de Patton s'йtendait depuis Mantes-Gassicourt jusqu'а
Fontainebleau pour revenir sur Orlйans.
On peut constater que le front de la troisième Armée de Patton s’étendait depuis Mantes-Gassicourt jusqu'à Fontainebleau pour revenir sur Chartres et Orléans, où s'effectuaient les concentrations de troupes chargées notamment d'atteindre la Marne. A elle seule, l’armée de PATTON consommait 5.000 tonnes de carburant par jour. Le 21 août, le XVème Corps d’armée US attaquait depuis Dreux pour traverser la Seine à Meulan, coupant ainsi l'approvisionnement de Paris par la Seine

Du fait même du bombardement des moyens de transport ferroviaires et de la priorité des quelque 20.000 hommes du "Gross Paris" sur les Parisiens, Paris, qui n’était plus livrée en nourriture, avait faim. La seule chose qui marchait encore dans la capitale, c’était le téléphone qui permettait aux Parisiens, qui en étaient équipés, de suivre l’avance des troupes alliées autour de Paris. L'effervescence était, par ailleurs, entretenue par l’entrée en rébellion de la Police qui tenait la préfecture de Police depuis le 15 août 1944 et l'avait reconquise et par les FFI qui, depuis le 19 août, bien que mal équipés en armes et munitions, tenaient la mairie de Paris et s'attaquaient aux troupes allemandes. Le drapeau français, dont le déploiement était interdit, fleurissait un peu partout,sur les tours de Notre-Dame et la Préfecture de Police, sur la mairie de Paris ou sur les barricades érigées un peu partout qui étaient attaquées sans ménagement par les chars allemands quand elles barraient une artère essentielle dans les communications allemandes.

Leclerc, dont la deuxième Division blindée se battait devant Argentan, a pris alors la décision d'envoyer un détachement de reconnaissance (un escadron de chars légers, un escadron d'automitrailleuses et une section d’infanterie sur half-tracks) commandé par le Commandant de Guillebon, pour chercher le maximum de renseignements en se rapprochant le plus près possible de Paris. Dans le même temps, Leclerc faisait le service minimum devant Argentan afin de disposer des réserves de carburant et de munitions de façon à être prêt à foncer sans délai sur Paris, une promesse qui lui avait été garantie par le SHAEF avant même le débarquement en Normandie et dont l'exécution ne dépendait que d'un homme Dwight D. Eisenhower. En effet, en raison du difficile approvisionnement en carburant et en munitions des troupes alliées, qui s'effectuait toujours depuis les plages normandes, les alliés avaient prévu de contourner le "Gross Paris" afin de faire tomber la capitale et les troupes ennemies par encerclement, en évitant de bombarder Paris, dont l'ordre n'aurait pas manqué de provoquer une levée de boucliers dans les flottes aériennes US en particulier...

Les hésitations de Dwight D. Eisenhower (1)

Par nature, le général Eisenhower était un homme prudent. Le commandant suprême des troupes alliées, qui devait rendre des comptes aux gouvernements alliés avait échoué sur un point particulièrement sensible: la capture d'un port permettant de décharger rapidement et d'approvisionner les troupes alliées. Pour la troisième Armée de Patton, cet approvisionnement devait se faire en flux tendu desservi uniquement par le "Red Bull", ce flux de camions GMC qui fonctionnait de jour comme de nuit pour amener au front, qui se déplaçait chaque jour un peu plus vers l'Est, le carburant, les munitions, les vivres, le matériel de santé et les équipements de réparation et de maintenance de toutes sortes indispensables aux armées mécanisées.

D'autre part, l'exemple de l'insurrection de Varsovie, qui avait commencé le 1er août pour ne se terminer le 2 octobre 1944 devait sérieusement interpeller Eisenhower qui était soumis à la fois aux pressions du général de Gaulle, des correspondants de guerre américains et des dirigeants politiques. A ces pressions, vont s'ajouter, à partir du 19 août 1944 celles des résistants de PARIS et les pressions très habiles de Raoul Nordling, consul de Suède (et chargé d'affaires de la Suisse) et parisien d'adoption, qui clôturera cet période par une crise cardiaque.

Amoureux de Paris, Nordling, et son frère Rolf, vont tout faire pour négocier avec Dietrich von Choltitz, nommé commandant de la place du « Gross Paris » qui a pris son poste le 9 août 1944 et ne passait pas pour un tendre. Il avait reçu l'ordre de détruire quelque 70 ponts traversant la Seine à Paris et en banlieue. Parmi les principales réussites de Nordling et de son frère Rolf, il faut bien signaler (2):
  1. L'institution, au soir du 19 août 1944, d'une trêve entre résistants et la garnison allemande de Paris, qui aura duré entre 48 et 72 heures, en permettant aux résistants de se procurer des armes et des munitions et aux soldats allemands qui le pouvaient de quitter PARIS.
  2. La libération de 3245 prisonniers en partance pour les camps de concentration à la faveur de cette trêve.
  3. et cela, on le sait moins, d'avoir fait accepter à von Choltitz, sous un certain nombre de conditions qui ont manifestement été remplies, l’idée de se rendre aux alliés, et notamment sous la condition de ne pas faire sauter les ponts de Paris. Les alliés ont été informés de l'acceptation de ces conditions le 23 août 1944 par Rolf Nordling, le frère du consul de Suède, accompagné d'une délégation de Résistants, qui s'est rendue au PC de PATTON, lequel les a expédiés sur le champ au PC de Bradley, qui s'installait à Chartres, alors que Leclerc avait enfin reçu la veille au soir, la mission de foncer sur Paris (officiellement pour conquérir et sauvegarder les ponts de Paris).
Dans ce contexte, la décision d'Eisenhower devait prendre n’était pas aussi simple que l'on pourrait le croire. La principale raison en est que l'effondrement tant attendu du front de l'Ouest s'est produit si rapidement que les alliés n'avaient pas vraiment conçu et organisé son exploitation. Or, les troupes mécanisées forment une mécanique de précision qui ne souffre pas l'improvisation . Dans la réalité pendant les 12 premières semaines de guerre en Normandie, les routes de l'approvisionnement des alliés s’étaient étendues au pire а quelques centaines de km depuis les plages de débarquement. Maintenant les RED BULL devaient accomplir des prouesses pour couvrir plus de 500 km pour approvisionner juste à temps les troupes de PATTON. Or, pour assurer l'approvisionnement et la maintenance des unités blindées, il fallait faire travailler de jour comme de nuit une dizaine d'hommes pour un combattant!...

Les planificateurs avaient bien prévu la suite des opérations comme l'assaut d'une ligne de défense allemande s'appuyant sur la Seine et la Marne, avec l'option de contourner Paris pour éviter la destruction de la Capitale. Mais l’entêtement d'Hitler qui avait précipité l'effondrement des unités et du Commandement allemand, les ordres parfois contradictoires de l'OKW parvenant dans les heures qui suivaient leur transmission sur le bureau d'Eisenhower. Il ne restait plus que des "strong points" c'est à dire des points de défense discontinus qu'il suffisait aux unités alliées de contourner pour les contraindre soit à se faire tuer sur place, soit à se rendre soit à prendre la poudre d'escampette avant l'intervention de l'aviation. Bref, Paris qui crevait de faim était bien à prendre mais il fallait le faire au moindre coût et avec le risque d’être contraint de délivrer une fraction non négligeable des approvisionnements en nourriture à la Capitale. Lа encore, les informations délivrées par ULTRA s’empêtraient dans les contradictions d'Hitler. Après avoir approuvé la constitution d'une ligne de défense allant de la Somme à la Marne, Hitler avait nommé Dietrich von Choltitz, l'ancien commandant du LXXXIVème Corps d’armée allemand dans le Cotentin, comme commandant général et militaire du "Gross Paris". Il ne devait pas seulement y faire régner la terreur, mais également organiser la défense de Paris avec une vingtaine de milliers d'hommes souvent âgés.

Les jours critiques

Dans la réalité, von Choltitz ne commandait qu'une poignée de chars, une vingtaine de batteries de 88 mmm parfaitement aptes à opposer une forte résistance sur les routes d'accès de la capitale à condition d'être convenablement positionnées et que leurs servants ne soient pas trop harcelés par la Résistance, la 325ème Division de Sécurité équipée d'armes légères, des restes de la 352ème D.I. ainsi qu'une soixantaine d'avions basés au Bourget qui étaient exposés aux coups des forces aériennes alliées. Les velléités d'organiser une résistance avec des "panzerfaust" au sud de Paris ont rapidement avorté: les cheminots s'étant mis en grève le 18 août 1944, les militaires allemands ne recevront plus d'armes et d'approvisionnement à partir de cette date. Les trains pouvaient éventuellement sortir si les allemands doublaient les équipes de conduite (mécaniciens et chauffeurs) par des militaires armés, mais en revanche, rien ne rentrait dans Paris et ne sortait des dépôts à la portée des troupes US.

En fait, von Choltitz, ne commandait vraiment qu'environ 5.000 hommes, une compagnie de chars moyens y compris quelques Panther rescapés de la Panzer Lehr et 50 pièces d'artillerie de petit et moyen calibres pour assurer la défense à l'intérieur de Paris. Et l'on peut ajouter que l'Etat-major allemand du "Gross Paris", malgré les efforts de la Police nazie, était encore noyautée par la "Schwartze Kappelle" parfaitement rebelle aux ordres d'Hitler. Pas étonnant dans ces conditions que von Choltiz ait accepté de négocier avec la Résistance par le truchement de Nordling, le consul de Suède à Paris. Mais pour le commandant du "Gross Paris", il n'était absolument pas question de se rendre à la Résistance, alors qu'Hitler réclamait qu'il ne laisse derrière lui qu'un champ de ruines . En accordant dans la nuit du 19 au 20 août 1944 une trêve, qui n'a duré en réalité pas plus de 48 heures, von Choltitz a tenté de séparer les fractions communistes des autres mouvements de résistance. L'organisation des F.F.I. a su résister aux forces centripètes qui animaient les résistants dans un Paris en effervescence. Tout cela montrait que Paris, plaque tournante des réseaux ferrés et routiers pouvait être facilement conquise et contrôlée. Or, justement, ces nœuds routiers et ferroviaires pouvaient contribuer à réduire la route des noria de "Red Bull" et donc de faciliter les approvisionnements des armées américaines à condition que les ponts routiers et ferrés de la région parisienne ne sautent pas.

En réalité, la trêve dans la nuit du 19 août 1944 a permis aux résistants les plus actifs de prendre possession de l'Hôtel de ville, des commissariats de police, des bâtiments ministériels.... tout en se réapprovisonnant en armes et munitions autant que faire se peut. Il restait alors deux jours à Eisenhower, c'est à dire jusqu'à la fin de la trêve pour faire son choix: prendre ou ne pas prendre PARIS, tandis que la Résistance expédiait des émissaires en direction du commandement US (en l'occurrence PATTON et Bradley) qui noircissaient la situation de Paris. Dans la décision du Commandant suprême, pesait la promesse faite au Général Kœnig de confier à la 2ème DB de Leclerc, le soin de libérer Paris, ainsi que les requêtes instantes de Leclerc au commandant du Vème Corps de l'envoyer sur PARIS. Pour couronner le tout, Koenig décida non seulement de désigner le général LECLERC comme commandant de la place de PARIS mais le fit savoir....

Le 20 août 1944, von Choltitz, soucieux de paraître appliquer les directives d'Hitler avait apparemment informé le général Model, nouveau commandant du Groupe d'armées B, de son intention de transformer Paris en bastion d'une ligne Seine-Yonne. Model lui répliqua that ce plan n'était pas réalisable. Bien que Model ait ordonné de diriger la 348ème Division d'infanterie sur Paris, il ne pensait pas que ces troupes pourraient parvenir assez rapidement pour tenir la capitale contre les attaques alliées et la résistance. Apparemment, il avait mal interprété le souhait d'Hitler. Mais il est vrai qu'à cette date, la Seine était déjà traversée en plusieurs endroits par les troupes de la IIIème Armée US... Bref, la défense de Paris n'était pas à l'ordre du jour du groupe d'armées B, qui recherchait des solutions pour traverser la Seine de nuit là où c'était encore possible.

Estimant qu'il était ainsi nanti d'une base d'intervention suffisante, Leclerc expédia au soir du 21 août 1944 une petite force de reconnaissance d'environ 150 hommes (envrion 10 tanks légers, 10 automitrailleuses blindées, 10 transports de troupes blindés) sous la drection du Major Guillebon vers la capitale afin de reconnaître les routes vers Paris, en compagnie de troupes de résistants, de représentants du gouvernement provisoire et de FFI. Leclerc, qui n'avait pas informé son supérieur hiérarchique mais n'était pas enore informé officiellement de son détachement de la 3ème Armée US, écrivit le soir même au général de Gaulle qui avait fait, le même jour, une démarche directe rejetée par Eisenhower: "Malheureusement, je ne puis faire la même chose pour l'ensemble de ma division à cause des approvisionnements en nourriture et en carburant” (fournis par l'armée US) et "en raison du respect des règles de subordination militaire."


La Libération de Paris par Rolling Pat
La bataille pour la libération de Paris aura duré du 15 au 26 août 1944
et jusqu'au 28 août inclu pour la grande banlieue.
Le même jour, le général Wood, commandant la quatrième DB US demandait à être autorisé à entrer dans Paris.... Mais, toujours le 22 août 1944, le Général Alphonse Juin fit porter une lettre de de Gaulle au Commandant suprême des forces alliées en lui faisant savoir que si le Général Eisenhower n'expédiait pas des troupes vers Paris, alors de Gaulle pouvait compter sur lui-même. Cette fois, on passait de la crise feutrée avec Leclerc à la crise ouverte avec le général Juin, l'homme qui avait réussi à tourner les défenses allemandes de MONTE-CASSINO avec ses tirailleurs et leurs mûles, était en effet fort célèbre dans les popotes américaines...

Le fait nouveau intervenant le 22 août 1944 dans l'environnement du Commandement US, c'est que le général Bradley (le commandant de la première Armée US à laquelle la 2ème DB venait d'être rattachée soudainement), après avoir entendu les divers émissaires venus de Paris associés à la démarche du consul de Suède, parmi lesquels le Major Gaullois (pseudonyme M. Cocteau), chef de l'état major des FFI de Paris, avait pris faits et causes pour la libération de la Capitale. Il informa malicieusement Eisenhower que, lui, Bradley, était d'accord pour prendre Paris suggérant facétieusement que, lui même et son état-major prennent à eux seuls la capitale en compagnie des correspondants de guerre agréés et cela quand le commandant suprême le voudrait. Autant dire que Bradley avait déjà fait son choix et qu'il ne comptait pas donner la moindre suite au rapport que le général Gerow lui avait adressé afin de sanctionner le général Leclerc pour indiscipline.

Au vu des renseignements collectés, Eisenhower changea d'avis dans l'après midi du 22 août 1944. Et, pour être certain que von Choltitz avait bien compris son rôle dans la libération de Paris, un officier de renseignement de la branche économique de l'US Service fut détaché pour confirmer l'accord avec le commandant du "Gross Paris" afin d'éviter des dommages à la ville. Les Alliés espéraient que Choltitz ferait évacuer Paris au moment même où les troupes alliées entreraient: ils ne savaient pas que les troupes allemandes n'avaient plus qu'une journée de vivres le 23 août 1944 à midi. c'est à dire à l'heure choisie pour le départ des allemands et l'entrée simultanée des Français marquant la fin de la trêve. Eisenhower avait donc appris entretemps que les troupes allemandes n'avaient plus de vivres...

Branle-bas de combat

A partir du moment où Eisenhower a fait son choix, les choses vont aller très vite. Le général Gerow du Vème Corps se trouve justement au PC du XIIème Groupe d'armées US où il prend ses ordres et ses cartes directement. Il informe Leclerc par téléphone de sa mission et forme l'assemblage des unités appelées à soutenir la 2ème DB. De son côté, Leclerc se rend au PC de Bradley où il a une assez longue conversation avec le Major Gaullois. Il est probablement informé des contacts pris avec von Choltiz mais ignore encore que ce dernier cherchera à être fait prisonnier...et que les troupes allemandes ne disposent pas de plus de deux jours de vivres et le minimum de munitions à leur disposition.

En complément de sa décision de libérer Paris, le Général Eisenhower a donné l'ordre d'expédier immédiatement 23.000 tonnes de nourriture et 3.000 tonnes de charbon vers l'agglomération et le général Bradley a requis le SHAEF de préparer l'envoi de 3.000 tonnes de ces approvisionnements par air. Les britanniques, qui ne prenaient pas part à la marche sur Paris, ont participé à cet approvisionnement d'urgence.

Le dispositif retenu consiste à renforcer la 2ème DB par le 38ème escadron de cavalerie US, qui déploiera la bannière étoilée lors de l'entrée de la 2ème DB à Paris, laquelle sera renforcée par un groupe du génie US (dirigeant trois bataillons de combat, une compagnie de pontonniers, un peloton d'équipements électriques et un peloton d'approvisionnement en eau), ainsi qu'une bonne partie de l'artillerie du Vème Corps (4 bataillons de feu et un bataillon d'observation). La 4ème DI US commandée par le général Barton viendra en appui à la 2ème DB. Elle est renforcée par deux bataillons de tanks destroyers, un bataillon antiaérien et deux bataillons de chars).

Du côté allemand, le général Aulock avait fait de son mieux pour rassembler ses troupes sur des "strong points". Artillerie, tanks, et canons antiaériens destinés à assurer des tirs de support sur les "strong points" (on peut traduire par points d'appui renforcés) à Trappes, Guyancourt, Châteaufort, Saclay, Massy, Wissous, et Villeneuve-le-Roi. Les routes vers Versailles étaient bien bloquées, et les points de défense avancés à Marcoussis et Montlhéry aussi bien que ceux de Palaiseau et Longjumeau couvraient les approches routières vers le nord depuis Arpajon. Mais il ne pouivait rien faire contre le fait qu'un torrent de plus de 40.000 hommes bien entrainés et équiupés allaient se précipiter sur la capîtale.(4)

La marche sur Paris (5)

Le 22 août 1944

Reprenons l'emploi du temps du général Leclerc à la date du 22 août 1944. Leclerc a formé une nouvelle demande d'intervention sur Paris, qu'il a adressé au général Bradley. Puis il se rend au PC du XIIème groupe d'armées US que commande le général Bradley. Là il retrouve celui qui vient de devenir son supérieur hiérarchique, le général Gerow qui simultanément l'informe que sa division est versée au Vème Corps d'armée US et qu'il dépend désormais de lui même, avec un rapport d'indiscipline que le général Gerow vient adressé à son propre supérieur: le général Bradley!(6)... Bref, les deux demandes, celle de Leclerc et celle de Gerow sont parvenues quasiment en même temps entre les mains du général Bradley, qui avait reçu les émissaires du consul de Suède et s'était déjà forgé une opinion sur l'intérêt d'une intervention sur Paris réclamée par la Résistance, par de Gaulle et par Leclerc. Pendant que Leclerc interrogeait les émissaires de Paris, en particulier le chef d'Etat-major des FFI de Paris, Bradley est parti en avion de liaison conférer avec le Commandant suprême des forces alliées, Dwight D. Eisenhower, seule autorité à pouvoir prendre la décision pendant qu'à l'Etat major, on commence à mettre à jour les cartes militaires du secteur de Paris, qui révèlent bien sûr, une situation très fluctuante mais aussi la présence de forces allemandes susceptibles d'offrir une résistance à la pénétration des forces alliées.

Quand le général Bradley descend en toute fin d'après midi de son avion de liaison après avoir conféré avec Eisenhower, son Etat-major a déjà mis en route la machinerie des chaînes de commandement et de l'approvisionnement puisqu'il s'agit de déplacer pratiquement en quelques heures l'équivalent de 40.000 combattants, soit le double des effectifs allemands chargés de défendre la capitale. Là, Leclerc apprend sèchement sa mission: "La 2ème DB est lachée sur Paris" avec pour mission première de sauvegarder les ponts....

Le lieutenant Bergamain, à gauche sur la photo, rend compte au général Leclerc
de la présence d'une quinzaine de chars allemands patrouillant dans le secteur.
Deux heures plus tard, à la nuit tombante, Leclerc rentre en jeep à son PC installé dans le verger de Fleuré attendu par tout son état-major. Dès que sa silhouette se distingue dans la nuit tombante, Leclerc lance son ordre de marche: "Gribius, mouvement immédiat sur Paris!" Sur le champ, cet ordre est transformé en ordres de service pour toutes les unités de la Division.

Le 23 août 1944

Alors que le lendemain matin, au petit jour, le verger retourne à son calme bucolique,la 2ème DB s'étire sur les routes pour franchir 200 km afin de rallier Rambouillet. Dès la veille, le détachement de Guillebon avait reçu l'ordre de prendre contact "par le feu" et de renseigner le général dès son arrivée à Rambouillet.

Comme d'habitude, Leclerc a missionné plusieurs reconnaissances. A midi le 23 août 1944, Leclerc a rejoint en jeep ses unités de reconnaissance à Rambouillet. Comme toujours, il était vraiment à la tête de ses troupes.

A l'entrée dans Rambouillet, le général Leclerc est attendu par le lieutenant de spahis Bergamain couvert de sang. Dans son char de tête, l'officier avait été touché sur la route Trappes à 3 km de la sortie de Rambouillet. Une quinzaine de chars allemands patrouillent dans le secteur en appuyant une défense qui semble cohérente. La progression des colonnes de la 2ème DB est stoppée par radio dans l'attente des ordres sur leur déploiement. D'après les observations de Guillebon, qui a testé la route d'Orléans jusqu'à Arpajon, la résistance semble se diluer vers l'Est. Leclerc oriente immédiatement le déploiement du groupement que commande le colonel Billotte, qui se voit ainsi confier l'effort principal de la progression vers la capitale.

Pour Leclerc, les Allemands ne se soucient pas de conserver Paris, mais tentent d'empêcher ou de retarder l'irruption des forces alliées en la Marne et l'Oise. Oubliant carrément les instructions du général Gerow, qui entendait le faire passer par Versailles, Leclerc décide de faire progresser ses blindés sur deux axes distants d'environ 30 km avec pour point de départ Rabouillet et Arpajon de telle sorte que les deux colonnes puissent s'épauler l'une l'autre au fur et à mesure qu'elles se rapprocheront de la Capitale. Le Général Gerow tenta bien de rattraper Leclerc à Rambouillet mais il échouera pôur le retrouver, Leclerc étant déjà loin devant avec ses troupes de tête. De guerre lasse, le commandant du Vème Corps d'armée US donnera l'ordre à la 4ème DI US de poursuivre sa mission sans s'occuper de la 2ème DB et retournera à son PC ("CROSS-CHANNEL ATTACK" chapitre XXIX, p. 612).

La progression des colonnes de la 2ème DB entre les 23 et 28 août 1944
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Les grandes lignes de ce plan de progression sont les suivantes: Depuis Arpajon, le colonel Billote devra remonter vers Paris selon l'axe de la route d'Orléans en évitant les pièges d'Orly et de Palaiseau. Depuis Rambouillet, le colonel de Langlade devra passer entre les points d'appui allemands de Trappes, Saint-Cyr et du plateau de Saclay pour progresser par Toussus-le-Noble jusqu'à la Vallée de la Bièvre. en direction de Jouy-en-Josas pour atteindre ensuite Villacoublay, Clamart et le pont de Sèvres. Dio, doit suivre en réserve dans le sillage de Billotte tandis que Morel-Deville doit plastronner devant Trappes pour fixer l'attention des Allemands.

A 18 heures, de Gaulle rend visite au PC de Leclerc qui lui expose ses décisions. Le général de Gaulle demande à être informé des progrès de la 2ème DB minute par minute.

Le 24 août 1944

La progression de la colonne Langlade...

Ce jour là, l'ordre du jour est simple: "s'emparer de Paris!". Les colonnes de blindés de la 2ème DB s'ébranlent au petir matin et sous la pluie vers leurs objectifs. Le clerc suit la colonne de Billotte qui doit rejoindre la route d'Orléans. Mais il faut d'abord dégager les arrières du colonel Langlade dont les têtes de colonnes débouchent dans la vallée de Chevreuse.

Guidée par un jeune Parisien, Armand Bussard, les chars de Langlade traversent Toussus-le-Noble où elles recueillent 400 prisonniers allemands pris rapidement en charge par les FFI. tandis qu'une demi-douzaine de canons de 88mmm se démasquent et allument deux chars de Massu. Le groupe d'artillerie Mirambeau cannonne méthodiquement les 88mmm réduits au silence à 11 h. Massu passe en force alors que Minjeonnet a débordé les positions des 88mm allemands.

Après avoir retrouvé Minjonnet à Jouy-en-Josas, Massu franchit la Bièvre, puis le terrain de Villacoublay, tandis que les chars allemands ont débordé l'attaque en suivant la lisière du bois de Meudon. Vers Clamart, un nouveau barrage allemand s'interpose entre l'agglomération dont les habitants sont pratiquement dehors avec les unités de Massu.

Après quoi, Massu traverse Clamart et ses barricades qui s'ouvrent devant les blindés acclamés par la foule et atteint le pont de Sèvres, qu'il emprunte sans qu'il saute! Le groupement occupe la rive droite de la Seine et se cercle en hérisson devant l'usine Renault. Paris est si proche que le groupement est littéralement envahi par des émissaires qui viennent spontanément livrer leurs observations sur l'ennemi. Paris est littéralement truffée de barricades et de drapeaux français.

et celle de Billotte

La colonne de Billote a immédiatement subi les premières attaques anti-chars devant Longjumeau et délogé une centaine d'Allemands occupant un côteau bordant sa route sur sa gauche. Les deux chemins de Massy et de Wissous qui relient Palaiseau à Orly sont protégés par une douzaine de 88 mm. Pendant que le colonel Warabiot contourne Wissous par la droite et livre un dur combat, Buis pénètre le dispositif ennemi par la gauche, croit avoir percé mais doit finalement se rabattre sur la Croix de Berny en raison d'un troisième point de résistance imprévu. A midi, la pluie se tarit mais les mines truffent la route des blindés. Des centaines de prisonniers allemands refluent sur les colonnes de Billote qui sont pris en charge par les FFI.

A Antony, les chars de Billotte doivent réduire un canon de 88mm.
Le point d'appui de la Coix de Berny couvert par un canon de 88 mm résiste jusqu'au carrefour d'Antony. Finalement les blindés pénètrent par les ruelles, débusquent les derniers chars allemands, et règlent leurs tirs pour faire taire le canon de 88mm au milieu d'une population enthousiaste et participative. A court de carburant, les blindés doivent se réapprovionner.Alors que le combat de Fresnes touche à sa fin, Lelerc s'impatiente.

L'approche de la 2ème DB, appuyée par des forces américaines, a décuplé les attaques de la résistance contre les Allemands. Si les FFI conquièrent la gare de l'Est et assiègent la gare du Nord, les allemands tiennent les grandes artères de Paris sous leurs feux, incendient le Grand Palais et le reprennent. Leurs points d'appui semblent inexpugnables. Mais maintenant, les musettes allemandes, qui sont pratiquement vides, font craindre le pire. Leclerc a écrit un message qu'il a décidé de faire lancer par son "piper club" sur la Préfecture. Craignant les attaques aériennes beaucoup d'Allemands se sont réfugiés dans les bois de la ceinture verte et les agglomérations de Saint-Germain et de Chatou et ils peuvent s'infiltrer dans la capitale à tout moment. Leclerc a bien écrit un message à von Choltitz dans lequel il le rend responsable de toute atteinte aux monuments de Paris, quels qu'il soient. Mais le message, confié à l'Adjudant chef du char de Leclerc et à un volontaire, ne parviendra jamais à son destinataire, les deux messagers ayant été tués au cours de cette mission des plus hasardeuses.

Devant les succès de Leclerc, les généraux Hodges et Gerow vont radicalement changer d'avis: “Push your advance vigorously this afternoon and continue advance tonight.” ont-ils ordonné à Leclerc ("CROSS-CHANNEL ATTACK" chapitre XXIX, p. 614). Ils ordonnent également au général Barton d'établir une tête de pont de l'autre côté de la Seine à Corbeil.

Alors que les combats autour de Fresnes touchent à leur fin à la tombée du jour, Leclerc piétine d'impatience à la Croix de Berny. Il voit alors passer le capitaine Dronne qu'il interpelle. Dronne est un fonceur mais aussi un malin, "grand chasseur de buffles devant l'éternel". Pour Leclerc c'est l'homme de la situation. Il lui dit en lui montrant la direction de Paris: "Passez par où vous voulez : il faut entrer".
Dronne lui répond: "Si je comprends bien, mon général, j'évite les résistances et ne m'occupe pas de ce que je laisse derrière moi?"
"C'est cela! Droit sur Paris", lui répond Leclerc.

Trois chars (les Romilly, Champaubert et Montmirail) et des half-tracks transportant deux sections d'infanterie et une du génie, filent dans la nuit, en cueillant de carrefour en carrefour les renseignements auprès des résistants et des parisiens. Ils entrent par la Porte d'Italie, suivent l'avenue d'Italie, emboîtent le boulevard de l'Hôpital, traversent la Seine au pont d'Austerlitz, suivent les quais jusqu'à l'Hôtel de ville où ils se diposent en hérisson pendant que les cloches de Notre-Dame commencent à sonner follement et que des FFI se postent sur les toits alentour pour y faire le guet. Pendant ce temps, le capitaine Dronne se rend à la Préfecture de Police où il est acclamé.

Les alliés à Paris le 25 août 1945
Extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK" chapitre XXIX (p. 616)

Le 25 août 1944: Paris libéré!

Leclerc a intégré dans son plan les innombrables renseignements qui lui ont été communiqués pendant la nuit. Le dispositif fixé a pour objet principal de conquérir les grandes artères, s'assurer des ponts tout en faisant converger plusieurs sous-groupements vers l'hôtel Meurice où réside von Choltitz pour obtenir la capitulation du commandant du Gross Paris, le tout en évitant de canonner les points d'appui allemands qui devraient tomber facilement après la capitulation de leur commandant. La libération de Paris va se dérouler sous un soleil d'été.

C'est un plan rigoureux, efficace et facile finalement à réaliser. Le général Leclerc qui accompagne, toujours avec son escadron de protection qu'il commande parfois en command car, le groupement Billotte auquel il a confié le parcours porte de Gentilly - la cité universitaire - la rue Saint-Jacques jusqu'à son terme sur la Préfecture de Police de façon à pouvoir boucler et progresser vers la rue de Rivoli et les Tuileries pour fermer la souricière de l'Hôtel Meurice quand les autres colonnes auront atteint leurs objectifs. Toutefois, Leclerc a pris un raccourci pour déboucher plac e Denfert Rochereau avec le groupe de commandement.

Le groupement Dio est scindé en deux sous-groupements: l'un commandé par Noiret, qui suivra les boulevards des maréchaux avant de remonter le cours de la Seine (rive droite) pour assurer la protection des ponts, l'autre commandé par Rouvillois qui doit contrôler la gare Montparnasse (qui va devenir le PC de Leclerc pendant quelques jours) les Invalides et la chambre des députés de façon à boucler les débouchés au sud de la place de la Concorde. Enfin, le groupement Langlade doit progresser du pont de la Concorde pour atteindre l'Etoile et boucler l'avenue des Champs-Elysées. Il se trouve que ces parcours évitent les points d'appui les mieux défendus.

Depuis son command car, Leclerc donne ses ordres.
L'entrée des blindés de la 2ème DB déclenche une véritable liesse. La foule envahit les rues et les places sans souci des coups de feu qui partent parfois des toits et des feux de l'artillerie allemande. Leclerc qui est entré avec son escadron par la porte d'Orléans avec son escadron de commandement, a atteint la place Denfert-Rochereau. Il y est accueilli par le général Chaban qui l'emmène à la Gare Montparnasse dont il installe son PC tandis qu'il envoie son escadron de protection boucler les grilles du jardin du Luxembourg. Il rejoint vers 10 heures le colonel Billotte à la préfecture de police, qui avait déjà envoyé un ultimatum à von Choltitz, mis en place depuis le Châtelet trois groupements prêts à attaquer en direction des Tuileries. Les quelques chars Panthers basés soit dans les jardins des Tuileries soit dans le jardin du Luxembourg, qui ne peuvent être accompagnés de voltigeurs n'osent pas trop sortir de leur point d'appui. Le seul qui l'a tenté a été démoli pâr le char de de Witasse au carrefour Médicis.

Du fait même du dispositif adopté par Leclerc, la place de la Concorde va devenir l'arène dans laquelle vont s'empoigner les chars. Sans réponse aux ultimatums qui ont été portés au Commandant du Gross Paris, la Horie déclenche l'attaque à partir de la rue de Rivoli, qui est balayé par les mitrailleuses allemandes qui tirent depuis le camp retranché des Tuileries. Les Français progressent donc à la grenade et à la mitraillette à partir des rues adjacentes, postent des observateurs dans les étages de la rue de Rivoli pour diriger les tirs permettant de museler les mitrailleuses ennemies et les canons antichars.

Le combat dure une heure et demi. Le temps que les chars de la 2ème DB se mesurent avec les Panthers pour le contrôle de la Place de la Concorde. Un char commandé par le Bizien, tué d'une balle, éperonne un Panther qui est exécuté par le canon plus court du Sherman. Pendant la bataille, un obus de Panther remonte toute l'avenue des Champs elysées pour passer juste sous l'Arc de triomphe sans y causer de dommage... alors que des pompiers déploient à la main l'immense drapeau tricolor que l'on déployait avant l'occupation pour les grande occasions et la Fête nationale.

La population participe quasiment à la bataille de la rue de Rivoli
Photo extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK" chapitre XXIX (p. 617)
Mais finalement, vers 14h30, l'Hôtel Meurice cède, alors que son hall disparait dans l'épaisseur des fumées fumigènes. 17 officiers allemands sont faits prisonniers au rez-de-chaussée. Les officiers français La Horie, Kercher et Franjolux montent au premier étage. Dans une grande salle, von Choltitz et tout son état-major au complet attendent de bout et se rendent. La Horie, exfiltre le commandant du Gross Paris et tout son état major du Meurice sous les huées d'une foule en colère. Il emmène ce dernier à la Préfecture de Police où l'attend le général Leclerc. Il est alors quinze heures.

Dans le même temps, les autres colonnes de la 2ème DB ont exécuté leur mission.

Après avoir nettoyé les usines Renault et détruit 25 camions qui tentaient de s'en échapper, Le groupement Langlade a suivi l'avenue Vaillant, la Porte Saint-Cloud, la rue Michel-Ange, l'avenue Mozart, la rue de la Pompe et l'avenue Victor Hugo. Stoppée un moment par les blockhaus de Longchamp, la colonne a été très vite relayée par l'artillerie. Les canons de 155mm automouvants ont finalement pulvérisé le réduit.

Après avoir salué le tombeau du soldat inconnu, Massu descend l'avenue des Champs-Elysées, fait sa jonction avec les troupes de la Horie, puis attaque le Majestic, par la rue de Presbourg et l'avenue Kleber, dont il obtient la reddition.

Noiret qui suivait les boulevards des maréchaux vers l'ouest parisien est remonté jusqu'au pont de Grenelle qu'il a traversé, a atteint le Champ de Mars qui a été déblayé, puis s'est attaqué à l'Ecole militaire pendant un combat qui va durer cinq heures d'horloge, avec les chars, les fantassins qui ont chargé à la grenade et la mitraillette et les équipes d'assaut du génie. Les Allemands ont finalement capitulé.

Rouvillois arrivé à 9 heures à l'Ecole des Invalides a lancé Brillotte sur le côté de La Tour Maubourg qui en a obtenu la reddition vers 11 heures. Pour sa part il s'est attaqué au Quai d'Orsay et au Palais Bourbon dont la portion sur les quais étaient barrée par des barricades. Le lieutenant Bureau succombera dans son char allumé à partir d'un feu violent partant de son ministère. Pour résoudre le problème, le quai d'Orsay sera incendié et l'artillerie du groupement sera déployée rue de Varrennes à 15 heures, juste quand Von Choltitz a signé la capitulation.

La reddition de von Choltitz

Outre le général Leclerc, sont présents à la préfecture de police le général commandant la 4ème DI US, qui va se charger du nettoyage de l'Est parisien depuis la gare de Lyon jusqu'à Vincennes, le colonel Billotte, le colonel Rol Tanguy, chef des FFI de Paris, le général Chaban (Chaban-Delmas). Von Choltitz est blême (il a une angine de poitrine).

Sur les termes de la capitulation du Gross Paris, le Commandant en chef du Gross Paris ne fait qu'un commentaire avant de la signer: "Seule, la garnison du Gross Paris est sous mon autorité, les autres unités peuvent être déclarées hors la loi se elles n'obtempèrent pas à son ordre de déposer les armes." Aussitôt après la signature de la capitulation le général Leclerc emmènen de Choltitz dans son scout car à la gare Montparnasse. Il est suivi de tout son état-major dans un camion: il s'agit de mettre en oeuvre pratique la capitulation.

Les missions mixtes parlementaires chargées d'appliquer la reddition du Gross Paris sont alors distribuées. Elles cmportent un officier de la 2ème DB, un officier allemand et généralement un officier des FFI.

Au camp retranché du Luxembourg, le colonel Crépin met deux heures avant d'obtenir la réddition des SS qui se plient finalement à la menace d'être déclérés hors la loi et abattus de ce fait.

Au ministère de la marine occupé par la Kriegsmarine, le lieutenant Boris a la surprise de voir sortir des tranchées et des chevaux de frise quelque 300 hommes qu'il faut désarmer et faire traverser Paris derrière un char. La colonne sera littéralement décimée lors d'une échauffourée rue Victor Hugo...

A Palaiseau, Laferrière discute toute la nuit avec les deux commandants allemands de l'infanterie et de la DCA auquels il a affaire qui ne sont d'accords que sur une seule chose: ils n'ont aucun ordre à recevoir de von Choltitz. Au petit matin, les deux unités se rendent après que l'officier commandant la DCA se soit dégoupillé une grenade sur le ventre...

L'officier allemand qui accompagnait Joubert, a été abattu ainsi que l'officier des FFI qui était présent. Enfin, Py sera purement et simplement constitué prisonnier à Vincennes, renvoyé de QG en QG dans la Somme où un commandant allemand reconnaîtra sa qualité d'officier parlementaire. Il sera expédié les yeux bandés à l'Ecole des cadres de Metz d'où il sera renvoyé huit jours plus tard dans les lignes américaines.

L'apothéose du 26 août 2011

A 16 heures, alors que toutes les missions mixtes parlementaires étaient parties pour obtenir la reddition de tous les points de résistance allemands qui subsistaient encore, de Gaulle a visité le PC de la 2ème DB à la gare Montparnasse. Quand il entre, il croise son fils, enseigne dans un des régiments de fusiliers marins et l'embrasse. Il est accueilli par le général Leclerc qui lui a exposé les évènements de la journée et lui a communiqué les dernières dépêches qui lui étaient parvenues, avant que de Gaulle n'apprécie le texte officiel de la reddition de von Choltitz. Il reproche seulement à Leclerc d'avoir accepté la cosignature de la redition par le colonel Rol Tanguy, le chef des FFI de Paris. Mais de Gaulle sait maintenant qu'il doit s'installer tout de suite à Paris.

Il se rend ensuite à l'Hôtel de ville où il va prononcer un discours célèbre qui va entrer dans les annales de l'histoire.

Le défilé du 26 août 1944 à Paris
A la fin de la journée du 25 juin 1944, Paris n'est pas encore complètement libérée: on se bat encore à la Villette et à Vincennes où les Allemands refusent de se rendre. Les prisonniers qui se rendent sont concentrés à la tombée du jour. Mais on estime les troupes allemandes régulières et structurées et non contrôlées à 12.000 hommes armés, auxquels s'ajoute un nombre notable d'irréguliers armés postés sur les toits et les arrières de la 2ème DB.

Le lendemain, 26 août 1944, tandis que le groupement Roumianzoff occupe la gare du Nord, le reste des unités de la 2ème DB se regroupe à l'Etoile, à la Concorde et devant Notre-Dame, où aura lieu un Te Deum. vers 15 heures, le général de Gaulle arrive à l'Etoile, ranime la flamme du soldat inconnu, puis entreprend la descente à pied des Champs-Elysées. Il se rend ensuite à Notre-Dame pour participer au Te Deum célébré en remerciement de la libération de Paris.

Dans l'après-midi et la nuit du 26 août, la colonne Roumianzoff avance vers le Nord, occupe Saint-Denis et lance des reconnaissances vers Enghien. Il doit les faire revenir: l'ennemi a amené une division depuis le Pas-de-Calais qui tient la forêt de Montmorency et Le Bourget. Leur objectif manifeste est de barrer la route de Senlis et Soissons, de recueillir les unités échappées de la poche de Falaise, qui refluent encore dans la poche de Conflans et de sauvegarder encore quelques jours la vallée de l'Oise. Mais les Allemands réoccupent beaucoup de villes libérées au Nord-Ouest de Paris jusqu'à Aubervilliers en faisant régner la terreur et les exécutions sommaires d'otages.

Le groupement Billotte, qui couvre l'Ouest de Paris franchit dans la nuit le pont de la Défense et lance des patrouilles jusqu'à Saint-Germain, Chatou et Aubervilliers. De leurs côtés, les groupements Langlade et Dio se transportent dans la plaine Saint-Denis où le général Leclerc installe son PC. Tandis que la 4ème Division d'Infanterie US s'emploie à conquérir le bois de Vincennes.

La période du 27 au 30 août 1944

Les deux groupements Langlade et Dio vont attaquer respectivement vers Montmorency et Gonesse pour conquérir les agglomérations entre la bopucje de la Seine d'Enghien et le canal de l'Ourcq, où opère déjà la 4ème DI US. Les combats sont encore meurtriers. En particulier au Bourget où le terrain d'aviation est abordé le 27 août 1944 par la grande porte mais aussi à partir des lisières de Dugny. Les allemands ont creusé des tranchées à la lisière des hangars et certains agitent des drapeaux blancs. Mais quand les officiers Samarelli, Kirch et le commandant Corlu s'avancent à découvert en parlementaire pour forcer la reddition, des fanatiques tirent sur eux et les blessent. Le Commandant Corlu succombera à ses blessures.

Les chars répondront impitoyablement à ce forfait et tireront directement sur les soldats allemands. Dans la nuit, une nouvelle division d'infanterie allemande arrive à bicyclette depuis le Pas-de-Calais et contre-attaque. Elle apprendra à ses dépens que non seulement la route de Paris est coupée mais qu'elle a devant elle une division blindée expérimentée... Ainsi, il apparait nettement que les Allemands n'ont plus de troupes blindées disponibles pour manoeuvrer sur le champ de bataille et que la désorganisation du commandement ennemi est complète.

Le jour même le 27 août, des avions commencent à atterrir au Bourget où ils livrent 3.000 tonnes de nourriture, du matériel médical et du savon à raison de 500 tonnes par jour. Le même jour, le général Bradley General Bradley autorise la délivrance de 60.000 gallons de carburant et 6.000 gallons de lubrifiants pour les camions livrant des approvisionnements à Paris. 1.000 gallons de fuel sont également attribués au cuisines collectives.

Le 30 août 1944, la 5ème DB et la 28ème DI US traversent les lignes de la 2ème DB et de la 4ème DI US pour les relever. Ils attaquent en direction de Senlis, de Compiègne et de l'Oise. La guerre s'éloignait définitivement de la Région parisienne. Aux 20.000 hommes perdus par l'ennemi, s'ajoutaient les deux divisions d'infanterie perdues et destucturées envoyées en renfort à bicyclettes depuis le Pas-de-Calais, ce qui favorisait la marche des soldats britanniques et canadiens vers la Belgique et les Pays-Bas.

Eisenhower et la libération de PARIS (7)

Dans "Crusade in Europe" pages 296 et 297, Eisenhower a livré ses impressions quant au contexte de la décision qu'il a prise pour libérer PARIS:
"Un problème particulier qui est devenu aigu vers le fin du mois d'août était celui de déterminer ce qui devait être fait à propos de Paris. Pendant toutes les opérations préliminaires, nous avions à grand peine évité de bombarder directement la capitale française. Même durant la procédure de destruction des communications françaises, nous avions attaqué dans la région de Paris, des goulots d'étranglement ferroviaires à l'extérieur de l'agglomération plutôt que les gares terminales à l'intérieur de la ville. Dans le même esprit, nous avons voulu éviter de faire de Paris un champ de bataille et par conséquent les opérations contournaient et entouraient les accès, de façon à forcer la garnison défensive à la reddition. Nous ne pouvions pas connaître, naturellement, l'état et la situation exacts de la population de la ville. A ce moment, nous étions attentifs pour sauver chaque once de carburant et de munitions pour des opérations de combat, afin d'étendre nos lignes à la distance maximale, et j'espérais bien reporter la capture concrète de la ville, à moins que je ne reçoive des informations évidentes de famine ou de détresse de ses citoyens.

"Dans ce contexte, ma main a été forcée par l'action des forces françaises libres à l'intérieur de Paris. Dans l'ensemble de la France les Français libres représentaient une valeur inestimable dans la campagne. Ils étaient particulièrement actifs en Bretagne, mais également sur nombre de parties du front, ils nous ont apporté une aide d'une multitude de façons. Sans leur immense assistance, la libération de la France et la défaite de l'ennemi en Europe occidentale auraient pris beaucoup plus de temps et nous aurait causé de plus grandes pertes. Aussi, quand les forces françaises libres ont déclenché leurs soulèvements à l'intérieur de la ville, il devenait nécessaire de leur apporter rapidement un appui. Le renseignement indiquait qu'aucune grande bataille n'aurait lieu et on a pensé que l'entrée d'une ou deux divisions alliées réussiraient à libérer la ville.

"Pour l'honneur de l'entrée dans la ville, le Général Bradley a choisi la 2ème Division blindée dirigée par le Général Leclerc. Les vétérans de cette unité étaient partis depuis le lac Tchad, trois ans auparavant, pour réussir une marche quasiment impossible à travers le désert de Sahara, rejoindre la huitième armée (britannique), participer à la dernière partie de la campagne africaine, et maintenant, le 25 août 1944, son commandant a reçu la reddition du général allemand commandant la garnison de Paris. C'était le sommet d'une odyssée qui, dans toute sa durée, l'a conduite depuis le centre de l'Afrique jusqu'à Berchtesgaden en Allemagne.

"Cependant, avant que les Allemands aient été complètement réduits dans Paris et que l'ordre y ait été rétabli, la 4ème Division d'infanterie US a dû s'impliquer. Heureusement le combat n'a provoqué aucun grand dommage matériel à la ville. De notre point de vue, le plus significatif de toutes ces heureuses circonstances était que les ponts traversant la Seine avaient été laissés intacts.

Juste après la capture de Paris, j'ai informé le général de Gaulle que j'espérai qu'il gagnerait rapidement le capitale. Je désirai que, comme symbole de la résistance française, il devrait faire son entrée avant que je n'y entre ou que je la traverse.

"Le samedi suivant la capture de la ville,j'ai visité le quartier général du Général Bradley et j'y ai appris que le Général de Gaulle avait déjà établi ses quartiers dans un des bâtiments de Gouvernement à Paris. J'ai immédiatement décidé à ce moment d'entrer dans la ville pour lui rendre une visite protocolaire. Pour présenter un front allié uni, j'avais avisé Montgomery de mon intention et lui ai demandé de m'accompagner. Celui-ci a répondu qu'il ne pouvait pas le faire en raison de la situation de son front en pleine mutation, et ainsi, je me suis contenté, dans cet esprit, d'être accompagné de mon assistant militaire britannique, le colonel Gault.

"Lors d'un déplacement matinal, Bradley et moi-même avons fait un léger détour autour d'un secteur dans lequel il y avait encore des combats, mais sommes entrés dans Paris, tranquillement et secrètement, comme nous le supposions, avant midi le dimanche 27 août 1944. Nous avons immédiatement rencontré de Gaulle, qui était déjà entouré par les gardes républicains dans leurs uniformes traditionnels resplendissants. Nous avons rendu visite au Général Gerow, au quartier général du Vème Corps d'armée américain, et nous sommes arrêtés pour rencontrer le Général Koenig, qui, en tant que militaire subordonné du SHAEF était le commandant toutes les forces françaises libres de l'intérieur. Pendant que nous nous déplacions dans la ville pour en sortir et quand nous avons dépassé l'arc de Triomphe, place de l'Etoile, nous avons été entourés par une foule de citoyens enthousiastes. Les saluts exubérants de la population libérée étaient un peu embarrassants et nous avons agi aussi rapidement que possible à notre manière pour rejoindre une des portes de sortie de la capitale et revenir au quartier général de Bradley, près de Chartres.

"Pendant que j'étais dans la capitale, le général de Gaulle m'informa de certains de ses inquiétudes et problèmes. Il a demandé de la nourriture et des approvisionnements. Il était, particulièrement impatient d'obtenir des milliers d'uniformes pour les forces françaises libres, afin de les distinguer des éléments facteurs de désordre, qui, en tirant profit de la confusion provisoire, pouvaient entreprendre de s'attaquer aux citoyens isolés. Il voulait également de l'équipement militaire supplémentaire pour commencer à organiser de nouvelles divisions françaises.

"Un problème grave en raison de la situation désorganisée de la ville était l'établissement rapide de sa propre autorité et du maintien de l'ordre. Il demandait le stationnement provisoire de deux divisions américaines utilisables, a-t-il dit, comme démonstration de force et pour établir sa position fermement..."










Notes sur les Sources:
  1. L'essentiel des informations de ce chapitre est tiré de "CROSS-CHANNEL ATTACK" chapitre XXIX(pp. 590 à 609) (The Liberation of Paris), par Gordon A. Harrison, CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.
  2. Voir la page web Raoul Nordling éditée par l'Ambassade de Suède à PARIS.
  3. Extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK" chapitre XXIX (p. 600): Note 47 Even, La 2e D.B., pp. 114–16; Etat Major des Forces Françaises de l’Interieur, Twelfth Monthly Progress Rpt to SHAEF Aug 44, 10 Sep 44, SGS SHAEF File 322, FFI. et note 48 cité dans Dansette, Libération de Paris (p.313).
  4. Extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK" chapitre XXIX (p. 601) note 37 Ltr, de Gaulle to Eisenhower, 21 Aug, SGS SHAEF File 092, French Relations; Pogue, Supreme Command, p. 240; Interv by Pogue with de Gaulle. 14 Jan 47, and Butcher Diary, 11 Jul, Pogue Files.
  5. Les informations de ce chapitre et de celui qui suit sont tirées de l'ouvrage "La 2ème DB -Leclerc en France" Partie "PARIS le sceau de la libération" (pp. 43 à 74) aux Editions "Arts et métiers grahiques", 18 rue Séguier, Paris.
  6. NDLR: Le général Bradley cumulait le commandement de la Ière Armée US et du XIIème Groupe d'armées US.
  7. "Crusade in Europe", Copyrigt, 1948, by Double Day & Company, H. Wolf, New York. Cliquer sur ce lien pour lire les pages 296 et 297 en langue originale.

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Dernière mise à jo ur le 27 avril 2015.