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Comme les hommes, les peuples qui oublient leur histoire cessent d'exister!

Plan des pages consacrées au département de la Dordogne

Pour naviguer dans les pages du département, cliquer d'abord sur la page à consulter
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Genèse et organisation de la Résistance
Les forces en présence
Les terrains de parachutages
La chronologie de la répression et des combats
L'inventaire des maquis
Chronologie en décembre 1943
Chronologie des combats
et exactions:
Janvier 1944
Février 1944
mars 1944
avril 1944
mai 1944
juin 1944
Jusqu'au 14 Juillet 1944
Suite de la chronologie
de la répression et des combats:
15-31 juillet 1944
Août 1944
La rédemption du Périgord:
bain de sang, cendres,
larmes et épouvante

Les crimes de la division Brehmer
La division "Das Reich"
et le "Kampfgruppe Wilde"
Bilan des exactions
de la 2ème SS Panzer Division et du
1er passage du Kampfgruppe "Wilde"
Combien de victimes?
Le Kampfgruppe "Wilde"
(2nd passage en Dordogne)
Les Kampfgruppe "Bode" et Ottenbacher "
L'effroyable bilan des colonnes infernales SS
Le casse de la Banque
de France en gare
de Neuvic-sur-l'Isle

Résistance, Maquis et Libération du département de la Dordogne (suite de la page 2)

Suite et fin de la chronologie des combats (du 15 juillet au 23 août 1944)

Du 15 au 31 juillet 1944

Toutes ces opérations ont un dénominateur commun: elles sont exécutées sur ordre et sous le contrôle des SS par des hommes venant de Russie, qui ont expérimenté la politique de "la Terre brûlée" et qui sont parfois des prisonniers russes reconvertis et engagés d'office dans la Wehrmacht. Rien n'est laissé au hasard et tout est préparé à l'avance en liaison avec la police allemande ou les phalangistes, voir la milice, qui jouent alors le rôle de supplétifs. Le pillage suit généralement les exécutions ou l'arrestation des Juifs, promis au camp de la mort et l'incendie des maisons qui les hébergent. En outre, ceux qui sont assimilés à des résistants sont exécutés chez eux, volontiers devant leurs familiers, avant d'être bien souvent jetés dans leur maison incendiée. Ainsi, les traces des crimes, des pillages et surout les témoins disparaissent.

Les colonnes infernales allemandes avaient à appliquer la feuille de route de leur chef en France, le général SS Oberg qui avait fait placarder dans les communes de France un avis étonnamment passé inaperçu des historiens dont voici à nouveau le texte déjà publié par ce site.
Voici le texte de l'avis signé du général SS Oberg proclamant la politique de prises d'otages en cas de troubles, qui fut placardé dans toutes les mairies de la France occupée:
Avis


Une étude attentive de l'attitude de la population française dans la zone occupée m'a conduit à constater que dans une grande majorité, elle poursuit ses occupations dans le calme. Elle répudie les attentats, les actes de sabotages, etc. effectués contre les troupes d'occupation sur des instigations anglaises et soviétiques, parce qu'elle sait très bien qu'ils n'ont d'autre effet que de troubler son existence politique.

J'ai la volonté de continuer à assurer le calme et la sécurité à la population française dans son travail en pleine guerre. Mais, comme je suis convaincu que les auteurs d'attentats, les saboteurs, les fomentateurs de troubles, sont aidés, avant ou après leurs crimes, par des membres de leur famille, j'ai décidé d'arrêter non seulement les auteurs d'attentats, saboteurs et fomentateurs de troubles, mais aussi les familles de ceux d'entre eux qu'on connaîtra , mais qui prendront la fuite, si dans un délai de dix jours après leur acte, ils ne se sont pas présentés à un poste de police allemand ou français., et d'exercer des représailles contre ces familles.

Voici quelles seront ces représailles:
  1. Fusillade de tous les membres masculins de la famille en ligne ascendante et descendante, y compris les beaux-frères et cousins, qui auront plus de 18 ans.
  2. Condamnation aux travaux forcés de toutes les femmes de semblable parenté. Transfert dans un établissement d'éducation de tous les enfants des personnes, masculines et féminines ainsi touchées jusqu'à l'âge de 17 ans.

Je fais donc appel à tous pour qu'ils empêchent dans toute la mesure de leurs possibilités, les attentats, les sabotages, les troubles qu'ils apportent au poste de police allemand ou français le plus proche même le plus petit indice pouvant conduire à l'arrestation des coupables.

Paris le 10 juillet 1942
Le Haut SS et Polizeifürher
dans la zone du Gouverneur militaire de Paris
Les colonnes SS en repésailles en Dordogne vont simplifier cet ordre de leur chef à leur manière: ils fusilleront indifféremment les femmes et les enfants ou adolescents de moins de 17 ans, qu'ils estimeront être en relation avec les maquis ou les juifs. Quelles sont ces unités SS?
  1. la divison Brehmer qui a opéré en Dordogne du 26 mars au 3 avril 1944.
  2. La divison SS "das Reich" (2ème SS Panzer Division) qui a traversé le département du 8 au 15 juin 1944 et le kampfgruppe "Wilde" (11ème SS Panzer Division) qui l'a traversé du 11 au 16 juin 1944 pour venir désenclaver certaines troupes de Das Reich menacées d'encerclement.
  3. Le kampfgruppe Wilde de retour en Dordogne depuis la Corrèze du 25 au 1er juillet 1944
  4. Le kampfgruppe "Brehmer (11ème SS P. div.) renforcée par la colonne du général Ottenbacher (11ème SS P. div) du 18 juin au 18 juillet 1944.
Telles sont les raisons qui poussent à analyser finement les colonnes infernales allemandes qui ont été observées.

Les crimes de la division Brehmer

Destinée à se déplacer rapidement, cette division commandée par le général Brehmer était une unité SS motorisée légère (sans char mais avec des half-tracks) d'environ 6.000 hommes, dont une bonne partie, à commencer par les unités SS venait du front de l'Est. Elle disposait toutefois d'autos-mitrailleuses et d'artillerie, et d'armes collectives (mitrailleuses, mortiers,...) généralement montées sur engins semi-chenillés.

l'une des particularités des hommes de cette division, c'est qu'ils avaient opérées des démonstrations de cruauté particulièrement monstrueuses sur le front de l'Est, dont la pendaison de masse devant les populations locales n'était que la plus bénigne. La démonstration la plus fréquente était celle de la torture, suivie de l'assassinat de leur victime dans sa propre maison, soigneusement mise à sac et dévalisée avant d'être incendiée de telle sorte qu'il ne reste que peu ou pas de traces des forfaits des bourreaux. Pour se couvrir, les hommes de Brehmer ont besogné en parfaite liaison avec la Police allemande, les phalangistes, voire avec la milice, qui était considérés comme des auxiliaires précieux des unités SS, et à ce titre approvisionnées en armes et en munitions par la Wehrmacht.

Parmi les objectifs donnés à la Division Brehmer, il y avait, outre de tenter de casser toute résistance par l'effroi et la terreur, la chasse aux résistants et aux maquis, communistes ou gaullistes et également la chasse aux juifs et leur déportation en masse en vue de réaliser la solution finale. Pour les puristes qui contesteraient l'amalgame entre les atrocités de la division Brehmer et la milice et les phalangistes d'autre part, il y a lieu d'observer que la milice ne dépendait pas seulement du Gouvernement de Vichy, mais également du Commandement militaire régional de la Wehrmacht. Quant à la Hilfpolizei, elle dépendait de l'organisation de la police allemande-c'est à dire du commandement de la Gestapo, et à ce titre exécutait les ordres de l'état-major bSS. Ces deux organisations collaborationnistes exécutaient donc les instructions allemandes qui leur étaient données en utilisant les moyens de l'Administration française et les dénonciations, que ceux qui s'estimaient "de bons Français" leur délivraient à profusion, parfois contre argent comptant.

Voici ci-après une localisation par ordre chronologique des crimes commis par la Division Brehmer en liaison avec la Police allemande entièrement contrôlée, faut-il le rappeler, par les SS:

La localisation marquée d'une croix gammée des crimes commis par la division Brehmer
Le numéro d'ordre est autant qu'il est possible celui du classement chronologique au moins du premier crime commis. Il correspond à l'ordre de la liste ci-après.
Il est possible de télécharger une carte du département plus grande pouvant être éditée sans marge sur une page 21x29,7.
  1. Le 26-3-44: Dosile Georges, garagiste à Ribérac, est abattu par les SS pour aide à la résistance. De même de Jean-Léon Dupeyrat, luthier également fusillé puis brûlé dans sa maison incendiée. Lafaye, métayer de Dupeyrat de Ribérac, brûlé dans sa ferme par les SS. Après Ribérac, les SS de la division Brehmer investissent la ville de Mussidan et conduisent des otages à la prison. Ils expédient des colonnes infernales qui rayonnent dans tout le secteur pour exercer leurs talents de tortionnaire en liaison avec la phalange.
  2. Le 26-3-44: Dosile Gilbert, Robert Dubois, Nestor Duchez et Dupy Charles, tous deux garagistes, sont également abattus à St-Martin-de-Ribérac pour aide à la résistance.
  3. Le 26-3-44: Exécutions à St-Sulpice-de-Roumagnac de Barrat Marcel et Roger, Henri Duranthon Henri et Gilaude pour complicité avec les résistants.
  4. Le 26-3-44: Girard et Maurice Dumonteil sont fusillés à la Jemaye pour aide au maquis et leurs corps brûlés par les nazis. Eclancher Marcel est également arrêté pour la même raison et fusillé à Font-Chose (La Jemaye). Arrestation également d’Eclancher Abel, fermier aidant les maquis, fusillé à Périgueux.
  5. Le 26-3-44: 25 otages sont exécutés par la phalange (ou les bicots, ou Hilfspolizei) à Brantome.
  6. Le 26-3-44: Les SS investissent la ville de Mussidan et conduisent des otages à la prison.
  7. Le 26-3-44: Pris comme otage à Allemans, Bardisson René et Lafaye Antoine sont fusillés par les SS.
  8. Le 27-3-44: André Lamaud, spécialisé dans les faux papiers est pendu à Champagnac de Belair.
  9. Le 27-3-44: 25 otages sont arrêtés à Ste-Marie-de-Chignac. En fait, les otages ont été arrêtés par une escouade de la division Brehmer qui les a amenés au PC de la Gestapo selon le témoignage de Rachel Goldefer qui a été informée par l’officier, qui a arrêté son père de la rafle du lendemain. Les 25 otages arrêtés par une unité de la division Brehmer sont le lendemain fusillés par la phalange (ou les bicots) aux Rivières Basses et Capelo.
  10. Le 27-3-44: Lapeyronnie massacré à Quinsac.
  11. Le 27-3-44: 9 otages sont fusillés à St-Pancrace et un à Villars.
  12. Le 27-3-44: Massacre de plusieurs boulangers alimentant les maquis. parmi eux à St-Amand de Coly, Georges Lanoix, fusillé pour avoir aidé les maquisards. le 31-3-1944, Hector Frison est capturé, torturé et fusillé à St-Amand-de-Coly pour aide aux maquisards. Et encore, le 01-04-1944, Elie Deniysiack à St-Amand Coly cachait des véhicules du maquis dans sa ferme. Il est abattu et sa ferme incendiée.
  13. Le 27-3-44: A Condat-sur-Vézère (Firmin Coulier, tué dans sa maison ensuite incendiée). Le 31-3-1944, deux otages (Mouney, Georges Haupinot) sont fusillés à Condat-sur-Vézère. Et le 01-04-1944, André et Yvon Delbos, Paul Cérou et Léopold Laval sont fusillés.
  14. Le 27-3-44: Les nazis massacrent la famille Roby à St-Crépin de Richemont. Les parents et leurs enfants et le beau-père sont abattus.
  15. Le 28-3-44: Incursion d’un groupe de SS à Lempzours où Thomasson est tué à son domicile.
  16. 29-3-1944: A Sorges, est arrêté Paul Carreau , sergent FFI, qui est fusillé à St Clément. Nicolas Feyte, arrêté, mourra en déportation. Paul Garreau, boucher résistant, est arrêté par les Allemands et abattu dans les bois de St-Romain St-Clément.
  17. 29-3-1944: à Nantheuil, 4 réfugiés alsaciens sont abattus par les SS.
  18. 30-3-1944: Delord Louis est tué par la gestapo à Villac. Sa maison est incendiée. Au château de Villac, les SS tuent tous les habitants probablement en majorité réfugiés de confession juive et incendient le Château.
  19. 30-3-1944: Les SS de Brehmer s'acharnent sur la commune de La Bachellerie, en y exécutant 13 personnes. Les SS étaient très bien renseignés. Le lendemain, le château de Rastignac, sur le territoire de la commune de la Bachellerie est incendié après que les SS aient fait main basse sur 33 peintures (Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Sisley, Cézanne, Manet, Renoir, Matisse…) qui y avaient été cachées. On ne les retrouvera jamais. Les 16 femmes et 17 enfants de confession juive qui y séjournent ont été expédiés à Drancy. Seules 4 femmes survivront, les 17 enfants ayant été exterminés dès leur arrivée à Auschwitz.
  20. 30-3-1944: A Auriac du Périgord, Henri Bonhomme, 44 ans, est torturé et achevé dans sa maison devant son épouse par les Allemands en tant que soutien de la Résistance. Ses métayers sont également abattus.
  21. 30-3-1944: Bonnefons, facteur à Azerat, tué pour aide au maquis. Massacre par la division B avec prise d'otages.
  22. 31-3-1944: La division Brehmer massacre et incendie le hameau de Nadaillac (Yvon Delbos, fusillé). Parmi les Otages fusillés Adrien Jardel.
  23. 31-3-1944: Accrochage à Thenon (Nadal jean, mort au combat). Blessé chez lui, à la Banargerie, M. Dubreuil est fusillé et jeté dans sa maison incendiée.
  24. 31-3-1944: Aubarbier et son épouse, tenancier l'auberge de Fanlac et propriétaires du Château de Lespicerie hébergeant l'Ecole des cadres FTP sont repérés, torturés et brûlés dans leur maison. Pilipenko, ancien militaire soviétique, lieutenant instructeur à l’école des cadres FTP mort à Fanlac contre la division Brehmer.
  25. Les 31-3-et 1-4-1944: A Montignac, 24 personnes sont fusillées ou déportées (tous les déportés sont morts dans les camps).
  26. 31-3-1944: Lajoinie Gaston, cultivateur de Thonac est torturé et fusillé à Valojoulx.
  27. 1-04-1944: A Terrasson, René Lascaud, secrétaire général de la mairie, soupçonné d’être en relation avec des résistants est torturé et abattu. 52 personnes civiles résistantes et juives sont arrêtées. Le Hameau de la Tranche est incendié parfois avec leurs habitants à l’intérieur des maisons (Bouzonie louis, Faurie Henri, Ferret Paul, Michaudel Etienne). Tous les otages arrêtées à Terrasson ont été fusillés.
  28. 1-04-1944: Clément Debet, fusillé et brûlé dans sa maison de Lacassagne pour ravitaillement du maquis.
  29. 1-04-1944: Guillaume Gerson, tué comme otage à St-Pierre-de-Chignac et Alexandre de Boisredon est fusillé pour avoir caché une famille juive.
  30. 1-04-1944: A Sainte-Orse, Jean Bousquet (Ste-Orse) est arrêté, torturé et fusillé par les nazis en sauvant 10 juifs. Les SS de Brehmer, qui ont investi le village à huit heures du matin ont tué un juif simple d’esprit dans le dos, et capturé 30 autres juifs dont ils ont tué 7 d’entre eux dans le dos. Toutes les maisons ayant hébergé des juifs ont été incendiées.
  31. 1-04-1944: A Hautefort, les SS fusillent 5 réfugiés juifs.
  32. 2-04-1944: A Génis, trois otages sont fusillés et leur maison incendiées.
  33. 2-04-1944: A Saint Rapahaël d’Excideuil, René Faurel est fusillé par les nazis
  34. A Rouffignac du 31 mars au 2 avril 1944, les SS de Brehmer fusillent 64 hommes, et il emmènent, sur l'ordre de Brehmer en personne, 66 hommes du village y compris les gendarmes en fusillant à Azerat M. Khantine, jeune professeur à l’Ecole Navale, reconnu d’origine juive. 16 jeunes et 4 gendarmes seront déportés en Allemagne. A partir de 17 heures, le village est soumis au pillage et au viol d'au moins une femme avant d'être incendié dans la nuit du 1er au 2 avril 1944. Tout le village est incendié à l'exception de l'Eglise, sans doute pour dissimuler une partie des atrocités auxquelles ils se sont livrés. Le martyre du village, très bien décrit et analysé par le cdrp de Bordeaux dans une page web intitulée "Rouffignac, les journées dramatiques du 31 mars au 2 avril 1944" sera porté à la connaissance du Monde entier et aura autant de retentissement que le massacre de 86 hommes à Villeneuve d'Ascq dans le Nord, qui s'est produit au même moment.
Quel bilan tirer des opérations des colonnes infernales de la division Brehmer en Dordogne?

Brehmer ou l'épouvante nazie: combien de suppliciés?

Extrait du rapport des RG au Préfet Popineau
Document enregistré dans les archives départementales de la Dordogne
sous la référence (1 W 1815-2)
A interpréter strictement les indications ci-dessus, on pourrait croire que le nombre des personnes suppliciées par les nazis s'élèveraient à 220 tués (non compris ceux des massacres de villages et de châteaux ou de maison incendiés) et quelques 88 personnes déportées, dont une proportion indéterminée de juifs expédiés notamment à Auschwitz. Mais il faut ajouter à ces exactions, les effectifs des hommes jeunes qui ont été déportés d'office en Allemagne au titre du Service du Travail obligatoire (leur nombre précis est inconnu) et ceux des résidents, notamment des alsaciens et réfugiés depuis l'Alsace – Lorraine, de confession juive qui ont été tués et déportés, dont le nombre exact est également inconnu. En effet, le mode d’exécution des juifs jetés ensuite dans les maisons et demeures incendiées les hébergeant (quand les incendies n’étaient pas sciemment provoqués directement) interdisait leur identification certaine. Et ce, d’autant plus qu’après les rafles intervenues depuis 1942, et leurs recensements dans les communes, les familles juives avaient souvent pris l’habitude de changer de commune. L'autorisation d'intégrer les éléments relevés par le blog d'Aschkel dans l'inventaire des faits de résistance en Dordogne a été demandé des responsables du site Aschkel, qui y ont donné leur accord. Ces évènements font en effet partie intégrante de l'histoire de la France.
A ce propos, le Site Aschkel a déterré un rapport des Renseignements généraux au Préfet de la Dordogne, classé aux archives départementales sous la référence (1 W 1815-2) (12) (voir ci-dessus à droite), qui:
  1. qualifie les atrocités conduites dans le département de la Dordogne par la division Brehmer d'opérations de police....
  2. fait état de convois d'hommes arrêtés et expédiés en Allemagne, qui constitue, "pense le public, de véritables déportations".
  3. avance que, pour la population, "trop d'innocentes victimes sont tombées sous des balles aveugles, dit-on, et l'on s'étonne que le Gouvernement français n'ait rien fait pour mettre fin à ces représailles."
  4. A propos de nos concitoyens de confession juive, voici extrait de ce rapport officiel, ce qui y est écrit: "Les dernières opérations de police allemande ont durement éprouvé la communauté juive: 70 d'entre eux ont été fusillés, (ce chiffre n'est pas exact, car nombreux sont les cadavres qui n'ont pu être identifiés). On compte que 300 juifs, environ, ont été arrêtés dont la plupart ont été conduits à Paris, puis sur une destination inconnue. Les Juifs, qui se sentent traqués, essayent de quitter le département pour une région plus calme."
L'overblog d'Aschkel estime à 116 le nombre des Juifs fusillés sur place et à 270 autres, essentiellement des femmes et des enfants, celui des juifs qui ont été déportés, en trois convois (n°71 à 73) après un court séjour au 35e Régiment d'artillerie de Périgueux, pendant la période allant du 24 mars au 3 avril 1944. Voici leurs noms: (13)

Il suffit de retrancher de l'évaluation initiale des juifs suppliciés puis de rajouter ceux évoqués par le site Aschkel, chiffres apparemment confirmés par les Renseignements généraux de la Dordogne, pour avancer de façon raisonnable un chiffre approchant les 700 victimes en une semaine des "opérations dites de Police" de la division Brehmer, le chiffre des tués (juifs ou non) dépassant très largement le chiffre de 300. Ce qui s'est passé cette semaine là en Dordogne relevait bien de l'expédition punitive sciemment pensée et organisée et non pas d'une opération de police. Au demeurant, on ne peut que relever, en lisant la carte de ces opérations punitives qu'elles ont toutes eu lieu au Nord, à l'Est et à L'Ouest de Périgueux, les opérations punitives sur Rouffignac et Ste-Marie-de-Chignac se situant seules au sud-est et à proximité de Périgueux, et non pas au Sud du département de la Dordogne, où les colonnes de l'épouvante de Brehmer auraient du affronter en bataille rangée les maquis très structurés de l'Armée Secrète avec des pertes très probablement sérieuses.(L'ORA informée de cette opération les attendait de pied ferme.)

Cette fois, le bilan est un peu plus précis: il n'y a certes que deux maquisards tués au combat, mais on déplore avec les juifs fusillés quelques 324 fusillés, 358 déportés en Allemagne, dont au moins 270 juifs déportés dans les camps d'extermination, un nombre indéterminé de jeunes déportés en camp de travail ou en camp de concentration (comme Dora par exemple qui confondait les deux activités) et outre au moins de 6 maisons incendiées, deux châteaux, un hameau et un village sauf son église. Cette semaine de l'épouvante en Dordogne servira aux Résistants et invitera à la réflexion la chaîne de commandement militaire des maquis. Elle constituera un levier puissant pour réformer la structure de commandement des maquis. D'avril à mai 1944, les maquis vont se restructurer et s'organiser en Dordogne pour se porter secours mutuellement en accroissant leur mobilité.

La division "Das Reich" et le Kampfgruppe "Wilde"

L'organisation de groupes de SS ou de soldats chargés de massacrer les populations des territoires occupés (ou Einsatzgruppen d'environ 3000 homme chacun) par le Reich a une longue histoire qui a débuté avec l'Anschluss. Une histoire qui a pris un essor terrifiant d'abord sous l'autorité d' Heydrich lors l'occupation de la Pologne, puis sous celle d'Himmler lors de l'envahissement de l'U.R.S.S.. Deux de ces groupes, ont fonctionné en Pologne en ne tuant pas que des juifs mais également tous les intellectuels, officiers et cadres du pays qui tombaient entre leurs mains y compris des membres du clergé. Par la suite, et pendant même le pacte de non agression germano-soviétique, quatre de ces groupes ont été mis sur pied pour opérer derrière les lignes d'attaque nazies envahissant l'U.R.S.S. C'est dans ce contexte très bien décrit par les pages de Wapedia consacrées aux Einsatzgruppen que la division das Reich a participé aux opérations d'extermination ethnique menées dans le secteur de Minsk.

Durement malmenée lors de la bataille de Koursk (du 5 juillet au 23 août 1943) par l'Armée rouge, qui a mis en échec l'opération "citadelle", la division "das Reich" va s'installer dans la région de Montauban afin de reconstituer les hommes et les moyens qui lui manquent. 9.000 conscrits âgés de 17 et 18 ans, dont une forte proportion de "malgré nous" alsaciens-lorrains y sont incorporés par amalgame entre conscrits et anciens expérimentés et son équipement et entraînement n'étaient pas achevé à la date du 6 juin 1944.

Bien avant le débarquement en Normandie, l'entraînement des troupes SS de la division das Reich avaient donné lieu à des représailles souvent sanglantes dans les départements du Tarn et Garonne et du Lot, dans lesquelles le Sturmbahnführer Adolf Dickmann, commandant le 1er bataillon du régiment "Der Führer" s'était ilustré.

Structure de "Das Reich"

Cette division SS a eu un lourd passé répressif. Partioculièrement, le général Heinz Lammerding s'était illustré dans la répression des populations civiles. En février 1944, Lammerding avait donné l'ordre à la brigade SS "Laugermacht" de brûler les maisons de Waskowzy, Mitkowzy et Klumbwka (en URSS) pour incendier leur maison. En 1941, "Das Reich", dans le raffinement de l'horreur, avait détruit la capitale de la Yougoslavie et massacré 17.000 de ses habitants. "Das Reich" s'était installée près de Montauban après avoir transité par le camp de Sauge (près de Bordeaux) pour se rééquiper particulièrement en chars lourds et pour assurer le formation et l'entrainement des jeunes recrues allemandes et alsaciennes levées au debut de l'année 1944.

Elle comprenait:

Les ordres de von Runsted

Le 8 juin 1944, après avoir obtenu le feu vert d'Adolph Hitler, le maréchal von Runstedt, commandant d'OB-West, ordonne à la 2ème SS Panzer Division de rejoindre le front de la Normandie mais en apportant préalablement son concours à la lutte contre le terrorisme, ce qui doit la conduire à traverser le Lot et la Corrèze, voir si elle rejoint l'axe routier de la RN 21, à traverser en partie la Dordogne.

Dans son journal de guerre (KTB/Ob. West, XIII-f Anl. 159 et XIV-f), le maréchal von Rundstedt livre les explications suivantes: "Le développement des bandes dans le Massif central pendant ces derniers jours exige l’emploi immédiat et impitoyable de forces plus importantes. [J'ordonne] de mener des actions de grande envergure contre les bandes dans le sud de la France avec la plus extrême vigueur et sans ménagement. Le foyer d’agitation qui persiste dans cette région doit être définitivement éteint.
"Le résultat de l’entreprise est de la plus haute importance pour l’évolution ultérieure de la situation à l’Ouest. Dans ce genre d’opération, un demi-succès ne sert à rien. Il faut écraser les forces de résistance au moyen d’attaques rapides et enveloppantes. Pour le rétablissement de l’ordre et de la sécurité, les mesures les plus énergiques devront être prises afin d’effrayer les habitants de cette région infestée, à qui il faudra faire passer le goût d’accueillir les groupes de résistance et de se laisser gouverner par eux. Cela servira en outre d’avertissement à toute la population".

L'essentiel des exactions nazies mises en œuvre à la suite de ces ordres, se sont déroulées dans les départements voisins à l'Est de la Dordogne, à savoir, le Lot et la Corrèze. Néanmoins, une partie de la bataille engagée pour entraver et affaiblir par harcèlement la progression de la 2ème SS Panzer Division se déroulera effectivement dans la partie sud du département de la Dordogne, très structuré militairement comme on l'a déjà souligné.

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Notes sur les Sources:
  1. «1944 en Dordogne», de Jacques Lagrange, éditée par Pilote 24 Edition à Périgueux.
  2. "Dictionnaire de la Résistance en Dordogne" de Jacques Lagrange, éditée par Pilote 24 Edition à Périgueux
  3. "Les résistants, l'histoire de ceux qui se refusèrent" de Robert Ballot aux Editions Larousse (p. 79)
  4. Terrasson et vous.
  5. Le massacre de Saint-Orse.
  6. Terrasson, dans le Périgord noir.
  7. Histoire de la ville de Terrasson.
  8. CHARLES LOUIS MANGOLD, alias "BROSSARD", alias "COMMANDANT VERNOIS"
  9. le cénotaphe du mur des fusillés à la caserne du 35ème.
  10. France d'abord, Dordogne (A.N.A.C.R.)
  11. Rachel Goldefer raconte et témoigne des crimes de Sainte-Marie-de-Chignac, répertoriés"7 AV 59" aux archives départementales.
  12. Le blog du site aschkel consacré à la Dordogne.(cliquer d'abord sur Documents, puis ensuite sur Caisse 7)
  13. L'autorisation d'intégrer les éléments relevés par le blog d'Aschkel dans l'inventaire des faits de résistance en Dordogne a été obtenue des responsables du site Aschkel. Ces évènements font en effet à l'évidence partie intégrante de l'Histoire de la France.
  14. "La guerre secrète, ou le rempart des mensonges, le jour J et la fin du IIIème Reich", par Anthony Cave Brown, (Editio Pygmalion, p. 300).
  15. Pour plus de détails, on peut consulter un ouvrage de Bernard Reviriego intitulé "Les Juifs en Dordogne. 1939-1944. De l'accueil à la persécution", édité en 2003 par les Editions Fanlac. les noms de plus de 1700 juifs résidents ou réfugiés de Dordogne qui ont été déportés y sont évoqués.
  16. Rappelons pour mémoire que le massacre d’Oradour-sur-Glane (en Hte-Vienne)a eu lieu le 10-6-1944.



modifié le 5 juillet 2011.