Le Calvados |
La carte à gauche a été fabriquée à l'aide de Google map |
Organisation de la Résistance en Normandie |
"A la fin du mois d'août 1944, un général américain entouré de plusieurs officiers est entré dans un restaurant de la rue de Lille en réclamant le « colonel Personne ». Jacques Piette, qui appartenait au mouvement de l'OCM, qui déjeunait en compagnie du futur ministre des Finances du premier Gouvernement de de Gaulle, se leva pour demander « Que puis-je faire pour vous? »
« Glad to see you! Je suis le général Omar Bradley et je vous cherche depuis quatre jours. C'est bien vous qui vous occupez de la région Nord? »
« -Oui, mon général. Je suis inspecteur régional des Forces françaises de l'Intérieur de la région A qui comprend la zone allant de l'embouchure de la Seine à la Frontière belge », répondit Jacques Piette.
« - Good, Dites moi où je puis trouver là-bas des responsables militaires? »
« Le poste de commandement de notre état-major est situé à l'abbaye de Marest, à la limite des départements du Nord et de l'Aisne. Il suffit de demander le prieur de ma part »
« Excellent, a conclu Bradley, Maintenant j'ai une autre chose à vous dire. J'ai à vous témoigner la satisfaction de l'armée américaine à l'égard de votre réseau. C'est en effet à la suite de la réception à Londres du plan des défenses côtières de la Manche que nous avons choisi la zone de débarquement et que nous avons fait notre planning. Les renseignements qui figuraient sur ce plan étaient d'une telle valeur que nous avons pu réussir l'opération du débarquement avec le minimum de pertes en hommes et en matériel.» (Citation littérale extraite des pages 279 et 280 de «La dernière carte ») (2).
-«Tu penses ! Le guide de l'Atlantic Wall était une des grosses artères de Sosies. Les feuillets de renseignements 323 nous arrivaient tout prêts, conçus en formulaires que nous pouvions immédiatement insérer dans l'ouvrage. Ce guide comportait, en particulier, les angles de tir, la qualité du tir, les espaces morts et leurs plans de minage, les plans de voies de concentration, les équipements de manœuvres et les défenses des ports, mobiles et statiques. Nous avions ce mur dans les yeux avec son picasson d'ouvrages et ses transformations incessantes. C'était notre "mur".Mais D. Ponchardier, Pépé et son groupe normand firent encore mieux en allant récupérer dans une usine désaffectée, sans doute aux confins des département de l'Eure, de la Seine inférieure et du Calvados, des notes de Rommel critiquant les insuffisances du mur de l'Atlantique. Il écrit toujours dans «Les pavés de l'Enfer» (pp. 310 et 311):
«Louis, un crayon sur l'oreille et un autre à la main, voltigeait avec ses appareils de dessin pour mettre à jour les croquis. Je m'extasiais sur M. A. 1. (marine n° 1: depuis Ostende jusqu'à Nantes) (4) dont nous pressentions l'importance capitale pour le débarquement. Depuis plusieurs semaines déjà, Sosies s'était définitivement réalisé. Il n'y avait plus de rue de Rennes, plus de cabinet Bompaix. Pierre ne commandait plus la zone sud. Je ne commandais plus la zone nord. Il y avait simplement un être unique, le tandem Pierre et Dominique , se doublant ou se dédoublant, mais toujours identique un être en soi. Néanmoins, nous avions gardé, Pierre et moi, une grosse vanité pour nos anciennes équipes respectives «sud» et «nord». Nous étions restés "chauvins", nous échangions des flèches acérées:
«- Ah ! Quand même, j'ai des équipes du tonnerre ! Ton Midi, c'est de la petite bière ! Tout le monde y va, parce qu'il y fait beau et il n'y aura rien à foutre. Pour moi, il fait trop chaud là-bas.
«- De la petite bière ? Non, mais regarde : Arsenal, arsenal, arsenal, Saint-Raphaël, cap Dramont, Agay... Tiens ! Anthéor, Théoule, le Var, Sète, Alès... Il s'extasiait en entassant les rapports.
«Oeil de Velours allait et venait dans ce tourbillon de paperasses : Flack et contre-espionnage étaient ses afines maîtresses. On recoupait M. A 1. avec 1342 et M. A. 2. avec Hector. On perdait les fils, on les retrouvait. Cayeux, cotes X et Y passent en cotes W, Z, doubles coupoles à décaler 15" W.,...»
«L'épluchage des papiers fut un travail considérable. Tout ce qui pouvait parler allemand dans la région parisienne fut convoqué. Il ne resta d'intéressant, sur le mètre cube de papiers que nous avions ramené, que la valeur d'une serviette. Cette serviette m'était précieuse : elle recelait des notes manuscrites de M. Rommel, soi-même. Ces notes contenaient une critique abondante sur le mur de l'Atlantique.Ce qu'il ne dit pas mais qu'il laisse entendre à l'occasion de l'arrestation sur dénonciation par la police française de son second, le lieutenant de vaisseau Rivière, alias DOOD, c'est qu'en outre les Alliés ont pu bénéficier des cartes des courants côtiers et des niveaux des marées levées par le service hydrographique de la marine nationale. En effet, non seulement Rivière avait pu communiquer les cartes officielles levées par les services de la marine, qui intéressaient les alliés aussi bien pour le débarquement des hommes de l'assaut que pour l'implantation des mulberries (les ports artificiels préfabriqués), mais encore par ses seules connaissances, il pouvait deviner quelles étaient les zones côtières les plus favorables à leur implantation.
«Elles ne révélaient aucun secret extraordinaire, mais elles disaient ce que Rommel pensait du mur et il en pensait beaucoup de mal, ce qui était quand même intéressant pour les Alliés. Il parlait du bluff des constructions, révélant que certaines coupoles ne permettaient même pas le recul de leurs canons. Il y avait des remarques exquises et très vaches (c'était un seigneur, M. Rommel) sur les angles ridicules qui avaient été laissé à des batteries. Il y avait une sorte de formulaire de méchancetés, d'une sévérité féroce, au sujet du responsable qui avait conçu les espaces morts entre les lignes fortifiées et les charnières.
«Ce formulaire à lui seul valait la visite. Finalement, on y trouvait, noir sur blanc, la preuve, par le propriétaire lui-même, que les maçons avaient disposé de trop peu de moyens pour construire la fameuse barrière, que la main-d'œuvre utilisée était lamentable et les matériaux de très mauvaise qualité. Je me souviens textuellement de ceci: un bétonnage, du côté de Saint-Valéry-en-Caux, avait été construit sans armature de fer. Il n'était pas bâti sur un radier et Rommel prévoyait qu'une bonne saison de pluie le ferait s'enfoncer de lui-même dans le sol.
«Le surlendemain, à Paris, fut un bon jour. N'aurait été ce putain de cœur qui battait comme un moteur à compression, j'aurais été parfaitement heureux. Tout y était, j'avais gagné.»
Casematte d'un canon de gros calibre |
Documents extraits de "CROSS-CHANNEL ATTACK", |
Les chaînes de commandement |
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Un entraînement à munitions réelles au débarquement |
Document extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK", |
Le général Dwight D. Eisenhower, |
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