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Comme les hommes, les peuples et les nations qui oublient leur histoire cessent d'exister!


Plan des pages consacrées au département du Calvados et à la bataille de Normandie

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L'étau:
Les maquis,
Les réseaux,
la carte du mur
de l'Atlantique,
La mise à jour
des défenses
du mur de l'Atlantique,
La stratégie d'Hitler,
Commandement et organisation alliée,
Le dilemme d'Anzio,
le plan de marche
des troupes alliées,
Les bombardements
préliminaires
en Allemagne,
L'opération Crossbow,
Le pillage de la SNCF
après l'Armistice
Le plan rail,
Plan vert,
sabotages et bombardements:
les effets,
Les bombardements ultimes,
Les révélations d'Ultra,
Les jedburghs,
Fortitude: Où
repousser les alliés?,
We must give
the order!,
Le parachutage de la 6ème Airbornee
The bloody Omaha,
Eisenhower et le D-Day,
L'installation d'Omaha,
la conquête d'Isigny,
L'attaque de Trévières,
Le débarquement
sur Gold,
Le débarquement
sur Juno,
Le débarquement
sur Sword,
L'isolement des
têtes de pont,
Ultra au secours
des alliés,
La contre-attaque
allemande contre
les alliés,
Sur le front
américain,
Où est passée
la 2ème Panzer?
La bataille de
Villers-Bocage,
La tête de pont
sur l'Odon,
De Gaulle à Bayeux
Réorganisation
du commandement
allemand,

La bataille
de Caen,

Ultra et le
front britannique,

Opérations
britanniques du
10-18 juillet,

opération
«Goodwood»,
«Bluecoat»,
«Bluecoat»
et «ULTRA»,
Ultra et
le dilemme allemand,
Ultra, Mortain
et Falaise,

Opérations sur
le front britannique
(7-8 août),

PATTON en scène
Le piège de Falaise,

La capture d'Alençon
par la 2ème DB,
La prise de Carrouges,
La conquête d'Ecouché,
L'étau,
Opérations anglo-
canadiennes du 9 au
12 août 1944,
Opérations alliés
du 13 au 20 août,
La fermeture de
la poche de Falaise,
La bataille du
Mont-Ormel-Coudehard,
Sauve qui peut!

Maquis et résistance, renseignements, débarquement des alliés et libération du Calvados
(suite de la page 5)

Réorganisation du Commandement allemand à l'Ouest

On a vu (page précédente) qu'au moment même où le Fürher recevait ses maréchaux Rommel et von Rundstedt après leur fait faire antichambre pendant six heures d'horloge, le général Geyr von Schweppenburg avait demande l'évacuation du saillant de Caen, et le général Paul Hausser, premier général SS à accéder au commandement d'une armée allemande, avait réclamé le recul du front normand jusqu'à Saint-Lô et Villers-Bocage... On se doute que dès leur retour à leur PC de l'Ouest les deux maréchaux qui souhaitaient établir une ligne de défense allant d'Avranches à Caen, se sont empressés de transmettre à l'OKW les deux demandes qui ont eu le don de mettre Hitler hors de lui.

Le 2 juillet 1944, Von Rundstedt était relevé de son commandement et remplacé par le Field Marshal Guenther Von Kluge. Deux jours plus tard, c'est General der Panzertruppen Heinrich Eberbach, qui est désigné pour remplacer le général Geyr von Schweppenburg, tandis que c'est le général von Choltitz, qui assume à partir du 18 juin 1944 la direction de la VIIème Armée allemande en remplacement du général Dollmann, mort en principe d'une crise cardiaque. Hitler pensait ainsi avoir à sa disposition un commandement plus malléable.

La bataille et la capture de Caen (1)

Après la prise de Cherbourg, la bataille de Normandie a pris une nouvelle tournure. En effet les unités de la 1ère Armée américaine qui avaient capturé Cherbourg sont immédiatement redescendues vers le sud pour affronter les troupes allemandes qui défendaient chèrement Saint-Lô dans une sanglante bataille des haies. Dès le 3 juillet, le VIIème Corps d'Armée US attaquait la 353ème Division en direction de La Haye du Puits et le lendemain, le VIIIème Corps d'armée US attaquait dans la Manche au sud-ouest de Carentan en direction de Saint-Eny, pour être attaquée dans la nuit du 6 au 7 juillet par des éléments de la 2ème SS Panzer Division. De son côté, le XIXème Corps US attaquait massivement à partir du pont d'Airelles en direction de la Vire sous la houlette du général Cornett.

Au tout début de juillet 1944, les Armées britanniques et canadiennes n'avaient plus en face d'elles que les, 1ère SS, 2ème, 9ème SS, 10ème SS et 12ème SS Panzer Divisions (la Panzer Lehr ayant également pris la route du front américain). Les affrontements avec les unités de l'infanterie allemandes appuyées par des chars étant quotidiens notamment dans la zone de Rauray et au sud-ouest de Caen. Le 1er juillet, 32 chars allemands avaient été mis hors service et la 49ème division appuyée par un régiment de chars avait réussi à garder ses positions.

Quant aux vides laissés par le départ de la 2ème SS Panzer Division et la Panzer Lher, ils avaient été comblés les 3 et 4 juillet par la 16ème G.A.F. (une division d'artillerie dépendant de la Luftwaffe) et la 276ème D.I. allemande dans la région de Tilly-sur-Seulles. Mais en réalité, ces changements ne gênaient pas vraiment le général Montgomery, qui mijotait une attaque massive précédée d'un bombardement non moins massif, une offensive aérienne qui avait été déjà tentée au Monte Cassino, en Italie.

C'est à la 3ème Division d'Infanterie canadienne qu'a été confiée l'attaque le 4 juillet de la zone de Carpiquet, dont le village fut promptement occupé mais l'aérodrome fut en revanche sérieusement défendu pendant cinq jours par la 12ème SS Panzer Division. Pendant ce temps, la 43ème Division britannique en direction du nord-est de l'Odon depuis le saillant tenu par le 8ème Corps d'armée britannique, avec une forte opposition allemande.

La bataille de Caen 7-9 juillet 1944-(2)
Plan extrait de «Breakout and Poursuit», par Martin Blumenson
Pour l'assaut sur Caen, Montgomery avait prévu d'employer les trois divisions d'infanterie du 1er Corps d'"armée britannique soutenues par deux brigades blindées (avec une troisième brigade en réserve selon un arc bordant les nord-nord-ouest de la Cité. Mais leur assaut devait être précédé d'un bombardement lourd impliquant, avec le soutien d'Eisenhower, le Bomber Command de la R.A.F. Pour ce faire, il fut décidé que la ligne de bombardement se situerait à 6.000 yards devant les unités terrestres de tête dans un rectangle s'appuyant sur les quartiers périphériques au nord de Caen de 4.000 yards de long sur 1.500 yards de large.

De 21h50 à 22h30 le 7 juillet 1944, 460 bombardiers lourds ont largués chacun environ 5 tonnes de bombes mixtes (incendiaires et explosives) ainsi des bombes de 500 kg (1.000 lbs), soit au total quelque 2.300 tonnes de bombes hautement explosives, avec une remarquable précision. A 4h20 le 8 juillet, l'attaque terrestre commençait précédée d'abondantes salves d'artillerie et affrontait le 16ème G.A.F., qui sera détruite à 75% avec l'ensemble de son bataillon de commandement, et les 21ème et 12ème SS Panzer Divisions. A la tombée de la nuit, la 3ème division canadienne avait sécurisé Franqueville, tandis que les chars pénétraient les quartiers périphériques ouest de Caen. Au centre, la 59ème DI nettoyait Saint-Contest et la Bijude pendant que la 3ème DI pénétrait au Nord-est de Caen et dirigeait la 33ème brigade blindée vers les ponts. Bien que les patrouilles blindées de nuit aient été gênées par les cratères et les obstructions provoquées par les bombes, la 3ème DI Canadienne avait pénétré le 9 juillet par l'Ouest dans la ville et tenait fermement l'aérodrome de Carpiquet ainsi que Bretteville-sur-Odon.

Or, il se trouvait qu'au soir du 8 juillet 1944, le Maréchal Rommel et le général Eberbach avaient décidé d'évacuer Caen en en retirant les armes lourdes qui ont traversé l'Orne en direction du Sud. Les pertes des 21ème et 12ème SS Panzer divisions étaient estimées à 4 bataillons, la 12ème panzer perdant 20 chars moyens, plusieurs canons de 88mm, toutes ses armes antichars et beaucoup d'hommes. (2)

Bien sûr, la plupart des ponts dans la ville étaient détruits ou inutilisables ou embouteillés et l'ennemi n'occupait plus que le faubourg de Vaucelles sur la rive Est. Grâce au bombardement, les troupes au Nord de la Ville se trouvaient coupées de tout approvisionnement avec un régiment de la 16ème GAF division (Luftwaffe Field Division) neutralisé. Toutefois, les difficultés occasionnées par les effets des bombes lourdes ont entrainé la décision de n'utiliser, dans ce genre d'opération de pilonnage aérien, que des bombes explosives plus légères. Avec un mois de retard sur le planning d'Overlord, la conquête de Caen, qui avait contraint les Allemands à réorganiser leurs lignes de défenses ouvrait de nouveaux horizons à l'armée britannique qui allait disposer de l'aérodrome de Carpiquet et était désormais bien placée pour étendre la tête de pont britannique.

Dans la foulée, les troupes britanniques vont réussir à occuper les hauteurs au sud de Bourguebus et à masser leurs défenses au sud et au sud-est de Caen, de façon à accroître la pression sur l'ennemi en menaçant directement les voies de communication vers Falaise et Argentan, mais également celles vers la Seine et le Bassin parisien. Désormais, l'objectif de la 2ème Armée britannique étaient la ligne Thury-Harcourt, le Mont Pinçon et le Bény-Bocage. Le 8ème Corps d'armée britannique, qui comprenait maintenant trois divisions blindées, était relevé par la 12ème Corps d'armée britannique devenu opérationnel. Sa mission était de se tenir prêt à relever les troupes US du secteur Est de la 1ère Armée US alors que la troisième Armée US commandée par Patton, (réduit au silence absolu) chargée d'exploiter notamment en Bretagne le «breakout» américain en projet, devenait opérationnelle.

Les révélations d'Ultra sur la situation des Allemands sur le front britannique (3)

En fait, Ultra n'avait jamais cessé de livrer des informations militaires essentielles depuis le débarquement sur les manœuvres allemandes sur le front britannique depuis l'apparition de la 2ème Panzer Division dans la bataille de Villers-Bocage. En voici un résumé: Au début du mois de juillet 1944, le commandement anglais était informé de la relève de la Panzer Lehr par la 276ème DI [1200/5 XLM 858 1746/6] avec l'indication que cette mise en réserve s'effectuait également derrière la 2ème Panzer Division. Le lendemain, et dans la nuit du 7 au 8 juillet, la Panzer Lehr était envoyée dans la zone de Saint-Lô, sous le commandement du LXXXIVème Corps d'armée pour être opposée au front américain (2300/7 XL 1196 0654/8), dès le 10 juillet (0215/10 XL 1492 1403/2).

Dès le 6 juillet, la localisation autour de Caen de la 12ème SS Panzer Divison opposée à la 7ème Armoured Division était effective avec un état de 44 chars panthers en service plus neuf en réparations sérieuses, plus 36 chars Marks IV en service et sept en longue réparation. Il s'y ajoutait un avis de la présence probable aux environs de Caen de la 116ème Panzer Division en raison du silence radio imposée à cette unité. Enfin, la 9ème SS Panzer Division relevait le 10 juillet la 277ème DI allemande. Bien sûr, le décodage par Ultra des radiogrammes allemands ne s'arrêtaient aux unités blindées, mais concernaient également leurs approvisionnements en carburant toujours insuffisants et en munitions, la flak, les aérodromes militaires...

A la même époque, des radiogrammes du Commandement allemand décryptés par Ultra confirmaient que la tromperie de «Fortitude» continuait à embarrasser le commandement allemand, aussi bien l'OKW que le commandement d'OB West.

Les opérations britanniques du 10 au 18 juillet 1944 (1)

Pour ne pas laisser aux Allemands très bousculés le temps de se reprendre, Montgomery va poursuivre la pression britannique et canadienne sur les lignes allemandes. En réalité, c'est tout le front allié qui est en position d'attaque, les Américains accentuant leur pression dans la sanglante bataille des haies pour prendre le contrôle de Saint-Lô, qui tombera le 18 juillet 1944.

Du côté britannique, voici le calendrier des attaques:
  1. 10 juillet à 05h00: la 43ème Division appuyée par une brigade blindée attaquait en direction de la colline 112.et des villages de Maltot et Feuguerolles dans la vallée de l'Orne. La colline 112 et Eterville étaient sécurisées mais les troupes britanniques devaient être retirées de Maltot à la suite d'une contre-attaque conjointe des 9ème et 10ème SS Panzer Division. Le point 112 restait toutefois entre les mains des britanniques.
  2. 11 juillet: la 50ème DI britannique, soutenue à l'Est par la 49ème DI attaquait le village d'Hottot, dans le secteur du 30ème Corps et capturait les hauteurs au nord-ouest du Village. Le même jour, la 51èmeDI attaquait Colombelles sur la rive est de l'Orne. Mais les Ecossais ne parvenaient pas à s'y maintenir.
  3. Les 12 et 13 juillet: le 12ème Corps d'armée britannique traverse le secteur du 1er Corps, tandis que le 2ème Corps d'armée canadien prend position entre les 1er Corps et 12ème Corps d'armée britanniques.
  4. le 15 juillet: Le 30ème Corps sécurisait le secteur de Noyers et prend le contrôle des hauteurs au Nord-Est de Villers-Bocage. Pendant ce temps, la 59ème DI encerclait Noyers par trois côtés. Toutes ces opérations poussaient les lignes anglaises en direction de Tilly-sur-Seulles, à trois miles de là, tandis que les Allemands réagissaient durement et parvenaient difficilement à boucher les trous dans leurs lignes.
  5. Dans la nuit du 15 au 16 juillet: le 12ème Corps d'armée britannique attaquait, à la lumière artificielle dirigée sur les nuages qui reflétaient la lumière sur le champ de bataille, pour prendre le contrôle d'une ligne Bougy-Evrecy-Maizet à laquelle s'ajoutaient au petit matin les villages de Gavrus, Bougy et Esquay. Toutes les contre-attaques allemandes ont été repoussées. Des opérations de soutien ont également été menées dans le secteur du point 112 alors que la 53ème DI parvient à sécuriser le village de Cahier mais ne parvient pas à garder Evrecy au terme d'un combat de 24 heures.
Si les attaques des 12ème et 30ème Corps n'avaient pas conquis beaucoup de sol le18 juillet, le combat avait été sévère, et surtout les Anglais obtenaient un avantage: celui de contraindre les blindés ennemis à opérer en défense dans ses lignes. La 1ère SS Panzer Division avait été identifiée dans les contre-attaques autour d’Esquay, où la 10ème SS Panzer Division était également fortement engagée. La 9ème SS Panzer Division avait été affectée à Evrecy et Maltot. Les opérations du 1er Corps à Colombelles avaient empêché la 21ème SS Panzer Division de poursuivre sa remise en état. En résumé, l'ennemi ne disposait seulement que de la 12ème SS Panzer Division hors de ses lignes, camouflée dans les bois au Nord de Falaise. Il s'efforçait de la remettre en état, malgré la mise en ligne des 16ème GAF (détruite à 75%) et des 276ème et 277ème D.I. en ligne.

Opération «Goodwood», 18-21 juillet 1944

Dès la libération de Caen, il était clair que l'Armée britannique devait desserrer l'étau de blindés et de l'artillerie ennemie qui enserrait la capitale bas-normande. C'est ce que va tenter l'opération «Goodwood», l'offensive britannique qui avait pour objet de prendre le contrôle des rives à l'Ouest de l'Orne. Une opération qui était en fait la répétition à plus grande échelle de l'opération de libération de Caen du 7 au 9 juillet 1944. Pour ce faire, les britanniques ont construit le plus rapidement possible une quarantaine de ponts entre Ouistreham et Blainville. L'objectif du 8ème Corps d'armée britannique, qui devait traverser la tête de pont tenue par le 1er Corps d'Armée devait traverser l'Orne, et installer chacune des trois divisions blindées respectivement dans chacun des trois secteurs de Hubert Folies-Verrières, Vimont et Garcelles-Secqueville, afin de combattre les unités blindées ennemies et de progresser vers Falaise. De son côté, le 2ème Corps d'armée canadien devait également traverser l'Orne, nettoyer Colombelles, les faubourgs de Vaucelles et le village de Giberville.

L'opération GOOWOOD 18-21 juillet 1944-(2)
Plan extrait de «Breakout and Poursuit», par Martin Blumenson
L'opération planifiée devait être précédée, à l'aube du 18 juillet, par un bombardement confié à 100 bombardiers lourds de la RAF suivis par 600 bombardiers lourds de la VIIIème US Air Force, eux même suivis par 400 bombardiers moyens de la 9ème US Air Force, ces derniers équipés de bombes à fragmentations spécialement équipées, qui ont effectivement bombardé les lignes ennemies de 05h45 à 06h30. Les troupes d'assaut ont commencé à opérer à 7h45 et les 1er et 8ème Corps se sont bien lancés à l'attaque. Les blindés ont atteint très vite la zone d'Hubert Folies-Verrières et conquis 3 à 4 miles en profondeur dans les lignes ennemies jusqu'à la voie ferrée de Denouville tandis que l'infanterie nettoyait le village de Cuverville. En revanche, les Canadiens progressaient plus lentement, affrontant notamment une résistance déterminée de l'ennemi à Colombelles.

Tout au long de la matinée, l'attaque a continué à progresser. Les gardes de la Division blindée opéraient sur le flanc est de la 11ème Division blindée et étaient dirigés sur Vimont. Vers midi, la 11ème D.B. opérait dans le secteur de Tilly la Campagne-La Hogue. Les gardes de la Division blindée avaient atteint Cagny-Emieville et la 7ème Division blindée, qui devait se déployer entre les deux autres formations, avançait en avant du front. La progression s'accomplissait malgré des tirs d’artillerie antichars considérables, parce que les Allemands disposaient de canons de la flak de 88 mm à double usage dans le secteur où était installé à l'origine les défenses aériennes de Caen.

Le 19 juillet 1944, les divisions blindées du 8ème Corps devaient à pousser sur leurs objectifs, alors que le 2ème Corps canadien devaient ouvrit des itinéraires depuis Caen à travers les banlieues est de banque et que le 1er Corps poursuivait son opération sur Troarn. Les pertes anglaises en chars ont été considérables le 18 juillet. La perte de plus de 150 tanks a été rapportée après l'action dans les trois divisions blindées.

La progression pendant la journée était lente, car des réserves ennemies avaient été concentrées dans ce secteur géographique contre l’armée britannique. La 3ème Division Canadienne a dégagé les Faubourgs de Vaucelles et le village de Cormelles, et la 2ème Division Canadienne a capturé Louvigny sur la rive gauche de l'Orne et Fleury et Ifs sur la rive droite. Dans le secteur du 8ème Corps, les gardes de la Division blindée ont occupé Cagny. Les opérations du 1er Corps se sont poursuivies autour de Troarn. L'ennemi a accompli des efforts laborieux pour refouler la progression britannique sur la hauteur dominant la région de Bourguebus. Indépendamment des 21ème SS Panzer et 16ème GAF opérant sur le flanc est de l’attaque, des éléments des 1ère SS, 9ème SS et 10ème SS Panzer Divisions ont été précipités dans cette bataille, à l'ouest de l'Orne, et de plus, un groupement tactique de la 2ème Panzer Division, muté depuis le secteur de Caumont, a été identifié. Cette dernière intrusion dans la bataille confirmait l'inquiétude des allemands.

Le 20 juillet, bien que les attaques se soient poursuivies malgré la forte pluie après midi les opérations commencèrent à se ralentir. Le 2ème Corps de l’armée canadienne a capturé Saint-André-sur-Orne pour sécuriser la hauteur près de Verrières sans y parvenir. L’ennemi a contre-attaqué la 2ème Division Canadienne dans ce secteur a, à plusieurs reprises, employé des groupements tactiques d'infanterie et de chars. Les divisions blindées du 8ème Corps avaient accompli d’autres progrès, avec comme résultat la capture de Bourgebus et Frenouville.

Et puis, la pluie persistante a commencé à transformer le champ de bataille, qui précédemment était très poussiéreux en une mer de boue. Or, Montgomery disposait maintenant des l'espace nécessaire pour mettre en ordre de bataille les divisions blindées indispensables au soutien d'une percée: le 8ème Corps d'armée au centre de son dispositif avait conquis quelque 10.000 yards, détruit beaucoup de tanks ennemis, causés des dégâts considérables à l'infanterie ennemie, et fait quelque deux mille prisonniers allemands. Les abords à l'Est de Caen avaient été dégagés et la tête de pont sur l'Orne avait doublé de taille. Au soir du 20 juillet 1944, une nouvelle ligne de défense britannique était en place depuis Saint-André à Bourguebus, Cagny et jusqu'à la périphérie de Troarn. Et il était clair que l'ennemi avait du jeter toutes ses forces dans la bataille pour contenir l'attaque britannique. Montgomery, qui avait perdu un tiers de ses blindés dans l'opération «Goodwood», délivra donc l'ordre de placer les blindés en réserve. Pas pour bien longtemps!(4)

Le même jour, est survenu l'attentat contre Hitler au grand quartier général de RASTENBURG. On peut lire le compte-rendu que le général Allemand Adolf Heusinger, chef de la section "opérations" du quartier général de l'OKH (Oberkommando des Heeres - Commandement de l'armée de terre), a donné (pp.235 à 239) de son livre intitulé "BEFEHL IN WIDERRSTREIT" (Edition BERGER-LEVRAULT, 1952)

Les opérations britanniques du 21 au 24 Juillet

Alors que les forces américaines attendent une amélioration du temps indispensable pour lancer l'opération Cobra qui débutera le 24 juillet par un bombardement raté la seconde armée britannique ne laisse aucun répit aux unités allemandes concentrées entre l'Orne et l'Odon.

La 43ème Division du 12ème Corps d'armée britannique a maintenu la pression sur son front et a fini par capturer Maltot, avant de s'attaquer à la colline 112 au nord d'Esquay. En réalité les alliés savent qu'à l'initative des maréchaux Von Kluge et Rommel,(ce dernier remplacé par Von Kluge à la suite de son mitraillage le 17 juillet) ainsi que le général SS Hausser ont réuni, le 20 juillet jour de l'attentat contre Hitler), les commandants des unités engagées dans l'opération «Goodwood» pour les convier à préparer la retraite du front normand. Ils savaient que dès lors que les forces allemandes ne disposaient plus de réserves blindées et de moyens de reconstitution de leurs forces, le front normand allait s'écrouler de lui-même.

Pour y pallier, l'OKW a transféré des unités de la XVème Armée vers le front normand mais faute de contrôle du ciel, les forces arrivent toujours trop tard et viennent aggraver les embouteillages en contrariant ainsi les mouvements de repli de l'armée allemande.

Les batailles à l'Est de l'opération Cobra

Les opérations canadiennes, 25-27 juillet

Le 25 juillet A 0300: le 2ème Corps de l'armée canadienne attaque en direction du sud le long de la route de Falaise. Il progresse régulièrement et atteint à midi Saint-Martin de Fontenay et les hauteurs de Verrières. Tilly-la-Campagne est capturée. Mais la réaction de l'ennemi se durcit et un nombre considérable de tanks entre en action au nord d'une ligne May-sur-Orne Rocquancourt. Dans l'après-midi, une forte contre-attaque blindée incluant les 1ère, 9ème, 12ème et 21ème SS panzer divisions, est lancée. Elle est repoussée partiellement par les troupes canadiennes qui abandonnent Tilly-la-Campagne. Les troupes allemandes disposaient d'un fort contingent de canons de 88 mm, qui ont contribué à stopper l'attaque canadienne dans la nuit du 25 au 26 juillet.

Opération «Bluecoat» (28-4 août 1944)

Pour soutenir et protéger les flanc Est de la 1ère armée US au moment de l'Opération "Cobra", Montgomery a préparé toute une série d'attaques des armées britannique et canadienne à partir du 28 juillet jusqu'au 4 août 1944, sous le nom d'opération «Bluecoat»:
Le 30 juillet 1944, c'est au tour du flanc droit de la 2ème Armée britannique de suivre le cours de la Drôme sur la rive Ouest à quelques 4 miles à l'ouest de Caumont (A ce moment là, le Vème Corps américain est à Torigny-sur-Vire). Depuis Vidouville, le front britannique contourne Caumont vers le sud puis tourne au nord nord-est vers Livry et la Seulles à proximité d'Hottot. Entre Caumont et Esquay, les Allemands disposaient des 325ème, 276ème et 277ème DI.
La principale force d'attaque est développée par les 8ème et 30ème Corps britanniques sur un front étroit. La 30ème Corps déroulait une ligne initialement positionnée de Villers-Bocage à Aunay-sur-Odon, pendant que le 8ème Corps qui nettoyait la zone sur sa droite descendait vers Le Bény-Bocage et sur le triangle Vire-Tinchebray-Condé. Des opérations étaient ensuite développées en direction de l'Est vers l'Orne par le 12ème Corps britannique, avec pour objectif la prise de contrôle de la zone Saint-Martin des Besaces -Le Bény-Bocage-et la Forêt l'Evêque. Il est évident que, dans ce bocage normand propice aux coups de main, les objectifs fixés consistaient à pendre le contrôle des hauteurs et en particulier du Mont Pinçon.
Localisation des opérations britanniques et canadiennes
du 28 au 4 août 1944
En consultant la carte, on constate que les troupes britanniques se balladent littéralement au travers
les lignes allemandes que le commandement ne parvient plus à constituer en structures de défense continues et cohérentes.
Finalement, Le 30 juillet à 0600h, c'est la 43ème D.I. britannique (du 30ème Corps d'armée), qui conquiert et sécurise la Colline qui culmine à 361 m. à l'Ouest de Jurques, pendant que la 50ème D.I. sur sa gauche sécurise les hauteurs à l'Ouest et au Nord-Ouest de Villers-Bocage. A 0700 le même jour, la 11ème blindée et la 15ème DI, appuyées par des bombardiers lourds et moyens, occupent la zone de Saint-Martin des Besaces pour protéger le flanc droit du 30ème Corps et encercler la zone allant de la Forêt l'Evêque jusqu'au point Aunay. Avec l'autorisation subsidiaire de pousser plus au sud et à l'Ouest.

Mais la progression sur le flanc du 8ème Corps est beaucoup plus facile que sur le front du 30ème Corps, dont la route était minée et les approches parsemées de canons antichars et de mitrailleuses, qui ne pourra pas dépasser Briquessard (à 2 miles à l'Est de Caumont). En revanche, le 8ème Corps atteindra la route Caumont-Le Bény Bocage, La Fouquerie et les Loges. Sur la droite, la 50ème DI progresse peu mais résiste jusqu'à la tombée de la nuit. On entrevoit le dispositif de combat mis en œuvre, qui ressemble à la théorie des dominos: on isole le domino le plus fort, et on lui laisse la nuit pour évacuer les positions devenues dangereuses ou intenables...

Le 31 juillet à l'aube, les attaques se poursuivent sans répit. Le 8ème Corps sécurise les ponts sur la Souleuvre et atteignent les hauteurs juste à l'Ouest du Bény Bocage, pendant que les gardes de la 11ème Blindée atteignaient Le Tourneur. La 15ème DI était engagée à l'arrière en consolidation. Le 30ème Corps nettoie Cahagnes et approche de Jurques. La 50ème DI casse la résistance à Briquessard et poursuit sa poussée. La résistance ennemie au Bény Bocage commence à se raidir, la 21ème SS Panzer est maintenant identifiée avec la 326ème DI allemande qui a été basculée sur l'extrême flanc Est. On constate qu'alors qu'Hitler qui a donné des ordres pour que ses blindés attaquent à partir de Mortain pour atteindre Avranches sont engagés partiellement pour sauvegarder des positions qui les confinent à l'encerclement!

Le 1er Août, le 8ème Corps d'Armée britannique nettoie le Bény-Bocage et les gardes Estry. La 15ème DI tenant une base ferme de départ des blindés britanniques a repoussé plusieurs contre-attaques ennemies menées depuis le sud et le sud-ouest. Le 30ème Corps, flanqué à gauche de la 7ème division blindée, est dirigée vers Aunay-sur-Odon pendant que la 50ème DI progresse en direction de Villers-Bocage. La 43ème DI poursuit sa progression durant la nuit afin de sécuriser Ondefontaine et est bientôt rejointe à l'aube par la 7ème D. blindée.
Le 2 août, la 43ème DI a progressé pendant la nuit vers Aunay, pendant que la 50ème DI sécurisait Amaye et remontait la vallée de la Seulles. L'opposition au 8ème Corps devenait obstinée. Des éléments de la 11ème D. blindée atteignaient les faubourgs de Vire et des patrouilles traversaient la route de Vire à Vassy. En réalité, les Allemands n'évacuaient pas Vire et au contraire se renforçaient au sud du Mont Pinçon, tandis que l'Air Force cartonnait sur les chars et véhicules allemands se déplaçant dans la région de Condé. En progressant vers Estry, les gardes de la 11ème D. Blindée rencontrèrent une forte opposition: les 9ème et 10ème SS et 21ème Panzer Division avaient fait un crochet vers l'Ouest pour s'opposer à l'attaque vers Vire. Dans cette perspective, la 3ème DI était placée sous le commandement du 8ème Corps d'armée britannique.
Petit à petit, la mâchoire nord de la poche de Falaise se constituait alors que les Allemands luttaient pied à pied pour tenter de garder le contrôle du projet insensé d'Hitler de regrouper toutes les unités blindées vers l'Ouest pour atteindre Avranches.(5) Ainsi, le 3 août, les gardes (il s'agit de l'infanterie portée) de la 11ème D. Blindée étaient toujours lourdement engagés autour d'Estry tandis que la Division elle même se battait au sud de la route Vire-Vassy. La 7ème D. blindée britannique progressait à coup de contre-attaques, pendant que le 12ème Corps (53ème et 59ème DI) contrôlait la route Villers-Bocage-Noyers et capturait dans la foulée les villages de Noyers et de Missy, traversait cette route pour atteindre une ligne depuis l'Odon allant de Le Locheur vers l'Orne près de Feuguerolles en passant par Evrecy. Les éléments de reconnaissance atteignent la limite nord de Thury-Harcourt.

Toutes les autres unités britanniques sont confrontées à une défense allemande qui se bat pied à pied, y compris le 2ème Corps d'armée canadien qui a déclenché dans la même journée trois attaques dans le secteur de Tilly la Campagne et La Hogue. Seule, la 7ème D. blindée libère et sécurise Hermilly, tandis que la 50ème D.I. entre dans Villers-Bocage enfin libérée.

Cette défense opiniâtre des Allemands pour protéger la tentative de reconquête d'Avranches ordonnée par Hitler, révélait surtout que le Commandement allemand avait de plus en plus de difficultés à boucher les trous dans ses lignes et dans les effectifs de ses unités blindées. C'est en parfaite logique militaire que Montgomery a donné, le 4 août 1944, l'ordre à la 1ère Armée canadienne de capturer Falaise et à la 2ème Armée britannique de conquérir Thury Harcourt, Condé et Flers, au moment même où les troupes de Patton fonçaient sur l'axe Alençon-Domfront. Mais, il y était d'autant conduit que les révélations d'Ultra montraient bien que le dispositif allemand était sur le point de craquer!

«Bluecoat» et Ultra

La semaine, qui a suivi la capture de Caen et vu la fin du commandement de Rommel, a été marquée par l'absence de signaux radios décodés par Ultra. Ainsi, les multiples lignes de défense au sud-est de Caen – indépendamment semble-t-il, du bureau renseignement de la 2èmeArmée - ce qui a conduit «Goodwood» à un arrêt très rapide, mais qui a vu se maintenir les mouvements de la plupart des divisions de Panzer, les Allemands étant dans la crainte continuelle de nouvelles attaques venant pratiquement de toute part.

Ainsi, la 21ème Panzer, depuis Troarn à l'est de Caen, s’attendait déjà à être attaqué à nouveau tandis que les Anglais continuaient à se concentrer au milieu d’un amas de destructions sur la rive droite de l'Orne. Juste une semaine plus tard, les tapis de bombes de «Goodwood» étaient toujours répandus jusqu'au travers de la route que la division tenait. Le Général Buelowius, commandant les combattants du Jagdkorps II, était moins assuré quand des concentrations en chars à l’ouest et au sud-ouest de Caen semblaient annoncer une nouvelle attaque dès le 15 juillet. Et il a ordonné que toute attaque aérienne possible les casse depuis le ciel.

Synthèse des opérations Cobra et BLUECOAT
Cette carte dressée par Ralph Bennet explique fort bien
l'effet de levier obtenu sur les armées allemandes par les deux opérations alliées.
Carte extraite d'Ultra in the West, Edition Hutchinson of London, dont on ne peut que conseiller la lecture.
Son supérieur, Sperrle de la Luftflotte 3, était mieux informé. Juste après minuit les 15-16 juillet, il a exactement prévu une attaque à grande échelle (qui serait «décisive pour le cours de la guerre") se produirait en direction du sud- est de Caen «probablement dans la nuit du 17 au -18». Vers midi, trente-six heures avant que «Goodwood» ait été lancée, cette prévision était entre les mains de ceux qui à ce moment mettaient la touche finale au plan de l'attaque, et il a été bientôt suivi des ordres opérationnels aux escadrons de bombardiers dont Sperrle disposaient [0001/18 XL 2287 1030/16].

Plusieurs mouvements prévus étaient perceptibles parmi les divisions entourant Caen, qui révélaient que «Goodwood» était conçue pour casser, mais la crainte de l'attaque imminente a empêché d’évacuer le secteur. La 9ème SS Pz, qui avait tenu le secteur du sud-ouest à côté de la 10ème SS Pz, avec la 276ème Division derrière elle, devaient être retirées le 15 juillet mais elles combattaient toujours près de Gavrus le jour suivant.

Très tôt le 16, la 272ème DI tenait le front devant la 1ère SS Pz, mais elle ne s’était pas déplacée bien loin. Plus remarquable était le comportement de la 12ème SS Pz. Elle sortait des lignes le 11 juillet, mais elle avait néanmoins maintenu son PC de bataille dans la périphérie sud-est de Caen. Un signe de défaite pendant quelques jours, il est apparu dès le début du 17: il était demandé une couverture aérienne importante pour un mouvement dans le même secteur général vers une position au nord de Lisieux, vingt miles à l'arrière, d'où il serait possible de surprendre les unités «fers de lance» (de reconnaissance ennemie) qui progresseraient depuis Caen vers la Seine, ce qui était depuis longtemps le cauchemar des Allemands, au point de les conditionner pour tomber dans les pièges tendus par Montgomery et pour mettre leurs blindés là où Montgomery le voulait [Early/17 XL2383 0306/17].

Un des postes de commandement de la division a été localisé plus tard sur la route vers Lisieux. Ces deux communications radio constituent une bonne illustration de l'avantage tactic élevé qu’Ultra pouvait parfois avoir: le premier avait été reçu par tous les postes de commandement alliés qui pouvaient en avoir l’usage cinq ou six heures avant que la 12ème SS Pz Division ait commencé à se déplacer, et tous les deux étaient parmi les décryptages d'Ultra les plus rapides - trois heures juste à l’heure allemande avant l’heure de l’offensive britannique [1600/18 XL 26/04 1901/18].

Les avions alliés d’observation de l'artillerie avaient été en retard, ils étaient souvent un sujet de plainte des unités terrestres allemandes: le 12 juillet, par exemple, le XLVIIème Corps et la 2ème Pz Division (sur le front central aux environs de Caumont) ont maugréé qu'ils étaient «en l’air à temps plein» - pour être seulement réduits au silence par les chasseurs des Jagdkorps II, qui ne pouvaient seulement opérer que sur les points vitaux essentiels où le groupe d'armées B concentrait son effort principal, c'est à dire sur une autre partie du front. C'était évidemment à l'est de l'Orne, que le Panzergruppe West, le LXXXVIème Corps et la 21ème Pz Division, devaient se déclarer avec ensemble "enthousiasmés et gratifiés" pour l'appui aérien reçu...

Des fleurs humoristiques de cette sorte n'apparaissaient pas souvent sur les fils du GAF (German Air Force) depuis les débarquements, mais il y en avait deux de plus chaque semaine. Des patrouilles aériennes avaient été annoncées pour avoir réduit les pertes de l'armée en transport motorisé, et à la tombée de la nuit, le 17 juillet, la 10ème SS Pz a rapporté la «grande joie » dans ses rangs, provoqué par le raid de ce jour du Fliegerkorps IX, qui avait veillé à la tranquillité de l'artillerie de l'ennemi pendant vingt minutes...(!).

«Goodwood» s’était arrêté dès le 20 juillet, le jour de l'attentat raté de Rastenburg. Pendant les dix jours suivants, cependant, les briseurs de code d'Ultra pouvaient rapporter que les divisions allemandes de n'importe quelle partie de front s’attendaient à ce que l'opération soit renouvelée sous peu mais que les alliés étaient en désaccord sur le point où l’attaque devait être portée. Le GAF estimait entre 800 et 1000 tanks, le nombre des chars massés au sud-est de Caen, et la 1ère SS Pz (à droite dans la ligne de front) avait prévu une poussée depuis Caen jusque vers Falaise.

Tous n'avaient aucun doute, y compris le commandement allemand confirmant la croyance – déjà manifestée à travers les dépêches décodées par ULTRA pendant plusieurs semaines, et maintenant réputée avoir été fermement éventée par Speidel et Eberbach – qu’une percée sur la grande ligne générale vers Paris était imminente. Un grand nombre de mouvements locaux ou de courte portée divisionnaire – plusieurs ont été décodés très rapidement – faisaient apparaître très clairement qu'un écran défensif très fort était encore maintenu à l'extrémité orientale (ndr: tenue par les canadiens) de la tête de pont alliée.

En même temps, Ultra fournissait la preuve régulière et évidente que des présuppositions continuaient à dominer la pensée allemande. Les commandements des Jagdkorps II et de Fliegerkorps IX pour les 26 et 27 juillet déployaient toujours leurs efforts principaux aériens d'air en dehors de Caen, et ne les ont décalés vers Saint-Lô qu'après la nuit du 27 au 28 (c'est-à-dire, seulement après quelque 36 heures suivant le début de Cobra dont l'avertissement émanant d'Ultra a été délivré cinq ou six heures à l'avance). Caumont n'avait pas été mentionné comme cible tant que la nouvelle offensive n’était pas lancée, et l’avertissement qu'il devait être bombardé a été donné à temps [1345/27 XL 3702 1630/27; 1300/30 XL 4088 1930/30].

Entre l'encadrement des ordres de Montgomery pour l'attaque de Caumont («Bluecoat») le 27 juillet et leur exécution, trois jours plus tard, la situation sur laquelle elles ont été fondées avait subi un changement considérable. Deux divisions de Panzer (2ème Pz et 116ème Pz sous les ordres du XLVIIème Corps) avaient été déplacées à l'ouest pour protéger l'arrière de la VIIème Armée d’un encerclement Américain. Ce mouvement les a décalées depuis l’est vers le flanc ouest de la nouvelle attaque britannique, et était connu avant le lancement de «Bluecoat». Le même jour, le 28 juillet, alors que ce mouvement était détecté la première fois, Ultra a également révélé que plus de blindés (seulement 53 chars en fait), se déplaçaient depuis le front est. Sur le front de Caen bordant la frange orientale de la zone de «Bluecoat» – la 21ème Pz était signalée comme abandonnant le LXXXVIème Corps sur l'Orne plus tard dans la soirée [2000/28 XL 3877 2214/28].

Non seulement ces informations ont été fournies juste deux heures et quart avant d'être appliquées, mais elles présentent également quelque chose comme une curiosité du renseignement, parce qu'elles semblent presque démontrer qu’Ultra lisait à l’avance dans l'esprit de von Kluge. Aucun avis de destination de la 21ème Pz n'était donné dans le message d'Enigma qui était à la base de XL3877 mais dans les circonstances (le succès du COBRA) le 21ème groupe d’Armées et la 2ème Armée ont bien interprété les informations décryptées comme indiquant qu'il y avait un déplacement en direction de l'ouest qui placerait la 116ème Panzer comme barrière («longstop») entre Caen et Paris. Pourtant l'histoire officielle britannique cite le journal de guerre du Panzergruppe Ouest comme base de la décision de von Kluge de déplacer la 21ème Pz alors que les informations sur «Bluecoat» ne l'ont atteint que le 30 juillet. Ce n'était pas ULTRA, jusqu'à cette date, qui avait trouvé que la 21ème Panzer allait à Cahagnes, en sortant de Caumont et qu'elle se trouvait ainsi directement sur la route de l'attaque de la 2ème Armée pour capturer le Mont Pinçon...

Mais c'est certainement au Mont-Pinçon que la situation était la plus aiguë à partir du 6 août 1944, en raison du succès rapide dans l’après-midi et le soir des éléments d'assaut du XXXème Corps d'armée britannique, qui s’infiltraient dans les défenses allemandes. Des informations de cette nature filtraient par ULTRA signalant quelques difficultés rencontrées par la 10ème SS Pz, puis après elle, par la 12ème SS Pz, qui n'avait récupéré, depuis l'évacuation de Caen, que seulement trente-quatre chars Mark IV utilisables (sur un effectif total de cinquante), dont seulement vingt chars Panthers.

Ultra et le Dilemme allemand

Bien sûr, von Kluge ne pouvait que se conformer aux ordres qu'il avait personnellement reçus d'Adolphe Hitler. C'est bien sûr le général Hausser, commandant la VIIème Armée allemande qui était chargé de l'appliquer. Pour ce faire, Hausser a diffusé le communiqué suivant aux commandants des divisions et des Corps de son armée.
«Le Führer a ordonné l’exécution d’une percée vers la côte pour créer le fondement d’une opération décisive contre le front de l’Invasion alliée. Dans cette perspective, plusieurs forces ont été versées à l’Armée.
«Du succès de l’exécution de l’opération que le Fürher a ordonné dépend la décision de la guerre à l’Ouest et peut-être avec elle la décision de la Guerre elle-même. Les Commandants de tout rang doivent être absolument convaincus de l’énorme signification de ce fait. J’espère que tous les commandants de corps et de division veilleront à ce que tous les officiers soient informés de la signification unique de l’ensemble de la situation. Une seule chose compte, un effort incessant et déterminé donnera la victoire.

«Pour le Führer, le Peuple et l’Empire,
«Hausser»

On admirera le style à double sens possible de cette directive qui peut s'interpréter de deux façons parfaitement opposées selon le degré de conscience des officiers qui en sont les destinataires. Car à ce tournant précis de la bataille de Normandie, le dilemme allemand se réduisait au choix conquérir Avranches ou défendre Falaise.

Les commandants allemands du champ de bataille étaient sans aucune illusion quant au risque effroyable que comportait la tentative d'étranglement depuis Mortain. Ainsi, au su des alliés, Dietrich, qui avait pris le commandement de la cinquième Armée de Panzer pendant cette opération a, pendant plus d'une heure, protesté auprès de von Kluge quant à l'impraticabilité de l'attaque de Mortain. Il a précisé qu'il n'y avait pas assez de carburant; que si trois divisions blindées étaient envoyées à l'ouest il serait impossible de tenir Falaise; qu'il était impossible de concentrer une telle masse de tanks sans provoquer un désastre d'origine aérienne; qu'il n'y avait manifestement pas assez d'espace pour déployer des forces blindées aussi importantes; et,que les Américains étaient déjà très fortement concentrés au sud de Falaise de telle sorte qu'une telle attaque servirait seulement à resserrer encore plus les forces allemandes dans le piège allié plutôt que de détruire le piège lui-même. À chaque argument von Kluge a opposé une seule réponse, «C'est un Fürherbefehl (l'ordre d'Hitler)».

C'est en ces termes que le général Montgomery a commenté ces informations dont il disposait manifestement:
«Même après les batailles coûteuses le long de l'Odon un mois auparavant, Hitler ne pouvait pas, ou ne voulait pas comprendre, que les opérations blindées sur une telle échelle devaient être à l'abri d'attaques aériennes. Les Allemands étaient un jouet entre nos mains en lançant contre nous la force concentrée de leurs blindés rescapés dans l'ouest, dont la plupart avait déjà reçu une lourde amertume et étaient fatigués et découragés. Au lieu de reformer cette force sur une ligne de défense préparée, l'ennemi épuisait ses ressources d'une manière qui nous offrait l'occasion de défaire son armée à l'ouest de la Seine et de lui administrer une des plus grandes défaites de la guerre.»
Dès le 8 août 1944, c'est à dire à une semaine du débarquement dans le Var (opération Dragoon), des éléments de la 9ème Panzer Division venant de la Côte méditerranéenne étaient détectés sur le front de la VIIème Armée...

Ultra, Mortain et Falaise (6)

On a vu qu'Hitler avait téléphoné à Von Kluge pour lui donner l'ordre de remplacer les blindés dans les lignes allemandes par de l'infanterie (qui manquait dramatiquement pour cause d'immobilisation dans la Somme et le Pas-de-Calais) afin de mener une attaque lourde par quatre divisions blindées sur Avranches et la Côte Ouest du Cotentin. Cet ordre a été confirmé le soir même par un message passé à 2315 heures au groupe d'Armées B. Pour s'assurer de la bonne fin de cet ordre, alors qu'Hitler évoquait couramment la trahison du commandement des Armées de l'ouest, le major général Warlimont, blessé dans l'attentat du 20 juillet 1944, a été expédié sur le front normand par Jold, dont il était un adjoint,

Voici le texte du premier volet de l'ordre de mission de la VIIème Armée adressé à Von KLUGE et intercepté par ULTRA et donc traduit automatiquement en Anglais:
Ref CX/MSST271/132 XL 5461 IN TWO
PARTS PART ONE
ZZZZZ
((XL 5461 £5461 8H 20 £20 SHA 64 $ 64 TG 67 £ 67 BV 94 94 ON CR YK ZE EF 40 £ 40 ST 49 £ 49 DL 4 £ 4 MI 10 £ 10 XF 75 £ 75 IN TWO PARTS PART ONE ORDERS TO SEVENTH ARMY)) AND GENERAL DER PANZER TRUPPEN EBERBACH £ EBERBACH ONE EIGHT HOURS NINE. ATTACK ON SOUTHERN WING OF SEVENTH ARMY WILL BE CONDUCTED BY PANZER GRUPPE EBERBACH £ EBERBACH AFTER REGROUPING A?ND BRINGID UP OF DECISIVE OFFENSIVE ARMS; ON ITS SUCCESS DEPENDS THE FATE OF BATTLE OF FRANCE £ FRANCE; QUOTE I ORDER UNQUOTE COLON (ONE) COMMAND OF ATTACK COLON GENERAL EBERBACH £ EBERBACH TO WHOM A NEWLY FORMED FUEHRUNGSSTAB IS BEING BROUGHT UP WITH OBERSTLEUTNANT VON KLUGE £ VON KLUGE AS CHIEF OF STAFF. FOR REASONS OF UNIFIED COMMAND (LATER PARTICIPATION OF SEVENTH ARMY) AND SUPPLY? EBERBACH £ EBERBACH IS BEING SUBORDINATED TO GOC £ GOC SEVENTH ARMY. (TWO) OBJECTIVE OF ATTACK V (barré) COLON THE SEA AT AT AVRANCHES £ AVRANCHES.
APGP/RFB/DC                                                                                                                                                        [100349Z/8/44]
Quelques jours avant l'offensive du 7 août 1944 sur Mortain, une circulaire de l'Inspection générale des Panzer Truppen (NDR: en principe dépendante de Heinz Gudurian qui avait inspecté toutes les troupes de blindés en France au printemps 1944) avait été adressée à l'OKW et à l'ensemble des autorités SS. Elle révélait: "les hommes et les chars sont prêts. Mais je manque de camions, d'automobiles pour transporter des passagers, de carabines, de cuisines roulantes de campagne, et d'équipements de guerre de toute sorte..."

Or dans le même moment, le commandement allié était informé, toujours par ULTRA, mais avec cinq jours de retard imputables aux difficultés de décodage, que, pour sortir du chaos qui menaçait les armées de l'Ouest, l'OKW prévoyait «le développement immédiat d'une position arrière» de Reims à Chalons jusqu'au canal Marne-Saône par un état-major spécial autorisé à user «des mesures les plus sévères» comme «la conscription des civils français entre seize et soixante ans et aux outils et pour commander des équipements de tranchée et d’excavation.»

Outre le déplacement de Bordeaux à Poitiers du quartier général de la 1ère Armée allemande, Blumentritt, chef d'Etat-major de von Kluge, réclamait deux divisions fraiches dépendant de la 15ème Armée allemande et stationnées en Belgique et en Hollande afin de boucher les vides qui commençaient à s'ouvrir sur la Loire supérieure à la jonction avec la 19ème Armée, alors que la 6ème Division Parachutistes se déplaçait vers Chartres et qu’ une division statique était amenée à Paris depuis l'Allemagne à Paris...

Les opérations canadiennes et britanniques des 7 et 8 août 1944 (7)

La première armée canadienne était prête à lancer son attaque de nuit vers le sud, après un bombardement lourd, dans la direction de Falaise dans la nuit du 7 août, avec l'objectif de casser les défenses bordant la route de Caen-Falaise, et de les exploiter jusqu’à Falaise même. Pendant sa mise en réserve, la 12ème SS Panzer Division avait préparé les lignes de défenses successives couvrant les approches de Falaise (environ 60 fossés anti-char balayés par des canons automoteurs et quelques 90 canons de 88 mm de la Flak de 88 millimètres. En outre, des positions de défense proprement dites étaient équipées par des éléments de la 12ème SS Panzer Division et des 89èmeème DI (nouvellement arrivée du nord du Seine) et 272ème DI, auxquelles s'ajoutait la 85ème DI, venant également de la quinzième Armée.

La difficile progression des canadiens et de la division blindée polonaise vers Falaise

Carte construite avec Google Earth. En comparant les localisations avec les dates de progression, on peut constater que les canadiens ont
appliqué une directive générale du SHAEF consistant à contourner les points de résistance et à les isoler pour les capturer ensuite plus
facilement dès lors que les points de défense étaient isolés des lignes de défense principales.
L'infanterie devait être transportée dans des porteurs lourds blindés appelés "Kangourous" à travers la zone de feu de Pour assurer une navigation précise la nuit les chemins des lignes d’attaque étaient organisés pour apercevoir les chars de tête; les liaisons organisées avec une radio directionnelle, les canons Bofors ouvrant le feu aux traceurs et «un clair de lune artificiel» étant également utilisés pour faciliter la mobilité dans l'obscurité. Une fois que l'infanterie avait pénétré l’avant de la zone ennemie défendue, il fallait débusquer et mettre les défenseurs hors d’état de se battre, travail confiée aux troupes qui suivaient les unités d'assaut. L'attaque de nuit devait traverser les positions de Fontenay-le-Marmion-La Hogue et l’exploiter jusqu’à Bretteville-sur-Laize. Le matin suivant, les blindés devaient bousculer les défenses suivant la ligne Hautmesnil-Saint Sylvain et de l'exploiter en direction de Falaise.

À 2300 heures, le 7 août, le bombardement lourd a commencé, et une demi-heure plus tard la 2èmeème Division canadienne et la 51èmeème DI avec leurs brigades mécanisées avançaient. L'assaut était structuré en huit colonnes de blindés qui avançaient par rang de quatre de front, précédées à distance par des équipes d’assaut du génie et des chars à fléaux. L'ennemi fut surpris par ces colonnes blindées traversant ses défenses. Dès l‘aube l'infanterie débouchait dans les secteurs prévus après avoir franchi quatre miles dans les lignes ennemies, et traité leurs objectifs immédiats. À l'arrière de la progression, d'autres troupes commençaient les opérations de nettoyage, qui se sont en fait révélées constituer la tâche la plus difficile.

A midi le 8 août, la 2èmeème Division Canadienne avait capturé et sécurisé May-sur-Orne, Fontenay et Rocquancourt, alors que la 51èmeème Division fixait Garcelles Secqueville; tandis que Tilly La Campagne était bientôt prise.

La première phase de l'opération avait été réussie, et après une attaque par de puissantes formations de forteresses volantes, les formations blindées ont commencé à progresser vers le sud à 1355 heures. La 4èmeème Division canadienne du côté droit a été retardée par des tirs de batteries de canons antichars, et la Division blindée polonaise à gauche ne parvenait pas également à faire beaucoup de progrès. L'attaque avait à réduire une très forte position de défense sur une éminence aux environs de Broyer-en-Cinglais par Bretteville-le-Rabet jusqu’à Poussy-La-Compagne.

Sur les autres fronts, le XVème Corps US continuait, de son côté, à progresser le 7 août, malgré l'opposition de la 708ème DI récemment arrivée depuis La Biscaye et est entré au Mans le lendemain. Les unités de la IIIème US fonçaient au cœur des combats aux approches de Saint-Malo, Brest et Lorient. Dans le secteur britannique, la 43ème Division a finalement conquis le Mont-Pinçon et quelques villages sur les pentes méridionales, mais un combat lourd s’est poursuivi et l'ennemi a lancé des contre-attaques répétées au cours desquelles des pertes considérables ont été infligées par les deux côtés. Cependant le 30ème Corps progressait vers Condé, alors que dans la tête de pont de l'Orne, la 50ème Division tentait de contourner vers le bas sur Thury-Harcourt depuis le nord-est; une série de contre-attaques emmenées par la 12ème SS Panzer Division, qui a, le 8 août, fait échouer ce plan en contrariant le plan insensé d'Hitler.

Dans le secteur britannique, et alors que le XVème Corps US entrait dans la ville du Mans malgré l'opposition de la 701ème DI allemande venue de la Biscaye, la 43ème Division a finalement capturé et nettoyé le Mont-Pinçon et quelques villages sur les pentes méridionales, mais un combat lourd s’est poursuivi et l'ennemi a lancé des contre-attaques répétées au cours desquelles des pertes considérables ont été infligés par les deux côtés. Pourtant, le 30ème Corps progressait vers Condé, alors que, dans la tête de pont de l'Orne, la 50ème Division tentait de contourner vers le sud Thury Harcourt depuis le nord-est. Une série de contre-attaques ennemies menées par la 12ème SS Panzer Division a, le 8 août, fait échouer ce plan.

En définitive, les attaques allemandes, entêtées et sans résultats concrets, depuis Mortain sur Avranches, ont conduit Montgomery à demander, le 8 août, l'accélération de l'étranglement des armées allemandes sur la zone Falaise, Argentan, Alençon. De fait, la 1ère Armée américaine a continué de réduire le saillant ennemi, et en pivotant sur Mortain, d'avancer vers la ligne Domfront Barentan, et de se préparer à repousser le flanc allemand et son arrière en direction de Flers.

PATTON entre en scène (8)

Toujours officieusement à la tête de la IIIième Armée US (son commandement ne sera dévoilé que le 15 août 1944), le général PATTON distribue ses ordres pendant la progression de ses divisions. On sait d'ailleurs que PATTON prenait le risque de survoler la progression et le déploiement de ses divisions en avion de liaison avant de donner ses ordres depuis son PC.

Le dispositif d'enveloppement de la VIIème Armée retenu par PATTON

Carte extraite des comptes-rendus officiels de la 3ème ARMEE US
Dès le 7 août, Dans la zone du IVème Corps, les principaux éléments progressaient vers un point à 12 miles à l'Ouest du MANS, l'ennemi dressant des actions retardatrices pour gagner du temps afin de couvrir la retraite de ses forces à l'Est de la rivière Mayenne.

Dans la zone du XXème Corps, la Vème Division d'infanterie US positionnait des éléments le long d'une ligne NANTES – CHATEAUBRIANT -ANGERS afin de protéger le flanc sud de la IIIième Armée. Tandis que la 35ème division d'infanterie progressait vers BARENTON.

Quant au XIIème Corps, il poursuivait sa mission pour assembler sur les plages de débarquement les unités de la IIIème Armée US qui n'avaient pas encore débarqué en France.

La deuxième Division blindée française, commandée par le général Leclerc, les 80ème, 35ème et 5ème divisions d'infanterie US et les 610ème Bataillon de chasseurs de chars et le 702ème bataillon de chars, rassemblés dans la zone d'Avranches ont été rattachés au XVème Corps que commande le général Haislip. Dès le lendemain 8 août, les 4.000 véhicules de la 2ème DB entreprennent un périple de 200 km, en débordant LAVAL qui n'est pas encore tombée, en direction du MANS. Ils atteignent CHATEAU-GONTIER le 9 au matin et, dès l'après-midi, la division reçoit ses objectifs: prendre Alençon et Carrouges. La 2ème DB a entamé sa progression à partir de BRULON après avoir traversé la Sarthe sur deux ponts construits dans la nuit par le Génie militaire US.

La 2ème DB en route pour Alençon
Progression extraite de "La 2ème DB en France" 1ère partie par le lieutenant colonel REPITON-PRéNEUF de l'Edition Arts et Métiers graphique, PARIS)
Entretemps, la 79ème DI US a capturé le 8 août la ville du Mans tandis que des éléments de la 80ème DI achèvent l'encerclement par le sud de LAVAL. Remplacée par la 90ème DI US, la 79ème DI US rejoint la 5ème DB sur l'axe Sées-Carrouges.

La deuxième DB, suivie sur sa gauche par la 90ème DI US, prend donc dès le 9 août 1944 la route d'Alençon-Carrouges suivie sur sa gauche par la 90ème DI US. Dans le même temps, la cinquième DB US, après avoir constitué avec la 80ème DI US une tête de pont sur la Sarthe, progresse sur l'axe Mamers-Sèes jusqu’à la ligne Sèes-Carrouges avec la 79ème DI US sur les talons. Il s'agit d'un véritable "coup de dès". C'est la 3ème DB US qui sera chargée deux jours plus tard de boucher les vides du front sud allié afin de contrer toute manoeuvre allemande tendant à séparer les deux divisons blindées de leur route d'approvisionnement.

Le pari était d'autant plus risqué que la 9ème Panzerdivision venant de Nîmes où elle était en reconstitution venait de traverser la Loire et retraitait depuis le 9 août entre Mayenne et Sarthe afin de combler les vides de la 708ème Panzerdivision et de la 130ème Panzer Lehr. La 2ème DB allait tout droit à sa rencontre.

Or l'ordre donné par le général Leclers était ultra simple: "écraser l'ennemi dès qu'on le trouve par des manoeuvres brusques et agressives où qu'on le trouve, en interrompant le moins possible la progression." Pour faire court, la général Lecklerc avait ordonné que l'artillerie lourde (automotrice) soit placée en tête des colonnes de la 2ème DB, une méthode qui, au demeurant était déjà utilisé par la 4ème DB US. Au soir du 10 août, la 2ème DB avait perdu le capitaine de Laitre au Sablon, mais elle avait libéré Vivoin, Doucelles et campait devant Dangeul. Les hommes de la 2ème DB n'avaient pas dormi depuis trois nuits d'affilée.







Notes sur les Sources:
  1. Ce chapitre est inspiré par le chapitre IX du livre du Maréchal Montgomery «Normandy to Baltic», Edition Arrow Books Limited 1961.
  2. Voir «Breakout and Pursuit» par Martin Blumenson, chapitre VII, «the battle for Caen» CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone).
  3. Informations tirées de l'Ouvrage «Ultra in the West» de Ralph Bennet, pp. 83 à 95 de l'édition "Hutchinson of London".
  4. Note du rédacteur: mais si les blindés britanniques détruits pouvaient être remplacés, ceux de l'armée allemande ne pouvaient l'être, ce qui explique la réunion du 20 juillet des maréchaux allemands, le jour même de l'attentat contre Hitler.
  5. Note du réacteur: dans l'hypothèse où le rêve d'Hitler se serait réalisé, le général Eisenhower avait prévu de parachuter tous les approvisionnements et renforts nécessaires par parachutages, voir par pont aérien...
  6. Informations tirées de l'Ouvrage «Ultra in the West» de Ralph Bennet, pp. 105 à 124 de l'édition "Hutchinson of London".
  7. «Normandy to Baltic», chapitre IX, page 96 de l'Edition Arrow Books Limited 1961.
  8. Rapports journaliers d'"After the report" de la 3ème Armée (1er volume, p.25)et extraits de "la 2ème DB en France" 1ère partie par le lieutenant colonel REPITON-PRéNEUF (p.21 à 23 de l'Edition Arts et Métiers graphique, PARIS)
  9. .





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dernière mise à jour le 27 avril 2015.