Schéma de l'attaque de la colline 192 |
schéma extrait de "BREAKOUT AND PURSUIT", par Martin Blumenson, |
L'apparition du char Coupe-haies, très vite baptisé "Rhino tank" |
Photo extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK" par Gordon |
Saint-Lô, la capitale des ruines, que les Allemands puis les Américains pouvaient voir depuis la colline 122 |
Photo extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK" par Gordon |
L'arête de Martinville, une position clé... acquise par hasard par le Major Bingham, |
Photo extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK" par Gordon A. Harrison, |
Un convoi de service de l'armée américaine descendant sur Saint-Lô depuis l'entrée Nord. |
Photo extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK" par Gordon A. Harrison, |
La dépouille du Major Howie, enroulée dans le drapeau américain |
Photo extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK" par Gordon A. Harrison, |
«…Ceci, naturellement, plaçait les forces américaines une tâche plus onéreuse et plus risqué que cela avait été d'abord prévu. Cependant, Bradley a complètement saisi la situation du moment et, dès le 20 juin, m’avait indiqué qu’il avait la conviction que la percée du côté droit devrait être lancée depuis des positions près de Saint-Lô, plutôt que depuis la ligne à l’origine prévue plus vers le sud. Il sentait la tâche avec son imperturbabilité habituelle et travaillait la dessus en professionnel. Il a rationné toute les dépenses en munitions sur tout le front, fait tourner les troupes tournées sur les lignes de front, et maintenu constamment ses unités et éléments logistiques comme pour une offensive soudaine et avec toute sa pleine puissance quand l'occasion se présenterait elle-même.En fait, le hedgecutter tank est une synthèse de plusieurs inventions modifiant l'avant des Shermann commencées à partir du 5 juillet 1944, par les services de maintenance de la 79ème Division et poursuivies par le XIXème Corps qui inventa une "fourchette à salade" permettant au char de s'enfoncer dans les haies sans lever son avant, sans oublier les chars "brush cutter" ou encore "green dozer" inventés par les tankistes du Vème Corps. C 'est finalement la formule du "hedgecutter" du sergent Curtis G. Culin du du 102ème escadron de reconnaissance de cavalerie qui a retenu, lors de sa démonstration le 14 juillet 1944, les faveurs du général Bradley et son Etat-major. Le général Bradley a immédiatement envoyé le colonel John B. Medaris, l’officier dirigeant la maintenance de la 1ère armée, en Angleterre en avion pour assurer la production de ces équipements de défense et monter les équipements sur les chars arrivant en France et pour assurer le transport en France des équipements complémentaires de soudure à l'arc et la formation d' équipes spéciales de soudage, chargées de modifier les chars en service en Normandie.
«Ce qui compliquait le problème de la percée sur le front américain, c’était la prédominance des rangées de haies formidables dans le pays du bocage. Dans cette région, les champs depuis des siècles avaient été divisés en très petites surfaces, parfois à peine plus grande que la taille d’un bâtiment agricole, chacune entourée par une haie dense et épaisse qui, ordinairement, poussait sur une bande de terre à trois ou quatre pieds de haut. Parfois ces haies et les bandes de terre qui les portent sont doubles, formant entre elles un fossé prêt à l'emploi, et offrant naturellement plutôt une ultime protection dans le champ de bataille et un camouflage naturel. Dans presque chaque rangée étaient cachées des mitrailleuses ou des petites équipes de combat qui étaient en position parfaite pour décimer notre infanterie pendant que les hommes rampaient avec ténacité et rampaient encore pour attaquer le long de chaque cheminement d'approche.
«Nos tanks pouvaient aider mais peu. Chaque fois qu’un d’eux tentait de pénétrer une rangée de haies, il était forcé de s'élever presque verticalement, exposant de ce fait le ventre non protégé du char et le transformant en proie facile pour n'importe quel type d’obus perforant le blindage. Etait également exaspérant le fait que, avec le nez du char dressé vers le ciel, il était impossible de permettre à ses canons de tirer sur l'ennemi; les équipages étaient désarmés aussi bien pour se défendre que pour détruire l'Allemand.
« Dans ce dilemme, un sergent américain appelé Culin est venu à l’avant avec une invention simple qui reconstituait l'efficacité du tank et a donné un élan énorme au moral de toute l'armée. Elle consistait simplement à souder à l'avant du char deux lames solides en acier qui, agissant un peu comme des faux, coupaient travers la bande de terre et de haies. Ceci permettait non seulement au char de bousculer l'obstacle comme une quille et de faire feu avec ses armes, mais encore permettait de porter sur une certaine distance, un camouflage naturel de haies précédemment coupées.
«Dès que le sergent Culin a eu démontré son invention à son capitaine elle a été rapidement portée à la connaissance du Général Walter M. Robertson, commandant la 2ème Division. A son tour, il a démontré le dispositif à Bradley, qui a ordonné d'en équiper le plus grand nombre possible de chars afin d'être prêt pour la prochaine bataille. Ce dispositif, qui a eu pour conséquence de provoquer une joyeuse satisfaction de nos soldats, alors que l'acier des lames de découpage était fourni par les obstacles que les Allemands avaient répandu à profusion sur les plages de Normandie pour empêcher notre débarquement sur cette côte.
«Cependant, nous étions dépourvu de cette amélioration quand la première armée a commencé sa progression pénible vers le sud pour réaliser une ligne raisonnable de départ pour la grande attaque. Il était difficile d'obtenir une vraie image de la zone de combat. Un jour, un d’entre nous a visité une tour d'observation sur le front située sur une colline, qui nous a offert une vue d'environ cent pieds au-dessus des rangées de haies environnantes. Notre vision était si limitée que j'ai appelé l’es forces aériennes pour me faire survoler tout le front dans un avion de combat dans un effort nécessaire pour avoir une impression claire de ce que nous voyions de haut. Malheureusement, même depuis la position avantageuse d'une altitude de plus de mille pieds, il n'y avait pas beaucoup à voir qui pouvait être classé comme utile. Comme il était prévisible dans de telles conditions, l'artillerie, excepté le feu de harcèlement à longue portée, était de peu d'utilité. C'était combat (« doughboy ») (N.D.R. «doughboy» est une expression maintenant archaïque -et littéralement intraduisible- qui évoquait les innocents soldats d'infanterie qui, depuis la guerre de Sécession jusqu'à la 1ère Guerre mondiale chargeaient au coude à coude sous la mitraille des canons et des mitrailleuses. Par dérision, le Poste de commandement de l'Armée américaine en 1917 était surnommé «Doughboy» que les Français auraient plutôt appelés "chair à canon") résolu sous son plus mauvais angle. Toute division qui y participait en sortait durcie, attentive à la bataille, et pleine d'assurance.
«La tactique, la logistique, et le moral – à tous les plus hauts commandants et les états-majors y consacraient chaque minute de leur temps. La tactique pour gagner la meilleure ligne de départ pour lancer la grande attaque contre les forces d'encerclement. La logistique pour répondre à nos besoins journaliers et accumuler des montagnes d’approvisionnements et les apporter dans les réserves des troupes que nous voulions mettre en ordre pour rendre cette attaque décisive. Et toujours, nous étions concernés par le moral parce que des troupes étaient invitées constamment à s'engager dans un combat dur mais sans avoir la satisfaction des longues avances qui donnent invariablement à une armée de l'élan.»
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