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Comme les hommes, les peuples qui oublient leur histoire cessent d'exister!


Plan des pages consacrées au département de la Manche

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Les Mouvements de résistance,<
La Mission Helmsman,
La préparation du débarquement dans la Manche,
L'entraînement des troupes d'assaut de la Force U,
Les bombardements de l'artillerie lourde côtière,
L'entrée en lice de la 101ème Airborne en Cotentin
l'épopée de la 82ème Airborne,
Sainte-Mère-l'Eglise, première commune libérée...
La longue marche des 507ème et 508ème R.I.P.
L'assaut d'Utah beach,
La bataille de Sainte-Mère-Eglise
La conquête d'Isigny,
La libération de Carentan
La consolidation de la tête de pont d'Utah beach,
La neutralisation des batteries côtières,
L'isolement du Nord Cotentin,
L'isolement de Cherbourg,
La capture et la libération de Cherbourg
L'enfer sanglant de la bataille des haies,
La tête de pont entre la Taute et la Vire,
L'attaque vers Périers,
La contre-attaque allemande.
La Bataille de Saint-Lô,
La colline de Martinville,
La colline 122,
La légende du Major Thomas D. Howie,
La préparation de l'opération Cobra
L'attaque ratée du hameau de La Varde,
La défaite de Saint-Germain-sur-Sève,
L'opération Cobra,
Les bombardements aériens de Cobra,
L'attaque de l'infanterie américaine,
La libération d'Hébécrevon,
La diversion sur le flanc gauche,
La percée américaine
l'élargissement
de la brèche de Cobra,
Le piège se referme,
La poche de Roncey,
L'oeuf d'oie
de Bradley,
L'attaque alliée à
l'Est de la Vire,
4 jours de combat,
du XIXème Corps,
La bataille de
Moyon-Troisgots,
Ruée sur Avranches
La Directive n° 1
du Gl Bradley,
La capture de Brécey,
et celle de Coutances,
Objectif Avranches,
Les points de passage
vers la Bretagne,
sous contrôle,
Les batailles de Mortain,
La capture de Mortain,
La 1ère bataille de Mortain
La 1ère bataille de Mortain (suite),
La conception de l'encerclement
des forces allemandes,
Le dilemme allemand,
La fin piteuse de
la bataille de Mortain
La 3ème Armée US
dans la Manche

Résistance, Maquis et Libération du département de la Manche (suite de la page 2)

Dès le début de l'après midi la 101ème Division Aéroportée reprenait l'initiative. Le 502èmeR.I.P. traversait les positions des 506ème et 501ème R.I.P. de la 101ème Airborne et avec l'appui rapproché du 14ème bataillon blindé d'artillerie de campagne, l'ennemi a été renvoyé dans ses lignes de départ avec des pertes évaluées à 500 hommes.

Après quoi, une position de défense a été disposée le long de la route de Baupte jusqu’à la route de Carentan-Périers, tandis qu'à l'est la compagnie du 175ème R.I. cernée à Montmartin en a été retirée, le colonel Harper établissant une ligne au nord du chemin de fer principal avec la 29ème D.I. à l'est. La première armée US disposait maintenant de ressources pour approfondir la jonction entre les Vème et VIIème Corps, le XIXème Corps d'armé US, devenu opérationnel le 14 juin, se voyant attribuer la mission permanente de fusionner les deux premières têtes de pont en Normandie de la 1ère Armée US.

La consolidation de la tête de pont d'Utah beach

Pendant que le Vème Corps de l'armée US résistait aux contre-attaques allemandes qu'il cherchait à déborder dans une coûteuse bataille des haies jusqu'à Saint-Lô, le VIIème Corps sécurisait le flanc nord de ses positions derrière Utah-Beach, isolait la partie nord du Cotentin du Sud de la Manche, pour finalement conquérir Cherbourg et sa région. Bien qu'aucun autre document que les écrits d'Eisenhower ne l'indique, le VIIème Corps a également fait le ménage sur les sites de lancement des V1.

La construction et la sécurisation de la tête de pont d'Utah Beach

L'un des points essentiels de la stratégie du VIIème Corps a été de conquérir la ligne Quineville-Montebourg afin de mettre hors d'état de nuire les batteries lourdes allemandes qui, depuis Fontenay et Mordalines, expédiaient des salves sur la plage de débarquement d'Utah Beach.
La sécurisation au nord de la tête de pont d'Utah beach (8-14 juin 1944)
Illustration extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon A. Harrison cf note 10.
Pour mieux l'apprécier la lire sur zoom image.
Ces attaques américaines se sont déroulées juste après la résistance à la contre-attaque allemande infructueuse sur Sainte-Mère-Eglise. C'est à dire le 8 juin 1944, le jour même de l'échec personnel du général von Schließen, qui pensait quand même réussir à contenir les unités américaines au Nord de leurs positions en y ayant massé tout ce qu'il possédait comme artillerie lourde et moyenne pour barrer la route de Cherbourg. Ce jour là, le 505ème R.I.P. (82ème A.D.) et le 8ème R.I. progressaient lentement vers l'Ouest du Merderet et Montebourg, tandis que les 12ème et 22ème R.I. américains s'infiltraient sur la côte Est pour atteindre la ligne Quineville-Montebourg.

Bien qu'il ait opposé aux Américains les 709, 243 et 91èmes divisions d'Infanterie et d'un bataillon d'assaut de la 7ème Armée formé de 3 groupes de combat, son flanc Ouest a reculé en attendant la 77ème division qui accourait à pied depuis la Bretagne, von Schließen faisait venir de Carteret pour affronter la poussée américaine au Nord, 2 bataillons motorisés d'artillerie lourde, le 243ème R.A. et deux canons russes de 122 mm. venant s'ajouter aux artilleries de Lestre (6 canons de 155mm), de Fontenay (1261ème R.A.) et aux batteries côtières de deux canons de Morsalines et de Videcosville au Nord de Quineville.

Le 9 juin, des attaques coordonnées américaines eurent un succès coûteux. Le 8ème R.I. au prix de lourdes pertes réduisit plusieurs points de résistance allemands. La Compagnie L prit une position à Magneville en chargeant à travers des champs ouverts battus par une artillerie lourde au prix de nombreuses vies. Dans le même temps, le 2ème bataillon en assaillant Ecausseville bien défendu par l'artillerie et des mortiers a fini, grâce à un char et depuis un croisement routier à l'Est du bourg, à faire une centaine de prisonniers et à capturer les canons de 88mm qui en défendaient l'entrée. Une manœuvre qui contraignit, dès le 10 juin, le Général von Schließen à retraiter sur la voie ferrée Le Ham-Montebourg. Or, simultanément, le 505ème R.I.P.(82ème AD) attaquait justement ces positions avec l'intention de prendre les gares de ces deux cités sur lesquelles les Allemands se retiraient.

Le 11 juin, l'attaque reprit sous le commandement du col. Ekman, qui a pris en tenaille la gare du Ham avec le 325ème R.I.de Planeurs, après une préparation d'artillerie de 15 minutes. L'infanterie américaine alors que les allemands commençaient à se retirer. Une nouvelle attaque permit aux Américains d'entrer dans une ville désertée par l'ennemi qui y avait abandonné entre autres ses pièces d'artillerie.

Le 13 juin, les 90ème et 359ème R.I. relevaient les parachutistes en poursuivant l'avance vers Cherbourg jusqu'aux limites des fortifications sud.

La chute des batteries de Crisbecq et d'Azaville...

Au Nord de la tête de pont, cela s'est révélé beaucoup plus dure. Le 8 juin, en voulant réduire un point d'appui à Emondeville, le 12ème R.I. a perdu 300 hommes dans un très violent combat, ce qui n'empêcha pas le Col. Reeder d'avancer de 2.000 yards, puis le lendemain de 1.500 yards au nord-Est de Montebourg. Or à sa droite, deux compagnies du 22ème R.I. se lançaient à l'assaut de la batterie de Crisbecq, après 20 minutes de tirs d'artillerie navale et terrestre, parvenaient à atteindre les limites des bunkers sans pouvoir les endommager et devaient se retirer en raison d'une contre-attaque venant des blockaus d'Azeville protégés par des champs de mines, des barbelés et des trous d'hommes bétonnés!...

Révisant sa copie, le Col. Triboulet décida de s'attaquer le lendemain aux quatre blockaus d'Azeville, toujours après une préparation d'artillerie navale. Ses troupes ayant trouvé un accès non miné par l'Ouest, tentèrent pa tous les moyens d'en faire sauter les murs et accès. Jusqu'à ce que le soldat Ralph G. Riley, avec un lance-flamme qui ne voulait en aucun cas s'allumer, ait l'idée lumineuse d'allumer l'essence qui était passée sous la porte avec son briquet, déclenchant ainsi après plusieurs minutes un incendie dans les soutes à munitions, ce qui lui vaudra la Silver Star. Les 169 hommes de la batterie, se rendirent officiers en tête aux Américains, pendant que l'artillerie navale détruisait les canons de Crisbecq.

...et la capture d'Ozeville

Comme la progression des troupes américaines au Nord n'allait pas assez vite à son gré, le commandant du VIIème Corps releva, le 12 juin, les 12ème et 22ème R.I. sur la route de Fontenay-sur-Mer-St-Marcouf, par le 39ème R.I. (Col. Harry A. Flint) qui avait débarqué la veille. Après avoir tâtonné sur les fortifications ennemies pendant deux jours, le second bataillon occupa successivement Crisbecq inoccupé, puis Dangueville, pendant que le 1er bataillon nettoyait la plage depuis le Taret de Ravenoville jusqu'au Fort de Saint-Marcouf, et que 3ème bataillon capturait Fontenay-sur-Mer avant de revenir sur Quineville en raison de la forte résistance allemande.

Or, au même moment, la "Task Force" Barber avait réussi à réduire les fortifications d'Ozeville faisant progresser deux bataillons d'infanterie derrière un barrage d'artillerie, tandis que les canons de la Navy neutralisaient les batteries de Quineville.

Alors que la garnison allemande avait hissé le drapeau blanc, le commandant américain commandant la "halte au feu" fut tué. La compagnie d'assaut extermina tous les défenseurs à la baïonnette et à la grenade. La chute d'Ozeville, contraignait les Allemands à quitter, dans la nuit du 12 août, la voie ferrée et donc la zone du Merderet, pour défendre la route Saint-Floxel-Montebourg, point clé de la défense de Cherbourg renforcé par 35 chars légers français et par le 3ème bataillon du 919ème R.I. allemand. Avant de faire tomber Montebourg, il valait mieux conquérir Quineville.

Les 12 et 13 juin furent un échec pour les 22ème et 39ème R.I. US. Sauf que les trois bataillons du 22ème R.I. commandés par le Col. Tribolet ont pu capturer le 14 juin deux collines à l'Ouest de Quineville, et le 39ème R.I. prendre des positions au Sud et à l'Est. Le 14 juin, après un bombardement par 36 A-20, la compagnie R du 39ème R.I. rentrait par l'Ouest de la ville pendant que les allemands tentaient obstinément de défendre l'Est et la plage. Malgré des pertes sévères dues aux mines, Quineville était prise et avec elle le Fort de Saint-Marcouf. C'est ainsi que les troupes américaines ont généralement progressé en Normandie, de positions en positions, faisant tomber un point d'appui après l'autre de façon à déséquilibrer les forces ennemies par rapport aux troupes fraiches qu'elles leur opposaient alors que la relève des troupes allemandes engagées, se réduisait comme peau de chagrin avant de se révéler finalement impossible.

Pour la troisième fois depuis le débarquement, les Allemands devaient réorganiser leurs troupes sous les ordres cette fois du général Marcks, qui ordonna au Generallieutnant Heinz Hellmich, afin de défendre la ligne Montebourg-Quineville déjà effritée à l'Est, de constituer un "Kampfgruppe" à partir de la 243ème D.I. qu'il commandait en y incorporant tout ce qu'il pouvait trouver comme soldat allemand qui ne s'était pas déjà rendu aux Américains...

L'isolement du Nord Cotentin

La tête de pont américaine sur le Merderet posait au moins autant de problèmes aux Allemands qu'aux Américains qui y avaient concentré à La Fière quelque 600 hommes des 507ème et 508ème R.I.P. au soir du 7 juin 1944, avec quelques chars, de l'artillerie et le 1er bataillon du 325ème Régiment de planeurs qui était monté en ligne par la mer avec le 8ème R.I. après son débarquement à Utah Beach. Après l'échec de la tentative d'établissement de la tête de pont à La Fière, le 82ème A.D. avait subi une violente contre-attaque. Mais au soir du 8 juin, deux hommes des du groupes du Col. Timmes découvrirent un passage submergé mais utilisable pour traverser les marais au nord de La Fière permettant d'atteindre les groupes des colonels Timmes et George V. Millet isolés sur la rive Ouest permettant d'attaquer Les Allemands défendant La Fière, de nuit.

Le 10 juin, l'attaque du Col. Millet échoua près d'Amfreville et le colonel avec quelques hommes fut fait prisonnier tandis que le reste de sa colonne s'enfuyait vers le nord-est et ne prit plus part aux combats. Manquant de support le Colonel Timme et ses hommes subirent de lourdes pertes mais purent retourner sur leurs positions de départ le long de la rivière à l'Est d'Amfreville. Le lendemain à 10h45, après avoir rampé pour échapper aux tirs d'une mitrailleuse allemande derrière un mince écran de fumée, les hommes du 325ème Régiment d'infanterie de planeur couraient sur 500 yards pour plonger derrière la chaussée sous un déluge de tirs de mortier et d'artillerie. Mais la chaussée était déjà encombrée de morts, de blessés, et de soldats découragés, auxquels s'ajoutait un char américain qui avait sauté sur une mine américaine et un char ennemi détruit. Malgré cela, les deux compagnies d'assaut, encouragées par les généraux Ridgway et Gavin et par le colonel Lewis, lui aussi sur place, ont fini par atteindre la rive opposée et accomplir leurs missions: clarifier Cauquigny occupée par des Allemands disposés à se rendre à la compagnie E et se déployer au sud pour la compagnie G, tandis que la Compagnie F était envoyée sur la route principale.

Sans nouvelle de ses soldats, qui occupaient portant Cauquigny, le général Gavin déclencha d'abord un tir d'artillerie sur Cauquigny qui fit heureusement peu de dégâts et fit ensuite récupérer, avec une partie de la compagnie F qui n'avait pas pénétré dans Le Motey, tous les soldats qui pouvaient être récupérés sur la chaussée. C'est finalement une patrouille de routine qui a découvert la position du Major Sanford et que ce dernier n'était plus encerclé et pouvait se déplacer à sa guise, sur ce qui était la base même de la tête de pont de La Fière. Bref le flanc nord de la nouvelle tête de pont était bien sécurisée même si les combats se poursuivaient au Nord, tenu par le 1er bataillon du 327ème R.I. de planeur, et au Sud, tenu au sud par le Colonel Shanley à la tête du 2ème bataillon du 508ème R.I.P. Il n'en fallait pas moins que les compagnies F et E du 507ème R.I.P. retraitent sans paniquer, les Allemands s'abstenant heureusement de faire mouvement.

En définitive, à la fin de ces manœuvres assez coûteuses en vies humaines, la tête de pont du Merderet qui n'avait cessé d'être renforcée depuis le 8 juin était prête à lancer l'offensive tendant à couper en deux le Cotentin.

Le Cotentin coupé en deux

Le difficile isolement du Nord-Cotentin (10-18 juin 1944)
Illustration extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon A. Harrison cf note 10.
Pour mieux l'apprécier la lire sur zoom image.
Cette mission a été confiée à la 90ème Division d'Infanterie commandée par le Brigadier Général Jay W. MacKelvie. Le 10 juin 1944, au lieu de progresser vers le Nord, le 357ème RI a traversé les lignes de la 82ème AD pour attaquer à l'Ouest de La Fière pendant que 358ème RI traversait Chef-du-Pont pour attaquer les lignes allemandes en direction de Picauville, Pont-L'abbé et St-Sauveur-le-Vicomte.

A peine le 2ème bataillon du 357ème R.I dont c'était la première expérience au feu avait-il dépassé Le Motey, qu'il colonne butait sur des troupes fortement retranchées du 1057ème R.I. allemand. Le 1er bataillon releva le second dans l'après midi sans plus de résultat, à part la perte de 99 hommes.

Le 11 juin, les deux régiments ont poursuivi leur attaque, mais à la tombée de la nuit ils étaient toujours proches de l’objectif fixé pour le jour J à la 82ème A.D. Le 357ème R.I combattait toujours à proximité de Les Landes, et le 358ème avait encerclé mais non capturé Pont l' Abbe. Le jour suivant le 359ème R.I , détaché de la 4ème Division, a été positionné entre les colonels Ginder et Thompson sur un front de 1.000 yards et a reçu ses objectifs le long du Douve au centre de la zone de division.

Au Sud de la 90ème D.I., le 508ème R.I.P., renforcé et commandé par le Brigadier Général G.P. Howell, avait reçu, le 12 juin, l’ordre d’attaquer à travers la Douve pour s’emparer du secteur entre le fleuve et les prairies Marécageuses et pour se joindre à la 101st Division Aéroportée à Baupte. Dans le même ordre, le 325ème R.I. de planeur avait la mission de défendre la rive nord de la Douve à l'ouest de la progression de la 90ème Division. Après une traversée de nuit de la rivière à la Bastille de Beuzeville, Howell a marché sur son objectif sans vraiment combattre et a atteint Baupte à 08h00. En fait, le 100ème bataillon de Panzer de ce secteur composé de beaucoup soldats étrangers et d'équipements disparates s'est démonté au premier contact avec les Américains et s’est retiré.

Comme contre-mesure à la nouvelle trouée qui se manifestait dans leurs lignes, les Allemands ont tenté de mettre en place un Kampfgruppe de leur 265ème D.I. renforcé par un bataillon du 1049ème régiment de la 77ème Division déplacé depuis le front de Cherbourg. Mais, le Kampfgruppe de la 265ème D.I. n'a pas renforcé la 91ème D.I., puisque l'essentiel de la nouvelle unité a été engagée au sud de Pretot et de la Douve là où les Allemands pensaient être menacés par une percée américaine à grande échelle.

L'échec Allemand du 12 juin 1944 s'est accompagné d'une autre très mauvaise nouvelle pour le Commandement allemand: le général Erich Marcks, commandant le LXXXIVème Corps d'armée allemand, célèbre dans l'armée Allemande pour sa participation à l'opération Barbarossa, a été tué vers 9h45 d'un obus de 20mm par un chasseur-bombardier faisant du "strafing" sur la route d'Hébécrevon à Marigny. Il est au demeurant enterré dans le cimetière de Marigny. Cette mort ne va pas être sans conséquence sur le cours de la bataille en dans le Cotentin.( )

Pendant que le 508ème R.I.P. progressait inopinément dans la trouée des lignes ennemies, la 90ème D.I. poursuivit son objectif atteignant une ligne de Gourbesville-Pont-l'Abbe. Mais les progrès accomplis de la 90ème D.I. ne satisfaisaient pas le Haut Commandement, en ce qui concerne les règles militaires à appliquer dans le pays des haies ce qui a conduit le Général Collins, responsable du Corps d'armée, à limoger Général MacKelvie pour le remplacer (ainsi que deux commandants de régiments) par le Major Général Eugene M. Landrum et à réviser ses plans d'attaques pour le 14 juin 1944 en remplaçant la 90ème D.I. par la 79ème qui n'a pas été employée dans l'attaque, faute d'être en place. En réalité, Landrum n'avait à faire face qu'à des éléments récemment arrivés sur le front de la 77ème Division allemande .

Ce qui pouvait rassurer Eisenhower et Bradley, était que, le 14 juin 1944, le général d’Artillerie Wilhelm Fahrmbacher, qui remplaçait comme commandant du LXXXIV corps le général Marcks, mort le 12 juin dans une attaque aérienne (à la suite d'une localisation par Ultra), a rapporté à la septième armée qu'une attaque américaine à grande échelle ne pourrait pas être contrée à l'ouest en raison de la séparation et du mélange des unités, à la fatigue des troupes, et du manque de munitions.

En effet, le 15 juin, la 82 A.D., le 325ème R.I. de planeurs et le 505ème R.I.P. progressaient sans problème, le seul 60ème R.I. étant victime d'une forte contre-attaque allemande soutenue par des chars qui était en réalité le seul effort militaire que les Allemands pouvaient fournir au Sud de la Douve...

Le renfort sur le flanc droit du 359ème R.I., constitué par le 47ème R.I. (Col. George W. Smythe) sur son flanc droit, a atteint son objectif Orglandes à la nuit tombée, malgré le harcèlement ennemi. C'est en fait une course de vitesse entre les éléments américains qui se produisait pour atteindre la Douve afin d'empêcher les Allemands de s'y installer. Le gagnant de cette course fut le 325ème R.I. (général Collins) qui s'y installait dès le 16 juin. La 9ème D.I. renforcée par le 359ème R.I. était maintenant en mesure de couper le Cotentin en deux. Peu après, les 325ème Régiment de Planeur et 505ème R.I.P (82ème A.D.) atteignaient les rives de la Douve en face de St-Sauveur-le-Vicomte, bientôt rejoints par le 508ème R.I.P. sorti de la réserve.

Constatant que les allemands évacuaient Saint-Sauveur-le-Vicomte, Ridgway l'a occupée, tandis que, sans attendre les ordres, les 505ème et 508ème R.I.P. établissaient une tête de pont 2.000 à 3.000 yards en profondeur mais de l'autre côté de la Douve... Révisant ses ordres initiaux, le général Collins donna le signal de l'occupation de toutes les rives de la Douve, déclenchant une énorme course de vitesse entre les unités américaines et les derniers trainards allemands. Le 47ème R.I. (Colonel Smythe) a mené tout de même de durs combat dans les secteurs de Hautteville-Bocage et de Biniville sur la dernière éminence à l'est du Douve. Le 2ème bataillon du 60ème R.I. sous les ordres du Lt-Col. Michael B. Kauffman, avec l'appui d'une compagnie de chars du 746ème bataillon de chars, est entré à Ste-Colombe après avoir réduit quelques mitrailleuses. Mais ses fusiliers ont du s'enterrer le long de la rive de la Douve pour se protéger des tirs de l'artillerie lourde allemande.

A la fin du 16 juin, les 9ème et 82ème Divisions avaient cassé les dernières défenses ennemies à l'Est de la Douve dans leurs zones et avaient précipité la retraite des Allemands vers la mer, en désorganisant la 91ème Division allemande.

Le dilemme d'Adolf Hitler

Or, depuis le 14 juin, Rommel savait que après la percée des troupes U.S. à Saint-Sauveur-le-Vicomte, il était impossible aux troupes allemandes de s'opposer à la coupure en deux du Cotentin. Il restait donc à déterminer quelles unités défendraient Cherbourg dès lors qu'Hitler renonçait à faire entrer massivement la 15ème Armée en Normandie. La résistance aux assauts américains se présentait sous de très mauvais auspices: le groupe "Hellmich" et la 77ème D.I. qui s'était dégagée du front et toutes les troupes à l'Ouest et au Sud du Merderet n'avaient pas réussi à construire une ligne de défense, manquaient d'approvisionnement et de réserves, ce qui était le fruit de la combinaison du harcèlement aérien et des sabotages de la Résistance. A la poussée américaine à l'Ouest, le Général Farhmbacher ne pouvait opposer que deux compagnies de la 91ème D.I. et les restes de la 243ème D.I. désorganisée. Or, Hitler venait tout juste d'interdire, le 17 juin 1944, la retraite planifiée sur Cherbourg du groupe von Schließen, ce qui signifiait que la 77ème D.I. allait être sacrifiée, au lieu de pouvoir s'échapper vers le Sud comme le recommandait Rommel.

Cette décision du Führer résultait clairement d'une réunion à Soissons d'A. Hitler avec von Rundstedt et Rommel, dans le bunker qui avait été construit en afin de diriger l'invasion de l'Angleterre en 1940, qui supposait sur le papier qu'une vaste offensive soit déclenchée à partir des divisions blindées suivantes: 12ème SS Panzer, Panzer Lehr et 2ème Panzer à retirer du front après avoir été relevées par des divisions d'infanterie provenant de Hollande, de la 15ème Armée et du Sud de la France (9ème Armée) et à renforcer par 4 Panzer SS, à savoir les 1ère (venant des Pays-Bas) et 2ème (venant de Montauban), et les 9ème et 10ème Panzer venant du front russe. Ce qui était plus facile à dire qu'à faire... "

Se fondant sur les fausses indications des agents doubles cross ou triple cross manipulés par la commission XX et la London Controlling Section (L.C.S.) directement sous la coupe de Winston Churchill, Hitler se refusait obstinément à dégarnir la zone du "Kanalkueste" (cf p.1 du présent site) et à cannibaliser la 15ème Armée au profit de la 7ème Armée. Il avait attribué le succès du débarquement à la faute des Commandements locaux (et non aux ordres parfois contradictoires qu'il avait lui-même donnés tardivement) le 6 juin, en renonçant à appliquer le plan III, Hitler avait ordonné que "la forteresse de Cherbourg soit tenue à n'importe quel prix et le plus longtemps possible".

Pendant ce temps, les troupes américaines se réorganisaient rapidement. Le VIIIème Corps, avec à sa tête le Général Middleton, devenait opérationnel le 15 juin. Middleton devait simultanément organiser la défense de Carentan et la tête de pont de Pont-Labbé tout en exploitant la tête de pont improvisée de Saint-Sauveur. Le 17 juin, la 9ème D.I. US capturait les collines 145 et 133 dominant la Côte Ouest de la zone qui lui était attribuée. Le 47ème R.I. attaquait depuis St-Sauveur la zone de St-Lo-d'Ourville et le 39ème R.I capturait et gardait la zone entre Hautteville et Saint-Colombe jusqu'à ce que la 90ème D.I. atteigne ses objectifs.

Le 18 juin au petit matin, le 47ème R.I. US coupait la route côtière Grande Huanville et Barneville-sur-Mer, condamnant la retraite de la 77ème D.I. allemande, dont une colonne entière était méthodiquement détruite dans la matinée depuis la colline 145 par le 60ème bataillon d'artillerie de campagne, qui fut tout de même contraint de répondre à une attaque menée par des fusiliers allemands armés de mortiers de 81. Si le 3ème bataillon du 243ème Régiment d'artillerie allemand a réussi à s'enfuir pendant la nuit, d'autres colonnes de la 77ème Division ont été détruites près de Barneville et au Nord de Valdecie.

Un autre bataillon du 1050ème R.I. allemand, commandé par le colonel Rudolph Bacherer, commandant la 77ème D.I. après la mort du général Stegman, a pu s'enfuir vers le Sud après avoir capturé un pont sur la rivière Ollande près de St-Lô-d'Ourville, défendu par une centaine de G.Is', en faisant passer au Sud environ 1.400 soldats allemands. Mais, avec le 3ème bataillon du 243ème R.I. c'est bien tout ce qui restait de la 77ème D.I. allemande, alors que les troupes américaines commençaient à se mettre en place pour attaquer les défenses de Cherbourg.

L'isolement de Cherbourg par les troupes américaines dans la tempête

Cet isolement a commencé le 19 juin avec une tempête qui a duré jusqu'au 23 juin, sans possibilité, pour la 1ère armée américaine, de débarquer ni homme, ni le moindre approvisionnement execepté, semble-t-il, dans le petit port d'Isigny. Par une attaque rapide et forte, le VIIème Corps comptait exploiter la désorganisation des troupes allemandes pour autant que la retraite planifiée par le général von Schlieβen ne se transforme pas en déroute. Le bureau G-2 du VIIème Corps estimait que l'ennemi mènerait des combats d'arrière-garde pour tenir une ligne de défense sur les collines entourant Cherbourg sur une profondeur d'environ cinq milles. Quant aux forces ennemies, leur effectif était estimé entre 25.000 et 40.000 hommes selon que l'on y incluait ou non les ouvriers allemands des constructions navales et ceux de l'organisation Todt.

La 9ème Division, commençant son attaque à 0550, 19 juin, n'a d'abord rien trouvé devant elle, et les 60ème et 39ème R.I. ont marché rapidement atteignant avant midi leurs objectifs entre le Rauville-La-Bigot et le Saint-Germain-le-Gaillard. Le 4ème escadron de cavalerie a été retardé par une résistance ennemie à Rocheville, dont la zone sera finalement confiée au 359ème R.I. (90ème Division), les objectifs de l'escadron de cavalerie se prolongeant vers le Nord. Sans opposition, la 39ème D.I. atteignait Couville et St-Christophe-du-Foe pendant que les principaux éléments de tête du 60ème R.I., dépassaient Les Pieux et investissaient Helleville.

La cavalerie, retardée brièvement près de Rauville-la-Bigot, entrait à la nuit à Saint-Martin-le-Gréard. A partir de l’Est de Rocheville, le gros des troupes s'est heurté à une opposition croissante. La 79ème Division (Major général Ira T. Wyche) a attaqué depuis la ligne de Golleville, et la 90ème Division a exercé une poussée vers le nord depuis la tête de pont du Merderet, qui a duré une semaine. Le 313ème R.I. (Col. Streling A. Wood.) sur la gauche a atteint son objectif, le Bois de la Brique, à l'ouest de Valognes en ne rencontrant qu’une légère résistance.

Mais le 315ème R.I. (Col. Porter B. Wiggins), qui était censé dépasser Valognes (p.418) à l'ouest et couper la route de Cherbourg au nord-ouest de la ville, a rencontré un feu de barrage depuis Urville et une contre-attaque à Lieusaint. Au soir, il était toujours au sud-ouest de Valognes. Le Général Wyche a alors décidé de laisser Wiggins en position pour contenir la ville, et de déplacer le régiment de Wood sur l’aile droite de la division, et de disposer du 314ème R.I. (col. Warren A. Robinson) sur sa gauche, qui a manœuvré pendant la nuit et pour se trouver à la hauteur de Wood à l'aube.

Le 19 juin 1944, dans la zone du VIIème Corps, seule la 4ème Division rencontrait une résistance organisée. Grâce aux patrouilles, la division savait que des éléments du bataillon d’assaut de la 7ème armée et le 729ème R.I. allemand (estimé entre 1.000 et 1.500 hommes) s'étaient retranchés en général le long de la voie ferrée principale menant à Cherbourg, juste au nord de Montebourg. Après un pilonnage à 3h00, l'assaut a commencé le 20 juin sans succès apparent dans l'obscurité. Ce n'est qu'avec l'appui de jour des chars que la ligne de défense s'est cassée, Von Schlieβen commençant à retirer ses troupes.

Le 3ème bataillon du 22ème R.I. est entré à 18h00 dans Montebourg, qui était désertée. Dans la soirée, le 22ème R.I. a été concentré sur le flanc droit de la 4ème division pour participer à une attaque des trois régiments le jour suivant. Mais la résistance devant la 4ème Division américaine n'était qu'un geste de von Schlieβen pour simuler l'exécution des ordres de combattre pour retarder le siège de Cherbourg. En réalité, pendant la nuit, le général von Schlieβen avait ordonné un dégagement général du front et disposé toutes ses forces derrière un anneau de forteresses défendant Cherbourg.

Le 20 juin, la quatrième Division n'a rien trouvé devant elle, occupait Valognes à midi, et tenait une ligne depuis le Theil jusqu'au Bois de Roudou, juste devant les défenses allemandes. Partout ailleurs, les unités américaines n'ont trouvé ce jour là aucune résistance jusqu'à la ligne de défense choisie par le général von Schlieβen.

Les 313ème et 314ème R.I. (79ème D.I.) ont avancé sur la route allant directement d’est en ouest entre le Bois de Roudou et Saint-Martin-le-Gréard. Sur cette ligne, les seules résistances rencontrées étaient celles d'avant-postes des défenses de Cherbourg. Les Allemands s'étaient retirés si rapidement que quatre chars légers et une batterie de 88mm, ainsi que huit autres chars ont été récupérés intacts, sans doute pour cause de panne de carburant. Le 315ème R.I. durant le 19 juin, qui avait neutralisé des retardataires dans la région de Valognes, a pris sa position en réserve derrière les deux autres régiments d’attaque.

En revanche, la 9ème D.I. avait reçu dès le 20 juin l'objectif ambitieux d'investir en profondeur la forteresse sur les positions "Flottemanville-Hague", "Octeville", et sur la route Cherbourg-Cap-de-la-Hague. Ainsi le Colonel de Rohan du 60ème R.I. avait l'ordre de se saisir des positions au Nord de la colline 170 en traversant Branville vers la mer. L'avance du 60ème R.I., a été rapide jusqu'à pratiquement midi quand il a atteint la colline 170 à quelques cent yards en avant de son objectif, il a alors subi des tirs croissants de l'artillerie ennemie. Simultanément, Les 1er et 2ème bataillons du 47ème R.I. attaquaient de concert au nord et au sud du Bois de Nerest. Tous les deux ont été arrêtés près de leur ligne du départ, l'ennemi découvrant soudain une défense américaine soigneusement préparée. C'est le 2ème bataillon qui a le plus souffert essuyant un tir nourri d'obus de 88mm, 20mm. et de mitrailleuses à un carrefour au sud-est d'Acqueville. Avec son commandant, le Lt-Col. James D. Johnston, mortellement blessé, et un certain nombre d'autres de ses officiers blessés, le bataillon a du se retirer.

Sur toutes les autres positions américaines, de durs combats arrêteront l'offensive américaine de telle sorte que le commandement consacrera l'essentiel de la journée du 21 juin à des reconnaissances des positions ennemies afin de découvrir ses points faibles.

Quatre Kampfgruppen régimentaires avaient été formés:
  1. A l'ouest un groupe sous les ordres de l’Oberstleutnant Franz Mueller, commandant du 922ème R.I., comportait les restes de la 243ème D.I. dans le secteur entre Vauville et Sainte-Croix-Hague.
  2. La ligne fortifiée de la route de Bricquebec-Cherbourg était défendue par le 919ème R.I. et le 17ème bataillon de mitrailleuses commandé par l’Oberstleutnant Guenther Keil.
  3. L’Oberst (Colonel) Walter Koehn avec le 739ème R.I. occupait la ligne vers l'est, juste au sud du Mesnil-au-Val.
  4. A l'est se trouvait le 729ème régiment commandé par le Col. Helmuth Rohrbach, le 729ème.
22-26 juin: La progression des unités américaines chargées de capturer Cherbourg
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Illustration extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon A. Harrison cf note 10.
Quatre régiments allemands, même très bien armés et approvisionnés par parachutages et par E-boats, mais dépourvus de soutien aérien ne pouvaient guère faire le poids contre trois divisions américaines expérimentées, bien armées et accompagnées de chars et assistées par l'aviation alliée. Dès le 21 juin, pourtant, les troupes américaines ont commencé irrésistiblement leur progression sous un déluge d'artillerie et d'armes de tout calibre.

Quatre Kampfgruppen régimentaires ont été formés. A l'ouest un groupe sous les ordres de l’Oberstleutnant Franz Mueller, commandant du 922ème régiment, comportait les restes de la 243ème Division dans le secteur entre Vauville et Sainte-Croix-Hague. La ligne fortifiée de la route de Bricquebec-Cherbourg était défendue par le 919ème R.I. et le 17ème bataillon de mitrailleuses sous le Commandement de l’Oberstleutnant Guenther Keil. L’Oberst Walter Koehn avec le 739ème régiment occupait la ligne vers l'est, juste au sud du Mesnil au Val, et à l'est se trouvait le régiment d'Oberst Helmuth Rohrbach, le 729ème. L'efficacité de combat de toutes les troupes, maintenant invitées à faire un dernier barrage avant le port était extrêmement faible. Le 3ème bataillon du 22ème R.I. a réussi à atteindre la colline 158 qui domine le terrain d'aviation fortement défendu de Maupertus.

Les 8ème et 12ème R.I. de la 4ème D.I. ont attaqué le 21 juin les défenses principales de Cherbourg au Nord-Ouest, dont notamment une éminence à 800 yards au nord-ouest de Bois de Roudou. Le 8ème R.I. avait pour mission de nettoyer les Bois de Roudou et du Coudray que l'on soupçonnait d'héberger des sites de lancement de V1 et dont les constructions en béton n'étaient pas achevées. Soutenu par un peloton de chars, le 8ème régiment d'infanterie a fini par s'approprier le carrefour de La Bourdonnerie, pris et repris aux Allemands pendant la nuit du 2 au 22 juin, en faisant 300 prisonniers allemands dans leur secteur. Au soir du 21 juin, le VIIème Corps d'armée U.S., avec chacune des trois divisions américaines en place contre la forteresse de Cherbourg, était prêt pour l'assaut final.

La capture et la libération de Cherbourg

La tempête du 19 au 22 juin 1944

Le 22 juin 1944, les armées alliées se trouvaient au plus fort de la tempête qui avait débuté le 19 juin. Le mulberry d'Omaha, qui fonctionnait depuis le 14 juin à plein rendement était désormais inutilisable, 90 barges de débarquement y étant en outre détruites. Si les plages de débarquement d'Utah beach et de Quineville avaient moins souffert de la tempête, il n'en restait pas moins que le débarquement de tous les approvisionnements et renforts depuis l'Angleterre ont été suspendus pendant cette tempête, qui contrariait également les opérations aériennes.

A ce propos, Dwight D. Eisenhower a livré le commentaire suivant dans son ouvrage " Crusade in Europe ", Edition Doubleday Company à New York, p.291.:
" Notre mauvaise chance se trouvait dans l'ouragan qui nous a frappés le 19 juin. Il a pratiquement arrêté pendant quatre jours presque toute l'activité de débarquement sur les plages et a donc sérieusement interféré dans chaque opération; il était si féroce qu’il a rendu le combat offensif extrêmement difficile.
"Pendant cette période, les communications maritimes entre le Royaume-Uni et le continent ont été interrompues complètement et il était presque impossible de faire atterrir un avion sur les petites pistes d'atterrissage que nous avions construites dans la tête de pont. Le mulberry d'Omaha Beach, dans le secteur américain a subi des dommages irréparables. Un grand nombre de bateaux et de petits navires ont été drossés ou lancés sur la plage.
" Les conditions auraient été idéales pour une contre-attaque allemande, excepté l'efficacité subsistante de la campagne aérienne d’isolement
(sous-entendu, des plages de débarquement). Ici, comme toujours, était soulignée l'influence décisive de la puissance aérienne dans la bataille terrestre.
Le dernier jour de la tempête, j'ai volé d'une extrémité à l'autre de notre ligne de plages et j’ai compté plus de 300 navires détruits au-dessus de la taille d’un petit-bateau, certains étant si gravement endommagés qu’ils ne pourraient pas être récupérés.
" Quand la tempête a frappé, une division américaine, la 83ème D.I., se trouvait toujours dans ses bateaux, juste à la limite de la plage. Leur débarquement était impossible et ainsi pendant que la tempête plaçait la division dans une situation extrêmement nouvelle et inconfortable. J'ai rendu visite aux hommes de cette division, le jour où finalement ils ont pu obtenir d’aller à terre et j’ai trouvé un certain nombre d’entre eux encore atteint du mal de mer et temporairement épuisés.
"Il n'y avait aucun spectacle dans la guerre qui m'est autant impressionné que la puissante force industrielle de l'Amérique réduite à l’état d’épave sur les plages de débarquement. Pour n'importe quelle autre nation, le désastre aurait été presque décisif; mais si grande était la capacité industrielle de l'Amérique que la grande tempête n'a occasionné pas plus qu'une ride dans le développement de notre force.
Avec la capture de Cherbourg, le travail de réhabilitation du Port avait débuté immédiatement. Les Allemands y avaient accompli des démolitions importantes et avaient semé, dans le port et ses approches une profusion et une grande variété de mines. Certains des nouveaux types de mines ne pouvaient être que détruits par des plongeurs en eaux profondes, qui devaient descendre au fond pour désarmer les mines. Le travail de déminage dans les eaux profondes et dans le port de Cherbourg était dramatique et courageux..."

Le bombardement préparatoire

La conquête de Cherbourg devait donc être rapide, car tout l'équilibre des forces reposait alors sur les tromperies de FORTITUDE et le maintien envers et contre tout par Hitler de l'opération "Kanalkuest". Si les forces de la 15ème Armée avaient pu être jetées sur le front de la bataille de Normandie ne serait-ce qu'au terme de ces cinq jours de tempête, alors les alliés auraient probablement été rejetés à la mer. Mais il n'en fût rien, les Allemands ne pouvant, au demeurant, utiliser les ponts et les transports ferrés totalement détruits par la campagne aérienne d'isolement des plages du débarquement allié. Il n'en reste pas moins que le haut Commandement allié savait que Rommel avait ordonné au IIème SS Panzer Corps de se concentrer au Nord et au Nord-Est de Vire.

C'est la raison pour laquelle le général Collins a demandé et obtenu en vue d'une “air pulverization” de quelque 24 miles carrés avant l'attaque l'aide des armées aériennes alliées qui sont intervenues notamment dans le secteur des 79ème et 9ème D.I. afin de faciliter la reddition de la garnison allemande. L'intervention aérienne avait été précédé durant là nuit par une émission multilingue du service psychologique de la première Armée livrant force détails à la garnison sur sa situation désespérée et d'un ultimatum au général Von Schlieβen. Sans réponse du Commandant allemand, le bombardement à commencé à 12h40 le 22 juin 1944

80 minutes avant l’heure H, le 22 juin 1944, quatre escadrons de Typhoons de la 2ème Armée de l'Air tactique américaine ont attaqué à la roquette toutes les positions antiaériennes ennemies dans toute la partie nord de la zone d'attaque. A leur suite, six escadrons de mustangs appartenant également aux Armées de l'Air tactiques britanniques ont mitraillé en rase-mottes tout le secteur.
A H-60 minutes douze groupes de chasseurs-bombardiers de la IXème l'Armée de l'Air U.S. bombardaient et mitraillaient l'ennemi en rase-mottes paralysant les points d’appui devant les lignes américaines, attaquant par vagues de cinq en cinq minutes. 24 chasseurs-bombardiers ont été perdus
A l'heure H, où les troupes américaines commençaient leur assaut, chacun des onze groupes du IX bomber Command, totalisant 375 bombardiers légers, a bombardé onze localités défendues avec un modèle de bombardement constituant un genre de barrage de bombes roulant devant les attaquants au sol. Etaient notamment visées: Flottemanville-La-Hague, Martinvast, les Chèvres, la Mare à Canards, Fort du Roule, et une localité défendue juste à l'ouest d'Octeville. L'opération était si bien préparée que l'artillerie US a pu engager des tirs de batterie contre les batteries antiaériennes allemandes pendant les bombardements roulants de la IXème Armée aérienne tactique.

L'attaque du 22 juin 1944

Après quoi, chacune des trois divisions a avancé lentement pendant l'après-midi. La 9ème Division a attaquée avec le 60ème R.I. du côté gauche dirigé vers Flottemanville, le 47ème R.I. vers le Bois du Mont du Rot (soutenu par le 39ème R.I. assemblé près de Helleville) du côté droit. Le 60ème R.I., attaquant avec des bataillons échelonnés vers la gauche, s’est d'abord déplacé rapidement et a capturé Acqueville dans la demi-heure suivant l’assaut. Le 47ème R.I. a pareillement dépassé le carrefour 114 qu’il avait tenu le 21 juin et poussé un bataillon au delà de Beaudienville. Mais cette dernière progression avait été faite en contournant l'ennemi aux carrefours et le bataillon a du s(arrêter pour éviter d'être isolé. À la fin du 22 juin, les bataillons d’assaut se sont enterrés sur les pentes de la colline 171 juste à l'ouest du Bois du Mont du Rot.

Le 60ème R.I. a fait pression sur la limite des fortifications ennemies à Flottemanville mais n'a pas pu pénétrer la position avant la nuit. La 79ème D.I., attaquant avec trois régiments de front, s’est affrontée à une résistance ennemie toujours entêtée. Le 313ème R.I. fournissant l'effort principal de la division le long de la route de Valognes-Cherbourg, a été arrêté pour la première fois par un point d’appui solide aux Chèvres avec un carrefour en Y. Mais La ligne allemande a été cassée par le 3ème bataillon du côté gauche tandis que le 1ęr bataillon attaquait de front. Après sa réorganisation, le régiment a affronté une résistance plus légère, atteignant un point juste au sud de la principale position antiaérienne de la Mare à Canards. De son côté, le 315ème R.I. a, en attendant le jour, combattu pour dégager la région de Hardinvast. Le 314ème R.I. a combattu à l'est de Tollevast jusqu'à la nuit, quand un bataillon a contourné les positions ennemies et a établi le contact avec le 313ème R.I. à l'ouest du carrefour 177. A ce moment, le 314ème R.I. était seulement à quelques cent yards d'un blockhaus contenant tout le standard militaire de la zone de Cherbourg. Le bunker n'a pas été découvert et a pu fonctionner pendant une journée derrière les lignes américaines, en rapportant à von Schlieβen quelques détails sur les mouvements américains.

Les trois régiments de la 4ème Division pourtant expérimentés ont combattu confusément et ont fait seulement de petits gains de terrain. L'effort principal a été fourni au nord-ouest de l’attaque par le 12ème R.I. à partir de l’extrêmité nord du Bois du Coudray avec la mission de saisir Tourlaville. Mais l'ennemi s’infiltrait toujours derrière les bataillons de pointe et le régiment ne pouvait avancer seulement que de quelques cent yards. Sur sa droite, le 22ème R.I., qui devait attaquer depuis Gonneville pour prendre Digosville et soutenir l'effort du 12ème R.I., s’est retrouvé cerné par l'ennemi et a occupé la journée entière à tenter de dégager ses propres secteurs arrière pour garder ouverts ses itinéraires d'approvisionnement.

Sur le flanc gauche de la division, le 8ème R.I. qui devait capturer l'éminence à l'est de La Glacerie a attaqué à partir de la limite nord du Bois de Roudou. Un de ses bataillons a été pris dans une embuscade appuyée par de l'artillerie perdant 31 morts et 91 blessés.

Bien que les progression des unités du VIIème Corps paraissent bien mince, les unités américaines avaient observé une défense fébrile et plutôt improvisée des unités allemandes. Les Kampfgruppen du général von Schlieβen, qui avait reçu la pleine autorité d'Hitler pour assurer la défense entière du port ainsi qu'une admonestation à faire son devoir, étaient constitués de fragments disparates d’unités d'infanterie, d’ouvriers, de police militaire, du personnel naval et de l’artillerie côtière. Les alliés savaient que von Schlieβen avait demandé à Rommel des renforts en précisant "que ses propres troupes étaient épuisées de corps et d'esprit, qu'elles n’étaient pas entraînées, souffraient de la «paralysie du bunker» (verbunkert), et que les restes sans encadrement des 243ème et 77ème Divisions étaient plus d'un fardeau qu'un appui".

Les combats du 23 juin

Bien que le combat du 23 juin ait été encore lourd, mais chacune des trois divisions du général Collins avait réussi des pénétrations significatives dans les défenses allemandes principales. Dans la zone de la 9ème Division, le 39ème R.I. avait dégagée les positions fortifiées de Beaudienville, qui avaient été contournées.

Le 47ème R.I. a réduit dans la journée les défenses ennemies sur la colline 171, faisant 400 prisonniers. Et le 60ème R.I. a occupé dans la soirée la zone de Flottemanville après un long bombardement. Les deux régiments se sont établis ainsi fermement à cheval sur l'arête conduisant à Cherbourg à l'intérieur de l'anneau externe des défenses ennemies.

Le 314ème R.I. a attaqué les positions ennemies de la Mare à Canards. Si l'attaque a échoué, une compagnie qui avait contourné la position au nord-ouest a pu se maintenir en place tandis que le reste du régiment était retiré pour attendre un bombardement aérien. La 4ème D.I., qui était incapable la veille d'atteindre Tourlaville, a fait de bon progrès le 23 juin en trouvant des chemins permettant une progression avec l'appui de chars. En soirée, derrière un barrage roulant d’artillerie protégeant leur progression, les troupes ont pris une colline qui commandait les approches de Cherbourg et ont creusé leur abri pour la nuit, se préparant pour l'assaut final du lendemain dans Tourlaville.

Le 3ème bataillon du 8ème R.I., en lançant une attaque appuyée par un char au moment même où l'ennemi se préparait à une contre-attaque derrière une haie, le bataillon a causé de lourdes pertes aux assaillants. Avec les pénétrations du 23 juin dans l'anneau externe de la forteresse de Cherbourg, la bataille pour le port était entrée dans sa phase finale.

Les combats du 24 juin

Le général Schlieβen a rendu compte le matin du 24 à Rommel qu’il n’avait plus de réserves et qu’il avait donné l'ordre à ses troupes de se défendre jusqu’à la dernière cartouche. "La chute de Cherbourg est, avait-t-il précisé, inévitable".

Le 24 juin, le VIIème Corps a investi la ville. La 9ème Division a débordé trois installations défendues de la Luftwaffe alors que les 47ème et 39ème R.I. attaquaient le long de l’arête au nord-est dans Octeville tandis que le 60ème R.I. tenait et dégageait le flanc nord. Le 39ème R.I. faisait halte le soir devant Octeville pour ne pénétrer dans la ville qu’au petit jour le lendemain. Le 47ème R.I., après avoir assisté le 39ème R.I dans la capture de la position antiaérienne de la mare aux Canards, a pris la direction du vieux fort français d'Equeurdreville, la batterie côtière allemande au Nord et de la Redoute des Fourches. L'attaque de ces positions a été remise au lendemain. Dans la zone de la 79ème Division, le 314ème R.I., également soutenu par le bombardement en piqué de P-47 de la neuvième Armée de l'Air, après avoir dégagé la Mare à Canards a poussé jusqu’au Fort du Roule. Trois tentatives de percée vers le fort ont été arrêtées par des tirs d’artillerie venant d'Octeville sur le flanc gauche de la division. Le 315ème R.I. du côté gauche était loin derrière, toujours engagé à Hardinvast.

Le 313ème R.I., sur l'autre flanc, poursuivait sa progression, obliquant vers l'est pour réduire la résistance à l'ouest de La Glacerie et au Hameau Gringor. Sur cette dernière position le régiment a fait 320 prisonniers et saisi plusieurs pièces d'artillerie. La 8ème R.I., coincé entre le 12ème R.I. et la 79ème Division, s'est heurté à une résistance déterminée à l'Est de La Glacerie. Les Allemands utilisant de l'artillerie légère, des canons antiaériens, des mortiers, et des mitrailleuses, ont cassé la première attaque américaine. Une deuxième tentative faite avec l'appui d’un tank a contourné la position ennemie par l’Est et les Allemands se sont retirés. Le combat du jour a coûté au 8ème R.I. trente-sept tués, y compris le Lt-Col. Conrad Simmons, commandant le 1er bataillon.

La 12ème infanterie, rejoint dans la soirée par un bataillon du 22ème R.I., avait occupé la dernière éminence avant Tourlaville, à partir de laquelle on pouvait observer toute la ville de Cherbourg. Pendant l'attaque, le Lt-Col. John W. Merrill, qui avait pris le commandement du 1ęr bataillon le jour même, a été tué. Le combat le plus dur du secteur s'est déroulé à Digosville où l'ennemi tenait à défendre une position d'artillerie. La position a été débordée par une compagnie avec l'appui d'un char, après une attaque en piqué de douze P-47' S. L'ennemi, en se retirant, a laissé six pièces d'artillerie. Tourlaville était occupée la nuit même sans combat. Mais ce jour là, le 12ème R.I. a fait 800 prisonniers.

Les combats du 25 juin

La supériorité américaine s'est encore accrue le 25 juin, grâce à l'appui par bombardement naval de trois cuirassés, quatre croiseurs, et de destroyers attaquant les batteries navales de Cherbourg en même temps que l'attaque des troupes américaines.

Sans prendre le temps de souffler, le 12ème R.I. à droite du dispositif de Collins, a poursuivi son attaque de nuit puis au matin du 25, le colonel Luckett maintenant la pression sur l'ennemi. Le 1ęr bataillon a mené un combat pointu pour capturer la batterie côtière de Tourlaville, obtenant au début de l'après midi que la garnison ennemie de 400 hommes se rende, en abandonnant, entre autres, trois canons de marine de 9 inches. Les deux autres bataillons ont patrouillé sur la côte. En bloquant les approches à l'Est de Cherbourg, le régiment et la division avaient accompli leur mission, ce qui a amené le Général Collins à étendre les frontières de leur zone de combat originale à l'est de Cherbourg, où ont pénétré deux bataillons tandis que le 1er bataillon cherchait à réduire pendant toute la nuit du 25 juin le fort des Flamands dont la garnison de 350 hommes s'est rendue quand il ont vu arriver des chars au petit matin du 26 juin.

A l'Ouest de la ville, le 47ème R.I. de la 9ème Division a combattu dans les banlieues le 25 juin. Après avoir descendu la colline vers Octeville avec le 39ème R.I., le 47ème s'était vers le nord au soir du 24 juin pour attaquer Equeurdreville et avait poussé un bataillon à moins de 500 yards du fort allemand. Le fort était seulement comme poste d'observation pour la batterie côtière et n'était pas bien défendu au sud. Le matin du 25 juin le fort a été pilonné et une compagnie du 2d bataillon a attaqué derrière un barrage de mortier. En quinze minutes, la garnison allemande s'est rendue.

Deux compagnies alors ont poussé rapidement dans Equeurdreville. En même temps, le 3ème bataillon a réduit la Redoute des Fourches avec l'appui de l'artillerie lourde. La droite des défenses ennemies s'était effondrée aussi complètement que sa gauche le jour précédent, bien qu'un noeud de résistance dans Octeville ait tenu tête au 39ème R.I. La 9ème Division a fait plus de 1.000 prisonniers ce jour-là. Il s'y ajoutait 2.000 blessés signalés par radio par Von Schlieᵦen qui, demandait à nouveau des instructions. Il faut ajouter que les tirs de soutien de la marine de guerre, guidés par des avions d'observations, avaient été moins efficaces que la veille les croiseurs ayant du notamment ouvrir des tirs de contre-batterie contre les canons du Cap de la Hague.

Le fort du Roule
Illustration extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK",
by Gordon A. Harrison cf note 10.
Rommel ayant répondu par radio : « Vous continuez à combattre jusqu'à la dernière cartouche selon l'ordre du Führer», la 79ème Division devait donc combattre la garnison du Fort du Roule au sud de Cherbourg, son principal objectif. Ce formidable bastion de Cherbourg était construit en face d'un promontoire rocheux dominant la ville et il hébergeait en ses niveaux inférieurs des canons côtiers contrôlant tout le secteur du port, et en ses niveaux supérieurs des nids de mortiers et de mitrailleuses encasematés dans des blockhaus, avec au sud-est un fossé anti-char.

Le Fort du Roule a été attaqué au matin du 25 juin par les 2ème et 3ème bataillons du 314ème R.I., après un bombardement par un escadron de P-47 qui n'a causé aucun dommage appréciable. Tandis que les canons du 311ème bataillon d'artillerie de campagne pilonnaient le fort, le 3ème bataillon, en attaquant à l'extérieur, a été arrêté par un fossé à 700 yards du fort, salué par une grêle de tirs d'armes de petit calibre depuis un fossé creusé dans la pente.

Manquant d'artillerie, les assaillants ont mis en batterie toutes leurs mitrailleuses jusqu'à ce que les défenseurs se retirent dans le fort. Puis l'attaque du 2ème bataillon a repris sous la couverture du 3ème bataillon et sous le feu des mitrailleuses allemandes et de tirs de batterie venant d'Octeville. John D. Kelly, rampant pour monter à trois reprises vers une position fortifiée de mitrailleuses a finalement réduit cette position à la grenade. Il est mort de ses blessures. Pour sa part, le 1er Lt. Carlos C. Ogden, qui venait de prendre le commandement de la compagnie K du 3ème bataillon a réduit à lui seul avec un fusil lance-grenade un canon de 88mm et avec des grenades à main des mitrailleuses. (les deux hommes ont reçu la "Medal of Honor") Après ces faits d'armes, les soldats américains ont été galvanisés et la garnison allemande de la partie supérieure du fort s'est rendue vers minuit.

Les combats du 26 juin 1944

Le fort du Roule n'a finalement pu être que complètement réduit le 26 juin qu'après la démolition de ses niveaux supérieurs et par une équipe de démolition escaladant le versant ouest de la falaise sous les ordres du sergent Paul A. Hurst. C'est alors seulement que les 313ème et 314ème R.I. ont dégagé la ville dans leurs zones respectives.

La tentative du 47ème R.I. de dégager la section du nord-ouest de la ville était limitée par une défense entêtée des Allemands de l'Arsenal, aux murs épais dont les parapets étaient truffés d'emplacements antichars, antiaériens, et de mitrailleuses. L'appui de l'artillerie était rendu difficile par le mauvais temps, la fumée et la poussière émanant de la démolition du port par l'ennemi. L'assaut de l'arsenal a donc été remis au matin du 27 juin par une attaque minutieusement préparée par trois bataillons. Entretemps, grâce probablement à l'action psychologique de l'armée américaine, le Generalmajor Robert Sattler, commandant adjoint de la forteresse de Cherbourg, s'est rendu avec 400 hommes au Colonel Smythe, commandant le 47ème R.I.

Le 26 juin, le 39ème R.I. progressant dans Octeville a appris d'un prisonnier que le général Von Schlieβen était dans un abri souterrain à Saint-Sauveur à la périphérie sud de Cherbourg. Le combat à proximité de son poste de commandement avait eu lieu le 25 juin et Von Schlieᵦen l'avait dirigé jusqu'à ce qu'il ait du rentrer sous terre à cause des tirs d'artillerie américains. Il était resté là pendant environ vingt-quatre heures, veillant à la destruction des documents et codes allemands.

Deux compagnies du 39ème R.I. ont donc traversé les tirs d'artillerie et des Nebelwerfer d'Octeville pour prendre possession des trois entrées des tunnels du benker de Saint-Sauveur. Et un prisonnier allemand y a été envoyé pour porter une offre de reddition qui a été refusée. Deux chasseurs de chars ont donc été amenés à deux des trois entrées, tandis que le génie commençait à miner le bastion. Après quelques démonstrations de force, quelque 800 soldats allemands se sont rendus parmi lesquels l'amiral Hennecke, commandant naval pour la Normandie et le Général Von Schlieβen qui a refusé de signer la reddition générale de Cherbourg.



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Notes sur les Sources:
  1. Page web sans titre décrivant divers actes de résistance dans la Manche et dans le canton de Beaucoudray entre juin 1940 et la fin juillet 1944
  2. La Résistance dans la Manche
  3. Suplément de "The London Gazette" of tuesday 19th october 1948 (p. 5.589). (Rapport au "War Office"de l'Air Chief Marshal Sir Rodderic Hill).
  4. "Crusade in Europe", par Dwight D. Eisenhower, chapitre 14 (pp. 238 à 239) dans l'Edition "Doubleday & Company inc" à New-York. [Cliquer sur le lien pour lire le texte original]
  5. reportages sur les sites Hénouville et d’Ardouval par des élèves de cm2
  6. Cherbourg-Brécourt.
  7. la Flague sur la commune de la Glacerie.
  8. "Les opérations en Europe", rapport du Général Dwight D. Eisenhower, Commandant en chef des Etat-major alliés, Editions Berger-Levrault, 1947 (p. 34)
  9. "La guerre secrète" ou "The rempart of Lies" d'Anthony Cave Brown, tome II (Le jour "J" et la fin du IIIème Reich) Chapitre VIII de l'Edition du Pygmalion (Paris).
  10. "CROSS-CHANNEL ATTACK" by Gordon A. Harrison, CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.
  11. Site spécialisé sur le 6 juin 1944.
  12. Témoignages
  13. Voici les significations des abréviations des bateaux construits et utilisés le 6 juin 1944 pour le débarquement:
    a) L.C.T: Landing Craft Tanks, conçu pour deux ou trois chars capables de tirer à bord à ne pas confondre avec le L.S.T. porteur de chars dont l'étrave s'ouvre pour débarquer directement les chars sur les plages.
    b) L.C.I. Landing Craft Infantry, conçus pour débarquer en général une section complète d'infanterie,
    c) L.C.A. Landing Craft Artillery, conçus pour que les canons puissent tirer avant d'être débarqués,
    d) L.C.Rokets: Landing Craft lance-Rockets ou lance-fusées.
    e) L.S.I.: Landing Ship Infantry,
    f) L.S.T.: Landing Ship Tank,
    g) L.S.F.: Landing Ship Flak (le terme désignant l'artillerie antiaérienne allemande Flak était passée dans le langage militaire courant),
    h) L.S.H.: Landing Ship Headquarters,
    i) L.S.G.: Landing Ships Guns, ces bateaux quillés étaient dotés d'une batterie d'artillerie fixe sur une seule bordée tirant vers la plage pour soutenir l'assaut des soldats,
    f) L.S.V.P.: Landing Ship Vehicules and Personal,




dernière mise à jour le 28 avril 2015.