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Comme les hommes, les peuples qui oublient leur histoire cessent d'exister!


Plan des pages consacrées au département de la Manche

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Les mouvements
de résistance,
La Mission
Helmsman,
La préparation du
débarquement dans la Manche,
L'entraînement des
troupes d'assaut
de la Force U,
Les bombardements de
l'artillerie lourde
côtière,
L'entrée en lice
de la 101ème Airborne
en Cotentin
l'épopée de la 82ème Airborne,
Sainte-Mère-l'Eglise, première commune libérée...
La longue marche des 507ème et 508ème R.I.P.
L'assaut d'Utah beach,
La bataille de Sainte-Mère-Eglise
La conquête d'Isigny,
La libération de Carentan
La consolidation de la tête de pont d'Utah beach,
La neutralisation des batteries côtières,
L'isolement du Nord Cotentin,
L'isolement de Cherbourg,
La capture et la libération de Cherbourg
L'enfer sanglant de la bataille des haies,
La tête de pont entre la Taute et la Vire,
L'attaque vers Périers,
La contre-attaque allemande.
La Bataille de Saint-Lô,
La colline de Martinville,
La colline 122,
La légende du Major Thomas D. Howie,
La préparation de l'opération Cobra>
L'attaque ratée du hameau de La Varde,
La défaite de Saint-Germain-sur-Sève,
L'opération Cobra,
Les bombardements
aériens de Cobra,
Cobra et l'infanterie américaine,
La libération d'Hébécrevon,
La diversion sur
le flanc gauche,
La percée des
blindés américains
L'élargissement
de la brèche de Cobra,

Le piège se referme,
La poche de Roncey,
L'oeuf d'oie
de Bradley,

L'attaque alliée à
l'Est de la Vire,

4 jours de combat,
du XIXème Corps,

La bataille de
Moyon-Troisgots,

Ruée sur Avranches
La Directive n° 1
du Gl Bradley,
La capture de Brécey,
et celle de Coutances,
Objectif Avranches,
Les points de passage
vers la Bretagne,
sous contrôle,
Les batailles de Mortain,
La capture de Mortain,
La 1ère bataille de Mortain
La 1ère bataille de Mortain (suite),
La conception de l'encerclement
des forces allemandes,
Le dilemme allemand,
La fin piteuse de
la bataille de Mortain
La 3ème Armée US
dans la Manche

Résistance, Maquis et Libération du département de la Manche(suite de la page 6)

Au soir du 26 juillet 1944, le général Collins disposait encore d'une unité blindée inemployée, à savoir le CCA de la 3ème Division blindée (avec un bataillon du 26ème R.I. de la 1ère D.I.).

L'élargissement de la brèche américaine en Cotentin (27-28 juillet 1944)(1)

Or, deux solides verrous Allemands sont apparus au Montpinchon et à Cerisy-la-Salle qui avaient notamment pour objet de protéger la retraite des troupes allemandes vers Coutances. C'est à l'élimination de ces verrous que va être utilisé le C.C.A. de la 3ème Division blindée commandée par le général Hickey (N.D.R. par exception aux autres divisions blindées, la 3ème D.B. ne comportaient que deux groupes de combat, plus lourds et nombreux que dans les nouvelles divisions américaines de ce type. La 3ème D.B. avait en effet été jetée dans la bataille sans avoir pu adopter les nouvelles structures en vigueur dans l'armée américaine). Pour compléter son attaque en profondeur, et renforcer le piège tendu au sud de Coutances, le général Collins avait demandé au Général Watson de détruire tous les ponts au-dessus de la Sienne qui n’avaient pas été précédemment touchés par les bombardements aériens. Mais le trafic des routes entre es mains des américains étaient quelques peu embouteillés et ralenti par les trous de bombes grevant le réseau routier...

La percée 25-27 juillet 1944(1)
(cliquer deux fois sur la carte)
Carte extraite de "BREAKOUT AND PURSUIT", rapport de Martin Blumenson, CENTER OF MILITARY
HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.cf note 13.
Pendant que le général White, à la tête du CCB de la 2ème division blindée se dirigeait «sur Cérences et Bréhal», sur l'ordre du général Brooks afin de couper la route du sud aux troupes allemandes qui commençaient à reconnaître chacun des barreaux de la cage que Patton était en train de leur construire, le général Hickey, à la tête du CCA de la 3ème D.B., pour atteindre ses objectifs plus rapidement, avait divisé ses forces en trois "Task Forces", dont la principale avait rencontré un point d’appui bien organisé à Marigny le 27 juillet vers midi. Elle y a perdu quatre de ses tanks moyens. Tandis que la tête de la colonne cherchait à se désengager, le reste des blindés bloquait les routes sur presque dix miles... Après contournement de ce point éliminé dans la journée par le 12ème R.I. (du 4ème D.I.), les unités de tête du CCA se sont heurtées à plusieurs chars allemands et à des canons antichars et se sont déployés le long d'un remblai de chemin de fer dans la région de Carantilly Canisy, en déclenchant un combat intense, tandis que le gros de la colonne blindée patientait sur plusieurs kilomètres le long de la route... Bref, au soir du 27 juillet, le CCA était encore à plus de trois miles de Cerisy-la-Salle.

Il apparaissait en fait que le CCA était au sein même du gros des troupes allemandes en retraite et qu'il pouvait être sérieusement attaqué sur ses flancs. Alors que la deuxième Task Force dans la colonne du CCA devait continuer vers Cerisy-La-Salle et capturer la hauteur. La dernière Task Force de la colonne devait assurer l’essentiel de l'effort, en se tournant largement vers l'ouest depuis Carantilly, et se précipiter directement sur Coutances. La solution préconisée par le Général Hickey, que le Général Watson a approuvée, était de lancer immédiatement vers l'ouest en direction de Coutances en se déplaçant sur un large front. Le gros de la Task Force devait obliquer vers l'ouest à la sortie de Canisy, contourner Cerisy-La-Salle par le nord, et progresser vers Montpinchon.

Ce plan a été fortement contrarié et pas seulement par les embouteillages routiers. La task force principale est tombée sur une poche principale allemande à l'ouest de Carantilly, ce qui lui a pris la journée pour la réduire, tandis que les deux autres Task Forces progressant vers Cerisy-La-Salle et le Montpinchon ont du affronter les troupes de la 17ème SS de Panzer grenadier Division qui contrôlaient le terrain avec ténacité et de bonnes positions sur les pentes striées de rangées de haies des deux collines, même sous le mitraillage des chasseurs- bombardiers.

La résistance allemande à Cerisy-la-Salle et au Montpinchon s'est affaiblie seulement à la nuit tombée alors que les ennemis se retiraient. Le lendemain, les deux Task Forces du CCA ont contrôlé les deux hauteurs de Cerisy-la Salle et du Montpinchon. Les deux Task Forces ont poursuivi leur progression vers la route nord-sud de Coutances-Gavray, en rencontrant peu de difficultés.

Le VIIIème Corps, qui venait de traverser la route de Lessay–Périers et progressait sur un large front en direction Coutances (il était à mi-chemin de Coutances au niveau de la route latérale de Geffosses par St-Sauveur-de-Lendelin) devait coller fixer aux Allemands pour empêcher leur désengagement et leur retraite avant l'achèvement de leur encerclement par le VIIème Corps, lequel pour sa part, devait bloquer toutes les routes permettant aux Allemands de s'échapper au sud de Coutances. Avec quatre divisions d'infanterie expérimentées, une division blindée récemment arrivée, un groupe de deux escadrons de cavalerie, neuf bataillons d'artillerie du Corps (cinq lourds et quatre moyens) et une quantité suffisante de munitions et d’approvisionnements pour une opération importante, le Général Middleton avait prévu d’attaquer avec ses quatre divisions d'infanterie de front

Mais, c'était plus facile à dire qu'à faire. Les troupes du VIIIème Corps faisant face vers la route de Lessay-Périers-Saint-Lô – tenaient un front de forme irrégulière d'un à cinq miles au nord de la route. La ligne suivait les rives nord de l'estuaire de l'Ay, puis celles de l'Ay et de la Sèves et coupait à travers le corridor de Carentan-Périers. (Voir la carte V). Sur la côte, le 106ème Groupe de cavalerie regardait vers l'estuaire de l'Ay. La 79ème Division faisait face à la ville de Lessay et à l'Ay, qui serpente à travers une plaine inondable et marécageuse offrant un superbe champ de tir à l'ennemi. Les Allemands avaient détruit le seul pont traversant l'Ay, et celui de Lessay, et avaient miné le seul bon gué. Entre l'Ay et la Sèves, la 8ème Division tenait un front étroit où les rangées de haies constituaient des obstacles défensifs naturels en profondeur.

Le long de la Sèves, la 90ème Division regardait à travers une plaine inondable vers l'île de Saint-Germain, toujours tenue par les forces allemandes qui avaient mis en déroute la division une semaine plus tôt. La 4ème Division blindée occupait la partie occidentale de l'isthme de Carentan-Périers, et la 83ème Division tenait la zone orientale. Deux bonnes routes au sud, l’une partant de Lessay, l'autre de Périers- convergeaient vers Coutances. La zone entre ces routes tenue par la 8ème Division, entre l'Ay et la Sève, était hérissée de rangées de haie. C’est là que le Général Middleton avait choisi de fournir le gros de son effort en confiant à la 8ème Division de réaliser une pénétration vers le sud.

Après une préparation très fournie d'artillerie d'une heure, deux régiments de la 8ème Division du Général Stroh, attaquant de front, ont a rencontré immédiatement des tirs denses d’armes de petit calibre et de mortiers. La zone de progression était truffée de champs de mines antichars et anti-personnels, et les tanks allemands ont contre-attaqué. C'est alors que le 28ème R.I., du côté droit (ouest) a ripé sur le côté en débordant la ligne de combat ennemi. Ses chars et chasseurs de chars d'accompagnement ont été à même prendre en enfilade les rangées de haies et leurs fossés, tandis que l'infanterie réglait le sort des blindés, qui avaient réussi à échapper aux tirs meurtriers latéraux à coups de grenades anti-chars à fusil et de bazookas. Au soir, le 28ème R.I. avait avancé de plus d'un mile, et occupait la hauteur boisée juste au Nord de la route Lessay-Periers.

L'autre régiment d'assaut, le 121ème R.I., du côté gauche (est), a attaqué le long de l'axe de la route principale vers Périers. Si les troupes dégageaient la route d’un mile, les tanks pourraient utiliser un petit pont au-dessus de la Sèves. Un peloton de chars U.S., appelé à l’avant pour combattre les tanks allemands, a perdu un Sherman sur une mine et deux autres dans la boue d'un marais. Le régiment a du refluer avec ses blessés après que deux postes de commandement de bataillon ait reçu deux obus directs. Du côté droit, un bataillon du 359ème R.I. a traversé la Sèves dans un assaut rapide traversant la terre nue et marécageuse, pour déboucher dans un fossé allemand creusé le long de la frange de bois. L'élan de l'assaut a amené le bataillon à cent yards au delà du fossé par un cheminement souterrain. Il a été arrêté par un tir de barrage de mortiers et d'armes individuelles interdisant l'escalade du remblai. Le bataillon d'assaut s'en est sorti grâce à son bazooka, qui en éliminant un char, a dissuadé les autres de tenter de les enterrer vivants dans leur fossé.

La capture de Lessay et Périers

Soldats de l'Infanterie
américaine déminant Lessay
La sécurisation d'un site ne se limite pas à
l'élimination des postes ennemis,
elle inclut le déminage de la zone.
Photo extraite de "BREAKOUT AND PURSUIT",
par Martin Blumenson,
pour le "CENTER OF MILITARY HISTORY
UNITED STATES ARMY
(service historique du Pentagone)(cf. 13)
Partout, les tentatives d'assaut étaient neutralisées par les Allemands. En réalité, Middleton faisait face au gros des troupes allemandes qui tentaient d'échapper au piège américain avec toute l'énergie du désespoir. Malgré 1.150 blessés pour seulement 100 prisonniers allemands, le général commandant du VIIIème Corps était satisfait. Il a ordonné à toutes les unités de patrouiller vigoureusement. Si une tentative de retraite était découverte dans n'importe quel secteur, l'unité dans ce secteur devait dès le début du jour (le 27 juillet) s'engager dans une poursuite rapprochée. Le lendemain matin, les Allemands avaient quitté leurs positions qu'ils avaient truffées de mines. La 8ème Division a avancé de plus d'un mile au delà de la route de Lessay-Périers. Deux bataillons de la 79ème Division ont traversé l'Ay en simple file, chaque homme faisant un pas soigneusement dans les pas du soldat le précédant pour éviter des mines, ne rencontrant que des tirs de harcèlement, et ont pris et sécurisé Lessay. Le génie de la Division a jeté un pont au niveau du gué, et vers la fin du jour chacun des trois régiments était au sud de l’Ay et à la hauteur de la 8ème Division.

En soirée, le 106ème Groupe de cavalerie a traversé l'estuaire de l'Ay à marée basse afin de protéger le flanc droit de la division depuis la côte. L'ennemi s’était désengagé. Les Allemands avaient également déserté la zone de la 90ème Division, la troupe de reconnaissance de la division est partie en avant du 359ème R.I. a trouvé un pont traversant la Sèves sur la route principale vers Périers détruit et des champs de mines répandues à profusion sur les routes qu'il fallait démonter pour avancer. Au milieu de l'après-midi, l'unité de reconnaissance avait pénétré dans la ville démolie et abandonnée de Périers. A un mile au sud de Périers, sur la route vers Saint-Sauveur-Lendelin, les soldats de la cavalerie ont rencontré un barrage routier défendu par de l'infanterie et des tanks. A la nuit tombée , des soldats du 359ème R.I a neutralisé quatre tanks allemands.

Le piège se referme

La mission du général White primitivement donnée à la 1ère Division motorisée U.S. commençait à devenir primordiale. Pour gagner du temps, le général a divisé le CCB en deux colonnes, mais l'absence des routes parallèles l'a obligé à avancer alternativement en colonnes, précédées par le 82ème bataillon de reconnaissance lui même accompagné par une batterie motorisée du 78ème bataillon blindé d'artillerie de campagne. A deux miles au sud-ouest de Canisy, à Quibou, les troupes de reconnaissance ont détruit un barrage routier ennemi, qui annonçait un îlot de résistance plus important, qui fut également réduit avec l'appui d'un groupe de chasseurs-bombardiers. La défense allemande s'est alors vite désagrégée.

Prenant de la vitesse, le bataillon de reconnaissance motorisé a traversé Dangy, sans savoir qu'au même moment Bayerlein, commandant de la Panzer Lehr (qui n'existait plus), tenait une réunion d’officiers dans une maison, puis un village vers Pont-Brocard où se trouvait un pont traversant la Soulle, qu'il a capturé, puis enfin, s'est saisi de Pont-Brocard avant de prendre la contrôle, vers deux heures du matin le 27 juillet de Notre-Dame-de-Cenilly. Le général White et le général Bayerlein, ont donc vérifié quasiment au même moment qu'il n'y avait plus rien entre les troupes LXXXIVème Corps et celles du IIème Corps de parachutistes pour arrêter les forces américaines. Les restes de la Panzer Lehr et la 275ème Division conduits par un général Bayerlein déconfit, à la tête de troupes diverses et disparates du secteur, se sont retirés vers Pont-Brocard puis Hambye.

Conformément aux nouveaux ordres qu'il avait reçus, le général White, pour mener à bien sa mission d’encerclement, a capturé les points critiques de contrôle du trafic qui s’étendent au sud-ouest de Notre-Dame-de-Cenilly et également les ponts traversant la Sienne, qui reliait sa zone d’opérations au sud et à l'ouest. Le 28 juillet, tous les ponts sur la Sienne étaient sous le contrôle du général White (à commencer par les trois ponts au nord de Cérences, excepté le pont de Gavray. Comme il n'était pas certain de l'étanchéité de son piège ni du nombre d'Allemands pris dans la nasse, White a également occupé toutes les intersections routières et carrefours conduisant vers le sud ou le sud-ouest.

C'est à partir d'un carrefour au sud de Lengronne que les Allemands ont décidé de tenter de forcer le passage vers le sud en formant un front. Sur la droite de la 17ème SS Panzer Division grenadier, qui avait déjà organisé des positions défensives à Montpinchon et à Cerisy-La-Salle, le régiment commandé par la 5ème Division de parachutistes devait s’ancrer sur le flanc (du sud) droit de la ligne nord-sud établie par Choltitz pour masquer la retraite sur la côte ouest du Cotentin. A sa place, un bataillon de chars Panthers de la 2ème SS Panzer Division sous le commandement des officiers de la Panzer Lehr, des petites unités rescapées de la 275ème Division, et des retardataires divers tentaient de reformer un front à Pont-Brocard. De bonne heure, le 28 juillet, les troupes allemandes commençaient à déborder les positions américaines au sud de Pont-Brocard, mais seulement jusqu'à l'arrivée de la réserve de la Division américaine conduite par le colonel Sidney R. Hindsqui, qui a rapidement reconstitué le contrôle américain dans la région de Pont-Brocard-Notre-Dame-de-Cenilly. Finalement, les Allemands étaient bel et bien piégés dans les secteurs de Montpinchon et de Roncey, et ce, jusqu'à Coutances dans la confusion la plus totale.

En fin d'après-midi, le 28 juillet, les communications entre le LXXXIVème Corps et la 2d SS Panzer Division ont cessé, et le Colonel Friedrich von Criegern, chef d’état-major, est allé sur le front où il a trouvé que le Lt Colonel Otto Baum, commandant de la 17ème SS Panzer Grenadier, qui assumait également le commandement de la 2ème SS Panzer Division depuis la mort de Tychsen. Baum et Criegern sont convenus qu'un retrait immédiat aux sud était indispensable et qu'il fallait lancer une attaque forte au sud afin d’atteindre la zone au-dessous de la route de Bréhal-Hambye. Or, Friedrich von Criegern, qui avait informé von Choltitzt a finalement reçu l'ordre de percer le front américains dans la région de Percy, afin de rejoindre les troupes que Von Kluge réunissait à l'est de la Vire pour une contre-attaque à l'ouest. Mais seulement à ce moment, c'est à dire trop tard que von Klug, alerté par von Choltitz, a compris que Hausser ayant dénudé de troupes toute la côte Ouest du Cotentin, tout le front normand risquait de s'écrouler. Il était trop tard pour faire marche arrière: il était devenu impossible au commandement allemand de communiquer avec le LXXXIVème Corps... Et les positions allemandes de Notre-Dame-de-Cenilly, maintenant démontées ne permettaient plus de lancer une attaque au sud-est vers Percy.

A l'aube du 29 juillet, une trentaine de tanks et véhicules ennemis, conduits par un canon automoteur de 88 mm ont approché d’un carrefour à environ trois milles au sud-ouest de Notre-Dame-de-Cenilly, défendu par une compagnie d'infanterie blindée et une compagnie de chars américains. Le canon automoteur de tête a débordé la ligne défensive américaine et était sur le point de réaliser une percée quand son conducteur et son canonnier ont été tués par balles, en obstruant définitivement la route. Les fantassins allemands et américains se sont battus jusqu'à la retraite de allemands laissant 17 morts et 150 blessés sur la terrain, les Américains n'ayant perdu que 50 blessés, un char et un half-track.

Au même moment et à quelques miles de là, une quinzaine de chars allemands accompagnés de plusieurs centaines de fantassins ont assailli un avant poste d'une compagnie de la 4ème division dont le commandant a été tué et qui s'est retiré sur la position du 78ème bataillon blindé d'artillerie de campagne et du 72ème bataillon de chasseurs de chars, bientôt renforcés par l'infanterie blindée portée voisine. les Allemands y ont laissé 7 chars Panther Mark IV et 125 morts. Ces attaques ont conduit le général White à pousser sa ligne défensive jusqu’à Lengronne au matin du 29 juillet, à rétablir les barrages routiers aux intersections routières et à renforcer les avant-postes aux ponts de la Sienne et le Le général Brooks à déplacer la réserve de sa Division à Saint-Denis-le-Gas.

La réduction de la poche allemande de Roncey.

Epaves de chars et canons automoteurs allemands détruits dans Roncey.
Photo extraite de "BREAKOUT AND PURSUIT",
par Martin Blumenson,
pour le "CENTER OF MILITARY HISTORY
UNITED STATES ARMY
(service historique du Pentagone)(cf. 13)
C'est dans l'après-midi du 29 juillet que l'aviation tactique américaine a découvert l'étendue de la poche allemande de Roncey, en voyant des véhicules allemands dont plus d'une centaine de chars bloqués sur trois rangs autour de Roncey. Plus de 100 chars et 225 véhicules de toutes sortes seront retrouvés à l'état d'épave après leur passage. Dans la nuit du 29 au 30 juillet 1944, ont eu lieu de nombreuses escarmouches alors que les Allemands tentaient désespérément d'infiltrer les lignes américaines pour s'échapper. La plus importante a concerné une centaine de véhicules blindés et un millier d'hommes attaquant un poste américain à Saint-Denis-le-Gast, qu'un char allemand a complètement désorganisé en démolissant tous les véhicules du poste de commandement, ce qui a fait reculer les fantassins américains sur leurs positions de repli. Mais après avoir forcé le passage, les soldats allemands se sont désolidarisés en prenant la direction du sud alors que les fantassins américains s'étaient réorganisés. Ces derniers, qui avaient perdu une douzaine de véhicules de commandement et presque une centaine d'hommes, ont attaqué leurs assaillants, se sont battus comme des diables et ont repris l'intersection qu'ils gardaient auparavant, non sans avoir détruit 25 véhicules allemands dont 7 chars, tué 130 allemands, en avoir blessé 124, et fait quelques 500 prisonniers.

Le reste de la colonne allemande, qui avait pu s'échapper, a fini par tomber sur un bivouac d'artillerie, ou le moteur d'un chasseur de char équipé d'un obusier de trois pouces était en train d'être ausculté. Au petit matin les américains qui avaient perdu 5 tués et 6 blessés ont rapporté 11 véhicules allemands détruits, 60 morts et plus de 200 prisonniers. On peut également citer l'assaut par 2.500 Allemands le 29 juillet après minuit d'un avant-poste sur la route Coutances-Gavray près de Cambry. Un sergent américain du 41ème R.I.B. sautant sur la mitrailleuse de tourelle d'un char a à lui seul mis en déroute l'attaque soutenue, là encore par un bataillon d'artillerie blindée voisin. Au bilan, 450 allemands tués, un millier faits prisonnier et une centaine de véhicules détruits, contre 50 américains tués et 60 blessés.

Au soir du 30 juillet 1944, qui mettait un point final à l'exploitation par les blindés de la percée de Cobra, l'ampleur de la débâcle allemande apparaissait: des centaines de véhicules militaires ou non de toute sorte, y compris des chariots, des chevaux morts jonchaient le secteur de Roncey. A elle seule, la 2ème Division blindée avait tué 1.500 ennemis et en avait capturés environ 4.000, tout en perdant un peu moins de 100 morts et quelque 300 blessés. Toutefois, des fragments, parfois importants, en particulier, un bataillon de tanks Mark IV de la 2ème SS Panzer Division, des contingents de la 17ème SS Panzer Grenadiers division et le 6ème Régiment de parachutistes, commandé par le Major von der Heydte, étaient parvenus à s'échapper. Mais c'est également dans la nuit du 30 juillet que la batterie navale de Granville a détruit ses canons et s'est reliée sur Avranches.

L'"oeuf d'oie" de Bradley

Il reste encore à déterminer ce qui se passait à compter du matin du 28 juillet sur l'aile gauche de la vaste opération lancée par Bradley. À l'est de la Vire, où se tenait uniquement le Vème Corps, l'offensive du Général Gerow avait été inévitablement rattachée aux attques britanniques sur son flanc gauche. En revanche, le général Corlett, commandant du XIXème Corps devait sur l'ordre du général Bradley passer à l'ouest de la Vire pour s'occuper d'une zone que Bradley avait dessiné sur sa carte d'état-major, qu'il appelait son "Goose egg" parce qu'elle avait la forme d'un gros oeuf. Cet «oeuf d’oie» était à environ vingt miles au sud du Mesnil-Herman et comprenait la Forêt de Saint-Sever et la ville de Vire. Si le XIXème Corps pouvait occuper cette zone, alors il interdirait aux Allemands d'occuper les hautes collines (que l'on appelle volontiers en Normandes la petite Suisse normande) et d'établir une ligne défensive allant d'Avranches à Falaise en passant par Vire. Vire, un centre routier important, à plus ou moins de vingt miles de la base du Cotentin, fournirait à la première armée U.S. un excellent pivot pour le mouvement tournant projeté un mois plus tôt vers l'est qui permettrait à d'autres forces américaines, en l'occurrence la 3ème Armée de Patton d'entrer en Bretagne.

Dans ce but, Bradley avait officieusement nommé Patton, en tant que deuxième Commandement adjoint comme son délégué auprès du VIIIème Corps, à l'Ouest du Cotentin, tandis que le lieutenant général Hodges, son chef d'état-major de la 1ère Armée, s'occupait des trois autres Corps américains plus à l'Est. Et pour opérer cette réorganisation, Eisenhower avait donné carte blanche à Bradley au moment du lancement de COBRA. Mais à ce moment précis, l'oeuf de Bradley - et ce avant l'opération BLUECOAT déclenchée sur l'ordre du Maréchal Montgomery, le 30 juillet 1944, à partir de Caumont l'Eventé - devait être éliminé pour interdire aux Allemands de conserver le moindre territoire entre Avranches et Vire.

L'attaque alliée à l'Est de la Vire

Cette attaque s'est pratiquement déroulée dans le département du Calvados, où opérait le général Gerow à la tête des 2ème, 5ème et 35ème divisions américaines du Vème Corps d'armée U.S. sauf en ce qui concerne la région de Tessy-sur-Vire Pour la bonne compréhension des manœuvres de la 1ère Armée américaine dans le département de la Manche, elle est ci-après résumée brièvement. La retraite du IIème Corps de parachutistes avait permis au Vème Corps d'atteindre, le 29 juillet à midi, une ligne de front allant de Condé sur Vire à Caumont tenu maintenant par les Anglais. Mais à partir de l'après-midi, les américains ont retrouvé des points de résistance et des combats de rangées de haies qu'ils avaient déjà affrontés dans le Cotentin... Apprenant que les Anglais attaquaient à leur tour le lendemain, Gerow a donné l'ordre à ses troupes d'occuper implacablement le terrain jusqu'à la Vire, qui forme la limite ouest du département du Calvados.

Néanmoins, le général Gerow avait décidé d'être prudent étant donné la nature de la zone de progression très favorable aux allemands et truffé de rangées de haies. Finalement, bien que von Kluge ait autorisé la retraite du IIème Corps de parachutistes, une ligne de front s'est constituée sur Torigni, que la 35ème Division a tenté de prendre le 30 juillet subissant près de 1.000 blessés alors que les deux autres divisions (2ème et 5ème) occupaient les hauteurs à l'Est de Torigni. Au matin du 31 juillet, les Allemands avaient quitté le bourg...Le rythme de progression du Vème Corps s’est ralenti pendant l'après-midi du 31 juillet. S'approchant de la ligne formée par la Soulœuvre-et la Vire, le Corps a rencontré des poches de résistance et des forces retardatrices avec de plus en plus fréquemment à l'approche de la barrière naturelle Vire-Soulœuvre, que le général Bradley a conseillé de franchir rapidement en fin de journée.

Or au même moment, le général Dempsey à l'initiative du Maréchal Montgomery avait lancé le 30 juillet 1944, l'opération "Bluecoat", engageant huit Corps d'armée après un bombardement par 700 bombardiers lourds et 500 bombardiers moyens qui n'avaient devant eux que la 326ème Division d'infanterie allemande inexpérimentée. A la fin de la journée, la 11ème Division blindée britannique avait atteint le niveau de l'aile gauche du Vème Corps américain à Torigny-sur-Vire...Le lendemain la 11ème blindée britannique a occupé La Forêt l'évêque que les Allemands avaient oublié de défendre, et avait occupé dès le lendemain la rive sud de la Soulœuvre ainsi que la hauteur immédiatement à l'est de la Vire.

Or, au tout début de la matinée du 1er août, un régiment de la 5ème Division U.S. avait atteint la rive au nord de la Soulœuvre . Là, il est resté tout au long de la journée, sans contact une grande partie du temps avec les autres unités de division. Ensuite cependant, après avoir avancé de plus de sept miles en six jours, l’unité avait atteint la fin de ce qui, plus tôt, était censé être une poursuite illimitée. Le 1er août, pendant que les 35ème et 2ème Divisions combattaient près du Tessy-sur-Vire (dans la Manche) pour atteindre la ligne la Soulœuvre-Vire. En fait, dans leur progression vers Vire, les unités US et britanniques se sont notablement entremêlées et gênées au point qu'une redistribution des zones a du être opérée aux dépens du Vème Corps. Il faut également ajouter, qu'une redistribution du Commandement américain, au moment de la percée d'Avranches a pu jouer un rôle négatif dans l'exécution des ordres en attisant une vive émulation entre les Américains et les Britanniques alors que l'entremêlement des chars anglais avec l'infanterie américaine avait semé une certaine confusion et contrecarré une exploitation rapide de la situation au bénéfice des alliés.

Quatre jours de combat du XIXème Corps

Le 27 juillet 1944, l'Etat-Major américain et le Commandement du XIXème Corps d'Armée auraient pu croire qu'ils n'avaient plus d'Allemands constitués en corps de bataille devant eux. Sur le terrain cela apparaissait comme certain. Mais le lendemain, cette hypothèse était devenue fausse. En effet, von Kluge disposait de réserves pour avoir fait relever du front Normand la 2ème Panzer Division de la Wehrmacht par 326ème Division d'infanterie (venue du Pas-de-Calais). Il avait obtenu de l'O.K.W le détachement de cette grande division pour l'affecter dans la Manche afin de boucher le trou béant entre le LXXXIVème Corps et le IIème Corps de parachutistes.

Comme la situation était trop changeante dans le mauvais sens du terme pour les armes allemandes, et que le QG du LVIIIème Panzer Corps se déplaçait de la 15ème Armée vers la zone du Panzer group West, von Kluge, pressé par le temps a décidé d'y affecter le XLVIIème Panzer Corps plus proche du Cotentin qui serait remplacé par le LVIIIème Panzer Corps. Quand il a réalisé le 28 juillet que trois divisions allemandes (y compris la Panzer Lehr) avaient disparu, il a décidé de renforcer la 2ème Panzer division par la 116ème, venant elle aussi du Pas-de-Calais qui avait été versée dans la réserve d'OB West.

Ensemble, les 2d et 116th Divisions de Panzer, sous le commandement du XLVII Panzer corps, devaient attaquer au nord de Percy pour combler l'espace entre Notre-Dame-de-Cenilly et la Vire. Commençant sa concentration dans la nuit du 27 juillet, la 2ème Panzer Division a traversé la Vire à Tessy-sur-Vire et s'est rassemblée près de Moyon, trois miles de nord-ouest de Tessy. Le 28 juillet le XLVII Panzer corps assumait la commande non seulement de la 2ème Panzer Division mais également des restes de la 352ème Division près de Beaucoudray et des quelques unités survivantes de la Panzer Lehr près de Percy. On s’attendait à ce que la 116ème Panzer Division, faisant en marche forcée de jour, soit en position d'attaquer au nord-ouest de Percy l'après-midi suivant, 29 juillet.

Bref, le général Corlett, qui n'avait aucune troupe devant lui le 27 et déplaçait ses troupes vers le sud sur la rive ouest de la Vire, allait fatalement trouver devant lui une troupe ennemie rafraichie, réorganisée et coordonnée qui allait lui donner du souci. Toujours est-il qu'il avait l'ordre de poursuivre sans relâche les Allemands en retraite et que, particulièrement affectée à cette tâche avec la 29ème Division, la 35ème avait capturé un pont sur la Vire au sud de Saint-Lô qui facilitait la progression vers le sud des troupes américaines. Outre ces divisions, la 30ème Division commandée par le général Hobbs avec le CCA de la 2ème Division blindée, renforcée par le 22ème R.I de la 4ème Division d'infanterie et le 11ème groupe de cavalerie (blindé) formait le gros de ses forces d'attaque, la 28ème D.I. inexpérimentée, également sous ses ordres, restant un peu plus en arrière.

Vers midi le 28 juillet,les colonnes de reconnaissance de la 30ème division avaient atteint les villages de Moyon et Troisgots, où le général Hobbs espérait que sa division allait "reprendre son souffle", la CCA avait atteint la Mesnil Herman, l'objectif initial de Cobra, et à partir de là expédiait des colonnes de reconnaissance sur Villebaudon et Tessy-sur-Vire. Or, Pendant les reconnaissances depuis le Mesnil-Herman vers Villebaudon et Tessy-sur-Vire le 27 juillet, les Task Forces du CCA avaient rencontré une résistance croissante qui s’opposait à une avance de plus de deux milles dans chaque direction. Cette opposition allemande contrariant la progression des colonnes blindés de reconnaissance ne pouvait qu'être attribuée qu'à l'arrivée des premières unités de la 2ème Panzer Division (une vingtaine de chars et un régiment motorisé étaient à pied d'œuvre au matin du 28 juillet) malgré le harcèlement de l'aviation tactique américaine.

Le général Corlett avait l'intention d'avancer encore plus vite afin de bloquer le carrefour routier de Tessy-sur-Vire et pour cela a désigné à ses troupes l'objectif à atteindre: une ligne de crête des collines allant de Percy à Pont-Farcy au sud de Tessy. Pour ce faire, le Général Corlett a ordonné au Général Hobbs de prendre Tessy-sur-Vire avec la 30ème Division et de bloquer les emplacements de pont du fleuve. le commandement du Corps a arrêté le mouvement du CCA de la 2ème Division blindée vers Tessy-sur-Vire et, à la place, le CCA renforcé, commandé par le général Rose, devait se concentrer à droite de la zone du Corps et attaquer au sud depuis Villebaudon vers Percy.

Or, le 28 juillet, la 2ème Panzer Division se concentrait à l'ouest de la Vire sur un petit plateau entourant Tessy-sur-Vire. Les troupes de panzer s'étaient réunies dans le sens Est-Ouest- derrière une zone tributaire de la Vire – leurs colonnes devant se ruer au sud de Moyon et de Troisgots - et dans le secteur au nord-ouest immédiat de Tessy pour une attaque vers le nord-ouest, en liaison avec le IIème Corps de parachutistes censé tenir une ligne Condé-sur-Vire et Bibville vers Caumont.

La bataille de Moyon-Troisgots

Cette bataille a commencé par coûter très chère à la 30ème Division américaine. Alors que ses troupes descendaient une pente nue vers la Vire dans l'après midi du 28 juillet, elles ont été prises à partie par un tir violent et dense d'artillerie, les tirs de contre-batterie ne paraissant avoir aucune conséquence sur les tirs ennemis auxquels se mêlaient des chars, des canons automoteurs et des mitrailleuses. En fait, la 30ème division venait d'entrer en contact avec les troupes allemandes du bastion de Troisgots. Le lendemain 29 juillet, le général Hobs qui avait ajouté son régiment resta tout aussi impuissant devant la densité des tirs allemands et le 30 juillet, malgré un tir dense de l'artillerie américaine, six des 19 chars soutenant un régiment d'attaque furent détruits.

Dans le même temps, le 28 juillet vers midi, le général Rose avait expédié deux colonnes blindées du CCA l'une à Villebaudon, qui a pris le village après avoir détruit un char Mark IV et six véhicules de transport blindés, l'autre vers Tessy-sur Vire qui a du revenir sur le Mesnil Herman après avoir rencontré de fortes forces blindées allemandes de la 2ème Panzer Division. L'ordre de marche du Corps a alors été modifié: la poussée vers Tessy devait cesser et à la place il fallait attaquer le long de l'axe le Mesnil-Herman par Villebaudon vers Percy, ce qui était la tâche principale du général Rose à la tête du C.C.A. renforcé par le 113ème groupe de cavalerie.

Pour interdire aux Panzer de couper la route nord-sud Le Mesnil-Herman-Villebaudon-Percy, le Général Rose a essayé d'ériger une barrière. Il a divisé le CCA en trois Task Forces, chacune se composant d'une compagnie du 22ème R.I., d'un escadron de chars moyens du 66ème régiment blindé, d'un peloton de chars légers, et des unités de support. La première Task Force est donc restée dans Villebaudon, les deux autres ont été envoyées au sud et au sud-est du Mesnil-Herman vers Moyon, avec l'intention de couper la route est-ouest Villebaudon-Tessy et d'assurer de ce fait la protection du flanc gauche de l'attaque principale vers Percy.

La Task Force qui a attaqué, au sud-est depuis le Mesnil-Herman, dans l'après-midi du 28 juillet a traversé le Mesnil-Opac et y a détruit cinq tanks Mark IV (chars Panthers) et quatre canons antichars sans perte. Cependant, l'opposition de plus en plus lourde de tanks nomades, des soldats d'infanterie s’infiltrant, des canons à la fois antichars antiaériens, de mortiers, et de l'artillerie a forcé la colonne à revenir au Mesnil-Herman. La dernière Task Force a attaqué au sud Moyon mais a reflué vers le Mesnil Herman tandis que trois chars allmenands occupaient l'embranchement de la route Nord Sud (le Mesnil Herman - Villebaudon sur la route de la Liberté), encore appelé carrefour Paris, près de La Denisière.

Tirant depuis le haut du coteau de Villebaudon, le 14ème bataillon blindé d'artillerie de campagne a réussi à éloigner les trois tanks. Mais l'artillerie allemande a alors cherché à isoler la route menant à Villebaudon en pilonnant le carrefour Paris. Les camions d'approvisionnement et de munitions ont eu quelque mérite à forcer ce passage en roulant à plein gaz sous une pluie d'obus. Mais ils y sont apparemment parvenus. le 29 juillet, le général Rose a à nouveau envoyé les deux Task Forces du C.C.A. quia échoué à nouveau. En revanche, la Task Force qui occupait Villebaudon a envoyé une colonne de reconnaissance vers Percy a du se retirer au Nord de cette bourgade, en raison du fort barrage d'artillerie allemand tandis que l'infanterie allemande tentait de s'infiltrer de part et d'autre de la route Percy- Villebaudon. L'arrivée à Villebaudon de la 29ème Division d'Infanterie a permis de mettre en ligne les 116ème et 175ème R.I. près de Moyon et de Percy tandis qu'un troisième régiment de la 115ème D.I. était arrêté par des barrages routiers allemands résultant de l'infiltration de l'infanterie allemeande.

L'exploitation de la percée 30-31 juillet 1944(1)
(cliquer deux fois sur la carte)
Carte extraite de "BREAKOUT AND PURSUIT", rapport de Martin Blumenson, CENTER OF MILITARY
HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.cf note 13.
Il devenait alors très clair que le XIXème Corps ne pouvait éluder la réduction de la tête de pont de Tessy-sur-Vire tenue par la 2ème Panzer Division, à commencer par son avant-poste renforcé de Moyon Troisgots. Au matin du 30 juillet, un bataillon renforcé par un tank et une compagnie d'infanterie du CCA se sont déplacés depuis le Mesnil-Herman à travers Villebaudon, ont tourné vers Tessy-sur-Vire, et se sont immédiatement heurtés à une opposition ferme. Un échange de tirs impliquant quarante tanks américains aussi bien que l'infanterie et ses canons antichars ont durés toute la journée. La 2ème Division de Panzer centrée dans la région de Tessy, avait été renforcée par la 116ème Panzer Division qui était apparue sur le théâtre d’opération. Le combat s’est alors enlisé dans une lutte sans merci pour le contrôle les collines autour de Percy, de Villebaudon, et de Beaucoudray.

Ce jour-là, les 110ème et 112ème R.I. faisaient mouvement au sud du Mesnil-Herman pour soutenir la défense de Villebaudon, tandis que les 116ème et 175èmes régiments de la 29ème Division exerçaient une forte pression contre Moyon et Percy, et que la 30ème Division mettait la pression contre Troisgots. Le C.C.A. de la 2ème D.B. U.S. a bien sûr conservé Villebaudon entre les mains américaines, grâce à la ténacité du 14ème bataillon blindé d'artillerie de campagne qui a joué un rôle significatif dans la bataille du 30 juillet en procédant au marquage systématique des positions allemandes à bombarder (il faut préciser que le centre de conduite de tir de tout le XIXème Corps avait élu domicile à Villebaudon qui jouait le rôle de parapluie pour les unités se battant sur Moyon et Troisgots et sur la route de Tessy et de Percy, qui rassemblait outre le 14ème bataillon d'artillerie blindée, les 18ème et 65ème bataillons d'artillerie de campagne, le 44ème bataillon d'artillerie assurant la conduite des tirs et pour faire bonne mesure quatre bataillons d'obusiers de 105 mm), tandis que le 115ème R.I. atteignait la périphérie Nord de Percy en dépit de l'artillerie allemande massée sur les hauteurs entre Percy et Tessy. Bref, Villebaudon était une hauteur hérissée de canons américains.

Le 30 juillet au soir, le Général Corlett a ordonné de reprendre l'attaque le 31 juillet, mais à partir de positions formant un arc depuis Moyon par Villebaudon jusqu'à Percy, chacun des trois régiments de la 29ème Division - le 116ème du côté gauche (au nord), le 175ème au centre, et le 115ème du côté droit (le 115ème après la relève près de Percy par le 110ème R.I. de la 28ème Division d’infanterie). L'attaquer convergeait vers l'est vers Tessy et devait soutenir une autre tentative du CCA de détruire la tête de pont.

L'attaque se déroulait normalement lorsqu'aux alentours de midi, une unité de tête (un bataillon du 66ème R.I.B et un bataillon du 22ème R.I. attaché) a été arrêtée à mi-chemin de Villebaudon et Tessy par plusieurs chars allemands à proximité d'un ravin qui se sont révélés indélogeables même avec la couverture aérienne. C'était l'échec.

Pourtant, la victoire survint le lendemain d'une attaque de la 30ème division du général Hobbs qui lançaient pour le quatrième jour consécutif une attaque contre la position de Troisgots avec treize Shermans valides mis à la disposition du 119ème R.I. chargé d'enfoncer le front allemand sur trois côtés. En fait, un bataillon avait réussi à pénétrer dans le hameau au cœur de la défense allemande. Bien inspiré, 1ęr Lieutenant Harry F. Hansen du 743ème bataillon de tanks, est descendu de son char afin de diriger deux soldats d'infanterie porteurs de bazookas vers des positions à partir desquelles deux chars ont explosé après avoir pris feux sur coups directs, le troisième préférant quitter les lieux avant d'être lui même tiré au bazooka. La chute de Troisgots assurait l'approvisionnement des troupes US. Mais elle ne signifiait pas que les Allemands avaient perdu la partie. Seulement, outre le bruit de la progression des colonnes anglaise et américaines sur Vire, courrait également la nouvelle au sein des unités allemandes qu'Avranches tombait. Dès lors, l'offensive préconisée par von Kluge pour rétablir une ligne de front allant d'Avranches à Percy, puis Tessy-sur-Vire pour remonter au moins jusqu'à la Vire n'avait plus de sens.

Suspectant une nouvelle retraite allemande, le général Corlett a donné l'ordre à toutes les unités américaines de poursuivre les Allemands s'ils amorçaient un quelconque mouvement de retraite. En outre il maintenait une attaque pour le lendemain 1er août 1944 afin de prendre Tessy-sur-Vire à partir de Villebaudon en rattachant le C.C.A. à la 29ème Division d'infanterie (Général Gerhardt) tandis que la 30ème Division du général Hobbs faisait pression sur les défenses allemandes au nord de Tessy-sur-Vire. La 29ème Division est bien parvenue à la périphérie de Tessy après avoir détruit une colonne de véhicules allemands, mais trois chars qui s'étaient aventurés dans la ville sont tombé en panne et leurs équipages aux mains de l'ennemi.

Le général Hobbs a lui aussi envoyé une compagnie de fusiliers à Tessy qui après avoir éliminé une mitrailleuse ennemie à la grenade, s'est fait refouler de Tessy qui était encore aux mains des Allemands. Finalement, le CCA a monté une deuxième attaque dans l’après-midi et a pénétré dans Tessy. Les hommes du 232ème R.I. ont dégagé le centre de la ville et ont traversé le fleuve pour établir des avant-postes à l'Est de la ville pendant que la 30ème Division en nettoyait les quartiers Nord. Les obus allemands ont continué à pleuvoir dans les rues jusqu'à ce que la 35ème Division du Vème Corps ait traversé le fleuve et pris l'éminence à l'est de la ville le jour suivant, le 2 août. À ce moment-là, la 30ème Division est passée dans la réserve du XIXème Corps et le CCA est revenu sous le commandement de la 2ème Division blindée US. Le même jour, la 2ème D.B. française débarquait à Utah beach, et beaucoup de choses avaient changé dans le commandement américain. La campagne bretonne de Patton débutait et beaucoup de choses avaient changé dans le commandement américain. La campagne bretonne de Patton débutait.

La ruée Américaine sur Avranches

Alors que le Général Bradley le 28 juillet avait donné une directive d'exploitation dépassant celles de COBRA, à tous les corps de la 1ère armée, le VIIème Corps du Général Collins n'avait toujours pas rempli son objectif dans l'opération COBRA. La 1ère Division, avec le C.C.B. de la 3ème Division blindée jointe, établissait des positions dans la région de Coutances-Marigny. Le reste de la 3ème Division blindée était engagé près de Montpinchon. La 2ème Division blindée, moins le CCA, prolongeait une ligne traversant le Cotentin depuis Notre-Dame-De-Cenilly vers Cérences. La 4ème Division, moins le 22ème R.I., se précipitait vers le secteur de Notre-Dame-De-Cenilly pour renforcer la division blindée. Seule la 9ème Division était au repos sans contact l’ennemi et était sur le point de passer dans la réserve du Corps. Ensembles, la 30ème Division et le CCA de la 2ème D.B. avaient été transférés au XIXème Corps, et les plans étaient déjà en cours pour redistribuer une partie de l'artillerie supplémentaire fournie au VIIème Corps pour l’opération COBRA

Or, les 3ème et 4ème Divisions blindées étaient prêtes, au matin du 30 juillet, à attaquer vers le sud-est à sept milles de Gavray vers Villedieu-les-Poëles. L'infanterie devait prendre Villedieu, un nœud routier essentiel au milieu du Cotentin, et la hauteur à l'est de Villedieu, pendant que les blindés devaient capturer les hauteurs et les ponts à l'ouest de Villedieu. Les Allemands n'avaient pas pu construire une ligne défensive allant d'Avranches à Tessy-sur-Vire comme le demandait Von Kluge. Attaquant avec deux régiments côte à côte au matin du 30 juillet, la 4ème Division a rencontré peu d'opposition jusqu'à ce qu'elle arrive à environ quatre miles au nord de Villedieu-les-Poëles où elle a été mise en échec. En revanche, sur le flanc droit de la 4ème Division, les deux Groupes de combat (CCA et CCB) de la 3ème Division blindée (N.D.R. la 3ème D.B. US était la seule à avoir conservé l'ancienne structure à deux groupes de combat faute d'avoir eu le temps d'adopter la nouvelle structure à trois groupes) dans le même temps avaient progressé vers Gavray et Hambye pour traverser la Sienne côte à côte.

Atteignant Hambye au début d'après midi du 30 juillet, le CCB a trouvé un pont endommagé et s’est heurté à des tirs d'armes de petit calibre depuis la rive sud, mais une petite formation en reconnaissance soutenue par les tirs de l'avant-garde a été suffisante pour faire refluer les Allemands. Le génie a réparé le pont en fin d'après-midi, et le CCB a poursuivi vers le sud sa marche en direction de Villedieu-les-Poëles. Ses blindés trouvaient une résistance croissante au fur et à mesure qu'ils approchaient de Villedieu et son attaque sur Villedieu fut remise au lendemain.

En progressant vers Gavray, le CCA de la 3ème Division blindée avait été entravé par la présence de troupes d'autres divisions sur la route de Coutances-Lengronne, où les blindés du VIIIème Corps progressaient également vers le sud. L'entremêlement des troupes des VIIème et VIIIème Corps était inévitable. "Les choses étaient dans un désordre si sauvage" a commenté le général Collins que lui même et le général Hickey ont du consacrer une bonne partie de leur temps aux intersections critiques des routes avant de remttre le CCA de la 3ème D.B. sur son chemin. Néanmoins, au début de l'après midi du 30 juillet,ils ont trouvé le pont de Gavray détruit et la ville, située sur la rive sud, apparemment tenue en force depuis les hauteurs boisées au-delà de la rivière. Et en fin d'après-midi, les deux principales Task Forces du CCA êtaient en position pour l’assaut du pont.

Après une préparation d'artillerie, l'infanterie blindée a dû patauger dans 4 pieds d'eau pour conquérir le gué, tandis que le Lieutenant- Colonel Leander L. Doan, impatientant, est sorti de son char pour mener personnellement l'assaut. En une heure les deux Task forces du CCA avaient pris pied de l'autre côté de la Sienne, tandis que, pendant la nuit, le génie construisait un nouveau pont pour faciliter le passage des blindés et des camions d'approvisionnement. Déçu par les performances de la 3ème D.B. le général Collins a rattaché le CCA de la 3ème D.B. à la 1ère Division et le C.C.B. à la 4ème Division.

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Notes sur les Sources:
  1. "CROSS-CHANNEL ATTACK" par Gordon A. Harrison, CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.



dernière mise à jour le 28 avril 2015