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Comme les hommes, les peuples qui oublient leur histoire cessent d'exister!



Plan des pages consacrées au département de la Manche

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Les mouvements
de résistance,
La Mission
Helmsman,
La préparation du
débarquement dans la Manche,
L'entraînement des
troupes d'assaut
de la Force U,
Les bombardements de
l'artillerie lourde
côtière,
L'entrée en lice
de la 101ème Airborne
en Cotentin
l'épopée de la 82ème Airborne,
Sainte-Mère-l'Eglise, première commune libérée...
La longue marche des 507ème et 508ème R.I.P.
L'assaut d'Utah beach,
La bataille de Sainte-Mère-Eglise
La conquête d'Isigny,
La libération de Carentan
La consolidation de la tête de pont d'Utah beach,
La neutralisation des batteries côtières,
L'isolement du Nord Cotentin,
L'isolement de Cherbourg,
La capture et la libération de Cherbourg
L'enfer sanglant de la bataille des haies,
La tête de pont entre la Taute et la Vire,
L'attaque vers Périers,
La contre-attaque allemande.
La Bataille de Saint-Lô,
La colline de Martinville,
La colline 122,
La légende du Major Thomas D. Howie,
La préparation de l'opération Cobra>
L'attaque ratée du hameau de La Varde,
La défaite de Saint-Germain-sur-Sève,
L'opération Cobra,
Les bombardements
aériens de Cobra,
Cobra et l'infanterie américaine,
La libération d'Hébécrevon,
La diversion sur
le flanc gauche,
La percée des
blindés américains
L'élargissement
de la brèche de Cobra,
Le piège se referme,
La poche de Roncey,
L'oeuf d'oie
de Bradley,
L'attaque alliée à
l'Est de la Vire,
4 jours de combat,
du XIXème Corps,
La bataille de
Moyon-Troisgots,
Ruée sur Avranches
Directive n° 1
du Gl Bradley,

La capture de Brécey,
et celle de Coutances,
Objectif Avranches,Les points de passage
vers la Bretagne,
sous contrôle,

Les batailles de Mortain,
La capture de Mortain,
La 1ère bataille de Mortain,
La 1ère bataille de Mortain (suite),
La conception de l'encerclement
des forces allemandes,

Le dilemme allemand,
La fin piteuse de
la bataille de Mortain

La 3ème Armée US
dans la Manche

Résistance, Maquis et Libération du département de la Manche(suite de la page 8)

Suite de la 1ère bataille de Mortain (1)

Près de St-Barthélemy, les Allemands avaient débordé deux compagnies d’infanterie du 117ème R.I. du Lt. Col. Walter M. Johnson, encerclé le bataillon de commandement, et menacé le poste de commandement régimentaire à quatre cents yards de là. Une patrouille de cinq hommes du Sergent chef Harold V. Sterling a tenu tête pendant plus d’une heure à 50 Allemands jusqu'à l’arrivée des renforts alors le colonel Johnson est resté dirigeait, bien qu'il ait été pratiquement encerclé.

La 30ème Division n'a fait aucun rapport de plus au Q.G. à propos de la contre-attaque avant 03h15, le 7 août, alors que les tanks allemands étaient déjà en possession de Mortain et avaient atteint un point à quatre miles à l'ouest de Saint-Barthélemy près du Mesnil-Tôve. Les rapports des Corps d’armée étaient si confiants que le Q.G. d’armée avait l’impression que l’attaque allemande serait repoussée sans difficulté, jusqu’à l’arrivée de l’aube qui a fait apparaître que l’effort allemand était sérieux.

A l’aube du 7 août, les Généraux Hodges et Collins étaient conscients que la contre-attaque allemande menaçait au moins le VIIème Corps, et surtout la tête de pont au sud de la Sélune. Si les forces Allemandes au nord de Mortain traversaient la Sée vers le nord, elles pouvaient semer la désolation à l’arrière de la zone du corps, en détruisant les installations d'approvisionnement et annuler en grande partie l'exploitation du COBRA. Heureusement la 4ème Division, en réserve du Corps est entrée action en balayant de tirs d’artillerie denses les mouvements d’artillerie au sud de la Sée, et en interdisant aux Allemands de traverser la Sée vers le nord. Mais le Général Collins était beaucoup moins rassuré sur la partie méridionale de la zone du corps, le long de la Sélune.

Cependant rassuré au sujet de la situation le long de la Sée, le Général Collins l’était beaucoup moins sur la partie méridionale de la zone de corps, le long de la Sélune. Il y avait peu pour arrêter la progression allemande entre Saint-Hilaire et Barenton, et l'ennemi était déjà établi dans ce secteur. Seulement deux hommes d’un peloton de Reconnaissance et du Renseignement du 120ème R.I. étaient revenus d'une embuscade près de Romagny, juste au sud-ouest de Mortain. Si Collins rappelait la 1ère Division de Mayenne pour combler le trou de Saint- Hilaire, il créerait une ouverture semblable à Mayenne. Si les Allemands atteignaient Ducey, il pouvait conquérir la tête de pont de Pontaubault.

Il a donc appelé en renfort le CCB de la 3ème Division blindée (relevé la veille de son rattachement à la 4ème Division) concentré au sud de la Sée). Il a rattaché le groupe de combat à la 30ème Division et a demandé au Général Hobbs «de tenir la situation au sud-ouest de Mortain avec elle.» La nécessité plus immédiate de contrer le principal effort allemand d'effort au nord de Mortain et le long de la rive sud de la Sée, cependant, forçaient Hobbs à mettre en ligne le CCB dans ce secteur.

Par chance, la 2ème Division blindée (moins le CCA, qui était resté à Vire) avait quitté le secteur du XIXème Corps peu de temps après minuit, le 6 août, quittait Saint-Sever-en-Calvados et se déplaçait vers Villedieu-les-Poêles, puis au sud à travers Saint-Pois vers Chérencé-le-Roussel et Mayenne avec l'intention de soutenir ou d'accompagner la 1ère Division une progression vers Alençon. Comme les unités de tête de la colonne blindée approchait de Chérencé au matin du 7 août, ils ont été accueillis par des tirs d'artillerie venant de l'autre côté de la Sée. Le Général Collins s’est emparé des troupes pour boucher le trou sur la droite du corps, les blindés fournissant temporairement la stabilité indispensable au 39ème R.I. infanterie de la 9ème Division au sud de la Sée.

Contournant depuis Chérencé, la zone de portée du pilonnage d’artillerie ennemi, la colonne blindée s’est déplacée à l'ouest de plusieurs miles, a traversé la Sée, marché vers Saint-Hilaire, et à la nuit a pris position près de Barenton. Maintenant, le général Brooks, commandant de la 2ème Division blindée, assumait le contrôle des troupes de la 30ème Division et du CCA de la 3ème Division blindée, qui avait sans succès essayé de prendre le contrôle du village ce jour là. Comme la 2ème Division blindée ne pouvait pas combler seule le trou, le général Bradley a donné au Général Collins la trente-cinquième Division, récemment libérée du Vème Corps pour rejoindre le XXème Corps de la troisième armée dans la région de Fougères-Vitré.

Ainsi, en moins de vingt-quatre heures après que le lancement de la contre-attaque allemande, le VIIème Corps disposait d’une force de sept divisions, cinq d’infanterie et deux blindées (moins un Combat Command). Non seulement la première armée américaine pouvait tenir tête aux assaillants mais le beau temps risquait de donner l’avantage aux défenseurs maîtres du ciel. Même avec peu de connaissance sur les unités voisines et pratiquement aucune information sur les dispositifs ennemis, la 30ème Division venant de Tessy que quelques 800 remplaçants non assimilés avaient rejoint quelques jours auparavant, a assuré à la hâte les positions tenues par la 1ère Division en posant toutefois son propre réseau téléphonique filaire.

Comme le vide sur la zone de Mortain-St-Hilaire restait perméable, Collins a ordonné à Hobbs de prendre le contrôle de la zone de Juvigny, et a fait passer un régiment de la 4ème division à la 30ème pour ce faire. Les Allemands avaient-ils «lancer une contre - attaque importante pour séparer la première Armée de la troisième?» Leur blocage dépendant essentiellement de la 30ème Division: couper la pénétration au nord ouest de Mortain, bloquer la poussée au sud-ouest de Mortain vers Saint- Hilaire, et reprendre Mortain pour rétablir le contact avec le bataillon isolé et encerclé.

Contre la pénétration au nord et au nord-ouest de Mortain, Hobbs a ordonné à la colonne du CCB de la 3ème BD commandé par le colonel Truman E. Boudinot (attachée à la 30ème Division) et au colonel Edwin M. Sutherland du 119ème R.I. de progresser au nord est et au nord ouest depuis Reffuveille et Juvigny, respectivement, vers le Mesnil-Adelée. Il a donné l’ordre au 117ème R.I. de prendre Saint-Barthélemy puis de progresser au nord-ouest vers Le Mesnil-Tôve. Les deux régiments d'infanterie et le Combat command, travaillant en étroite collaboration ont établi, un front cohérent le 7 août et ont commencé l’attaque généralement au nord vers la Sée. Pour fermer le trou qui menait à Saint-Hilaire, Hobbs ne pouvait rien sauf espérer que la 35ème Division arriverait rapidement.

Le 120ème R.I. lançait des attaques de compagnie répétées en vue de regagner Romagny et de couper les routes menant au sud-ouest, mais les Allemands étaient peu disposés à abandonner leurs positions. Tant que la 35ème Division n’aurait pas exercé une pression supplémentaire et reconduit les Allemands au sud-ouest de Mortain, le bataillon isolé sur la colline 317 resterait encerclé. En attendant, la bataille faisait rage dans le secteur de la 30ème Division et les Allemands s’infiltraient partout et menaçaient les postes de commandement.

Le 823ème bataillon de chasseur des chars avait détruit 14 tanks ennemis, 2 camions, un half-track, 3 véhicules plein-dépistés, 2 motos, une voiture de personnel, et la position de mitrailleuse avant d'être débordé par l'infanterie ennemie et de perdre 13 blessés, 3 tués, 91 soldats manquants, et 11 de ses canons motorisés de 3 pouces. «Il y a eu beaucoup de héros ce jour,» a rapporté le commandant du bataillon, «à la fois vivants et morts.» Un bataillon du 117ème R.I. a perdu 350 hommes le 7 août, et les envahisseurs ennemis étaient derrière les lignes régimentaires «en plusieurs points différents.»

Mais à la fin du jour, bien que les troupes «aient été très fatiguées, les problèmes d'approvisionnement non résolus, le secteur défensif pénétré,» le commandant régimentaire pouvaient énoncer : «Cependant le dispositif clé du terrain tient toujours.» La 30ème Division avait perdu plus de 600 hommes et beaucoup d'équipement le 7 août, mais les troupes tenaient fermement. La situation était semblable dans toute la zone du corps. La 4ème Division a réagi effectivement avec des tirs d'artillerie, détruisant pendant l'après-midi du 7 août une colonne allemande qui tentait de se déplacer à travers son front.

La division, au lieu de libérer un régiment attaché à la 30ème Division, a envoyé un deuxième régiment à Chérencé à l'appui du 39ème R.I., qui avait été séparé en deux par la pénétration initiale allemande. En dépit de sa situation périlleuse, le colonel Bond au début de l'après midi du 7 août a déplacé ces éléments qui étaient au sud de la poussée allemande et par le secteur de la 4ème Division pour rejoindre les bataillons d'infanterie sur la rive nord de la Sée. Le front régimentaire à la fin du jour était généralement identique à celui du 6 août. Si les deux autres régiments de la 9ème Division n'avaient pas établi de contact avec le 39ème R.I., ils avaient en revanche gagné d'excellentes positions de crête pour assurer l'intégrité de l'aile gauche du Corps.

Ce soir là, le Général Collins a rattaché le 39ème R.I. à la 4ème Division, qui était en contact avec le régiment et apte à le soutenir. L'artillerie Américaine avait nourri l’attaque allemande avec une profusion de munitions et le temps excellent avait permis aux avions d’observation de l’artillerie de désigner précisément les cibles et aux chasseurs-bombardiers de sillonner le secteur à volonté, détruisant l’ennemi matériellement et moralement. Ainsi, 10 escadrons de Typhoons de la 2ème Tactical Air Force de la R.AF. opérant depuis des terrains d'aviation en France ont réalisé 294 sorties dans la région de Mortain en semant la panique dans les colonnes blindées allemandes cherchant a transformer les tanks qui n’étaient pas touchés en meules de foins.

Des 70 tanks ennemis de la pénétration initiale, seuls trente restaient opérationnels et derrière les lignes américaines à la tombée du jour, ce nombre était réduit à 25 au matin du 8 août. A quoi il fallait ajouter 350 prisonniers. La chance avait, cette fois, comblée le général Collins et la cause des alliés. Mais les Allemands restaient obstinément dans leurs positions avancées et attendaient des renforts pour renouveler leur poussée vers Avranches. En attendant, la bataille se poursuivait à Mortain.

La seconde attaque allemande avortée (1)

La première bataille de Mortain avait eu pour principale conséquence de masser le principal des forces allemandes à l'ouest d'une ligne Falaise Alençon. La tentation ne pouvait être grande pour Bradley et pour Montgomery de tenter d'encercler cette force et de la réduire.

La conception de l'encerclement des forces allemandes par le général Bradley

Dès le 8 août, le Général Bradley estimait que le VIIème Corps renforcé tiendrait à Mortain et que la contre-attaque de Mortain serait contenue. De ce fait, il en était venu à la conclusion que les Allemands en attaquant courraient «le risque d'un encerclement au sud et au nord,» et a cherché à tirer parti de l'occasion qui lui était ainsi offerte.

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Le plan Bradley du 12ème groupe d'armées U.S. à la date du 8 août 1944
d'encerclement des forces allemandes en Normandie
Plan extrait de "BREAKOUT AND PURSUIT",par Martin Blumenson,
pour le "CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY
(service historique du Pentagone)(cf. 1)
En présence du Général Eisenhower qui visitait son quartier général le 8 août, le Général Bradley a téléphoné au Général Montgomery et a obtenu son approbation pour une solide ligne d’action conçue pour encercler les forces allemandes à l'ouest d'Argentan et de Falaise. Ce qu'il proposait était un radical changement de l’axe d’offensive du 12ème Groupe d'armées U.S. Au lieu de progresser vers l'est vers la Seine, les 1ère et 3ème armées progresseraient vers le Nord et attaqueraient en direction des limites du groupe d'armées (britanniques), spécifiquement vers les villes de Flers et d'Argentan. (Voir carte ci-contre) [12th AGp Ltr of Instrs 4, 8 Aug. et Bradley, Soldier‘s Story pp. 372, 374-75; Montgomery, Normandy to the Baltic, p. 158; Eisenhower, Crusade in Europe, p. 275; Butcher, My Three Years With Eisenhower, p. 636. For an interesting speculative account of the command decisions at Mortain, see O. G . Haywood, Jr. “Military Decision and Game Theory,”Journal of the Operations Research Society of America, II, No. 4 (November, 1954), 371–85].

Comme les villes étaient dans la zone du 21ème groupe d’armées, les armées américaines progresseraient seulement vers la frontière, jusqu’à la ligne est-ouest générale allant de Mortain par Domfront et Carrouges vers Sées. Là, les forces américaines seraient en mesure d’agir comme la mâchoire sud d'un étau. Approchant au nord de la même ligne, les forces britanniques et canadiennes entre Tinchebray et Falaise, formeraient en effet l'autre mâchoire. En refermant les mâchoires sur la frontière du groupe d'armées on enfermerait et écraserait les Allemands entre les deux mâchoires.

Spécifiquement, le Général Bradley a ordonné au Général Patton «d’avancer sur l'axe Alençon-Sées vers la ligne Sées-Carrouges et de se préparer à davantage d'actions contre les flancs ennemis et à arrière dans la direction d'Argentan.» Cela signifiait pour le XVème Corps US d’obliquer vers le nord depuis Le Mans, et à cette fin, Bradley a donné à Patton une autre division blindée (la 2ème division blindée française qui achevait sa concentration au sud d'Avranches). Il a également ordonné à la 35ème Division, impliquée dans le "round" décisif de la bataille Mortain, de retourner à la troisième armée mais comme la division était encore indispensable au VIIème Corps, Bradley a vite annulé cette partie de son ordre.

Le Général Bradley a également ordonné au Général Hodges de pivoter sur Mortain, d’avancer sur la ligne Barenton-Domfront, et de se tenir prêt à davantage d’action au nord-est dans la direction de Flers. Hodges devait également éliminer l'Allemand du saillant de la région de Vire-Mortain-Ger. Le Général Hodges a retranscrit les instructions de Bradley dès le lendemain. Pour éliminer l'Allemand du saillant autour de Mortain, Hodges a mis en place une attaque convergente des VIIème et XIXème Corps. Le VIIème Corps, attaquant généralement vers l'est le long d'un axe traversant Mortain (au sud de la nouvelle frontière provisoire avec le XIXème Corps), devait par la suite être en position de pince par la progression du XIXème Corps, qui attaquait depuis le sud en traversant Sourdeval et Ger.

L'effet de ces manœuvres était d'éliminer les Allemands du saillant. Le XIXème Corps devait alors assumer le contrôle de sa zone originale et de certaines des forces du VIIème Corps et poursuivre l’attaque à l'est et au nord-est en direction de Flers. Le VIIème Corps devait concentrer ses forces au sud du secteur au sud et au sud-est de Domfront et, conjointement avec les forces près de Mayenne, lancer une attaque au nord-est dans la direction d'Argentan. En attendant, le Vème Corps devait attaquer depuis la région de Vire en direction du sud-est vers Tinchebray. L'effet de ces derniers mouvements serait de pousser les forces allemandes s'opposant à la première armée à la frontière du groupe d'armées.

Le dilemme allemand: attaquer ou défendre

Le bombardement aérien dans la nuit du 7 août et l'estimation que six cents tanks canadiens attaquaient en direction de Falaise inquiétait le Commandement allemand en Normandie : «Nous ne nous attendions pas à ce que ceci survienne aussi tôt,» a indiqué von Kluge à Eberbach avant de lui annoncer que, conformément aux ordres d'Hitler de préparer une deuxième attaque plus forte sur Avranches, il avait commencé à déplacer trois divisions blindées hors du secteur de la 5ème armée de Panzers vers la région de Mortain.(Telecon, Kluge and Eberbach, 2100, 8 Aug, Fifth Pz AKTB ; voir aussi, Account by Brigadefuhrer Kurt Meyer, Commander, 12ème SS Panzer Division, in British Army of the Rhine, Operation TOTALIZE, p. 101).

La 10ème SS Panzer Division était déjà en mouvement, mais les ordres pour les 9ème et 12ème SS panzer Divisions ont été annulés. Ces dernières restaient au sud de Caen pour aider à arrêter les Canadiens. Des unités de la 85ème D.I. nouvellement arrivées, au lieu d'être réunies à Tinchebray pour leur engagement éventuel près de Brécey, avaient été détournées vers le secteur de Falaise. Le bataillon de réserve de chars «Panther» de la 9ème Division de Panzer et une brigade de lance-roquettes, également prévue pour participer à l'attaque vers Avranches, avaient rejoint les défenses allemandes au nord de Falaise.

La deuxième attaque vers Avranches avait été programmée pour la soirée du 9 août mais, sur la base de la menace canadienne, von Kluge l'a remise à plus tard dans l’après-midi. Les attaques, le 8 août, par les Vème et XIXème Corps US entre Vire et Sourdeval avaient mis à l’épreuve le IIème Corps parachutistes et le LXXXIVème Corps et avaient mis en pièce la 363ème Division à tel point que la VIIème Armée tentait d'accélérer l'arrivée de la 331ème Division sur le front alors que l’aviation alliée tentait de la détruire (3). Plus grave encore, la pression U.S. avait contraint le XLVIIème Corps de Panzer à mettre en retrait légèrement, pendant la nuit du 8 août la 2ème Panzer Division près du Mesnil-Tôve et de Chérencé.

Plus menaçante encore était l'attaque de la 2ème Division blindée US contre le flanc Sud de la 2ème SS Panzer Division à Barenton. En conséquence, la capture du Mans et une attaque américaine possible au nord d’Alençon paralysaient le LXXXIème Corps et empêchait la 9ème Division de Panzer d'ajouter sa force à la deuxième tentative de gagner Avranches. La deuxième tentative devait être accomplie sur le même terrain que le premier, mais cette fois avec deux corps se déplaçant côte à côte : le XLVIIème Corps de Panzer (avec quatre divisions blindées: 1ère SS, 2ème SS,, 2ème, et 116ème Panzer de la Wehrmacht) et le LVIIIème Corps de Panzer (avec les 9ème et 10ème SS Panzer Divisions, ainsi que le bataillon de chars Panther de la 9ème Division de Panzer). Les corps d'attaque devaient avoir être soutenus par deux brigades de lance-roquettes et être renforcés plus tard par les 12èmes SS Panzer Division et la 85ème D.I.

Le front normand du 7 au 11 août 1944
Plan extrait de "BREAKOUT AND PURSUIT",par Martin Blumenson,
pour le "CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY
(service historique du Pentagone)(cf. 1)
Or, la pression continue alliée et les menaces sur les flancs détournaient un nombre croissant d'unités désignées pour l'attaque vers des missions défensives. Ainsi, les 116ème, 2ème SS, et les restes de la Panzer Lehr se sont déplacées vers le LXXXIVème Corps pour soutenir les 363ème et 353ème Divisions entre Vire et Sourdeval. Le LVIIIème Corps (avec la 10ème SS Panzer Division) avait du être mis en ligne à Barenton pour relever la 275ème Division affaiblie (qui était déplacée vers la région de la 15ème région Armée pour reconstitution) et pour protéger le long flanc de la 2ème S.S. Panzer Division. La phase d’offensive envisagée tournait indiscutablement à la défensive.

En dépit de l'ajournement de la deuxième tentative d’attaque sur Avranches, le commandement allemand en Normandie considérait qu'un effort renouvelé pouvait encore réussir si certaines conditions étaient remplies: si les positions au nord de Falaise tenaient et si une défense forte pouvait être établie au nord d'Alençon pour protéger les dépôts de munitions et d'essence tout proches, si le bataillon de Panthers et une brigade de lance-roquettes nouvellement rendues disponibles pouvaient être déplacés rapidement jusqu’au secteur de la septième Armée, et si Eberbach, désigné par Hitler pour prendre le commandement de l'attaque renouvelée vers Avranches, pouvait disposer de quelques jours pour dégager déchiffrer les forces d'assaut et pour les concentrer en vue de l’attaque. Mais cela faisait beaucoup de si…

Hitler, qui était convaincu qu'Eberbach pouvait encore réaliser le succès avait également reconnu que la pression alliée devait être contrée en particulier à Falaise, et il a ordonné que des armes antichars, des chars, et des canons d’assaut soient envoyés en nombre suffisants, depuis le secteur de la XVème Armée, vers le Ier SS Panzer Corps pour renforcer la position à Falaise. Ailleurs, le long du front, Hitler avait interdit le 9 août les contre-attaques locales qui pouvaient conduire à des pertes sérieuses d’effectifs; il a également autorisé des retraites pour neutraliser toutes les pénétrations que les alliés pourraient effectuer.

Il fallait donc retirer du front du LXXXIVème Corps, la 116ème Panzer Division pour la concentrer et la VIIème Armée espérait retirer la 84ème D.I. en raccourcissant vers l'est la ligne de front de Perriers-en-Beauficel et en ordonnant au XLVIIème Panzer Corps de placer en retrait la 2ème Division de Panzer et de retirer la 1ère SS Panzer Division pour la concentrer, conformément aux ordres de l'O.K.W., pour lancer la nouvelle attaque, comme Hitler le souhaitait, sous le commandement d'Eberbach et depuis la région de Mortain-Doimfront en direction de St-Hilaire et éventuellement vers Avranches.

Laissant le commandement de la Vème Armée de Panzer au Panzergeneraloberst Josef (Sepp) Dietrich, Eberbach, a, contre sa volonté, pris le commandement du groupe Eberbach de Panzer. Son Q.G., formé dans le but précis de réaliser la deuxième attaque vers Avranches le 11 août, étaient directement placé sous le commandement du groupe d'armées B. Eberbach avait rassemblé un état-major squelettique mais de grande capacité qui comprenait le Lt Col. Guenther von Kluge, fils du feld-maréchal, comme chef d’état-major, et le commandant. Arthur von Eckesparre, autrefois à la tête du bureau G-4 de Rommel, comme officier d'opérations.

En dépit du pessimisme d'Eberbach, le QG provisoire commença à planifier l'attaque en détail. Mais il n’a pas fallu longtemps à Eberbach pour conclure qu'il ne pourrait pas attaquer le 11 août. Il estimait qu'il devait probablement utiliser une partie de ses forces d'attaque pour protéger ses zones de concentration et qu'il ne pourrait pas ainsi rassembler ses troupes à cette date. Jugeant que seulement 77 chars Mark IV et 47 chars Panther étaient insuffisants pour l'attaque, il en voulait plus.

Il a également réclamé des véhicules de remplacement et des munitions et des approvisionnements supplémentaires. Tout ceci prenait du temps. De plus, en raison de la supériorité aérienne alliée Eberbach estimait qu'il ne pouvait attaquer qu' après la tombée de la nuit et au début de la matinée où le brouillard au sol pouvait fournir une dissimulation. Il limitait donc les mouvements de progression de ses troupes entre 04h00 et 10h00 et si ses forces d'assaut n'atteignaient pas leur objectif au cours de cette période, les événements de Mortain risquaient de se répéter.

Pour attaquer après la tombée de la nuit, il avait besoin d’une lune insuffisante jusqu'au 20 août. À ce moment-là aussi, selon des météorologistes, le temps changerait et deviendrait défavorable pour l'activité aérienne. Tandis qu'Eberbach arrivait à ses conclusions, une nouvelle menace se développait : les Américains sur le flanc sud entreprenaient de progresser au nord du Mans vers Alençon. Von Kluge pensait que le LXXXIème Corps ne pourrait pas maintenir ouverte la ligne vitale d’approvisionnement d'Alençon-Flers. Au lieu de poursuivre l'attaque vers Avranches, il a pensé qu’il vaudrait mieux réduire les unités d’assaut des colonnes ennemies progressant vers le nord par une attaque de panzers rapidement exécutée.» Il a demandé à Jodl d’obtenir une décision d’Hitler sur ce sujet. (Kluge to Jodl, 10 Aug, AGp B Lagebeurteilungen, Wochenmeldungen)

Hitler a répondu par une nuée de questions et voulait notamment savoir pourquoi Eberbach ne pouvait pas monter son attaque vers Avranches avant le 20 août... Avant de répondre aux questions d'Hitler, von Kluge a téléphoné Eberbach. Les commandants étaient d'accord qu'une nouvelle tentative de reconquérir Avranches était hors de question, au moins pour le moment. Les obstacles pour renouveler une progression vers Avranches étaient non seulement l'opposition forte à Mortain et la pression exercée partout ailleurs le long du front mais également la pensée inconfortable que les Canadiens attaquant vers le sud en direction de Falaise et les Américains attaquant vers le nord en direction d’Alençon semblaient converger vers un point commun. Si les forces alliées se rejoignaient, la majeure partie des forces allemandes serait encerclée.

Les unités d’assaut canadiennes et américaines devaient être usées immédiatement, et puisque les Canadiens étaient apparemment arrêtés, une mesure devait être prise contre les Américains, qui menaçaient les installations essentielles d'approvisionnement autour d'Alençon. Kluge a informé Hitler à cet effet une heure et demie plus tard. A tous les commandants réguliers, Kluge a indiqué, que la perspective de poursuivre continuer l'attaque sur Avranches était défavorable parce que l'ennemi s’était renforcé, l’effet de surprise était perdu, et la force d’attaque avait besoin de temps pour rassembler plus de troupes, de tanks, d'essence, et de munitions, et exigeait certaines conditions atmosphériques.

Von Kluge, toujours en contact avec le P.C. d'Hitler à midi le 11 août, avait conféré avec Hausser et Eberbach, et chacun des trois commandants était convaincu qu'une attaque sur Avranches n'offrait aucune perspective de succès. Pendant ce temps, la situation sur le flanc à l’extrême sud du groupe d'armées B se détériorait tellement que la 9ème Division de Panzer combattait près d'Alençon adossée aux installations essentielles d'approvisionnement et qu'il fallait prendre des mesures immédiates dans ce secteur.

Pour ce faire, von Kluge avait besoin de plus de blindés. Et la seule manière rapide d'obtenir des blindés était de retirer du front trois divisions -la 116ème Panzer Division cette nuit, les 1ère SS et la 2ème Divisions de Panzer pendant la nuit suivante. Ces unités pourraient être libérées seulement si la VIIème Armée se retirait à l’est du saillant à Mortain. Cela signifiait d’abandonner l'espoir d'une percée jusqu’à la mer à Avranches. Une décision claire devait être prise immédiatement. Dans l'esprit de von Kluge, la décision ne pouvait être qu’une chose: attaquer le XVème Corps à proximité d'Alençon avec des divisions de panzer retirées du front et apporter des divisions d'infanterie supplémentaires pour lancer une attaque d’est vers l’Ouest du XVème Corps, en stabilisant de ce fait la situation sur le flanc gauche du groupe d'armée.

Après de nouvelles discussions avec Jodl dans le milieu d'après-midi, von Kluge a fourni un rapport rédigé à Hitler et l'a distribué à ses commandants subalternes, probablement comme ordre d'avertissement sujet à l'approbation d'Hitler. Dans ce rapport, von Kluge projetait les actions suivantes. La VIIème Armée devait se retirer du saillant de Mortain cette nuit. Une force d'attaque sous les ordres des P.C. du XLVIIème et LXXXIème Corps, la 1ère SS, les 2ème, et 116ème Divisions de Panzer, deux brigades de werfer, et probablement une division de panzer supplémentaire – devaient se concentrer dans la région de Carrouges et préparer à attaquer pendant les heures du début de la matinée du 14 août, un jour plus tard que celui que Kluge avait à l'origine envisagé.

L'attaque, avec trois divisions de front côte à côte, devait être lancée en direction du sud-est le long de l'axe Lalacelle-La Hutte commençant au nord-ouest d'Alençon et coupant à travers la route de Le Mans-Alençon. 23 La réponse d’Hitler au rapport de Kluge a atteint le P.C. du groupe d'armées B tard dans la soirée. Reconnaissant le nouvel ensemble de circonstances qui s'étaient produites, Hitler, bien que réitérant son intention d'attaquer vers l'ouest et vers la mer (cette fois par Mayenne), avait admis que «la menace grave sur le flanc Sud en profondeur» du groupe d'armées exigeait une action rapide. (Msg, Kluge to Jodl (info to subordinate comds) , 1745, 11 Aug, AGp B Lagebeurteilungen, Wochenmeldungen).

Il a donc approuvé le plan de Kluge ordonnant qu’Eberbach lance l’attaque avec un corps de blindés à proximité de Carrouges. Mais au lieu d'un effort envisagé par von Kluge comme une tentative de détruire les unités de pointe Américaine progressant au nord vers Alençon, Hitler envisageait une attaque en profondeur contre le flanc ouest du XVème Corps U.S., l'axe de la poussée passant dans une direction plus au sud à travers la route de Silléle-Guillaume-Beaumont. Afin de désengager les forces nécessaires, Hitler était d'accord sur «un retrait mineur du front entre Sourdeval et Mortain.» Conformément aux souhaits d'Hitler, Eberbach allait tenter ait un effort pour supprimer la menace américaine sur Alençon. Dans ce but, la VIIème Armée, pendant la nuit du 11 août, commençait à se retirer vers l'est du saillant de Mortain.

La fin piteuse de la bataille de Mortain

Les opérations du XVème Corps US du 9 au 12 août 1944
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Plan extrait de "BREAKOUT AND PURSUIT",par Martin Blumenson,
pour le "CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY
(service historique du Pentagone)(cf. 1)
Jusqu'au 11 août, la bataille dans la zone de Mortain était le fait de petites unités de combat, se livrant à des «infiltrations et contre-infiltrations,» des combats rapprochés menés par des groupes manœuvrant pour déborder, et alternativement étant débordés, «des activités sournoises de pénétrations mineures par les deux côtés,» des opérations caractérisées par des embuscades et des surprises et étaient combattues souvent au niveau du combat individuel du soldat. «A un officier du bureau G3 de la 30ème Division qui lui demandait à quoi le situation ressemblait sur le front un commandant régimentaire a répondu :«Cela ressemble à l’enfer,» a-t-il répliqué. «Nous sommes juste mélangés dans une énorme m..., notre Poste de commandement reçoit toutes sortes de coups, de tanks sont à 500 yards de nous.» De fait, le seul résultat concret de l'offensive allemande sur Mortain avait été d'arrêter la progression du XVème Corps d'armée US.

Bien que les Allemands aient été arrêtés le premier jour de leur attaque, leur tenacité pour conserver le terrain conquis représentait un véritable défit pour la 30ème Division. Une première amélioration s'est produite le 8 août, quand le CCB de la 3ème Division blindée attaché et la 119ème R.I., a établi un contact physique avec la 4ème Division plusieurs miles à l'ouest de Chérencé et a, de ce fait, bloqué la possibilité d'autre mouvement à l'ouest des Allemands le long de la rive sud de la Sée. Malgré la mort du colonel William W. Cornog, Jr., commandant de la Task Force du CCB, tué par un obus ennemi le 9 août, ce qui a suspendu temporairement les efforts pour chasser les Allemands du Mesnil-Tôve, les durs combats des 10 et 11 août associant blindés et infanterie ont permis de reconquérir le village et de rétablir le contact avec le 39ème R.I. à Chérencé.

Quant à la 35ème D.I., elle a payé cher son agressivité: les huit miles qu'elle a parcourus en direction de Mortain en quatre jours lui ayant coûté 700 blessés. Mais son commandant, le général Baade devait être satisfait le 11 août quand il a dans la même journée atteint la route Barentin - Mortain et libéré Romagny. Préparant l’assaut de la pente sud de la colline 317 pour relever le bataillon isolé de la 30ème Division sur la crête. Le général avait établi le contact avec le bataillon encerclé à midi, le 12 août, tandis que le 120ème R.I. de la 30ème Division, entrait à nouveau dans Mortain. Le fait que le 2ème bataillon, du 120ème R.I. avait gardé la possession de la crête de la colline 317 pendant la bataille de Mortain était l'un des faits d’armes exceptionnels les plus accomplis au cours de la campagne en Europe occidentale.

Le retour du 120ème R.I. à Mortain le 12 août 1944
Photo extraite de "BREAKOUT AND PURSUIT",par Martin Blumenson,
pour le "CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY
(service historique du Pentagone)(cf. 1)
Le groupe de commandement du 120ème R.I. avait été capturé le matin suivant l'attaque allemande sur Mortain alors que les officiers tentaient de rejoindre leurs troupes sur la colline. Sous la conduite de capitaine Reynold C. Erichson, qui a assumé le commande de la force encerclée, les troupes sur la colline pendant cinq jours ont refusé aux Allemands la possession du terrain qui leur aurait donné un poste d'observation au-dessus de la majeure partie du secteur du VIIème Corps. Comme Erichson, le capitaine Delmont K. Byrn, qui dirigeait la compagnie d'armes lourdes, et le 1ęr Lt. Ralph A. Kerley, Joseph C. Reaser, et Ronal E. Woody, Jr., qui commandait les compagnies de fusiliers, ont refusé de se rendre. Ils avaient la chance d’avoir avec eux deux observateurs du 230ème bataillon d'artillerie de campagne, le 1ęr Lt Charles A. Barts et le 2d Lt Robert L. Weiss, qui ont conduit des tirs précis sur les Allemands assaillant les positions de colline (en l'occurrence, la 17ème SS Panzer Grenadier Division qui avait la taille d’un régiment sous le commandement de la 2ème SS Panzer Division)et sur les autres unités allemandes visibles depuis la crête.

Des avions cargo C-47 ont tenté d'approvisionne les assiégés dans l'après-midi du 10 août, en parachutant l'approvisionnement de deux jours en nourriture et en munitions, bien que la moitié des parachutes soit tombée en dehors du périmètre défensif. Finalement, le Lt. Col. Lewis D. Vieman, commandant le 230ème bataillon d'artillerie de campagne , a trouvé une solution qui a donné du courage aux assiégés: il a rempli les compartiments des obus fumigènes destinés à expédier de la propagande de fournitures médicales et les a expédiés sur la crête, bientôt imité par la suite par les canons d’assaut de 105 millimètres du 743ème bataillon de chars et par les obusiers de 155mm du 113ème bataillon d'artillerie de campagne. Au 12 août 1944, plus de 300 hommes restaient encore debouts pour près de 300 blessés. Des fermiers du secteur avaient réussi à procurer des vivres frais au bataillon. Mais les dégâts causés aux unités allemandes depuis le poste d'observation de la colline 317 étaient considérables.

Pour utiliser pleinement ce poste d'observation, le Brigadier Général James M. Lewis, le commandant de la 30ème Division d’artillerie, avait à lui seul massé plus de douze bataillons d'artillerie. Entre 19h00 et 20h00, le 9 août, sa Division a réalisé 30 missions de contrebatterie parfaitement ajustées, un total imposant pour une activité d'une heure et qui un peu plus tard a été revendiqué comme record. Artilleurs et aviateurs rivalisaient pour revendiquer des coups au but. Toujours est-il que rien que dans le seul secteur de Mortain, près de cents chars allemands étaient abandonnés le 12 août, à l'issue de la bataille. L'essentiel du sort de la bataille de Mortain avait dépendu de l'opiniâtreté des hommes de la 30éme D.I. US, qui avait perdu 2.000 hommes en six jours dont 300 blessés sur la colline 317. La 9ème Division, combattant sur la frange de la bataille de Mortain, avait subi mille blessés en fermant l'espace qui séparait la division du 39ème d’infanterie. En protégeant la ligne de la Sée, la 4ème Division, qui avait contribué chacune aux 9ème et 30ème Divisions, avait subi environ six cents blessés

De son côté, la 2ème Division blindée avait apporté une contribution semblable en attaquant au nord-est depuis Barenton vers Ger sur le flanc gauche et arrière allemand. Employant de petites Task Force du CCA de la 3ème Division blindée et le bataillon de la 30ème Division près de Barenton, la 2ème Division blindée avait attaqué le 8 août et avait avancé de trois miles dans le terrain accidenté de la forêt de Mortain. Bien que le raidissement de la résistance allemande ait empêché la capture de Ger, la division blindée avait planté une lance dans le flanc ennemi pendant quatre jours supplémentaires, une menace constante entravant les communications allemandes entre Tinchebray et Sourdeval, perturbant les zones de concentration des troupes allemandes vers le front entre Sourdeval et Ger, et forçant l'engagement de la 10ème SS Panzer Division ailleurs que vers Avranches.

Les pertes allemandes étaient bien plus importantes que les pertes américaines. L'effet de l'artillerie et de la puissance aérienne étaient particulièrement parlants. Un régiment de la 2ème Division de Panzer avait été annihilé près du Mesnil-Tôve. La 1ère SS Panzer Division avait subi des pertes particulièrement lourdes en chars. La 2ème SS Panzer Division avait été réduite par des tirs d'artillerie conduits depuis la colline 317, et par les tirs des chars de la 2ème Division blindée près de Barenton, et par les attaques aériennes qui avaient semblé particulièrement efficaces dans ce secteur. Le seul effet de la contre - attaque de Mortain était qu'elle avait «pratiquement arrêté la progression du VIIème Corps. Au delà de cela, elle avait incité à un certain rajustement des forces dans la région de Mortain-Avranches, mais la remise en ordre des unités n'a pas eu plus de signification que locale. Même si l'attaque allemande avait réussi à couper les lignes d'approvisionnement des forces alliées au sud de d'Avranches, le SHAEF était prêt à parachuter aux forces de la 3ème Armée deux mille tonnes d'approvisionnement par jour.

La bataille avait en effet bénéficié aux Américains sur le front de la première Armée. A gauche du VIIème Corps, le XIXème Corps, après avoir attaqué dans la région de Sourdeval-Gathemo (avec les 28ème et 29ème Divisions et le CCA de la 2ème Division blindée) et avoir subi plus de 1.200 blessés en trois jours de lourd combats, a finalement progressé avec une facilité relative le 11 août. Le jour suivant était établi le contact avec la 30ème Division au nord de Mortain pris en tenaille avec les 4ème et 9ème Divisions. Sur la gauche du Vème Corps de la 1ère Armée, qui avait tenu fermement la ville de Vire avec la 2ème Division d'infanterie tout en exerçant la pression vers le sud-est, la pression allemande avait remarquablement diminué le 12 août. Ce jour là, les alliés manœuvraient pour encercler les Allemands qui s’étaient précipités sans succès vers Avranches.

L'activité de la 3ème Armée dans la Manche

À 1200 heures le 1er août 1944, par un temps clair chaud avec la bonne visibilité excepté dans les heures de début de la matinée, la troisième armée américaine sous le commandement du LIETENANT GÉNÉRAL G.S. PATTON JR, est devenu opérationnel sous couvert du secret officiel, bien que l'ennemi ait auparavant suggéré la présence en France de cette force. En plus du VIIIème corps, commandés par général principal TROY H. MIDDLETON, l'armée a pris le commandement opérationnel du XIIème corps, commandée par le major général GILBERT R. COOK, celui du XVème corps, commandé par le général principal WADE B. HAISSLIP et celui du XXème corps, commandé par le major général WALTON H. WALKER, ces trois corps étant stationnés à l’arrière des lignes. Àu même moment, le XIXème tactical Air Command, qui devait fournir le soutien aérien des activités de l'armée, devenait opérationnel sous le commandement du brigadier général 0. P. WESTLAND, dont le poste de Commandement jouxtait les quartiers de l’Etat-major de l'armée. Son commandement avait été rodé depuis l’Angleterre pour avoir fonctionné pendant des mois comme partie du XIXème Fighter Command et avait participé de façon croissante au support de l'attaque qui a précédé le D-day. Depuis le D-Day jusqu'au 1er août le commandement avait fourni le soutien aérien à la première armée américaine.

Sur le front de la 3ème Armée U.S. - l'ennemi était considéré comme capable de défendre le sud tout en essayant d'organiser une contre - attaque blindée puissante contre le flanc Est de l'armée jusqu’à la mer pour couper sur un axe Nord-Sud l’approvisionnement de l'armée. Il a été également considéré qu'il pouvait exécuter une contre-attaque fragmentaire contre l'armée en opérant alors à proximité de RENNES (Y05) et de DINAN (X79), et au nord du fleuve de SELUNE. La situation était trop imprécise alors pour formuler exactement les capacités réelles de l’ennemi à court terme. Au quartier général de la troisième Armée américaine près de MUNEV1LLE LE BINGARD, cinq miles au nord-ouest de COUTANCES, s’est tenue pendant une journée une conférence réunissant le général Bradley, commandant le douzième Groupe d’armées américaines, et les généraux commandant les XVème et XXème Corps et le commandant de la troisième Armée américaine, qui, depuis le 28 juillet, agissait en tant que commandant délégué du Groupe de commandement du VIIIème Corps d’Armée….

La mission de la 3ème Armée était de parvenir au sud et au sud-ouest du nœud de communication d'AVRANCHES (Y21) et de sécuriser les secteurs de RENNES (Y05) et de FOUGERES (T37), pour tourner l'ouest afin de capturer la péninsule bretonne, de contrôler les ports bretons et d’être préparé pour de nouvelles opérations à l'est. Deux problèmes ont été soulevés. Le premier était de maintenir ouvert le couloir entre les rivières de la SEE et de la SELUNE contre les contre - attaques ennemies. Le second, d'exploiter la percée déjà obtenue. Le général Patton a ordonné au VIIIème Corps (les 8ème et 79ème Divisions d'infanterie et les 4ème et 6ème Divisions blindées) de poursuivre son avance à l'ouest, de s'emparer de BREST et du secteur de QUIBERON (M99). Les XVème Corps (le 83ème et les 90ème D.I. et la 5ème Division blindée) ont reçu l’ordre de progresser vers le Sud sur leur zone assignée, en se coordonnant avec les VIIème (Ière armée américaine) et VIIIème Corps. Le XXème Corps (y compris la 2d Division blindée française, qui débarquait à partir du lendemain) ont reçu l’ordre de se déplacer vers le Sud, à partir de FOUGERES (TJ7). Le XIIème Corps (la 80ème Division d'infanterie qui venait de débarquer) a reçu l’ordre de préparer les troupes de la 3ème Armée U.SD. arrivant sur le continent et à se déplacer vers le Sud sur ordre. Le Commandement de la XIXème Force aérienne tactique devait fournir l'appui aérien.

Le VIIIème corps a continué à exploiter la percée à AVRANCHES, avec des éléments de la 4ème Division blindée atteignant la proximité de RENNES le jour même et se déplaçant vers le sud-ouest. Contre une résistance ennemie dispersée, la 8ème Division d'infanterie a placé des éléments le long de la 8ELUNE, alors que les principaux éléments de la 6ème Division blindée approchaient de DOL (ilkle-et-Vilaine). Les dépôts de réserve de la 3ème Armée ont été implantées à proximité de Nehou et surtout à La Haye-du-Puits 1.5000.000 galons de carburants, huile, graisses et 1.500.000 rations, 6.000 tonnes de munitions...Une directive du douzième groupe d'armées US a imposé une mission pour que la troisième armée américaine sécurise la ligne Saint-Hilaire-Du-Harcouët - FOUGERES - RENNES.

Le commandant d'armée a ordonné au XVème corps d’armée (les 33ème et 90ème Divisions d'infanterie et la 5ème Division blindée) d'occuper et tenir la grande ligne ST HILAIRE DU HARCOUET (T40) - FOUGERES (T40) - REFFUVEILLE (T41), et d'élever le degré de sécurité des barrages à travers le fleuve de SELUNE sous la responsabilité du VIII ème Corps.Le XVème Corps XV avait été chargé oralement d'assembler la 5ème Division blindée dans un secteur à l'ouest de l’axe LOUVIGNE DU DESERT et à l'est de ST-JAMES - sur la route de FOUGERES... Les troupes du XVème Corps ont été concentrées in la zone St-HILAIRES-DU-HARCOUET - FOUGERES(35). La 79ème D.I. est passée sous le contrôle du XVème Corps.

Le 3 août 1944, l'échelon arrière de l'état-major a rejoint l'échelon avant installé à BEAUCHAMPS (50), onze miles au nord d'AVRANCHE3, suivi du P.C.du XIXème Tactical Air Command. Le lendemain, tandis que les reste de la 3ème Armée de Patton se bat en Bretagne ou en Mayenne, les chasseurs allemands ont attaqué des colonnes d'aprovisonnement de l'Armée à PONTORSON et AVRANCHES.

Le 4 août 1944, les Allemands bombardent coutances et Avranches et démolissent une partie du pont à PONTAUBAULT u-dessus de fleuve la Sélune, réparé dans la nuit, doublé par un pont en bois de construction à PERT. L'ennemi a tenté de bombarder la nuit ces ponts critiques. Pour lutter contre cette menace des défenses anti-aériennes anti ont été établies le long de l'itinéraire d'approvisionnement accrues d'armes automatiques supplémentaires. La défense de la Sélune avec des canons de 90 millimètres prolongé de l'enbouchure du fleuve à SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET. Cette ligne de défense était extrêmement importante, non seulement dans les secteurs du pont mais parce que la destruction du barrage de DUCEY aurait inondé le secteur. Une zone d'artillerie intérieure a été établie à partir d'une ligne 12.000 yards de ^part et d'autrre du fleuve, depuis l'embouchure jusqu'à l'est de SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET. Dans cette zone, l'artillerie antiaérienne était chargée chargée d'engager immédiatement de nuit n'importe quel avion non identifié comme amical. Sur les 291 avions ennemis ayant attaqué le secteur les 6 et 7 août, plus de dix pour cent ont été détruits probablement par l'artillerie antiaérienne dirigées par radars IFF.

A partir du 7 août 1944, l'essentiel de l'activité de la 3ème Armée s'est déroulé dans le département de la Mayenne et en Bretagne, à l'exception de l'activité du XVème Corps déjà décrite dans le cadre de la contre-attaque allemande avortée contre Avranches et qui, jusqu'au 11 août, dépendanit plus du général Bradley, commandant du groupe d'armées U.S. que du général Patton.(Voir le chapitre précédent).

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Notes sur les Sources:
  1. "CROSS-CHANNEL ATTACK" par Gordon A. Harrison, CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.
  2. Voir Leigh-Mallory, “Despatch,” Fourth Supplement to the London Gazette of December 31, 1946 (p. 63)



dernière mise à jour le 28 avril 2015