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Comme les hommes, les peuples qui oublient leur histoire cessent d'exister!


Plan des pages consacrées au département de la Manche

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Les Mouvements de résistance,
La Mission Helmsman,
La préparation du débarquement dans la Manche,
opération "Croosbow",
L'entraînement des troupes d'assaut de la Force U,
Les bombardements de l'artillerie lourde côtière,
L'entrée en lice de la 101ème Airborne en Cotentin
l'épopée de la 82ème Airborne,
Sainte-Mère-l'Eglise, première commune libérée...,
La longue marche des 507ème et 508ème R.I.P.,
L'assaut d'Utah beach,
La bataille de Sainte-Mère-Eglise,
La conquête d'Isigny,
La libération de Carentan
La consolidation de la tête de pont d'Utah beach,
La neutralisation des batteries côtières,
L'isolement du Nord Cotentin,
L'isolement de Cherbourg,
La capture et la libération de Cherbourg
L'enfer sanglant de la bataille des haies,
La tête de pont entre la Taute et la Vire,
L'attaque vers Périers,
La contre-attaque allemande.
La Bataille de Saint-Lô,
La colline de Martinville,
La colline 122,
La légende du Major Thomas D. Howie,
La préparation de l'opération Cobra
L'attaque ratée du hameau de La Varde,
La défaite de Saint-Germain-sur-Sève,
L'opération Cobra,
Les bombardements aériens de Cobra,
L'attaque de l'infanterie américaine,
La libération d'Hébécrevon,
La diversion sur le flanc gauche,
La percée américaine
l'élargissement
de la brèche de Cobra,
Le piège se referme,
La poche de Roncey,
L'oeuf d'oie
de Bradley,
L'attaque alliée à
l'Est de la Vire,
4 jours de combat,
du XIXème Corps,
La bataille de
Moyon-Troisgots,
Ruée sur Avranches
La Directive n° 1
du Gl Bradley,
La capture de Brécey,
et celle de Coutances,
Objectif Avranches,
Les points de passage
vers la Bretagne,
sous contrôle,
Les batailles de Mortain,
La capture de Mortain,
La 1ère bataille de Mortain
La 1ère bataille de Mortain (suite),
La conception de l'encerclement
des forces allemandes,
Le dilemme allemand,
La fin piteuse de
la bataille de Mortain
La 3ème Armée US
dans la Manche

Résistance, Maquis et Libération du département de la Manche

Mouvements de résistance

Le département de la Manche a été un territoire clé sur le front de l'Ouest européen de la Deuxième Guerre mondiale. Pour comprendre cette Guerre, qui a modelé l'histoire du Monde, il est indispensable de connaître ce qui s'y est passé. La situation est au demeurant assez cocasse si l'on sait que c'est le général Irwin Rommel qui prendra la forteresse de Cherbourg le 18 juin 1940. Mais il faut bien reconnaître qu'à part une poignée de résistants et de pêcheurs et de résidents opiniâtres, bien peu d'habitants pourront participer à une résistance active, tant les mesures prises par la police et l'Armée allemandes seront pugnaces notamment dans la partie Nord de la péninsule où seront installées de nombreuses rampes de lancement de V1 comme le rappelle la carte ci-contre. La situation des habitants de la Manche s'apparente à bien des égards à celle des résidents du département du Pas-de-Calais.

Non seulement les habitants du Nord de ce département avaient vu leurs droits de circulation se réduire à la suite de la directive n°40 du 23 mars 1942 d'Adolf Hitler à ses armées, organisant les côtes contre un débarquement allié, mais tout le Nord du département et ses bois étaient dévorés par les rampes de lancement de V1 dont le PC du bataillon était installé à Valognes. Le site Wiki-Manche cite le chiffre de 1.441 résistants recensés dans la Manche au 15 octobre 1943 et 1.621 au 1er juin 1944, ainsi que plusieurs réseaux. et divers actes de résistance et condamnations à mort par le Tribunal militaire de Saint-Lô.(2) Détenir une arme, ou tenter de gagner l'Angleterre, ou même être accusé sans preuve d'avoir coupé des câbles téléphoniques, sont passibles de la peine de mort exécutée le lendemain de la décision du Tribunal militaire... Les réseaux sont souvent créés par opportunités autour de fortes personnalités politiques engagées. Mais on ne peut mieux faire que de renvoyer les internautes à la lecture de la page web consacrée à la Résistance dans la Manche qui parait constituer une excellente anthologie écrite de la résistance et des maquis en décrivant en détail les innombrables obstacles et dangers rencontrés par les résistants et les réfractaires au S.T.O. dans ce département, à partir des dossiers d'André Debon (1)(2).

Pour s'adapter à la situation, les réfractaires et résistants n'avaient pas d'autres possibilités que de créer des petits groupes de maquis très agressifs mais capables de se dissoudre dans la campagne et de se reconstituer très rapidement. Au sud de la Manche, des petits maquis F.T.P. très actifs ont été constitués dans les environs de Mortain, au Moulin de Martigny, et à Saint-Symphorien-des-Monts, groupant quelques 110 maquisards, dépendant du Commandant Petri, également C.M.R. de la région, qui contrôle également le maquis du Champ-du-Boult dans le Calvados et celui de Fougerolles-du-Plessis, dans la Mayenne. Il existe également des petits maquis à proximité de Saint-James et de Saint-Hilaire du Harcouet qui seront également approvisionnés en armes. dans le cadre de la mission Helmsman

Parmi les notables entrés en résistance dans la Manche, le site Wiki-Manche cite à juste titre: Joseph Bocher, ancien conseiller général et sénateur de la Manche, Daniel Cuche, Chirurgien à l'hôpital de Saint-Hilaire-du-Harcouët, Président du Conseil général de la Manche en 1945 et 1946, André Defrance, chaudronnier à l'arsenal de Cherbourg, FTP, et Commissaire Militaire Régional (CMR), Nommé en décembre 1943 Commissaire Militaire Inter Régional (CMIR) et déporté en janvier 1944, Albert Desile, , journaliste et membre de l'OCM, Hippolyte Gancel, écrivain, Pierre Le Conte, peintre et ami de Charcot, Raymond Le Corre, conseiller général, secrétaire de la SFIO pour la Manche à la tête de Libération-Nord, Henri Liébard , Ingénieur des Ponts-et-Chaussées à Saint-Lô, et entre autres, maire de Saint-Lô de 1953 à 1971, Maurice Marland, professeur d'anglais, de français et d'instruction civique à l'École primaire supérieure, il a créé dans la région de Granville un réseau affilié au réseau Brutus , arrêté et torturé entre juin et septembre 1943, il sera relâché et finalement arrêté le 22 juillet 1944 et retrouvé mort le lendemain dans un fossé criblé de cinq balles de revolver, au moment même de l'opération COBRA, Médéric-Védy, de son vrai nom Gilbert Médéric, est un compagnon de la Libération qui s'est suscidé sous la torture, Edmond-Marie Poullain, magistrat, artiste-peintre-graveur et aquafortiste, René Schmitt, maire SFIO de Cherbourg à deux reprises et député SFIO de la Manche et ancien secrétaire d'Etat à la reconstruction en 1946 et 1947.

Et il faut observer - si l'on scrute attentivement le dossier consacré à la Résistance dans la Manche - que beaucoup de réseaux nationaux: le réseau Hector, le réseau franco-polonais "F2 Marine", le "Réseau S.H.M.", qui disposait de moyens radios pour correspondre avec Londres, le groupe normand de Résistance "Robert", le réseau Saint-Jacques dirigé par Maurice Duclos, délégué en France du 2ème Bureau du Service de Renseignements de la France Libre, qui, conformément aux habitudes de ce service, porte un nom de station du métro parisien, qui s'est très bien implanté dans le Nord-Cotentin, le réseau "FAMILLE-INTERALLIÉ", CONFRÉRIE NOTRE-DAME (C.N.D.) de Rémy, "CEUX DE LA LIBÉRATION" (C.D.L.L.) fondé par l'industriel Maurice RIPOCHE, ancien pilote de chasse de la guerre 1914-1918, le "FRONT NATIONAL" dirigé par le communiste André DEFRANCE, qui a essaimé un partout dans le département et s'est organisé en triades, les mouvements socialistes et syndicalistes dans le giron de Libération-Nord, auxquels s'ajoutent des petits groupes de résistants qui se sont constitué au sein de la SNCF, des Postes, de diverses administrations, sans oublier un groupe Vengeance lié au réseau CENTURY. Pour être informés des mouvements des troupes allemandes, les alliés bénéficieront ainsi dans ce département d'un vivier inépuisable de résistants particulièrement compétents et prêts à sacrifier leur vie pour la libération de leur pays.

Bien que l'accomplissement des sabotages se révèle extrêmement difficile, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg a été dynamitée au nord de Carentan, et les lignes Coutances-Cherbourg et Coutances-Saint-Lô, ont été coupées, entravant ainsi l'acheminement des renforts allemands sur les plages de débarquement. En outre, ont été coupés les câbles téléphoniques reliant le 84ème corps d'armée allemand stationné à Saint-Lô et la 91e division à Valognes, ainsi que les câbles Saint-Lô-Jersey et Cherbourg-Brest.par un groupe de résistants qui s'est réfugié ensuite à Beaucoudray.

La Mission Helmsman (1)

La mission "Helmsman" est en fait le nom de code de la mission confiée au capitaine ANGLAIS J.B. HAYES (Eric), chargé au début du mois de juillet 1944 par le Quartier général (du groupe d'armées américaines en gestation), de réaliser une mission de renseignements derrière les lignes ennemies. Il s'agit de savoir où porter l'effort pour réaliser la percée au moment même où PATTON, sous haute surveillance, vient de débarquer dans le Nord du Cotentin.

Sous le pseudonyme d'"Eric", le parachutage de Hayes a été réalisé dans la nuit du 8 au 9 juillet 1944, à Fougerolles-du-Plessis. Il a été précédé de plusieurs parachutages d'armes destinés notamment aux maquis du Mortainais, de l'Avranchin et du Champ-du-Boult. L'objectif que souhaite remplir "Eric" est de faire traverser les lignes allemandes à des équipes de maquisards chargées également de transporter et de répartir des armes et des explosifs dans le département de la Manche.

Le 11 juillet 1944, le capitaine Hayes tient un conseil en présence de Louis PETRI, C.M.R. pour l'Ille-et-Vilaine, la Mayenne et des Côtes-du-Nord, qui commande également les F.T.P. implantés dans le Sud du Calvados, assisté de son adjoint Julien LAMANILEVE, de René BERJON (Emile), chef départemental des groupes de F.T.P., de Claude de BAISSAC, de Jacques NAVIER et d'Alice BOUGOURD, agents de liaison. BERJON reçoit la mission de fournir à J.B. HAYES des pièces d'identité, une maison sûre, dont il pourra faire son quartier général, et des résistants dévoués acceptant, par groupes de deux, de traverser les lignes allemandes.

Chaque équipe devra relever les positions occupées par les troupes allemandes, leur armement, les numéros des unités, l'emplacement des dispositifs antichars, les concentrations de blindés, et les dépôts d'essence et de munitions. Munie du mot de passe qui leur est confié, chaque équipe devra livrer les renseignements qu'ils auront relevé aux agents du Counter Intelligence Corp (C.I.C.), organisme basé à Neuilly-la-Forêt, qui regroupe les traducteurs des services de renseignement américains de la future 3ème armée U.S.

Le 13 juillet, J.B. HAYES est installé dans la ferme d'Emile BAGOT à La Mancellière, où il a établi son quartier général avec René BERJON (Émile), chef des groupes F.T.P., et son suppléant Julien LAMANILEVE. Dès le lendemain, une première équipe se présente qui sera suivie d'une quinzaine d'autres jusqu'au 31 juillet 1944, date à laquelle J.B. HAYES quittera la Mancellière. Seuls quatre hommes rendront compte de leur échec, les 26 autres étant entendu par le C.I.C., voir par des officiers de l'Etat-major (en principe du bureau G3) de la 1ère armée américaine, encore placée pour quelques jours sous le commandement du général Bradley.

La mission qui paraît avoir eu le plus d'impact sur le cours des opérations militaires américaines est probablement celle qui a été confiée simultanément à Emile DEJONC, Jean VAUZELLE (Jean II), rescapé du bombardement de la prison de Saint-Lô, et son ami Willy ROCKER. Si le premier a été porté disparu (il peut aussi bien avoir été fusillé qu'avoir sauté sur un nid de mines), les deux autres ont cheminé sur l'axe Villedieu, Saint-Samson-de-Bonfossé, Saint-Lô. Partis le 15 juillet de Saint-Martin-des-Champs, les deux autres agents d'ERIC ont été arrêtés à Villedieu, où ils ont pu échapper à la mort, pour être porteurs d'une carte et d'une boussole, en s'enfuyant en sautant par dessus les haies... sous les grêles de balles des mitraillettes allemandes.

Arrêtés sans pièces d'identité le lendemain à Saint-Samson-de-Bonfossé, ils s'évadent de la pièce où ils ont été enfermés pour arriver en pleine bataille à Saint-Lô le 17 juillet 1944. Arrêtés à nouveau par une patrouille allemande à Saint-Lô, ils s'échappent une fois de plus pour se réfugier dans une vieille maison encore debout, dont ils ne sortiront que le 21 juillet, à l'entrée des troupes américaines dans Saint-Lô.

Amenés au C.I.C., les deux rescapés ont fourni des renseignements précieux sur l'importance des troupes ennemies au Sud de Saint-Lô ainsi que sur la garnison allemande au barrage de Vezins, qui avait l'ordre de détruire cet ouvrage en cas de retraite. Ces renseignements vont permettre de peaufiner la mise au point de l'Opération "Cobra", dont la date sera repoussée, et au jeune Vauzelle, promu éclaireur d'une colonne américaine, de sauver le barrage de Vezins.

La Manche
La carte à gauche a été fabriquée à l'aide de Google map
Pour consulter le texte original du Général Eisenhower, cliquer sur ce lien.
Il est néanmoins indispensable de télécharger au préalable Adobe Reader 9.1

L'intervention alliée

Le département de la Manche a constitué un immense champ de bataille où s'est joué le sort de la Guerre au bénéfice des Alliés. Mais avant de parvenir à ce résultat, il a fallu que les Américains réussissent à débarquer à Utah beach.

La phase de préparation du débarquement
1er avril au 5 juin 1944

Plusieurs problèmes de nature différente ont été posés aux bureaux G3 du S.H.A.E.F. et de la 1ère Armée US chargés de planifier le plan OVERLORD et celui de l'assaut et du débarquement proprement dit appelé "Neptune". Parmi ces questions émerge celle des sites de lancement de V1, qui, avec la capture de Cherbourg, ont été déterminants dans le choix de Utah Beach, comme plage de débarquement

L'un des premiers problèmes mis a jour a été celui des sites de lancement de V1. Les alliés n'ont pas tardé à constater que beaucoup de rampes de lancement de V1 du Cotentin n'étaient pas orientées vers Londres mais vers Bristol et le Sud de l'Angleterre.(3)

Les opérations "noball" dans le cadre de " Crossbow"

Le Commandant suprême du Corps expéditionnaire allié, le général Dwight D. Eisenhower, a livré son appréciation sur les conséquences des installations des rampes de V1, en particulier dans le Cotentin, au chapitre "D-Day and lodgment" de son ouvrage "Crusade in Europe" (pp. 258 à 260), dont est donnée ci-après la traduction tant ce passage est indispensable pour comprendre pourquoi et comment il a choisi Utah Beach, comme plage de débarquement:
"Le 12 juin 1944, la première bombe volante, connue sous le nom de V-1, a atteint Londres. Le V-1 était un petit avion sans pilote qui volait à grande vitesse sur un parcours déterminé et terminait son vol au moyen d'un mécanisme intégré. Il contient une grande charge explosive qui explosait lors du contact au sol, et l'effet de souffle était terrible. Le premier V-2 n'a pas été employé avant le début du mois d’août. C'était une fusée, projetée dans l’air à une grande hauteur qui retombait à une telle vitesse que le premier avertissement de son impact était son explosion. Pendant son vol, il ne pouvait pas être entendu, vu, ou arrêté et pour ces raisons ne paraissait jamais aussi terrifiant que le V-1.
"La bombe V-2 était particulièrement destructive quand elle tombait directement dans certaine structure. En raison de sa vitesse, elle pénétrait profondément dans le sol et son grand effet explosif était exercé directement vers le haut. Par conséquent, quand il tombait dans des espaces ouverts, il était relativement inefficace, mais sa charge explosive était si importante que, quand elle frappait un bâtiment, sa destruction était plutôt complète.
"Le développement et l'emploi de ces armes ont été assurément retardés par notre campagne de bombardement du printemps contre les endroits où l’on suspectait qu’ils étaient fabriqués à Peenemünde, en Allemagne, qui était connu pour être une des plus grandes installations d'essai allemandes et périodiquement, nous envoyions de grandes formations des bombardiers pour attaquer ce site. Il y avait d'autres endroits connus de nous comme suspects. L’un d’entre eux était Trondheim, en Norvège, où nous avons pensé que les Allemands s’étaient engagés dans le développement atomique. Nous avons également bombardé les chantiers de lancement suspects le long des côtes de l'Europe du nord-ouest, où nos photographies de reconnaissance aérienne ont montré les nombreux équipements et installations qui ne pouvaient pas être interprétés en terme d’armements. Ces secteurs ont été sans cesse pilonnés.
"L'effet des nouvelles armes allemandes était notable sur le moral. La Grande-Bretagne avait résisté à des expériences terribles de bombardement. Mais quand en juin les alliés ont débarqué avec succès sur la côte de la Normandie, les citoyens ont éprouvé incontestablement un grand soulagement, non seulement à la perspective de la victoire mais dans l'espoir d’échapper aux bombardements. Quand les nouvelles armes ont commencé à survoler Londres en nombre considérable, leurs espoirs étaient en berne. En effet, même l'effet démoralisant des bombes n'était pas confiné à la population civile; les soldats du front ont recommencé à s'inquiéter du sort des amis et êtres aimés restés à la maison, et beaucoup de soldats américains m'ont demandé avec inquiétude si je pouvais leur donner des nouvelles au sujet des villes particulières où ils avaient précédemment été postés en Angleterre méridionale.
"Il m’est apparu que probablement que, si les Allemands avaient réussi à perfectionner et à utiliser ces armes nouvelles six mois de plus tôt qu'il ne l’a fait, notre invasion de l'Europe se serait révélée excessivement difficile, peut-être même impossible. Je suis sûr que s'il avait réussi à utiliser ces armes sur une période de six-mois, et en particulier s'il l’avait fait de la région de Portsmouth -Southampton sa principales cible, (la planification d') OVERLORD n’aurait pas pu être écrite
. "Les mesures défensives contre les v-1 ont bientôt atteint très un haut niveau d'efficacité, mais néanmoins, la menace de leur arrivée était toujours présente à toutes les heures du jour et de la nuit et par toutes les sortes de temps. Dans ce domaine, nous avons voulu capturer les zones depuis lesquelles ces armes étaient mises à feu contre l'Angleterre méridionale. Cependant, il faut dire au crédit des chefs britanniques qu'aucun d’entre eux ne m'a jamais pressé par le passé de modifier un quelconque détail de mes opérations prévues, même afin d'éliminer simplement ce fléau."
Dans son rapport (p. 36) sur les Opérations en Europe, le commandant des armées alliées avait déjà indiqué:
"...Alors que les armes semblaient en général dirigées contre Londres, il se pouvait que notre rassemblement de navires dans les ports méridionaux de l'Angleterre constituât une cible intéressante et que la préparation de notre opération (Neptune) se heurtât à une intervention de la part de cette arme menaçante...
Il reste quelques vestiges des sites de lancement de V1 dans le Nord Cotentin parmi lesquels on peut citer les sites suivants: Toujours est-il qu'à partir du 15 avril 1944, date à partir de laquelle le général Eisenhower a eu la haute main sur l'ensemble des formations aériennes alliées, les tirs de V1 lancés depuis le Cotentin gênaient bien l'armée américaine puisque la 8ème US Air Force a exécuté, le 8 mai 1944, en plein jour le bombardement massif des sites de lancement de V1 de Sottevast et de la Glacerie en y expédiant respectivement 52 et 28 bombardiers lourds, des opérations qui s'ajoutaient aux missions périodiques de surveillance photographiques et de harcèlement menées par les chasseurs bombardiers de la 9ème US Air Force ou ceux de l'A.E.A.F., ou encore ceux de l'A.D.G.B. (Air Defense of Great Britain). Il s'ajoute à ces attaques, une attaque lourde par une centaine de bombardiers lourds de la VIII ème US Air Force des rampes de lancement les plus proches de Cherbourg.

Il est néanmoins certain que les bombardements intervenant dans le cadre de "Crossbow", déclenchés à partir du mois de décembre 1943 ont beaucoup plus concerné les rampes de lancement du Nord de la France que celles installées dans le Cotentin. La raison vraisemblable est imputable aux retards pris par les Allemands dans le bétonnage du Mur de l'Atlantique, retards dus pour l'essentiel aux conséquences de l'opération "Point-blanck" et à l'exécution du plan de bombardement des voies et moyens de communications mise en œuvre depuis le mois de mars 1944 notamment sur les nœuds ferroviaires, routiers et fluviaux. C'est ainsi que les alliés ont pu constater que de nombreux emplacements d'artillerie du mur de l'Atlantique n'étaient pas encore casematés, notamment à proximité de Cherbourg, par manque de béton. Il est certain que les approvisionnements en matériaux, qui ne pouvaient être alloués à la construction du mur de l'Atlantique ne pouvaient pas l'être non plus à la construction des sites de lancement de V1.

L'entraînement des troupes d'assaut de la Force U au débarquement...

Dès le mois de janvier et jusqu'au mois de mai 1944, les opérations de débarquement et d'assaut ont donné lieu à des exercices d'entraînement des troupes d'assaut et de réserve. Ces exercices ont donné lieu à des répétitions générales appelées "TIGER" pour la Force U (VII Corps d'armée US) fin avril, FABIUS, pour la force O (1ère Division US), Force B (29ème Division britannique)... Les exercices de débarquement s'exécutaient souvent de nuit sur le plage de Slapton au sud-ouest de Darmouth, qui ressemblait à celles qui devaient être assaillies par les alliés.

Or, en plein exercice de nuit "TIGER", un des convois de la Force U a été attaqué dans la nuit du 27 avril 1944 par neuf vedettes allemandes du type E-Boats (vedettes lance torpilles) coulant deux navires porteurs de chars et en endommageant un troisième.

Selon le rapport de la Royal Navy, 638 soldats américains et 89 autres blessés, soit beaucoup plus de dégâts que la force U a subis durant l'assaut d'Utah beach. Tandis que Eisenhower constatait que, de ce fait, la réserve des barges porteuses de chars de débarquement était réduite à zéro. A propos de cette attaque, le général Dwight D. Eisenhower a expliqué dans son rapport sur "Les opérations en Europe" publié dès 1946 (8) qu'un "des contre-torpilleurs d'escorte fut avarié au cours d'une collision dans la nuit du 26 au 27 avril et ne se trouvait pas à sa place lors de l'attaque du convoi par des vedettes rapides..."

Dans le tome 2 de son livre consacré à la "Guerre secrète" (9), Anthony Cave Brown a décrit en détail l'attaque des E-boots allemands qui, dissimulés par un rideau de fumée ont pu attaquer de près une colonne de huit L.S.T. (ou navy Landing Ship Tank souvent appelés Liberty ship) à la tête desquels se trouvait le général Théodore Roosevelt se dirigeant tous feux éteints dans Lyme Bay, à 11 miles de la côte vers la plage d'entraînement de Slapton Sand.

Anthony Cave Brown raconte que les bateaux allemands étant passés au travers des naufragés avaient été en mesure de ramasser des naufragés alors que certains des officiers naufragés étaient porteurs de documents ultrasecret frappés du sceau " Bigot". Ce fait contraignit le général Betts, adjoint du responsable de l'espionnage au S.H.A.E.F. et le colonel Gordon Sheen, chef de la sûreté du S.H.A.E.F., à faire rechercher le corps des naufragés jusque dans les épaves des L.S.T. coulés afin de retrouver le maximum de dossier " Bigot". Ces mesures n'empêchèrent pas les Allemands de renforcer du mieux qu'ils le pouvaient les défenses des côtes normandes, le services de décryptage FunkAbwehr (justement dirigé par le capitaine Frei, voir page 2) ayant réussi à casser les chiffres des codes utilisés par les réseaux S.O.E. France de Rémy, et ceux utilisés par les Américains, ce qui leur permettait d'être particulièrement intoxiqués par les simulations de trafic radio organisées à leur intention par le très fictif F.U.S.A.G. (First U.S. Armies Group) censé être commandé par PATTON.

Les bombardements de l'artillerie lourde côtière...(10)

Deux batteries lourdes dans la Manche avaient retenu l'attention des alliés: celles de Morsalines et de Saint-Martin-de-Varreville, qui ont été attaqués dans la nuit du 28 au 29 mai 1944 par des Lancasters de la R.A.F. La batterie de Saint-Martin de Varreville, marquée par 7 Mosquitoes pathfinders, a été bombardée par 64 Lancasters qui ont déversé 356 tonnes de bombes hautement explosives. Ont été détruites la casemate n°3, celle de direction des tirs et surtout celle de cantonnement des servants écrasée sous les bombes.

Les bombardements des batteries côtières se sont poursuivis, au demeurant tout le long des côtes de la Manche de Cherbourg à Dunkerque, jusqu'au 6 juin 1944, parfois sous la forme de harcèlement telles les patrouilles effectuées par une centaine de bombardiers légers de la 9ème USAF, le 1er juin 1944. ou par 175 autres appareils le lendemain ainsi que sur les sites de lancement de V1 et encore par 500 bombardiers légers le 4 juin et encore une centaine sur la zone de Cherbourg le 5 juin 1944 (il s'agissait probablement pour les maraudeurs de la 9ème USAF de détecter les batteries encore actives après les bombardements massifs opérés à la fin du mois précédent et de familiariser les équipages avec leur zone de bombardement des 6 et 7 juin 1944).

Bien sûr, les bombardements lourds sur les batteries côtières ont repris dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 et dans la Manche, ce sont encore les batteries de Merville et de Saint-Martin de-Varreville qui ont été matraquées par les bombardiers lourds de la R.A.F.

...Et ceux des radars et des systèmes radios

Côté radar, c'est le radar du Cap de la Hague-Jobourg, qui a été attaqué à la roquette par les typhoons des 174, 175 et 245ème escadres de la deuxième Tactical Air Force et détruit le 5 juin 1944 ainsi que la station d'écoute des bombardiers à long rayon d'action (trois Typhoons ont été abattus par la FLAK).

Dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1944, la station radio de Beaumont Hague/au feure a été attaquée par 121 bombardiers lourds de la R.A.F. qui ont déversé 498 tonnes de bombe. Quelques coups au but ont mis cette station hors d'usage.

Dans la nuit du 3 au 4 juin 1944, la station d'écoute de Cherbourg/Urville-Hague, qui hébergeait le quartier général allemand des services de renseignement pour le Nord-Ouest de la France a été attaquée par 99 bombardiers lourds de la R.A.F. qui a déversé 570 tonnes de bombes. La station a été complètement détruite.

Un nouveau type de canon automoteur de 170 mm a été découvert par le renseignement allié dans le Cotentin au nombre de huit exemplaires. Ce canon très mobile avait une portée de 32.370 yards soit quelque 30 km (au lieu de 25.000 yards pour le canon automoteur de 155 mm américain). De ce fait, les chasseurs-bombardiers alliés ont reçu l'ordre de faire la chasse à chacun de ces canons à partir de la mi-mai. Chacun des huit canons a été bombardé à l'occasion des raids aériens américains jusqu'à leur délocalisation de la zone de débarquement.

Le choix de l'heure du débarquement

Bien sûr, les alliés ont mené des reconnaissances aériennes sur les divers obstacles que les allemands disposaient sur les plages normandes pour tenir en échec les débarquements alliés. En observant particulièrement les travaux sur la plage de Quineville dans l'Est du Cotentin, ils ont constaté que ces travaux avançaient très rapidement. Ils ont noté qu'en quatre jours avaient été mis en place une double rangée de tétraèdres ou des hérissons de 2.300 yards de long, avec 26 pieds de long entre les obstacles.

Au milieu du mois de mai 1944, ils ont observé que les obstacles sur les plages d'invasion n'avaient pas été prolongés au-dessous de 8 piedsdépassant le niveau des basses eaux. Ils en ont déduit que si, pendant les jours restants à courir avant le jour J, les obstacles n'étaient pas placés plus bas, l'heure de débarquement planifiée de trois heures avant la marée haute permettait aux soldats du génie de toujours traiter les obstacles au sec!...

Ouvrir une brèche suffisante dans les obstacles était donc parfaitement réalisable. Mais ce principe, ne laissait comme jours de débarquement au petit matin que les 5, 6 ou 7 juin 1944...Un principe un peu décalé par rapport à l'ordre de mission d'Eisenhower qui fixait la date limite de débarquement au 1er juin... afin de ne pas mécontenter Stalin! Ces indications expliquent la décision de débarquement prise par le Commandant suprême des Corps expéditionnaires alliés arrêtée le 5 juin 194.

Sur le plan du débarquement proprement dit, l'accroissement des divisions alliées débarquant posait un sérieux problème de compatibilité avec le débarquement de l'opération Anvil à Anzio, et le débarquement en Provence, initialement prévu le même jour que le débarquement en Normandie. Finalement, les renforts de troupes à Anzio ont été sérieusement réduits tandis que l'opération Dragon du débarquement en Provence a été reportée au mois d'août 1944.

L'entrée en lice de la 101èmeAirborne en Cotentin (10)

Les opérations préparatoires au débarquement en Normandie, dénommé spécifiquement Neptune, à différencier des opérations programmées pour OVERLORD, avaient commencé, on s'en doute, bien avant la désignation de Dwight D. Eisenhower, comme commandant suprême. Mais la modification du plan initial prévu par le COSSAC pour trois divisions posait pas mal de problèmes nouveaux à commencer par son adaptation à la planification d'OVERLORD, d'une part, et d'autre part, aux renforts allemands arrivant en France et aux modifications qu'ils apportaient à la défense du mur de l'Atlantique conformément aux directives d'A. Hitler auquel il était régulièrement fait rapport.

A l'origine, Le Général Morgan, avait prévu d'employer deux Divisions parachutistes transportés par 632 avions. Il s'agissait alors de sécuriser des ponts et de neutraliser certaines défenses côtières pour s'emparer de Caen dans la bataille initiale. Mais, même dans ce cas, il lui manquait encore 372 avions de transport. En outre, des rapports circulant parmi les officiers planificateurs dénonçaient les erreurs commises dans l'emploi massif de troupes parachutées. Mais Eisenhower et le général Marshall, chef d'Etat-major de l'armée américaine pensaient, à la suite des opérations menées en Sicile, que si c'était une erreur que de disperser l'effort des troupes aéroportées, elles pouvaient jouer un rôle immense dans la prise de contrôle des ports par exemple.

C'est la raison pour laquelle le général Eisenhower a proposé le 7 février 1944 que les parachutistes anglais soient largués massivement sur la rive Est de l'Orne, et que "deux divisions soient larguées simultanément dans les zones US et britanniques « avec une telle importance des moyens comprenant les équipages entraînés à des largages simultanés de planeurs pour permettre à une troisième Division Aéroportée d'être larguée 24 heures plus tard.»

A quoi l’état-major britannique de l'air lui avait répondu catégoriquement que c’était impossible en raison du manque d’équipages qualifiés. Il faut préciser qu'un équipage de planeurs devait recevoir au moins 30 heures de formation basique auxquelles s'ajoutaient des cours de radio et de navigation... Mais, il avait été décidé de larguer la 101ème Aiborne Division derrière la plage d'Utah beach et deux brigades de parachutistes britanniques à l'Est de l'Orne, dont les équipages avaient effectivement été mis en formation...

L'assaut aérien des 82ème et 101ème Airborne Divisions dans la nuit du 5 au 6 juin 1944
Cette carte est extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon A. Harrison cf note 8.
Pour mieux l'apprécier la lire sur zoom image.
Et dès lors, la première Armée US réclamait le largage d'une deuxième Division Aéroportée pour bloquer le corridor de Saint-Lô-d'Ourville et pour empêcher l'arrivée de renforts ennemis dans le Nord Cotentin, cela supposait de parachuter la 82ème Airborne Division à proximité de Saint-Sauveur-le Vicomte dans la nuit du D-day. Les discussions en restèrent là car les planificateurs et Eisenhower furent assez longuement et inutilement occupés par le plan "Bold" du général Arnold soutenu par le général Marshall, qui proposait de créer le jour du D-Day une tête de pont tenue par des unités parachutistes dans la zone Evreux-Dreux.

Les entraînements des équipages de planeurs se poursuivant, l'Air Chief Marshall Sir Trafford Leight Mallory, que les Américains appelaient malicieusement "Leight Mallory", disposait bien, fin avril 1944, des moyens matériels pour larguer simultanément deux divisions parachutistes US derrière Utah beach et les unités anglaises prévues sur les rives de l'Orne.

La décision alliée, qui requérait un accord unanime des états-majors britanniques et américains, continua à pourrir jusqu'à la fin du mois de mai 1944, quand les Alliés ont appris que les Allemands avaient fait entrer dans le Nord-Cotentin la quatre-vingt-onzième Division d'infanterie qui était considérée comme une division d'élite très expérimentée. Cette fois, les planificateurs ont admis de déplacer les zones de largage de la 82ème Airborne sur les rives du Merderet, et de décaler les zones de drop de la 101ème Airborne de telle sorte que les divisions parachutées soient placées dans un secteur relativement petit et facilement défendable entre les plages et les rivières de la Douve et du Merderet.

Mais il est certain que les équipages de planeurs de la 82ème Airborne ont eu très peu de temps pour s'entraîner et pour étudier leurs terrains de chasse, alors qu'on leur demandait d'atterrir de part et d'autre des rives du Merderet selon le schéma ci-dessus. Une vraie performance par temps de tempête avec des rafales de force 4...et un largage des parachutistes avec leur "barda" à basse altitude (500 pieds) et, juste avant l'aube, l'atterrissage de planeurs lourdement chargés pas vraiment faciles à manoeuvrer. Une certain nombre de parachutistes furent noyés ou disparurent dans les marais.

A 0h11, commence les opérations "TITANIC".(11) Le premier groupe Titanic composé de trois hommes dirigé par le lieutenant Noël POOLE se pose dans un champ, 8 kilomètres à l'Ouest de Saint Lô, suivi quelques minutes plus tard, d'un second groupe commandé par le capitaine dit Harry 'Poulet', FOWLES. Afin de simuler une attaque d'envergure d'autres Stirlings parachutaient 200 poupées 'dummies' qui, en atterrissant, libéraient fusées parachutes, fusées éclairantes et simulateurs de fusils et mitrailleuses. POOLE, FOWLES et leurs hommes avaient installé des amplificateurs d'où sortaient des détonations, de mortiers et jurons de soldats, avant de disparaître dans les vergers.

Des opérations similaires destinées à égarer le Commandement allemand se sont déroulées à Yvetot et Harfleur, près du Havre, autour de Saint Hilaire du Harcouët, de Lessay, de Villedieu les Poëles, près de la forêt de Cerisy, et de la forêt d'Ecouves et le long des routes entre Lisieux et Evreux.

Toujours est-il qu'à 0h15, les premiers parachutistes éclaireurs chargés du marquage des zones de largage (DZ) sautent dans le Cotentin avec à leur tête le capitaine F Lillyman, pour baliser les D.Z. "A" à l'ouest de St Martin de Varreville, "C" au nord de Hiesville, "D" à l'est d'Angoville au Plain et "E" au nord de Hiesville, destinée aux planeurs des missions "chicago" et "keokuck". Les C47 de transports de parachutistes doivent arrivés 45 minutes plus tard.(11)

Peu avant minuit, 433 transports de troupes de la 101ème Airborne chargées par le IXème Air lift U.S. Troop Carrier Command transport ont décollé depuis un aérodrome du secteur de Newbury-Exeter pour l'opération " Albany " (13 transports seront détruits et 83 endommagés) pour être largués sur la zone de Sainte-Mère-L'Eglise moins de deux heures plus tard dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Mais la présence de la FLAK, mise en place dans le secteur de saut de la 101ème Airborne pour protéger les sites de lancement de V1 en construction, eût pour effet de disperser les 6.600 parachutistes largués de cette division dans un quadrilatère de 40 km sur 24 et de leur faire perdre 60% de leur matériel lourd.

Les sauts des parachutistes américains seront suivis à 3h54 (11) par les 52 planeurs "waco" de la Mission "Chicago",remorqués par des C-47 du 434th Troup Carrier Group sur la LZ "E" située au nord de Hiesville. Ils sont chargés de 158 hommes, 16 canons de 57mm du 81ème bataillon Antichar, un "baby" bulldozer, 1 antenne chirurgicale, 1 jeep radio et une remorque avec un poste SCR 199 permettant les communications longue portée avec la base en Angleterre.

A quatre heures, alors que le lieutenant-colonel Edward C. KRAUSE, à la tête du 3ème bataillon du 505ème RIP s'est rendu maître de Sainte-Mère-L'Eglise, 52 planeurs se posent sur la LZ "O" au nord-ouest de Ste-Mère-Eglise. Ils transportent les batteries A et B du 80ème bataillon d'artillerie anti-char, le QG de la 82ème Airborne, le QG de l'artillerie et des transmissions (opération " Detroit ") un planeur étant manquant un autre abattu et 3 autres endommagés.)

Dans les mêmes conditions et au même moment, 372 transports de parachutistes de la 82èmeAirborne décolleront d'un aérodrome au Nord de Londres pour être largués sur leur zone de Saint-Sauveur-le Vicomte (opération " Boston " (8 transports manquants et 115 endommagés).Afin de dérouter les contrôleurs de la Luftwaffe les appareils de transports avaient fait un large détour pour aborder le Nord Cotentin par l'Ouest.

En raison de la présence de sites de lancement de V1 en construction, les Allemands avaient disséminé des petites garnisons dans les communes proches. La plupart du temps, les parachutistes américains seront d'abord engagés dès leur atterrissage par ces petites garnisons qui devront être réduites une à une.

La guerre pour la libération du Cotentin et de la France avait commencé comme elle avait commencé également en Normandie avec les parachutistes de la 6th British Airborne Division sur les rives de l'Orne.

Dans le même temps, respectivement 101 et 100 bombardiers lourds du Bomber Command (R.A.F.), guidés par leur radar H2S, matraquaient, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 les batteries côtières de Crisbecq et Saint-Martin de Varreville y déversant respectivement 598 et 613 tonnes de bombes hautement explosives faisant rougeoyer le ciel en pleine nuit.

La nuit du 5 au 6 juin 1944

Restructurer et concentrer 13.000 hommes appartenant à deux divisions parachutistes larguées de nuit à partir de 822 avions par un vent de force 4 à 500 pieds, c'est à dire à moins de 200 m d'altitude, dont toute une division parachutée de part et d'autre du Merderet et de ses vasières inondées par les Allemands n'était pas une mince affaire. D'autant plus que la plupart des postes radios, et notamment ceux de la 82ème D.I.P. ne résisteront à l'immersion dans l'eau des vasières. Les criquets distribués aux parachutistes avant leur embarquement ont donc longtemps sonné leurs chants provençaux au sein des haies dans les brouillards du Nord Cotentin qui ont suivi les parachutages avant que ne commencent à se former des unités aptes à combattre et à exécuter leur mission respective.

La zonede largages de la 101ème Airborne dans la nuit du 5 au 6 juin 1944
Cette carte est extraite de "CROSS-CHANNEL ATTACK", by Gordon A. Harrison cf note 8.
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La mission principale de la 101ème Airborne était de conquérir la frange occidentale contre le secteur inondé de la plage entre Saint-Martin-de-Varreville et Pouppeville. Sa seconde mission était de protéger le flanc Sud du VIIème corps et d’être prête à progresser vers le sud à travers Carentan. La dernière tâche devait être effectuée en détruisant deux ponts sur la route principale de Carentan et le pont en chemin de fer à l'ouest, en se saisissant et en tenant le verrou de La Barquette, et finalement d’établir une tête de pont au-dessus de la Douve, au nord-est de Carentan.

Les deux sorties de plage au sud de la zone du 502ème R.I.P. étaient sous la responsabilité du 506ème (colonel Robert F. Sink). Quant au 506ème R.I.P. (moins le 3ème bataillon), il avait sauté entre Hiesville et Sainte-Marie-du-Mont et occupa immédiatement la rive occidental du secteur inondé entre Audouville-La-Hubert et Pouppeville. Le 3ème bataillon, parachuté juste au sud de Vierville et chargés de défendre le cours de la Douve dans le secteur du régiment, devait se saisir de deux ponts à Le Port et établir une tête de pont en vue d’une exploitation ultérieure au sud.

Comme le 502ème R.I.P., le 506ème a fait l’expérience d’un saut dispersé, mais a pu se regrouper rapidement. Deux heures après l'atterrissage, quelque 90 hommes du QG régimentaire et 50 hommes du 1ęr bataillon (Lt Col. William L. Turner) étaient regroupés dans la zone régimentaire. L'aventure du colonel SINK à la tête du 506ème R.I.P., parachuté dans la zone de Sainte-Marie-du-Mont illustre bien ce qui allait devenir la guerre des haies. Sans le savoir, il avait installé son P.C. au beau milieu du 2ème bataillon du 191ème régiment d'artillerie allemand commis à la défense côtière et dont le QG était installé à Sainte-Marie-du-Mont. Ainsi il pouvait à loisir surveiller trois batteries ennemies comprenant chacune quatre obusiers de 105 mm.

C'est dans ce contexte que le colonel Sink, arrivé seul sur place est parvenu, en les guettant depuis la route de Cherbourg, à réunir 650 de ses hommes pendant la journée. Quatre des obusiers allemands ont finalement été capturés près de Hody par le 1er bataillon de son régiment!...

Quant au 2ème bataillon (Lt Col. Robert L. Strayer), en dépit d'un atterrissage complètement hors de sa zone dans le secteur du 502ème R.I.P. au nord, il a réussi à rassembler environ 200 de ses hommes. Pour remplir sa mission principale de contrôle des sorties sud de la plage à Houdienville et Pouppeville, le bataillon s’est dirigé vers le sud en essuyant des tirs de mitrailleuses qui l’ont retardé. Lorsqu’il a atteint enfin Houdienville, les troupes débarquées pénétraient déjà dans les terres.

Sans nouvelle le colonel Sink, a expédié sa réserve (1er bataillon) à Pouppeville pour exécuter sa mission de couverture des sorties d’Utah beach, sans savoir que le major général Mawwell Taylor, commandant la division avait procédé de même avec le 3ème bataillon du 501ème R.I.P. qui avait pour tâche initiale de protéger le nord-ouest de la zone d’atterrisage des planeurs au nord-pouest de Hiseville. Bien que très dispersés par la Flak et alors que trois de ses avions transporteurs avaient été abattus, le 3ème bataillon a pu regrouper quelque 300 hommes au QG de division et établir le PC de division comme prévu à Hiesville.

Expédié à Pouppeville avec moins de cinquante hommes, affrontant quelque 70 allemands de la 91ème D.I. , le colonel Ewell s'est rendu maître de Pouppeville et de la sortie de plage vers midi faisant 38 prisonniers, le reste de la garnison allemande étant capturé par les troupes du 8ème régiment d'infanterie US qui venaient de débarquer à Utah Beach.

Le colonel Cole, qui avait rassemblé quelques 75 hommes appartenant aux 101ème et 82ème D.I.P., a atteint son bjectif, la batterie côtière de Saint-Martin, pour découvrir qu'elle était désarmée et inoccupée et il a donc atteint Audouville-La-Hubert sans combattre. Deux heures plus tard, ses hommes prenaient à partie les allemands en retraite en tuant un grand nombre avant d'établir le contact avec le 8ème R.I. qui avait débarqué et poursuivait sa progression à l'intérieur des terres.

Le Lt Col. Patrick J. Cassidy à la tête d'une petite partie du 1er bataillon du 502ème R.I.P.a pris le contrôle de Mésières occupé par les artilleurs de la battrie de Saint-Martin désertée, faisant avec une poignée d'hommes quelques 150 allemands tués ou capturés.

Pendant la nuit, les Allemands affrontant le flanc droit du bataillon à Foucarville ont décidé de se rendre, en raison de la croissance des tirs américains de mitrailleuse et de mortier. 87 Allemands se sont rendus et une cinquantaine ont été abattus alors qu'ils essayaient de s'échapper.

Le 3ème bataillon du 506ème R.I.P. est tombé dans un véritable traquenard de tirs de mitrailleuses et de mortiers. Le capitaine Charles G. Shettle, atterrissant près d'Angoville-Au-Plain, a rassemblé deux officiers et douze hommes et puis traversant le marécage, il a atteint le pont de Brevands à 0430, non sans avoir récupéré 33 hommes sur son parcours. Son bataillon été renforcé par vingt autres parachutistes un peu plus tard et puis encore par quarante autres pendant la nuit du 6 au 7 juin 1944.

Sur la rive sud de la Douve, le 502ème R.I.P. tenait également une ligne ténue faisant face à des forces ennemies supérieures. En réalité, les chefs des 709ème et 352ème D.I. Allemandes dont la zone militaire était justement séparés par le canal de Carentan n'avaient pas pu évaluer les forces américaines et faute de directives de leur commandant du Corps à Rennes pour un "bliezkrieg", ont attendu l'intervention de la 6ème D.P. allemande qui, elle-même, est intervenue tardivement parce que son commandant, le Major Friedrich-August Freiherr von der Heydte, à ce moment à Periers, ne pouvait pas communiquer par téléphone, dont les lignes avaient été coupées, avec sa division. Ainsi les Allemands ont perdu un temps précieux sans reprendre le contrôle du secteur clé permettant de commander l'accès à Carentan, pendant qu'ils en avaient encore la possibilité.

En effet, le Commandement allié, sur l'arbitrage d'Eisenhower, avait prévu, à la demande expresse du maréchal Montgomery, de bombarder dans la nuit du 6 au 7 juin 1944 toutes les villes en arrière des zones de débarquement, et surtout leur zone de concentration de troupes (en général les quais de débarquement des gares de marchandises et de voyageurs afin d'étouffer les réactions allemandes et de bloquer l'approvisionnement des défenseurs allemands.

C'est ainsi que, peu après un lâcher de tracts d'avertissements à la population, les villes d'Agneaux et de Saint-Lô, qui se jouxtent, ont été violemment bombardées, la prison étant totalement détruite et la préfecture de St-Lô est devenue inutilisable dans la nuit du 5 au 6 juin (cf note 9, p. 283 et également note 12 ci-après). Mais comme le relève Anthony Cave Brown, des bombardements analogues ont été également effectués par les bombardiers alliés à Caen, Lisieux, Villers-Bocage, Carentan,...



Notes sur les Sources:
  1. Page web sans titre décrivant divers actes de résistance dans la Manche et dans le canton de Beaucoudray entre juin 1940 et la fin juillet 1944
  2. La Résistance dans la Manche
  3. Suplément de "The London Gazette" of tuesday 19th october 1948 (p. 5.589). (Rapport au "War Office"de l'Air Chief Marshal Sir Rodderic Hill).
  4. "Crusade in Europe", par Dwight D. Eisenhower, chapitre 14 (pp. 238 à 239) dans l'Edition "Doubleday & Company inc" à New-York. [Cliquer sur le lien pour lire le texte original]
  5. reportages sur les sites Hénouville et d’Ardouval par des élèves de cm2
  6. Cherbourg-Brécourt.
  7. La Flague sur la commune de la Glacerie.
  8. "Les opérations en Europe", rapport du Général Dwight D. Eisenhower, Commandant en chef des Etat-major alliés, Editions Berger-Levrault, 1947 (p. 34)
  9. "La guerre secrète" ou "The rempart of Lies" d'Anthony Cave Brown, tome II (Le jour "J" et la fin du IIIème Reich) Chapitre VIII de l'Edition du Pygmalion (Paris).
  10. "CROSS-CHANNEL ATTACK" by Gordon A. Harrison, CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.
  11. Site spécialisé sur le 6 juin 1944
  12. Témoignages

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dernière mise à jour le 28 avril 2015.