Page 1
page index

Page 2

Page3

Page4

Page5

Page6



Comme les hommes, les peuples qui oublient leur histoire cessent d'exister!


Plan des pages consacrées au département de la Manche

Pour naviguer dans les pages du département, cliquer d'abord sur la page à consulter
Page 1:
page 2:
page 3:
page 4:
page 5:
page 6:
page 7:
page 8:
page 9:
Les mouvements
de résistance,
La Mission
Helmsman,
La préparation du
débarquement dans la Manche,
L'entraînement des
troupes d'assaut
de la Force U,
Les bombardements de
l'artillerie lourde
côtière,
L'entrée en lice
de la 101ème Airborne
en Cotentin
l'épopée de la 82ème Airborne,
Sainte-Mère-l'Eglise, première commune libérée...
La longue marche des 507ème et 508ème R.I.P.
L'assaut d'Utah beach,
La bataille de Sainte-Mère-Eglise
La conquête d'Isigny,
La libération de Carentan
La consolidation de la tête de pont d'Utah beach,
La neutralisation des batteries côtières,
L'isolement du Nord Cotentin,
L'isolement de Cherbourg,
La capture et la libération de Cherbourg
L'enfer sanglant de la bataille des haies,
La tête de pont entre la Taute et la Vire,
L'attaque vers Périers,
La contre-attaque allemande.
La Bataille de Saint-Lô,
La colline de Martinville,
La colline 122,
La légende du Major Thomas D. Howie,
La préparation de l'opération Cobra>
L'attaque ratée du hameau de La Varde,
La défaite de Saint-Germain-sur-Sève,
L'opération Cobra,
Les bombardements
aériens de Cobra,
Cobra et l'infanterie américaine,
La libération d'Hébécrevon,
La diversion sur
le flanc gauche,
La percée des
blindés américains
L'élargissement
de la brèche de Cobra,
Le piège se referme,
La poche de Roncey,
L'oeuf d'oie
de Bradley,
L'attaque alliée à
l'Est de la Vire,
4 jours de combat,
du XIXème Corps,
La bataille de
Moyon-Troisgots,
Ruée sur Avranches
Directive n° 1
du Gl Bradley,

La capture de Brécey,
et celle de Coutances,
Objectif Avranches,Les points de passage
vers la Bretagne,
sous contrôle,

Les batailles de Mortain,
La capture de Mortain,
La 1ère bataille de Mortain,
La 1ère bataille de Mortain (suite),
La conception de l'encerclement
des forces allemandes,
Le dilemme allemand,
La fin piteuse de
la bataille de Mortain
La 3ème Armée US
dans la Manche

Résistance, Maquis et Libération du département de la Manche(suite de la page 8)

Est-ce l'influence de Patton à la tête de la troisième Armée mise en œuvre à compter du 1er août 1994 à 12h00 par une lettre d'instruction n°1 de Bradley datée du 29 juillet 1944 et entre les mains de tous les commandants de Corps de la 1ère Armée U.S. le jour même? (Cliquer sur le lien pour télécharger cette directive)(1) Toujours est-il que le général Collins a ordonné aux divisions d'infanterie d’attaquer côte à côte, chacune conduite par les blindés attachés. Il a désigné un objectif plus éloigné de dix miles au sud de Villedieu-les-Poêles, la 4ème Division devant progresser par Villedieu vers Saint-Pois, qui, auparavant, avait été un objectif du XIXème Corps, et la 1ère Division devait progresser jusqu’ à Brécey et là-bas, traverser la Sée.

La capture de Brécey

(2) En fait, le 30 juillet, le général Collins avait trop anticipé d'une journée son plan: la 4ème Division souffrait d'une pénurie d'infanterie le 8ème R.I. n'arrivant que le lendemain dans sa zone du front. En nombre insuffisant la 4ème Division n'a fait que des gains mineurs pendant que sur son flanc gauche le CCB occupait sa journée à construire des ponts, nettoyer les routes et à réduire les barrages routiers occasionnels. Au complet le 30 juillet au soir, le général Collins a réuni tous ses commandants d'unités pour leur déclarer notamment: "Je veux dans la prochaine progression que vous jetiez les précautions aux vents… détruisant, capturant, ou contournant l'ennemi, et le pressant » - il a fait une pause pour résumer sa pensée «foncer avec insouciance sur l'objectif.» Il va bien sûr être pris au mot dès le lendemain.

Alors qu'elle reconnaissait l'attaque du 31 juillet, une Task Force sur le flanc droit avait progressé rapidement et pilonné à la nuit tombante une colonne de blindés légers et de transports de soldats allemands quittant Villedieu pour se diriger vers Avranches. Le Général Hickey a ordonné à la Task Force de prendre des positions défensives pour la nuit près du village de 1' Epine. Plus spectaculaire était la progression d'une autre Task Force sous le commandement du colonel Doan qui a coupé la route de Villedieu-les-Poêles-Granville, juste à l'ouest de Villedieu vers la fin de l'après-midi du 31 juillet. Comme Doan recherchait un bon endroit pour s'arrêter, il a reçu un message du Général Collins qui voulait qu'il continuât douze miles plus loin vers l'objectif final, la colline 242, au sud de Brécey. Avant de repartir, il a obtenu la couverture de sa colonne par les chasseurs-bombardiers sur les voies ferrées en remblai qu'il devait traverser.

C'est ainsi que la Task Force a pu traverser sans encombre un passage qui aurait pu être coûteux, les Allemands ayant abandonné leurs emplacements d'armes collectives pendant l'attaque aérienne pour reprendre leur poste... après le passage des blindés américains. Contournant un de ses objectifs originaux, la colline 216 au sud-ouest de Villedieu-les-Poêles, la Task Force de Doan déboulait en bas de la route principale à Brécey au début de la soirée du 31 juillet. Le colonel ayant pris place en tête de la colonne est entré dans Brécey dans le char de tête, tirant au canon et mitraillant les soldats allemands étonnés qui longeaient les maisons le long de la rue principale de la ville.

Comme le pont principal au sud de Brécey avait été détruit, le colonel Doan avait ordonné de préparer un gué en enrochant et remblayant à la main le lit de fleuve. Les soldats d'infanterie ont pataugé dans le courant et ont été harcelés par des tirs dispersés d'armes de petit calibre. Mais les Tanks et autres véhicules ont traversé.... L'objectif final, la colline 242, était à trois miles vers le sud, et c’est seulement quand ses hommes ont atteint un secteur boisé sur la pente au nord de la colline que Doan a permis une halte. Et c'est ainsi que le général Collins a pu enfin pousser un soupir de soulagement, son Corps d'armée étant maintenant en phase avec les nouvelles directives d'exploitation de l'après Cobra du général Bradley et la progression des autres Corps d'armée U.S.

La percée d'Avranches

(2) En réalité, la mise en œuvre de la 3ème Armée U.S. nécessitaient quelques manœuvres délicates en raison de la congestion des routes, déjà encombrées par la retraite précipitée des Allemands laissant derrière une profusion de véhicules détruits mais également de mines, que risquait d'entraîner la redistribution des missions incombant aux Corps d'Armée précédemment attribuées par la 1ère Armée. Comme si la confusion potentielle entre les unités des VIIème et VIIIème Corps n'était pas suffisante, un nouveau corps, le XVème, avait été programmé pour s’insérer entre les VIIème et VIIIème dès que la troisième armée devenait opérationnelle. Pour tous ces inconvénients, l'absence de la résistance allemande organisée depuis le 27 juillet et la recommandation d'atteindre la frontière de la Bretagne ont exercé une influence maîtresse. Le Général Bradley, après en avoir conféré avec le Général Patton, le 27 juillet, avait déjà ordonné au Général Middleton de négliger la limite de COBRA pour progresser au nord de Coutances, et les colonnes de l'infanterie du VIIIème Corps s’écoulaient vers le sud aussi rapidement que le génie pouvait dégager des chemins les véhicules et obstructions divers y compris les champs de mines. Néanmoins, c'est bien à partir du soir du 27 juillet que Patton a exercé une influence décisive en préconisant que les blindés passent devant l'infanterie et n'en soient plus le soutien.

Le soir même, le général Wood traversait la zone de la 90ème Division d'infanterie, traversait Périers en direction de Coutances et atteignait Monthuchon. Sans attendre que Monthuchon soit sécurisé par l'infanterie qui suivait, Middleton a ordonné à Wood de se coordonner avec les unités de Collins de telle sorte qu'il puisse continuer par Coutances vers Cérences, vingt-deux miles au sud de Périers et neuf miles au sud de Coutances. Simultanément, Middleton alertait le général Grow, à la tête de la 6ème D.B. U.S., de progresser depuis sa zone de concentration au nord de La Haye-du-Puits et d'attaquer à droite de la 4ème Division blindée vers le Sud du littoral du Cotentin.

Grow devait donc traverser la 79ème Division, contourner Coutances par l'ouest, et pousser vers à Granville, à 28 miles au sud de Coutances. Pour rendre possibles les opérations blindées dans une zone de Corps encombrée de troupes d'infanterie et parsemée de mines, Middleton a ordonné aux divisions d'infanterie d’intensifier leurs programmes de déminage et de dégager les itinéraires principaux. Le génie du VIIIème Corps, commandé par le colonel William R. Winslow, a alors organisé à la hâte des équipes pour enseigner aux soldats des divisions blindées comment enlever les nouveaux types de mines allemandes. Pour assurer le contrôle et la répartition des tâches pendant que les divisions blindées passaient vers le front, le Général Middleton a ordonné aux troupes d'infanterie de s'arrêter pour attendre d'autres ordres après la capture de Granville et de Cérences.

La 6ème Division blindée qui avait reconnu sa zone de progression dans l'après-midi du 27 juillet a reçu l'autorisation de commencer le 28 juillet. Le CCA (Brig. Général James Taylor) a progressé rapidement vers Lessay, où les embouteillages en raison des dommages causés par les combats à la ville, la réparation du pont, et les champs de mine ont retardé sa progression. La traversée de Lessay était difficile, mais au début d'après midi le CCA se déplaçait rapidement vers Coutances. A part un seul barrage routier enlevé à 2 miles au nord ouest de Coutances, qui a été contournée, le Groupe de combat s'est retrouvé au soir du 28 sur la route de Coutances à Granville.

Et celle de Coutances

A gauche de la zone du VIIIème Corps, la 4ème Division blindée avait commencé à avancer peu de temps après l’aube, le 28 juillet, quand le CCB (Brig. Général Holmes E. Dager) a traversé Périers vers Coutances. Près de Saint-Sauveur-Lendelin un champ de mines dense a retardé la progression sans itinéraire de substitution, les chars bouteurs ont dû construire des déviations, et le corps principal est demeuré sur place pendant trois heures jusqu'à ce que le génie ait nettoyé et déminé la route principale. A part une résistance limitée, les blindés du CCB n'ont trouvé aucune troupe du VIIème Corps à Monthuchon et ont poursuivi leur route jusqu’à la périphérie de Coutances.

Quand l'infanterie blindée est descendue pour accompagner des chars légers, afin d'entrer dans la ville à la fin de l'après-midi, les troupes allemandes d'arrière-garde ont combattu avec de l'artillerie, des mortiers, et des armes de petit calibre. Une forte escarmouche a suivi. Soutenue par un bataillon d'artillerie qui s’était faufilé en avant de la colonne blindée arrêtée, l'infanterie blindée avait débarrassé Coutances de ses défenseurs dispersés dans la soirée. Mais l'artillerie allemande sur une hauteur à plusieurs miles à l'est de la ville a exécuté un bref tir de barrage manquant de conviction. Au soir du 28 juillet, le VIIIème Corps tenait enfin Coutances, l'objectif qui avait nargué le front du Corps depuis presque un mois. Mais Coutances n'avait plus la même valeur stratégique qu'un mois auparavant alors que les chars de PATTON filaient bien plus au sud....

Or, la reconnaissance aérienne ne révélait aucun mouvement de renforts allemands sur les secteurs reliant Coutances, Avranches et Percy. Au contraire, des colonnes de véhicules allemands encombraient les routes au-dessous de Bréhal, Gavray, et Percy entraînant la une ruée punitive de l’aviation tactique américaine. Des véhicules détruits et brûlants s’alignaient donc sur presque toutes les routes principales du secteur. Le gros de l'artillerie allemande évacuait la zone vers le sud et les quelques combats retardateurs allemands étaient accompagnés de brefs tirs de barrage dénués de conviction. Dans ce contexte, le général Middleton, au demeurant poussé par PATTON, avait les yeux rivés sur Avranches et sa colline bordée par la Sée à laquelle les blindés de PATTON américain pouvaient accéder par cinq routes y menant à partir de trois cités conquises par les Américains depuis le nord et l'Est: deux routes venant de Granville, une de Coutances, une de Villedieu-les-Poêles, et la dernière de Brécey.

Au soir du 28 juillet, les unités de pointe du VIIIème Corps étaient encore à plus de trente miles d'Avranches. La capture d'Avranches et des ponts au-dessus de la Sée et de la Sélune rendrait possible l'engagement immédiat de la troisième armée en Bretagne, et, à cet effet, la 4ème Division blindée devait maintenir ouvert le goulot de passage à la base du Cotentin et bloquer les forces allemandes qui pourraient menacer ce couloir mince depuis l'est. Pour remplir sa mission, le général Middleton a attaché 40 camions aux 79ème et 8ème Divisions d'infanterie rattachées respectivement aux 6ème et 4ème D.B. US. A l’aube du29 juillet, les unités de tête de la 6ème Division blindée ont progressé au sud-ouest de Coutances vers la Sienne mais ont été arrêtées au pont détruit de Pont-de-la-Roque. Comme il n'y avait aucun autre pont dans la zone de division, le CCA a du mettre en place un assaut complet par l'infanterie qui a traversé le gué dans la soirée, ce qui a coûté 3 tués et 10 blessés américains contre 39 prisonniers allemands.

Du côté gauche, la 4ème Division blindée accomplissait une meilleure progression. Le général Wood voyait que son axe de progression, la route de Coutances-Hyenville-Cérences, traversait la Sienne dans trois endroits. Il a demandé la permission d'employer, en outre, la route parallèle - la route de Coutances-Lengronne à l'est, ce qui a nécessité des conférences au niveau de l'Armée et des deux corps d'armée concernés. Le Brig. Général Holmes E. Dager commandant du CCB avait travaillé toute la nuit du 28 Juillet pour nettoyer les troupes ennemies dans Coutances y compris au sud de la ville. Au point du jour le 29 juillet, deux colonnes de blindés ont quitté Coutances rencontrant des oppositions sporadiques et désorganisées. Vers la fin de l'après-midi, les colonnes du CCB ont rencontré et détruit plusieurs chars allemands et ont traversé la Sienne à Cérences et au sud de Lengronne. Là, les ponts détruits ont nécessité une halte. En gagnant environ dix miles, le 29 juillet, le CCB avait subi un peu plus de 30 blessés et avait fait 125 prisonniers qu'il a purement et simplement renvoyés sans garde vers l'arrière.

Objectif Avranches (2)

A la fin du 29 juillet, les 4èmes et 6èmes Divisions blindées étaient suffisamment avancées pour réaliser des poussées rapides vers le sud le lendemain. La retraite désordonnée de l'ennemi se poursuivait, sans aucun signe du ralentissement. Tous semblaient prêts Blindés suivis de l'Infanterie pour mener une poussée décisive à Avranches. Middleton avait donné Avranches, comme objectif de corps, au général Wood, La 6ème Division blindée devant capturer Bréhal et Granville. Mécontent du CCA, le général Grow a fait passer le CCB en tête avec la mission de traverser Bréhal, puis de contourner Granville par l'est afin d'attaquer la cité par le sud. La première partie a été exécutée sans problème où le CCB n'a trouvé que quelques Allemands déguenillés et sales sur la place centrale du village. Sur la seconde partie de sa mission, le groupement blindé n'a trouvé que des tirs d'artillerie légère. La division de Grow avait parcouru 12 miles et fait 200 prisonniers contre 2 morts et 10 blessés américains.

Dans le même temps, Wood avait appris par un la radio sa nouvelle mission : prendre Avranches qu'il a retranscrite comme suit pour ses unités: «Mission actuelle décommandée- Utiliser toutes les routes pour faire mouvement [dans la zone]… vers Avranches… la capturer et sécuriser les croisements vers l'est. » Dès qu’elles ont pu le faire, les deux colonnes du CCB ont traversé la rivière pour progresser vers le sud. Une colonne s'est ruée dans une embuscade où elle a perdu six half-tracks. Le reste du jour a été employé à réduire la résistance allemande. L'infanterie, avec l'appui de l'artillerie et un vol des chasseurs-bombardiers, a attaqué des positions allemandes sur la hauteur empêchant la progression, cependant que l'artillerie antichar engageait et détruisait deux tanks allemands. À l'approche de la nuit les Allemands se sont retirés, mais ont pilonné l'éminence qu'ils venaient d'évacuer et que les Américains n'occupaient pas. Quand l'escarmouche a pris fin, le CCB avait 43 blessés et avait perdu huit half-tracks.

La seconde colonne à l'ouest, sous le commandement personnel du Général Dager, s'est déplacée rapidement d'environ dix miles par La Haye-Pesnel et Sartilly sans pratiquement rencontrer de résistance. Trois miles et demi au nord d'Avranches, les troupes ont sans le savoir passé à quelques centaines de yards du poste de commandement avancé de la septième armée. Le Général Hausser, le Generalmajor Rudolf-Christoph Freiherr Gersdorff, et d'autres officiers d'état-major avaient suivi le chemin de leur retraite. À pied au début, et plus tard dans des véhicules de commandement, les officiers allemands se sont sauvés vers l'est par Brécey puis vers Mortain.

La colonne du CCB a poursuivi vers la Sée juste au nord d'Avranches et a découvert que les deux ponts routiers étaient intacts. Tôt dans la soirée les troupes américaines sont entrées dans Avranches, non défendue militairement. Après avoir investi les quartiers de la périphérie sud, le Général Dager a envoyé une petite force vers l'est le long de la rive nord de la Sée pour sécuriser le pont à Tirepied, plus loin de cinq miles. Middleton ne croyait pas vraoiment à la chute d'Avranches qui exprimait une anarchie complète des manœuvres de l'Armée allemande. Se rendant à l'évidence, il a ordonné alors à Wood de traverser Avranches et la Sélune et lui a rattaché le groupement tactique motorisé de la 8ème Division qui était prêt à se déplacer.

Pour empêcher un méli-mélo des 4ème et 6ème Divisions blindées sur le réseau routier réduit du secteur, la général Middleton a donné au général Grow l'ordre de prendre Granville et de se déplacer seulement d'aussi loin vers Avranches à partir de la ligne Sartilly-la Haye-Pesnel. Connaissant l'urgence et la nécessité d'une coordination sur place, le général Wood a délégué le contrôle de toutes les forces de la 4ème Division blindée à proximité d'Avranches au Général Dager en attachant au CCB, non seulement le régiment d'infanterie de la 8ème Division mais également le CCA (colonne Bruce C. Clarke), qu'il avait déjà expédié à Avranches.

L'exploitation de la percée 30-31 juillet 1944(1)
(cliquer deux fois sur la carte)
Carte extraite de "BREAKOUT AND PURSUIT", rapport de Martin Blumenson, CENTER OF MILITARY
HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.cf note 2.
La prise d'Avranches ne suffisait pas: pour faire passer en Bretagne la 3ème Armée de Patton, il fallait tenir et contrôler le couloir côtier comprenant la route principale jusqu'au pont sur la Sélune quatre miles au sud d'Avranches près de Pontaubault, qui devait être sécurisé et capturer tous les objectifs militaires essentiels: ponts au sud et au sud-est d'Avranches, la hauteur à l'est et au sud-est. Une partie de la colline séparant la Sée et la Sélune, où plusieurs tanks et barrages étaient tapis, la responsabilité de la zone au sud de la Sélune près du village de Ducey appartenait encore au CCB du Général Dager. Le Général Dager a appris le 31 juillet 1944 à 02h 00, qu'il devait recevoir des forces supplémentaires pour l'aider à tenir Avranches, à établir des emplacements de pont sur la Sélune, et à prendre Ducey.

Il était temps de nombreux incidents allaient émailler la journée du 31 juillet! Au pont sur la Sée sur la route principale de Granville, les hommes d'une compagnie de chars du CCB avaient détecté l'approche d'une colonne de véhicules allemands le long de la route côtière de Granville. Comme ces véhicules étaient revêtus de Croix-Rouge, les tankistes ont supposé qu'ils évacuaient des blessés et ils ont permis aux premiers camions de passer et de traverser le pont vers Avranches. Mais quand les Allemands en camions ont ouvert le feu avec des fusils, les chars ont répondu et ont détruit plusieurs véhicules bloquant la route. La colonne arrêtée, plusieurs centaines d'Allemands ont alors évacué leurs véhicules et se sont rendus et ont révélé l'approche d'une autre colonne allemande fortement armée. Les camions frappés d'une croix rouge transportaient en réalité des munitions et des approvisionnements non sanitaires.

Epaves de véhicules allemands détruits dans Avranches.
Photo extraite de "BREAKOUT AND PURSUIT",
par Martin Blumenson,
pour le "CENTER OF MILITARY HISTORY
UNITED STATES ARMY
(service historique du Pentagone)(cf. note 2)
La colonne suivante comportait de l'artillerie dont un obus a détruit un camion de munitions de la Task Force. Manquant d'infanterie d'accompagnement des chars alors qu'il avait déjà plusieurs centaines de prisonniers, le commandant de l'unité a ordonné... la retraite pour se déplacer vers l'est au pont sur la Sée sur la route de Villedieu-les-Poëles. De leur côté, les Allemands ont traversé le pont pour investir en masse Avranches et installer plusieurs pièces d'artillerie au Nord ouest du coteau au centre de la cité dominant le pont et la route de Granville pendant qu'une bonne partie de la colonne prenait la route de Mortain, une troisième colonne empruntait la route au sud de la ville où ils se sont heurtés à l'infanterie du CCB.

Repoussé une première fois grâce au mitrailleur William H. Whitsonun qui a, à lui seul, tué 50 allemands et détruit une vingtaine de véhicules légers avant d'être tué, les Allemands de cette colonne sont revenus à charge et ils ont été repoussés une seconde fois par des obus de mortier au phosphore et avec l'appui d'une escadrille de P47 qui passait par là... Là encore, plusieurs centaines de soldats ennemis se sont rendus. La compagnie qui avait abandonné le pont sur la route Granville a dû y retourner et y est parvenue presque en même temps que le CCA qui fut accueilli à coups de canons par les Allemands qui s'étaient réfugiés dans Avranches. Engagés par les chars et par l'infanterie, les canons allemands ont finalement été capturés.

Le général Dager a donc ordonné au CCA de progresser vers l'autre force - pour s’emparer du pont principal traversant la Sélune à Pontaubault, un pont secondaire à Ducey, et deux barrages à plusieurs miles au sud-est d'Avranches. Si les ponts avaient une importance primordiale, les barrages ne l’étaient pas moins, car ils pouvaient inonder le secteur avec les flots de la Sélune, compromettant toute progression immédiate. Pour ce faire, Le colonel Clarke commandant de CCA, a divisé ses troupes en quatre Task Forces. Il a dirigé chacune vers un des quatre objectifs, qui devaient être sécurisés avant la tombée de la nuit, le 31 juillet, et donné l’ordre de contourner les points de résistance s'il en était rencontré en chemin.

Les points de passage vers la Bretagne sous contrôle (2)

Aidées autant que faire se peut par les chasseurs bombardiers sans communication radio avec les quatre Task Forces, les pilotes ont du se contenter de se repérer sur les croix blanches désignant les chars alliés et les panneaux lumineux cerise à l'arrière des chars. L'une des Task Force chargées de prendre le contrôle d'un barrage a tué plusieurs motocyclistes allemands, détruits plusieurs chars ennemis ainsi qu'un dépôt de munitions. L'autre a finalement capturé une compagnie des soldats d'infanterie allemands qui avaient pénétré les avant-postes de la Task Force de l'autre barrage. Plusieurs pilotes d'avion de reconnaissance ont signalé d'abord le 30 juillet, puis le lendemain que le pont de Pontaubault était encore intact et non gardé par des troupes allemandes. Quand la Task Force du CCA de la 4ème Division a envahi le pont vers la fin de l'après-midi du 31 juillet et s’est postée aux carrefours routiers immédiatement au sud, les véhicules ennemis approchaient par l'ouest. Les tirs des chars et de l'artillerie les ont rapidement dispersés.

L'action accomplie par la 4ème Division blindée au matin du 1er août donnait au VIIIème Corps trois emplacements de ponts traversant la Sée (deux ponts à Avranches et à un à Tirepied, cinq miles à l'est) et quatre au-dessus de la Sélune. La troisième Armée avait l'embarras du choix question itinéraires pour entrer en Bretagne. Avec la 4ème division blindée en position pour poursuivre vers le sud, le Général Middleton a ordonné à la 6ème Division blindée, qui avait dégagé Granville et s'était déplacée à la ligne de La Haye-Pensel-Sartilly, de relever à Avranches et Pontaubault, la 4ème Division qui expédiait déjà des détachements de reconnaissance vers Rennes. Il a également expédié un autre groupement tactique de la 8ème Division à proximité d'Avranches et a envoyé de l'artillerie et les unités antiaériennes nécessaires avec Radar IFF (détachées par la 1ère Armée) pour garder les routes et les ponts critiques.

A elles seules, les 4èmes et 6èmes Divisions blindées avaient fait plus de 4.000 prisonniers le 31 juillet et les 79ème et 8ème Divisions d'infanterie , se déplaçant derrière les blindés sur les routes secondaires, avaient fait un peu plus de quelque 3.000 prisonniers supplémentaires. En contrepartie, pour la période du 28 au 31 juillet 1944, le nombre des blessés du VIIIème Corps s’élevaient à plus ou moins 700. Quant à l'aviation tactique, elle continuait ses ravages contre l'armée allemande en déroute en jonchant la zone du VIIIème Corps d'armée de cadavres de chevaux, de vaches et de cochons dégageant une odeur pestilentielle, au point que les services de santé estimaient que le bivouac dans ce secteur était lourd de menaces.De son côté, von Kluge qualifiait dans un télégramme à Blumentritt (1023, 31 Jul. OB WEST KTB, Anlage 966) la situation de l'armée allemande de «Riesensauerei» - ou "d'enfer du désordre". Parmi les 28.000 prisonniers allemands capturés au mois de juillet, 20.000 avaient été capturés pendant les six derniers jours du mois.

Mais l'un des apports dans la technique et la stratégie militaire qui avait été déterminant dans l'exploitation de l'opération Cobra avait été les enseignements qui avaient pu être tirés de la collaboration étroite entre les colonnes blindées et les chasseurs-bombardiers du IXème Tactical Air Command. Des enseignements qui vont être exploités à fond pendant la campagne de Patton en France.

Du 26 Juillet jusqu'à la fin du mois, plus de 400 missions de support aérien ont été exécutées au-dessus des unités de pointe de la 1ère Armée. Dans le seul secteur du VIIème Corps, les pilotes des chasseurs-bombardiers ont fait été de 362 tanks et canons automoteurs détruits, 216 autres endommagés, et d'avoir détruit 1.337 autres véhicules et endommagés 380. Au jour critique du 26 juillet 1944, les pilotes de chasseurs-bombardiers ont annoncé avoir détruit ou endommagés 85 chars et 97 véhicules motorisés et avoir attaqués 22 positions d'artillerie. A quoi s'ajoutent les missions de bombardement de carrefours et de ponts à l'aide de bombes à retardement ou de bombes à fragmentations... Il est certain qu'après l'opération Cobra, la nature de combats sur le champ de bataille avait notablement changé.

Les batailles de Mortain (2)

Il y a eu dans la réalité historique deux confrontations armées déclenchées à partir de Mortain. Mais les deux attaques ne se sont pas produites dans le même contexte. Et le service historique du Pentagone a si finement analysé les cheminements suivis au point qu'on se trouve à la fois sur le champ de bataille et dans la tête des systèmes de Commandement en présence.

La période du 2 au 6 août 1944

Durant cette période, la VIIème Armée a dû se cantonner à une activité défensive. C'est Hitler qui, dès le 2 août 1944, a publié l'ordre de contre-attaquer afin de reconquérir Avranches et de couper la 3ème Armée de Patton de la 1ère Armée en rétablissant un front défensif en Normandie et von Kluge qui s'est attelé à la manœuvre en tentant de dégager les forces nécessaires pour y parvenir, ce qui n'était pas une mince affaire, d'autant plus que dse leur côté, les forces américaines auxquelles les armées britanniques et canadiennes avaient emboîté le pas exploitaient méthodiquement la percée qui avait suivi l'opération Cobra. De ce fait, von Kluge devait à la fois veiller à colmater les brèches du front normand qui se réduisait déjà petit à petit comme peau de chagrin et verser en réserve les troupes et les unités blindées indispensables pour tenter de rependre Avranches, ce qui revenait à tenter d'écoper l'eau embarquée dans le bateau allemand avec un passoire. Kluge espérait qu'au moins cette tentative serait mise à profit par l'OKW pour permettre la retraite de l'Armée allemande sur de nouvelles positions. Il se trompait.

Or, le général Hodges, commandant la 1ère Armée, dont il avait été le chef d'Etat-major sous la direction du général Bradley, était à l'image de son chef. Il pensait qu'en capturant Vire (ce qui interviendra le 7 août 1944 après une dure bataille livrée par la 28 et 29ème D.I. et le CCA du 2ème DB US au sein du XIXème Corps) et Mortain, la 1ère Armée assurerait la protection du couloir d'Avranches utilisé massivement par la 3ème Armée tout en entreprenant la manœuvre de rotation de la première Armée indispensable pour contenir l'Armée allemande. Or, cette fois, le temps s'était mis au beau fixe et donnait la part belle aussi bien aux bombardiers alliés qu'aux chasseurs-bombardiers des forces tactiques. Pour tenir la ligne. Le bureau des prévisions G2 de la 1ère Armée avait calculé que, pour tenir une ligne de défense allant de Rennes, et passant par Mortain, Falaise et Trouville, le Commandemnt allemand devait sortir pas moins de huit divisions du giron de la 15ème Armée... et cela pour une durée allant de quatre à huit semaines. On se doute que l'aviation alliée n'allait pas faciliter l'arrivée à bon port des divisions allemandes... S'ils n'y parvenaient pas, ce serait la reddition avec toutes ses conséquences. Et l'on sait que von Kluge a tenté de négocier une telle reddition.

La liste des divisions perdues en Normandie par le général Hausser était longue: rien que du côté américain et pour le mois de juillet, on pouvait citer: La Panzer Lehr, la 5ème Division parachutiste, la 17ème SS Panzer Grenadier, et les 91ème, 352ème, 275ème, 243ème et 77ème Divisions d'infanterie. Mais on devait y ajouter du côté du groupe d'armées britanniques: la 16ème Division de bataille de la Luftwaffe et la 326ème Division d'infanterie, annihilées respectivement près de Caen et de Caumont auxquelles il fallait ajouter les 21ème, 9ème Panzer et les 10èmes et 12ème SS Panzer Division pas estropiées également dans les secteurs de Caen et de Caumont. De plus des renforts venus de Bretagne et des îles de la Manche avaient été amoindries à la suite de leur participation à la défense du front de Normandie (les 2ème division de parachutistes, 343ème et 319ème Divisions d'infanterie, et des unités relevant des 265ème et 266ème D.I.

L'affaire était d'autant plus complexe que la situation d'exiguïté de terrains de concentration des blindés était en train de s'inverser. Au départ du réduit de plages, les alliés ne disposaient que de peu de surfaces au sol appropriées pour assembler (en général la nuit pour éviter les barrages d'artillerie ennemis) et concentrer les groupes de combat (Combat Command) de leurs troupes blindées, raison pour laquelle ils avaient mis au point les Task Forces associant blindés et troupes d'infanterie portée ou non.de moindre dimension. Mais, maintenant que les blindés (2ème division blindée de Leclerc et 5ème DB US) de PATTON étaient lâchés en manœuvre d'enveloppement au sud, les Allemands devaient assembler leur unités blindés sous le feu de l'artillerie alliée et obligatoirement de nuit s'ils ne voulaient pas voir transformer leurs chars en carcasses noircies...

Dans l'immédiat, il fallait donc puiser dans les réserves de la 5ème Armée de Panzers d'Eberbach qui devait maintenant tenir bon devant les six cents chars de la 1ère Armée canadienne...Mais finalement la 7ème Armée allemande est parvenue, grâce à une résistance têtue et à des retraits habiles, à maintenir une ligne défensive sinon continue, au moins cohérente. Le QG du XLVIIème Corps de Panzer avait la responsabilité de préparer à la contre-attaque sur Avranches, le IIème Corps de parachutistes et le LXXXIVème Corps combattaient suivant une ligne Brécey-Vire. Sur le flanc droit (est), le IIème Corps de parachutistes, commandant seulement la 3ème Division de parachutistes (renforcée par un régiment de la 5ème Division de parachutistes) défendait la ville de Vire. Sur le flanc gauche, le LXXXIVème Corps avait la tâche beaucoup plus compliquée d'obtenir des divisions blindées à retirer de la ligne de front sans en déranger l'équilibre défensif déjà périlleux. Un équilibre que commençait à sérieusement menacer la pression des blindés de Patton sur Le Mans.

Les mouvements de la 1ère Armée U.S. du 1er au 6 août 1944
Plan extrait de "BREAKOUT AND PURSUIT",
par Martin Blumenson,
pour le "CENTER OF MILITARY HISTORY
UNITED STATES ARMY
(service historique du Pentagone)(cf. 1)
Sur la droite de la 1ère Armée américaine, le VIIème Corps avait débordé l’aile gauche allemande le 1er août quand les troupes du CCA de la 3ème Division blindée (attaché à la 1ère Division) ont traversé la Sée à Brécey. A cet endroit, Brécey et Avranches sont séparées par un couloir large d'une dizaine de miles, et le VIIème Corps a du s'écarter vers Mortain (vers l'Est) pour laisser la place aux unités de la 3ème Armée qui s'engouffraient en direction de la Bretagne. Mais également de Fougères et du Mans. Le Général Collins, commandant le VIIème Corps, a ordonné au Général Huebner, commandant la 1ère Division, a reçu l'ordre «d’envelopper le flanc gauche de l'ennemi et d'exploiter la percée de ses défenses» en capturant les hauteurs et les noeuds routiers de la région de Mortain. La 1ère Division devait balayer en direction du sud et tenter de prendre le front en tenaille avec la 4ème Division du Général Barton, qui attaquait au sud de Villedieu par Saint-Pois vers la Sée, tandis la 9ème Division du général Eddy, devait attaquer au sud vers Sourdeval et le plateau au nord de Mortain.

La capture de Mortain et de ses hauteurs environnantes

La 1ère Division (motorisée) progressant dans le sillage du CCA de la 3ème D.B. utilisé comme fer de lance a progressé dans un terrain accidenté aux routes sinueuses et parfois encaissées propices aux guet-apens auxquels que les unités américaines noyaient sous un déluge d'obus... Et comme ils n'avaient que la 275ème D.I. allemande devant eux, ils avaient capturé, à la date du 3 août, Reffuveille, le Mesnil-Adelée, Juvigny, et Saint-Barthélemy et sont entrés dans Mortain après avoir dispersé un bataillon de reconnaissance de la 2ème Panzer Division. Le Général Huebner s'est alors employé à positionner ses troupes sur les hauteurs à l'est de la ville. En fait les Allemands étaient trop occupés à tenter de reformer une ligne défensive entre Saint-Pois et Vire et ont négligé de s'occuper de Mortain qui aurait pu déclencher un nouveau déséquilibre dans le système de défense allemand.

Or, à Mortain, les positions de la 1ère division US formaient un saillant sur le flanc gauche allemand et représentaient une menace potentielle pour l’arrière des unités allemandes combattant sur la ligne de front Saint-Pois-Vire. Mais le commandement américain a interprété le retrait des 2ème Panzer et 2ème SS Panzer Divisions comme une esquive d'une attaque sur leur flanc et non comme un retrait en vue d'une contre-attaque. Mais, alors que le XVème Corps progressait vers Laval et Le Mans le général Hodges (VIIème Corps) a demandé au Général Collins de couvrir son flanc Nord. En conséquence, la 1ère division a pris dès le 6 août la route du sud en traversant la Sélune en direction de Gorron de façon à relever la 90ème Division à Mayenne (en Mayenne bien sûr) tandis que la 30ème Division allait de Tessy à Mortain.

En revanche, la 4ème Division trouvait une résistance déterminée dans les collines juste au nord et au nord-ouest de Saint-Pois le 2 août - le CCB de la 3ème Division blindée, attachée à la 4ème Division et fer de lance de l'attaque, n'était pas loin de Saint-Pois, mais les blindés attendaient l'arrivée de l'infanterie avant de reprendre l'attaque. Le général Barton devait progresser d’environ six miles et capturer trois objectifs, chacun distants de deux miles: le bourg de Saint-Pois, la colline 211, et constituer une tête de pont au-delà de la Sée à Chérencé-le-Roussel. Une résistance entêtée dans le secteur Saint-Pois perturbait les plans du général Colins: la 116ème Panzer Division avait été à la hâte retirée du front près de Tessy le 1er août pour s’opposer à la poussée américaine vers Brécey, et cette force était arrivée à temps pour arrêter le CCB et la 4ème Division dans la région de Saint-Pois.

Il en fallait plus pour arrêter le Général Barton. Le 3 août il a envoyé une Task Force pour contourner Saint-Pois par l'ouest (un déplacement d'environ cinq miles «sans ouvrir le feu") traverser la Sée à Cuves, quatre miles à l'ouest de Chérencé-le Roussel. Le jour suivant le CCB et l'infanterie attachée ont combattu à l'est de Cuves le long de la rive sud de la Sée, puis ont traversé le fleuve à nouveau à Chérencé-le-Roussel et établi une tête de pont sur la rive nord de la Sée. Tandis que la Task Force débordait et enveloppait l'ennemi, trois régiments de la 4ème Division attaquaient côte à côte depuis le nord-ouest vers Saint-Pois. La ville était déjà pratiquement encerclée quand une compagnie de fusiliers du 8ème R.I. a demandé à prendre de nuit la colline 211 qui était conquise à l'aube du 5 août 1944. Piégés par l'artillerie américaine les allemands ont du se retirer vers Sourdeval sous une pluie d'obus d'artillerie et de mortiers.

Le général Eddy, commandant la 9ème Division, en partant de Villebaudon le 1er août pour gagner les hauteurs de Mortain. Après une progression de 10 miles en deux jours, ont du affronter la 353ème division d'infanterie allemande, renforcée par les restes de la 352ème et une petite task Force du 6ème régiment de parachutistes, dans une guerre qui la ramenait à la guerre des haies, avec des zones minées et unités chargées de retarder la progression de la division. Finalement une attaque de flanc a conduit la 9ème Division à prendre le contrôle de la forêt de Saint-Sever dans le Calvados censée être protégée par la 394ème brigade de canons d’assaut allemande venue sur le front pour participer à la contre-attaque sous le contrôle du LXXXIVème Corps. Finalement le 6 août au soir, le 6 août, la 9ème Division avait reconquis Champ-du-Boult au nord et a accru la menace d’une attaque sur Perriers-en-Beauficel au sud.

Entre les 2 et 7 août, la 1ère Division US avait subi quelque 250 blessés, la 3ème Division blindée avait perdu presque 300 hommes, la 4ème Division 600, et la 9ème Division presque 850, en majorité dans le département de la Manche. Ce bilan faisait clairement apparaître une modification importante de l'opposition rencontrée par les unités américaines sur leurs secteurs de front.

La 1ère bataille de Mortain

Tous les plans élaborés par les généraux Eberbach et Von Kluge pour se conformer aux ordres du Führer ont été pris en défaut par l'attaque dans la nuit du 6 au 7 août 1944 d'un bombardement aérien très lourd précédant l'attaque vers Falaise de quelque 600 blindés canadiens. Or, Eberbach venait de détacher trois divisions blindées du 5ème secteur de la 5ème Panzer Armée pour la dépêcher à l'attaque de Mortain...De ce fait, les ordres destinés aux 9ème et 12ème SS Panzer Divisions avaient été annulés. Ces dernières restaient au sud de Caen pour aider à arrêter les Canadiens. Des unités de la 85ème Division nouvellement arrivée, au lieu d'être assemblées à Tinchebray pour leur éventuel engagement près de Brécey, ont été détournées immédiatement vers le secteur de Falaise. Le bataillon de chars Panther de la 9ème Division de Panzer et une brigade de roquettes, également programmés pour participer à l'attaque sur Avranches, ont également rejoint les défenses au nord de Falaise.

Par ailleurs, la pression des attaques américaines des 7 et 8 août entre Vire et Sourdeval par les Vème et XIXème Corps US avaient très sollicité le IIème Corps de parachutistes et les unités du LXXXIVème Corps en mettant en lambeaux la 363ème Division à tel point que la septième Armée tentait d'accélérer l'arrivée de la 331ème Division sur le front. Et la pression U.S. avait contraint le XLVIIème corps de Panzer, pendant la nuit du 8 août, à décaler la 2ème Panzer Division des forces de contre-attaque près du Mesnil-Tôve et de Chérencé. Si l'on ajoute que la 2ème DB US renait la dragée haute à la 2ème SS Panzer Division du côté de Barenton, on commence à comprendre que le système de commandement ait commencé à dérailler.

L'attaque ratée allemande

En fait, à la date du 6 août 1944, la première contre-attaque, dite improprement de Mortain puisque Mortain et ses collines environnantes étaient aux mains des Américains, reposait essentiellement sur le XLVIIème Panzer Corps et le LXXXIème Corps de l'armée allemande stationné près d'Alençon, qui attendait avec impatience l'arrivée des 9ème Panzer et 708ème D.I. qui venant du sud de la France du sud arriveront trop tard pour affecter de manière significative les opérations autour d'Avranches ou de Mayenne. Croyant avoir le feu vert de l'OKW, von Kluge s'était fait aménager un poste de commandement avancé à l'ouest d'Alençon, quand le 6 août, Hitler a personnellement appelé von Kluge afun de modifier les données de l'attaque. Pour ce faire, il proposait 60 «Panthers» et 80 chars Mark IV et tous les véhicules blindés de la 11ème Division de Panzer, mais il voulait en échange un rapport de von Kluge l'engageant sur ses intentions, et par dessus tout, que ce soit Eberbach et non Funck, le commandant du XLVIIème Corps de Panzers, qui conduise l'attaque, ce qui supposait de nouveaux délais d'au moins 48 heures, alors que le groupe d'armée B vacillait déjà dans la région de Barenton, ce qui venait s'ajouter aux combats hasardeux autour du Mans.

. Finalement, malgré les sollicitations de Funck qui en demandait le raport, l'attaque a commencé peu après minuit sans préparation d'artillerie. La 2ème SS Panzer Division a attaqué en deux colonnes, débordé Mortain des deux côtés et a reconquis la ville, puis a avancé vers l'éminence à l'ouest de Mortain et au sud-ouest vers Saint-Hilaire. Il n'y avait aucune opposition américaine significative, et vers midi le 7 août les troupes de la 2ème SS Panzer troupes tenaient des positions bloquant environ la moitié du chemin entre Mortain et Saint-Hilaire, protégeant de ce fait le flanc sud de l'attaque. Une poussée vers St Hilaire et une menace directe depuis le sud-est mettait Avranches à portée de main, sauf que le 2ème bataillon du 120ème d’infanterie US, se cachait et était encerclé sur la colline 317 immédiatement à l'est de Mortain où il avait un panorama complet sur la zone de la 2ème SS au sud et à l’ouest de Mortain et a demandé des tirs d'artillerie sur la division allemande qui a été immédiatement bloquée. En dépit de l’absence du bataillon de chars de la 116ème Division de Panzer, une colonne blindée détachée à l’écart a traversé Le Mesnil-Tôve vers Le Mesnil-Adelée. Là, quelques éléments ont tourné le nord pour protéger le flanc contre une poussée possible depuis Chérencé, alors que le corps principal poursuivait vers l'ouest en direction de la route de Brecey-Saint- Hilaire -. Peu de temps après la chute du jour, le 7 août, juste à l'ouest du Mesnil-Adelée et à trois miles à vol d'oiseau de l'objectif initial, la résistance rencontrée a forcé la colonne à une halte.

La contre-attaque allemande du 7 août 1944 à Mortain
Plan extrait de "BREAKOUT AND PURSUIT",par Martin Blumenson,
pour le "CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone)(cf. 2)
La colonne gauche de la 2ème Division de Panzer n’a attaqué qu'à l'aube du 7 août, après avoir été rejointe par le bataillon de panzer de la 1ère SS Panzer Divison. La colonne alors traversé facilement Bellefontaine. Mais des tirs antichars denses à Saint-Barthélemy ont contraint à organiser un effort indispensable afin de réduire l'opposition. La progression a finalement été stoppée à proximité de Juvigny. La 2ème Division de Panzer était donc embourbée à proximité de son objectif initial, Funck a alors mis en ligne la 1ère SS Panzer Division qui a traversé les unités de la 2ème Panzer au milieu de la matinée, espérant de ce fait gagner au moins Juvigny. Le réseau routier restreint de route, la marge limitée de manœuvre, la résistance américaine au sol et la pression aérienne ont contrarié la progression. Avec des pertes de tanks montant en flèche, Funck a arrêté l'attaque autour du midi et a ordonné à ses troupes de s’enterrer. L'artillerie américaine pilonnait méticuleusement les deux colonnes blindées de part et d'autre de la Sée avec en prime un risque sérieux d'encerclement sur la rive Nord (par Gathemo et Chérencé) faute d'intervention de la 116ème Division blindée qui s'était absyenue de participer à l'attaque... Son commandant Schwerin qui avait été menacé par l'encerclement par les attaques américaines vers Gathemo et Chérencé, et avait simplement retenu l'ordre d'attaque à ses subalternes, impliqué qu'il était dans le complot du 20 juillet 1944 contre Hitler et ayant de surcroît participé à des pourparlers avec les alliés en vue d'une Armistice. Son cas relevait de manière flagrante de la désobéissance aux ordres du commandement.

Avec la levée du brouillard, les Typhoons et les Hurricanes britanniques armés de roquettes ont commencé à semer la panique dans les troupes blindées allemandes. Vers la fin de l'après-midi du 7 août, il était clair pour Hitler que Kluge avait montré un jugement pauvre en permettant l'engagement de la 1ère SS Panzer Division au nord de Mortain plutôt qu’au sud-ouest vers Saint-Hilaire, où l'opposition américaine avait été absente. Il lui a également semblé que l'attaque avait été lancée prématurément, à la hâte, et négligemment. Si von Kluge avait attendu que les 9ème SS, 10ème SS, et la 9ème Divisions de Panzer ait été concentrées pour un effort véritablement massif, sentait Hitler, l'attaque aurait probablement rapporté de meilleurs résultats. Décidant qu'il pourrait plus entièrement compter sur Kluge, il a décidé de jouer un rôle plus direct dans les opérations.

Il était plus déterminé que jamais à reprendre l'offensive sur Avranches. «J’ordonne que l'attaque soit poursuivie avec audace et avec insouciance jusqu’à la mer,» «indépendamment du risque,», a-t-il écrit dans l'après-midi du 7 août 1944. Il a ordonné que «le IIème corps de SS Panzer (avec les 9ème, 10ème, 12ème ou 21ème SS Panzer Divisions) soit retiré des lignes de la cinquième armée de Panzer et mis en ligne dans le secteur d'Avranches»...«pour provoquer l'effondrement du front de la Normandie par une poussée profonde ans le flanc et l'arrière de l'armée ennemie affrontant la septième Armée.» Pour von Kluge, ce projet impliquait un grave risque d'encerclement de toute la 7ème Armée. Eyt le commandant d'OB West commença à s'interroger pour savoir comment il devrait se retirer. On sait qu'il a fini par se suicider.

Préoccupé par la faiblesse de ses lignes couvrant les approches à Falaise, le général Eberbach a appelé von Kluge en fin de journée le 7 août pour lui demander des renforts Eberbach. Von Kluge a détourné la 331ème Division entrante vers le front de la cinquième armée de Panzer puis lui a annoncé que non seulement il n'obtiendrait aucune force supplémentaire mais qu'il perdrait deux divisions de panzer immédiatement et une troisième division blindée par la suite. «Je prévois, a-t-il précisé que l'échec de cette attaque [suite] [à Avranches]» , «peut mener à l'effondrement de tout le front de la Normandie, mais l'ordre [d'Hitler] est si clair qu'il doit être obéi.» (Telecon, Kluge and Eberbach, 2140, 7 Aug, Fifth Panzer Army KTB; AGp B Forward CP Tel Log (entry 2000, 7 Aug) , AGp B KTB.) Pendant ce temps, les 25 canons automoteurs ou non, restant à la 1ère SS Panzer Division, passaient en première ligne pour assurer la défense des colonnes allemandes quelques peu aventurés dans un début d'encerclement...

La réaction américaine (2)

Pour les Américains, la perte de Mortain était un coup sérieux. La 30ème Division avait atteint Mortain avec 6 à 7 heures de retard, et le Général Hobbs a pris la responsabilité du secteur à 20h00, le 6 août, quatre heures avant la contre-attaque allemande. Sa mission initiale était de défendre le front depuis Saint-Barthélemy - Mortain - Barenton. Dès sa prise de poste, il avait envoyé une petite Task Force (un bataillon réduit accru d'une compagnie de chars et d'un peloton de reconnaissance) sur Barentin, qui, fait surprenant avait été prise à partie par la chasse allemande. Quand les hommes de la 30ème D.I. US ont établi le contact avec le CCA près de Barenton, ils ont appris que les troupes blindées avaient tenu brièvement le village avant d'en être expulsées. Ils ont donc préparé une attaque pour le lendemain tandis que le général Hobbs se préparait à attaquer Domfront.

Autour du minuit, le 6 août, le VIIème Corps avait diffusé un message d’alerte indiquant que les Allemands pouvaient contre-attaquer près de Mortain dans les douze heures suivantes, selon les indications tirées de l'observation aérienne. la 30ème Division devait remettre à plus tard l'envoi d'un régiment à Domfront et le général Hobbs devait déplacer un bataillon au sud de la Sélune pour protéger les communications avec la 1ère Division et également renforcer ses troupes sur la colline 317 à l'est de Mortain. Malheureusement ce message a été envoyé trop tardivement au général Hobbs. L'attaque a commencé le 7 août dans la zone de la 1ère Division près de Mayenne dès les premières minutes du jour. Les troupes de reconnaissance de la 9ème Division de Panzer ont lancé une attaque qui semblait pendant quelques heures devoir se développer comme quelque chose de sérieux

C'est le Lt Col. Van H. Bond du 39ème R.I. (9ème Division), qui était le premier sérieusement menacé près de la Sée pendant les premières heures de l'attaque allemande. Séparé du corps principal de la division, le régiment était en train d’attaquer vers le nord est de Chérencé pour établir le contact avec les 47ème et 60ème R.I. au sud – est de la région de Gathemo. À minuit, le 6 août, les Allemands tenaient toujours la zone d’intervention autour de Perriers-en-Beauficel. Peu de temps après minuit, un observateur avancé du 26ème bataillon d'artillerie de campagne, qui soutenait le 39ème R.I., a entendu des chars se déplacer vers l'ouest le long de la route entre la Saint-Barthélemy et Chérencé. Le bruit des moteurs de chars ne ressemblait pas celui des Shermans.le bataillon d'artillerie, sur des données fournies par l'observateur, a commencé à tirer à une distance de cinq mille yards bientôt ramenée à seulement un millier. A 01h50, le 7 août, non seulement le bataillon d'artillerie mais également le régiment d'infanterie étaient sûrs qu'une colonne blindée allemande se déplaçait à l'ouest vers le Mesnil-Tôve.

Les forces allemandes attaquant à Mortain ont envahi le secteur de la 1ère Division au sud-est de Barenton quatre heures et demi plus tard, à environ 0430, quand six tanks et l’infanterie de soutien de la 2ème SS Panzer Division ont traversé un écran entretenu par le 4ème escadron de reconnaissance de cavalerie attaché à la 1ère Division. Les conséquences n'étaient pas importantes. La cavalerie s’est retirée à plusieurs miles, a consolidé des forces, et a établi des nouvelles lignes. Tout le reste du jour, la 1ère Division, en dehors de la zone critique de l'attaque allemande, est restée en contact intermittent avec l'ennemi. Des patrouilles étendues pour protéger Mayenne et les voies de communication du corps ont établi un modèle de l'activité qui devait être caractéristique pendant plusieurs jours. En attendant, la division attendait des «ordres pour poursuivre l'exploitation» vers l'est en direction d’Alençon.

Un peloton de canonniers bivouaquant au Mesnil-Tôve a conclu que les Allemands étaient déjà trop près d'eux pour assurer une défense efficace. Sabotant leurs canons et leurs véhicules, les troupes ont abandonné le village et ont rejoint l'infanterie, en laissant leur chef, observateur éclairé sur place. Et le standard régimentaire a été alerté que le Mesnil Tôve et les dépôts et équipements régimentaires étaient en feu à la suite d'une attaque à la mitrailleuse... Finalement, le commandant du 39ème R.I. a lancé en action un bataillon d'infanterie équipé de défenses antichars pour assurer ses arrières au sud puis a réuni son bataillon de réserve et plusieurs chasseurs de chars pour attaquer au sud depuis Chérencé vers le Mesnil Tôve. L'attaque piétinant dès la sortie de Chérencé, il était clair que les Allemands avaient coupé l'axe de communication du régiment, avec 3 bataillons au nord de l'axe de pénétration allemande et le poste de commandement et les compagnies au sud.

A Mortain, la 2ème SS Panzer Division avait surgi à travers Mortain, après avoir détruit plusieurs barrages routiers commandés par le colonel Hammond D. Birks du 120ème R.I. au nord et au sud du village. L'ennemi avait débordé le poste de commandement du 2ème bataillon dans Mortain et forcé les officiers à se réfugier avec le bataillon de fusiliers isolé sur la colline 317. L'un des barages routiers au nord de Mortain équipés de plusieurs canons antichars va tenir la deagée haute à plus de 40 véhicules blindés allemands pe ndant plusieurs jours tandis que les rescapés des deux autre barrages rejoindront la compagnie d'armes lourdes et les unités antichars qui ont réussi à rejoindre avec leurs armes la colline 317 encerclée.


Page précédente

Page suivante






Notes sur les Sources:
  1. AFTER ACTION REPORT, THIRD US ARMY "1 AUGUST 1944 - 9 MAY 1945 vol. I OPERATIONS United States. Army. Army, 3rd (US army military Institure)
  2. "CROSS-CHANNEL ATTACK" par Gordon A. Harrison, CENTER OF MILITARY HISTORY UNITED STATES ARMY (service historique du Pentagone), Washington DC, 1993.



dernière mise à jour le 28 avril 2015